1 nov. 2017

Je me souviens de toi..../ Te recuerdo....


Pablo Neruda


Je me souviens de toi telle que tu étais en ce dernier automne:
un simple béret gris, le cœur en paix.
Dans tes yeux combattaient les feux du crépuscule.
Et les feuilles tombaient sur les eaux de ton âme.

Enroulée à mes bras comme un volubilis,
les feuilles recueillaient ta voix lente et paisible.
Bûcher de stupeur où ma soif brûlait.
Douce jacinthe bleue tordue sur mon âme.

Je sens voyager tes yeux et l'automne est distant:
béret gris, cris d'oiseau, cœur où l'on est chez soi
et vers eux émigraient mes désirs si profonds
et tombaient mes baisers, joyeux comme des braises.

Ciel vu d'un bateau. Champs vus des collines:
lumière, étang de paix, fumée, ton souvenir.
Au-delà de tes yeux brûlaient les crépuscules.
Sur ton âme tournaient les feuilles de l'automne.

(Traduction trouvée sur la Toile, sans nom d’auteur, un peu modifiée par moi)
 
Photo Colo, prise près de chez moi


Te recuerdo como eras en el último otoño.
Eras la boina gris y el corazón en calma.
En tus ojos peleaban las llamas del crepúsculo.
Y las hojas caían en el agua de tu alma.

Apegada a mis brazos como una enredadera,
las hojas recogían tu voz lenta y en calma.
Hoguera de estupor en que mi sed ardía.
Dulce jacinto azul torcido sobre mi alma.

Siento viajar tus ojos y es distante el otoño:
boina gris, voz de pájaro y corazón de casa
hacia donde emigraban mis profundos anhelos
y caían mis besos alegres como brasas.

Cielo desde un navío. Campo desde los cerros.
Tu recuerdo es de luz, de humo, de estanque en calma!
Más allá de tus ojos ardían los crepúsculos.
Hojas secas de otoño giraban en tu alma.


28 commentaires:

  1. Quel beau poème de Neruda ! Je connais mal ce poète ; un peu, mais mal. On a parlé de lui aux informations, au sujet de sa mort, qui reste suspecte.
    Bonne journée. Je vous embrasse.

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    1. Certains de ses poèmes sont magnifiques Bonheur, et il est vrai que j'en publie peu souvent...
      Bonne journée à vous aussi, besos.

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  2. c'est très beau et je devrais à peine changer un mot ici ou là pour en faire une version Te recuerdo, abuela :-)

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    1. Et moi, Te recuerdo, madre.
      Je t'envoie un joli rayon de soleil.

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  3. Quel magnifique poème, chantant l'amour. Pablo Nuréda, ce poète en pur sang, avait les mots en douleur mais pleins de lumières quand ils voletaient. Merci Colo pour cette traduction. Bisous

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    1. Que c'est joliment dit Bizak, merci pour ces lumières qui volettent.
      Besos.

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  4. c'est émouvant comme tout, merci colo

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  5. J'ai toujours aimé la poésie de Neruda, à une époque où je ne savais presque rien de l'homme. Et j'aime toujours autant.

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    1. Bonjour Aifelle, sa poésie est à la fois accessible, proche des gens et de la nature, et délicate je trouve.
      Bonne journée.

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  6. Comme on le sait, "j'aime pas la poésie" mais finalement avec toutes les exceptions que j'ajoute à cette phrase, je finis par me le demander. Ce sont sans doute certains langages qui me sont hermétiques. Pablo Neruda, c'est toujours imagé et amoureux, avec des descriptions qui parfois sont stupéfiantes de simplicité et justesse...

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    1. Bonjour Edmée, tu as peut-être gardé en tête certains poèmes, en effet très hermétiques, qu'on nous faisait lire et disséquer à l'école...barbant!
      Neruda n'est pas de ceux-là, en effet. Et je suis bien contente que peu à peu tu "tombes en poésie"!!

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    2. Tiens chère Edmée ... le côté cheminement... Un "petit" Gaston Miron peut-être ...
      * * *
      Dans les lointains de ma rencontre des hommes
      le cœur serré comme les maisons d’Europe
      avec les maigres mots frileux de mes héritages
      avec la pauvreté natale de ma pensée rocheuse

      j’avance en poésie comme un cheval de trait
      tel celui-là de jadis dans les labours de fond
      qui avait l’oreille dressée à se saisir réel
      les frais matins d’été dans les mondes brumeux

      (Gaston Miron, « J’avance en poésie », in L'homme rapaillé)

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    3. Merci K, c'est tout à fait ça, je me sens un peu un cheval de labour qui compte les taupinières, renifle les taupes mastique ici et là une touffe d'herbe et se dit que ces sillons, non, ils ne sont pas tous les mêmes :)

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  7. ah pour une fois c'est un poème que je connaissais, je me sens toute fière là

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  8. Quelle douceur ! Merci pour ce poème du souvenir, "en el agua de tu alma", chère Colo.
    Hier le soleil brillait au-dessus des cimetières et on se réjouissait, pour les vivants et les morts, de cette lumière qui éclairait aussi, de l'autre côté du mur, les vaches et l'herbe verte, les arbres - "Tu recuerdo es de luz, de humo, de estanque en calma!"

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    1. Un poème apaisant s'il en est...Le jour se lève, lumineux ici.

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  9. C'est presque une déclaration d'amour, avec des crépuscules plein les yeux !!!
    J'aime beaucoup la poésie de Neruda !
    Besos

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    1. Contente que tu l'apprécies Martine, bonne journée!

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  10. Des souvenirs lumineux, quelle force tendre dans les vers du poète, merci Colo, c'est si beau. Bises. brigitte

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    1. Bon week-end Brigitte, un poème à relire de temps en temps peut-être...

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  11. «Les feuilles mortes se ramassent à la pelle,
    Les souvenirs et les regrets aussi,...»
    J'entends la chanson en lisant Neruda,
    «La chanson que tu me chantais»...


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    1. Je l'entends aussi Christw!
      Connaissez ce court morceau pour harpe, si délicat, Feuilles d'automne d'Alphonse Hasselmans? Le voici:
      https://www.youtube.com/watch?v=RWFS75qkoIY

      Bon dimanche.

      Bon dimanche

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    2. Ah, bon, deux fois meilleur ce dimanche donc!

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    3. Merci, le dimanche le fut et merci encore pour les notes mélancoliques de Hasselmans (je ne connaissais pas du tout cette sérénade).

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  12. Un poème, qui m'a énormément plu, Colo. Je progresse, je progresse... Merci.

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    1. Ah, mais en voilà une bonne nouvelle! Si tu regardes plus haut, le commentaire d'Edmée, tu te sentiras accompagnée.

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