Le
billet précédent terminait sur ces vers de José Carlos Llop:
“Le temps est un
et
il n'y a pas de paradis perdus,
seuls
des regards
qui
ont perdu leur éclat.”
Solstice
se lit sans hâte, il n’y a aucune intrigue. Si les
souvenirs d’enfance de l’auteur se situent à Majorque, sur la
côte nord-est, il n’est pas besoin d’être d’ici pour se
sentir bien dans ce récit. De fait il pourrait avoir été écrit
dans n’importe quel pays ou île méditerranéens.
Vous
ne trouverez aucune nostalgie ni réflexion sur la situation
politique du moment (dernière époque de la dictature de Franco),
car l’auteur a décidé, et c’est vraiment réussi, de ne nous
raconter que ce que lui, très jeune garçon, voyait.
“L’auteur
rejette l’idée qu’il s’agisse d’une œuvre de stricte
mémoire “car je ne suis même pas la piste d’une forme de
littérature autobiographique: l’enfant n’est pas l’axe du
récit, il est le regard sur le paysage du récit; ceci arrive car le
narrateur n’a pas encore de voix littéraire, il ne fait que
regarder”.
Il
s’agit d’un regard inaugural, qui découvre les chose pour la
première fois et, confesse-t-il, c’est le début “de quelques
chose de très important dans la naissance d’un écrivain,
apprendre à les nommer, qui est l’équivalent de les posséder.””*
Chaque
mois d’août une Simca couleur cerise venait chercher la famille
du lieutenant colonel Llop pour l’amener à Betlem (Bethléem en
majorquin), à 85km de Palma: un vrai voyage! Et arriver à une zone
militaire protégée où la famille s’installait dans une maison
rustique au confort spartiate.
Le
paysage aux alentours, sec, aride, était comme un désert africain
dit-il.
Ce
mois d’août est pour le gamin comme un séjour au paradis. La vie
y est ordonnée, rituelle; comme le bain de mer avant le déjeuner
où, sur le chemin du retour, sa mère lui versait de l’eau fraîche
sur la tête pour lui éviter l’insolation. Son père, homme
autoritaire dont il fait un très beau portrait, a une façon
particulière de marcher avec sa cane, en mouvements décomposés,
qui le fascine.
Le
plaisir de ce roman se trouve dans de simples histoires d’odeurs,
d’arbustes, de lumières, d’un mulet fou, de poissons pêchés à
l’aube avec son frère, d’oiseaux qu’il observe, de jeux de
société, d’une mère délicate, d’un monde fait uniquement de
sa famille, des quelques soldats qui y vivent...
La
entrada anterior terminaba con estos versos de José Carlos Llop:
“El
tiempo es uno
y
no hay paraísos perdidos,
sólo
miradas
que
han perdido el brillo.”
Solstice
se lee sin prisa, no hay ninguna intriga. Si los recuerdos de
infancia del autor se sitúan en Mallorca, en la costa noreste, no
hace falta ser de aquí para encontrarse bien en este relato. De
hecho podría haber sido escrito en cualquier país o isla del
Mediterráneo.
No
encontraréis ninguna nostalgia ni reflexión sobre la situación
política del momento (última etapa dela dictadura de Franco), ya
que el autor ha decidido, con gran acierto, contarnos solo lo que él,
un jovencito, veía.
“Rechaza
el autor que se trate de una obra estrictamente memorística, "pues
ni siquiera voy de la mano de una forma de literatura autobiográfica:
el niño no es el eje del relato, sino que es la mirada sobre el
paisaje del relato, y eso sucede porque el narrador no tiene aún voz
literaria, sólo mira".
Se
trata de una mirada inaugural, que descubre las cosas por vez primera
y, confiesa, es el inicio "de algo muy importante en el origen
del escritor, que es aprender a nombrarlas, el equivalente a
poseerlas".*
Cada
mes de agosto un Simca color cereza venía a buscar la familia
del teniente coronel Llop para llevarla a Betlem a unos 85 km de
Palma, un verdadero viaje! Y llegar a una zona militar protegida
donde la familia se instalaba en una casa rústica de confort
espartano. El paisaje alrededor, árido y seco, era como el
desierto africano, dice.
