Serge
Pey, né à Toulouse en 1950 de parents espagnols ayant fui
le régime de Franco.
Nacido
en Toulouse en 1950 de padres españoles, refugiados del régimen
franquista.
Le trésor de la Guerre
d’Espagne
Extraits
de : Le linge et l’étendoir.
(Pour
bien comprendre ces extraits il vous faut savoir que le linge était
un signal pour les anti-franquistes cachés dans la montagne.)
“Les
voisins pensaient que ma mère était folle. Comment comprendre
qu’elle étendait parfois le linge sur l’étendoir ou dans le
champ, à même l’herbe, ou encore sur les branches des arbres ?
Comment concevoir qu’elle le posait souvent à l’ombre ou en
plein vent, maintenu par de gros cailloux, comme les points de
ponctuation d’une phrase secrète?”
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“—Vite,
enlève ta chemise et va l’étendre sur l’étendoir, ramène le
linge qui reste. Vite… Dépêche-toi…
Je compris sa précipitation quand je vis, depuis notre jardin qui surplombait la route, une longue file de camions bleus de la gendarmerie.
Je compris sa précipitation quand je vis, depuis notre jardin qui surplombait la route, une longue file de camions bleus de la gendarmerie.
Ainsi
ma chemise faisait partie, elle aussi, d’une longue phrase. Elle
était une lettre, peut-être un mot. J’étais fier. J’étais
devenu une conjugaison, presque un verbe. J’existais dans le
langage secret de ma mère, comme un mot important qu’elle n’avait
encore jamais employé, puisque c’était la première fois qu’elle
voulait laisser ma chemise seule sur l’étendoir. “
NB: Pour lire le magnifique chapitre entier “Le linge et l’étendoir”, c’est ici.
- Ce billet est réalisé "à quatre mains" avec Adrienne et sa traduction en néerlandais, passez chez elle!
https://adrienne414873722.wordpress.com/2020/04/26/v-comme-vite-vlug
NB: Pour lire le magnifique chapitre entier “Le linge et l’étendoir”, c’est ici.
- Ce billet est réalisé "à quatre mains" avec Adrienne et sa traduction en néerlandais, passez chez elle!
https://adrienne414873722.wordpress.com/2020/04/26/v-comme-vite-vlug
Dos
extractos de La ropa y el tendedero
(Para
entender estas lineas, hay que saber que la ropa era una señal de la
madre para los anti-franquistas escondidos en la montaña)
“Los
vecinos pensaban que mi madre estaba loca. ¿Cómo entender que
extendía la ropa a veces en el tendedero o en el campo, sobre la
hierba, o en las ramas de los árboles? ¿Cómo concebir que a menudo
la ponía en la sombra o al viento abierto, sostenido por unas
piedras gordas, como los signos de puntuación de una frase secreta?”
“-Rápido,
quitate la camisa y ve a tenderla en el tendedero, trae la ropa que
queda. Rápido...Date prisa.
Entendí
su precipitación cuando vi, desde nuestro jardín que sobresalía de
la carretera, un fila larga de camiones azules de la guardia civil.
Así
mi camisa formaba parte, ella también, de una frase larga. Era una
letra, tal vez una palabra. Estaba orgulloso. Me había convertido en
una conjugación, casi un verbo. Yo existía en el lenguaje secreto
de mi madre, como una palabra que, todavía, nunca había usado, ya
que era la primera vez que quería dejar mi camisa sola en el
tendedero.”
(Trad:
Colo)