Peu connu, je pense, Juan Rodolfo Wilcock, et c’est fort dommage. Si je le connais peu comme traducteur, sa poésie m’enchante, et si vous me suivez depuis longtemps, vous aurez déjà lu l’un ou l’autre poème de lui ici.
Simplicité et profondeur dans le poème d’aujourd’hui.
Dos esculturas de Jorge de Oteiza . Izquierda: Caja vacía, 1958; derecha: De la serie de la desocupación de la esfera, 1957
 
 
ESPACE
Juan Rodolfo Wilcock *Argentina 1919-1978
Dans ma chambre il n’y a rien,
sauf un tourne-disques et un lit;
et dans le cœur rien non plus,
sauf un fils différent de moi.
Ainsi il y a de l’espace pour bouger
tant dans le cour que dans la chambre
j’ai jeté les guenilles au feu,
les sentiments, à la mer.
Tout le monde n’a pas une chambre vide,
tout le monde n’a pas le cœur vide:
on peut y laisser entrer
chaque matin un monde nouveau.
(Trad.Colo)
*”Né de père anglais et de mère italienne, Wilcock se forma dans une Buenos Aires cosmopolite, où il se lia d’amitié dès 1941-1942 avec Borges, Silvina Ocampo et Bioy Casarès, et il se définit comme un « écrivain européen7 », qui aurait finalement choisi d’écrire en italien car c’est la langue qui ressemble le plus au latin ! Fixé définitivement en Italie en 1957, Wilcock est un écrivain qui touche à tous les genres, un journaliste, un essayiste, un traducteur aussi, capable de traduire vers l’italien aussi bien l’espagnol que le français ou l’anglais.”
Source: https://books.openedition.org/pur/39154?lang=fr
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ESPACIO
Juan Rodolfo Wilcock
En mi cuarto no hay nada,
salvo el
tocadiscos y una cama;
y en el corazón tampoco hay nada,
salvo
un hijo distinto a mí.
Así hay espacio para moverse
tanto en
el corazón como en el cuarto
tiré los harapos al fuego,
los
sentimientos, al mar.
No todos tienen el cuarto vacío,
no
todos tienen el corazón vacío:
se puede dejar entrar
cada
mañana un mundo nuevo.