Ese
mes de agosto es para el chico como una estancia en el paraíso.
La vida es ordenada, ritual; como el baño de mar antes de comer
donde, en el camino de vuelta, su madre le echaba agua fresca en la
cabeza para evitarle una insolación. Su padre, un hombre autoritario
del cual hace un bonito retrato, tiene una forma particular de
mover su bastón al andar, en movimientos descompuestos, que le
fascina.
El
placer de esta novela se encuentra en simples historias de olores, de
arbustos, de luces, de un burro loco, de peces pescados al
alba con su hermano, de pájaros que observa, de juegos, de una madre
atenta y delicada, de un mundo hecho de su sola familia, de unos
pocos soldados y del calor.
c'est bien aussi si on peut voir l'enfance de cette façon: un regard sur le monde et rien de vraiment traumatisant à regarder :-)
RépondreSupprimer(si j'ai bien compris, on est loin de La Rédaction de Skàrmeta!)
Oui on en est loin Adrienne. Nous sommes dans les années '60 et la guerre civile est loin elle aussi, il reste la pauvreté, la censure et un grand repli, mais les jeunes enfants, selon les récits entendus et lus, vivent et jouent et ne s'aperçoivent pas ou peu de la dictature.
Supprimerune belle lecture juste pour oublier la neige sur Majorque :)
RépondreSupprimerJe te la recommande vraiment.
SupprimerLa neige a disparu, fait place, comme en Corse et dans la Méditerranée à des inondations pas trop sympathiques.
Mais là, dans le roman, tu auras très chaud!
Bonjour chère Colo, merci pour la description de ce beau livre. Comme tu le dis, il aurait pu être écrit dans d'autres pays.
RépondreSupprimerMerci Colo pour ce beau partage.
Bisous ♥
Avec plaisir Denise, il est rare que je lise un roman qui soit traduit, alors j'en profite pour vous le recommander.
SupprimerBonne fin de journée, besos.
Chroniquer un livre relève d'une âme humainement intéressante, généreuse, curieuse, aimant les auteurs et désireux de faire connaître leur œuvre. Ce n'est pas rien. Tu m'as bien donné envie de lire "Solstice" et je t'en remercie. Belle année 2017 à toi et à tes lecteurs.
RépondreSupprimerEn toute amitié.
Roger
Quel plaisir de te retrouver ici cher Roger, merci pour ces gentils mots.
SupprimerBonne lecture, tu me diras après?
Bien amicalement.
Je lis le titre du billet, ne le lis pas aujourd'hui mais reviendrai après solstice, que je m'apprête à empoigner ☺
RépondreSupprimerLe prochain solstice...le 21 juin alors?;-))
SupprimerAgréable lecture cher K.
Je pense que ce livre me plairait. Je note le titre et je vais voir si je le trouve à la Médiathèque.
RépondreSupprimerMerci. Bonne semaine.
Je le crois aussi Bonheur, un roman solaire où vous retrouverez tout ce sud que vous aimez tant.
SupprimerBonne semaine à vous aussi.
Je le note, c'est tout-à-fait le genre de récit que j'aime. Avec un peu de chance, il sortira en Babel dans l'année.
RépondreSupprimerJ'espère aussi que tu auras l'occasion de lire ce court roman Aifelle, bonne semaine!
SupprimerUn titre très tentant, je vos qu'il a été traduit en français l'année dernière. Ton billet me donne envie et de cette ambiance méditerranéenne et de ce regard d'enfant. Apprendre à nommer les choses, voilà qui importe !
RépondreSupprimerBonne semaine, dame Colo. J'espère que les inondations se retirent doucement et nourrissent les réserves d'eau sur l'île.
Tu aimeras ce récit, j'en suis sûre. Oui, il nomme les oiseaux, plantes, poissons, tout et ça te plaira également!
SupprimerIl pleut moins mais de nombreuses zones sont encore sous eau, récoltes perdues.
MAIS, ce matin j'ai vu les premières fleurs d'amandier!
Bonne journée ma belle.
Je note ce titre, il y a de la douceur il me semble dans ce récit et puis j'aime ce mot "solstice".
