Alimento - Aliment
Pilar Adón (Madrid 1971 - )
(Son site officiel: pilaradon.co)
Yo… Lo sé. Tengo ese miserable aspecto
del que va demandando cariño por las puertas.
“Quiéreme un poco. Quiéreme un poco…”
Los ojos nostálgicos hacia el coche que se aleja
y la espalda estrecha que se detiene por última vez para decir adiós.
Moi...
Je le sais. J'ai cet aspect misérable
de
celui qui mendie de l'affection aux portes.
“Aime-moi
un peu. Aime-moi un peu...”
Les
yeux nostalgiques vers la voiture qui s'éloigne
et
le dos étroit qui s'arrête une dernière fois pour dire adieu.
Yo…
Lo sé. Persigo la mirada comprensiva de todas las madres
y a veces las manos grandes de cada padre.
El susurro al teléfono que me diga: “todo está bien”
mientras la niña del pañuelo negro gira y gira
esperando la llegada del sosiego.
El apaciguamiento de la marea oscura que sube.
Y sube a la boca desde el alma que se creía ya aliviada
pero que no. Porque el alma, aunque se suponga el éxito sobre ella,
cuando es dolorosa y cuando tiene la tez de la angustia,
sobrevive.
y a veces las manos grandes de cada padre.
El susurro al teléfono que me diga: “todo está bien”
mientras la niña del pañuelo negro gira y gira
esperando la llegada del sosiego.
El apaciguamiento de la marea oscura que sube.
Y sube a la boca desde el alma que se creía ya aliviada
pero que no. Porque el alma, aunque se suponga el éxito sobre ella,
cuando es dolorosa y cuando tiene la tez de la angustia,
sobrevive.
Moi...Je
le sais. Je poursuis le regard compréhensif de toutes les mères
et
parfois les grandes mains de chaque père.
Le
murmure au téléphone qui me dise: “tout va bien”
tandis
que la fillette au foulard noir tourne et tourne
attendant
l'arrivée du calme.
L'apaisement
de la marée montante et sombre.
Et
monte à la bouche depuis l'âme qui se croyait déjà soulagée
mais
non. Parce que l'âme, même si on croit
la ployer,
quand
elle est douloureuse et quand elle a le teint de l'angoisse,
survit.
P.A Renoir, jeune fille sur un banc |
Yo…
Lo sé. Me estoy ahogando y no entiendo nada.
Dejé que tomara mi mano y me arrastrara hasta la orilla.
“Vas a ver un milagro”, me dijo.
Y la niña de los zapatos negros con lacito
me miraba a la cara y me mostraba sus dientes de conejito.
“Perdón. Perdón. Perdón.” Parecía suplicar. “Yo no fui. No fui yo…”
Dejé que tomara mi mano y me arrastrara hasta la orilla.
“Vas a ver un milagro”, me dijo.
Y la niña de los zapatos negros con lacito
me miraba a la cara y me mostraba sus dientes de conejito.
“Perdón. Perdón. Perdón.” Parecía suplicar. “Yo no fui. No fui yo…”
Yo…
Ahora cuento las varillas azules que se insertan
en aquel jarrón transparente y me pregunto:
(uno, dos tres…)
¿Por qué lo haces?
(cuatro…)
en aquel jarrón transparente y me pregunto:
(uno, dos tres…)
¿Por qué lo haces?
(cuatro…)
Moi...je
le sais. Je me noie et ne comprends rien.
J'ai
permis qu'on me prenne la main et me traîne jusqu'au rivage.
“Tu
vas voir un miracle” m'a-t-il dit.
Et
la fillette aux souliers noirs à bouffette
me
regardait en face et me montrait ses dents de petit lapin.
“Pardon.
Pardon. Pardon.” Elle semblait supplier. “Ce n'était pas moi.
Pas moi...”
Moi...Maintenant
je compte les pailles bleues qu'on insère
dans
ce vase transparent et je me demande:
(un,
deux trois...)
Pourquoi
le fais-tu?
(quatre...)
(Trad: Colo)
source / fuente http://www.pilaradon.com/?p=163
Il est difficile d'ajouter quoi que ce soit à ce poème, tout douleur et mystère.
RépondreSupprimerJ'apprends le mot "bouffette". Et je m'interroge sur la fin, les pailles bleues...
Bonne soirée, Colo.
Oui, ces "baguettes" (varillas) que j'ai traduits par pailles sont bien mystérieuses...
SupprimerPar contre les petits souliers noirs (vernis?) avec ce nœud décoratif, on le voit bien!
Bonne soirée à toi aussi!
pour "varillas" mon dictionnaire donne aussi "brins, branches" mais comme dit Tania, sur la fin, je me perds un peu sur le sens du texte (très beau texte) ...
RépondreSupprimerMoi aussi Adrienne. Sans doute, depuis que je traduis des poèmes, me suis-je résignée à ne pas comprendre tous les mystères qu'elle renferme.
SupprimerN'empêche que la question que je me suis posée fût: qu'est ce qui peut être bleu, ressembler à une tige-branche-...et être mis dans un vase? Comme on parle d'une enfant, j'ai pensé à des pailles, mais bon ;-))
Bonne soirée.
Ah oui c'est très beau et très énigmatique à la fois. Moi aussi je découvre les boufettes... Merci pour cette nouvelle trouvaille.. (Je parle de ce poème et de cette poetesse Bises
RépondreSupprimerElle a écrit pas mal de romans que je n'ai pas encore lus, je le ferai vite et vous dirai. Une jeune femme bien intéressante selon tout ce que j'ai lu sur elle.
SupprimerUn beso
Au delà de la beauté du texte, on aurait envie de savoir dans quel contexte il a été écrit. Il charrie tant de douleur ...
RépondreSupprimerC'est ce que j'ai également pensé Aifelle; rien dans sa biographie ne m'a mis sur un quelconque piste mais ça ne veut rien dire bien sûr.
SupprimerBonne journée!
Je ne sais pas pourquoi cela m'a instantanément renvoyée à une chambre d'hôpital et des tubes de perfusion...aucun rapport. La douleur peut-être?
RépondreSupprimerVoilà un éclairage intéressant auquel je n'avais pas du tout pensé. Merci beaucoup.
SupprimerUne grande douleur, si grande qu'elle espère la mort, si je comprends bien la deuxième partie.
RépondreSupprimerLa troisième partie me fait penser à un viol ?
Ton illustration de la "jeune fille sur un banc" ramène de la douceur et de l'apaisement.
J'y ai pensé aussi Fifi à un viol. Si courant, mille fois hélas.
SupprimerBon week-end à toi.
Je ne comprends pas ce qui fait qu'elle "se noie" , ni ce que fait là la fillette qui la regarde avec ses "dents de lapin" et lui demande pardon d'avoir disparu?
RépondreSupprimerEst-ce la douleur d'une mère prête à faire une insémination artificielle avec ses paillettes bleues dans un vase transparent? Toutes les hypothèses sont permises , c'est ce qui en fait le mystère et donc le charme de ce très beau et touchant poème
Merci pour la traduction et très beau week-end Colo
Bonjour Gérard,la poétesse se souvient-elle en rêve d'une enfance difficile?
SupprimerLes choses en poésie ont rarement une lecture unique, et la lecture demande un effort d'imagination. On reste dans le flou, souvent, et c'est bien ainsi!
Merci à vous, nous sommes ravis, aujourd'hui il pleut enfin après 3 mois et demi sans une goutte...la terre chante, je l'entends.
Amicalement.
Bonjour, Colo.
RépondreSupprimerVos œuvres sont embrassés dans votre douceur.
Et doux messages charmes mon cœur.
La prière pour tous la paix.
Je vous souhaite le meilleur.
Bonne journée. du Japon, ruma ❀
Merci Ruma, I wish you all the best too.
SupprimerHave a nice day in Japan!
Il y a une sorte de teinte de cauchemar, de coeur serré par la peur et un chagrin dont on a honte, avec des images si nettes (la petite fille...). C'est très beau, mais ne laisse pas de vraie tristesse, juste le vertige qui erre après un mauvais rêve...
RépondreSupprimerQue tu dis bien tout ça!
SupprimerJ'ai pensé à la maladie, à la danse macabre, à l'envie de partir "contrecarrée" par l'amour, l'affection, le besoin d'être aimée. Les paillettes bleues liées à un traitement, à une infusion/injection d'espoir. Chamboulée et tourneboulée par ce que cela fait remonter au coeur.
RépondreSupprimerUne injection d'espoir, quelle excellente image. Merci Lou. Je t'embrasse.
SupprimerJ'ai lu ce beau poème en cherchant un sens mais en vain... peut-être une séparation! La toile de Renoir est magnifique et d'une grande fluidité.
RépondreSupprimerChez nous aussi, il pleut et on se sent mieux.
Bon week-end chère Colo.
Bisous
Merci Denise.
SupprimerIci on célèbre l'eau, si je connaissais la danse de la pluie, je n'hésiterais pas.
Bon week-end, un beso.
J'ai pensé à un taureau et la fillette à un toréador et les pailles bleues les banderilles ...
RépondreSupprimerMais voilà j'ai toujours aimé imaginer plein de choses ( même devant les peintures) ;-)
Quelle magnifique imagination Marcelle, je souris à l'idée du taureau! Rien n'est impossible...
SupprimerBonne journée à toi.
Merci Colo - nous laisser imaginer ce que l'auteur veut ( ou ne veut pas) évoquer, et de lire ce que nous lecteurs en faisons.... c'est formidable.
RépondreSupprimerA brûle-pourpoint je t'aurais dit que la bouffette est une pièce d'arnachement équin. Je n'ai rien retrouvé en ce sens. Je continue les recherches. Bon dimanche
PS: Magnifique commentaire d'Edmée - Merci à elle
Hola Olivier, la bouffette dit le Larousse est : "Petite touffe de rubans, petite houppe de laine, de soie, employée comme ornement." Alors décorer les chevaux, ils le méritent sûrement aussi!
SupprimerMerci à toi, excellent dimanche, dos besos
Mystère. La poésie ce sont des images venues des mots, contentons de celles-là sans chercher à expliquer. Il y a une recherche sur les sonorités je crois "Yo no fui. No fui yo", puis ce ¿ que chacun comprendra comme il veut, mais qui a son importance, sans doute.
RépondreSupprimerBonne semaine.
Des mots, des images oui et des sons qui souvent égarent tout en nous accrochant.
SupprimerC'est étonnant et si intéressant de lire les diverses interprétations des blog-amis. Divers éclairages.
Merci d'être passé, à bientôt.