RépondreSupprimerNe devrions-nous pas tous être de simples observateurs de la vie qui se déploie devant nos yeux, sans jugement aucun , juste de l'observation ?
Tiens ce matin aussi j'ai vu mon premier amandier en fleurs, quelle beauté ! À bientôt Colo. brigitte
Ce roman devrait te plaire Brigitte.
SupprimerTiens, j'ignore où tu habites mais ce ne doit pas être fort loin, à vol d'oiseau, si les premières fleurs d'amandier...
Bonne semaine, un beso.
J'imagine que l'auteur a pris un bain, mis des vêtements amples et propres, choisi un coin tranquille, s'est débarassé de tous les soucis du jour et du monde, bien décidé de voguer vers un temps et lieu passés, s"écrire une douce histoire pour se préparer une bonne nuit....
RépondreSupprimerJe pense que tu imagines bien, ce ne peut être autrement Binh An!
SupprimerJe te souhaite également un bonne nuit...
Merci encore pour ce très beau billet, et précisément sur mon blog j'évoque le mouvement naturel d'une saison qui devrait être un exemple de la manière de vivre le TEMPS pour l'homme...
RépondreSupprimerTrès belle fin de semaine !
L'enfance est ce pays, qui même dans un contexte difficile, est capable de donner du bonheur. Les joies y sont simples, essentielles, collées à la vie.
RépondreSupprimerMerci Colo de nous faire découvrir par tes traductions, ces livres, ces auteurs qui nous resteraient inconnus sans toi !
Oui, c'est comme ça Fifi. Et heureusement!
SupprimerJe crois que, bien mieux que les éditeurs, les blogs aident à faire passer la culture d'un pays à l'autre...
Bonne fin de semaine, un beso!
Cela donne envie quand tu parles de cet auteur et de ses écrits. C'est profond et émouvant. Je te remercie et te souhaite une bonne soirée.
RépondreSupprimerMerci à toi Elisabeth, bonne fin de semaine.
SupprimerJe trouve intéressant le fait qu'il n'ait pas revisité cette époque avec le regard d'un adulte qui se penche vers son enfance et donc fait le lien avec les évènements politiques et l'atmosphère vécue par "les grands". Un bonheur de vivre en-dehors de ce qui ne touche pas le directement proche et familier... Magnifique!
RépondreSupprimerOui, c'est ça Edmée. Un vrai beau récit où la nature joue un grand rôle. Il devrait te plaire.
SupprimerJe te souhaite une belle soirée, bisous
RépondreSupprimerMerci beaucoup Val, besos pour toi aussi!
SupprimerJe le note ! Encore un ! Tu as le don de taper juste !!! Merci !!!
RépondreSupprimerBelle soirée à toi !
Merci de cet enthousiasme! De fait je parle rarement de livres car peu existent dans les deux langues...
SupprimerExcellente soirée Enitram!
Un livre inscrit sur ma liste pour les prochains achats, depuis quelque temps déjà!
RépondreSupprimerC'est toi qui m'as parlé en premier de Llop, tu vois que j'ai suivi tes pas, merci encore!
SupprimerOUi... je perds la tête car je l'ai en effet déjà acheté depuis quelque temps et m'apprête à le lire.
SupprimerJe t'embrasse, Colo.
Bonsoir Colo. J'ai vu qu'il y avait plusieurs livres de cet auteur qui ont été traduits en français : la ville d'ambre, dans la cité engloutie, le messager d'Alger… Conseilles-tu un ouvrage à lire avant celui que tu reçommandes ici ?
RépondreSupprimerBonsoir Obni. Le premier que j'ai lu de lui et qui est magnifique est le rapport Stein:
Supprimerhttp://www.babelio.com/livres/Llop-Le-rapport-Stein/70821
Après Solstice, je suis en train de lire "Dans la cité engloutie". Dans ce que j'ai lu, et que j'ai trouvé très intéressant et agréable à lire, il raconte sa vie d'enfant mais cette fois dans la ville de Palma, il nomme les rues, raconte les coutumes...
Je n'ai pas lu les autres dont tu parles mais je crois qu'on peut les lire en désordre!!