Que ce soit à Montevideo ou à Shanghai, au XVIIº ou en 2025, la passion amoureuse est la même. Et on n’oublie pas ces moments fous où rien d’autre ne compte.On est d'accord ?
Cristina Peri Rossi, poétesse uruguayenne aux multiples distinctions, la raconte avec talent et rythme.
La Passion
Cristina Peri Rossi, Montevideo-Uruguay 1941
Nous sortîmes de l’amour
comme d’une catastrophe aérienne
Nous avions perdu nos vêtements
le nord
il me manquait une dent
et à toi la notion de temps
Était-ce une année longue comme un siècle
ou un siècle court comme un jour ?
Sur les meubles
dans la maison
des restes brisés:
verres photos livres effeuillés
Nous étions les survivants
d’un effondrement
d’un volcan
d’eaux déchaînées
et nous nous quittâmes avec la vague sensation
d’avoir survécu
sans bien savoir pour quoi.
![]() |
| Venus y Adonis José de Ribera 1637 / Mitología |
La pasión
Cristina
Peri Rossi, Montevideo-Uruguay 1941
Salimos
del amor
como de una catástrofe aérea
Habíamos perdido
la ropa
los papeles
a mí me faltaba un diente
y a ti
la noción del tiempo
¿Era un año largo como un siglo
o
un siglo corto como un día?
Por los muebles
por la
casa
despojos rotos:
vasos fotos libros deshojados
Éramos
los sobrevivientes
de un derrumbe
de un volcán
de las
aguas arrebatadas
y nos despedimos con la vaga sensación
de
haber sobrevivido
aunque no sabíamos para qué.

Un poème ébouriffant ! Bonne journée, Colo.
RépondreSupprimerAbsolument, un chamboulement général.
SupprimerL'âge, hélas ou tant mieux, tempère cette fougue mais le souvenir reste un délice secret.
RépondreSupprimerUn délice secret, une souffrance aussi mais qu'on n'hésite pas à renouveler !
SupprimerUne passion dévorante ! Jusqu'à une dent, qui a disparu dans la mêlée !
RépondreSupprimerAmusant et bien écrit, ce corps à corps vertigineux
Merci, Colo
Un coup de coude, et hop, une dent...qui sait ?
SupprimerMerci Antoine.
Tu as très bien illustré ce poème (que je ne connaissais pas et que je découvre grâce à toi). La passion fait faire des choses qu'on ne ferait pas d'habitude. C'est une forte émotion qui peut conduire au suicide car on ne contrôle plus rien, elle fait perdre l'équilibre. Bon mardi, bises.
RépondreSupprimerOh, Élisabeth, le suicide, carrément ?
SupprimerMerci à toi, à bientôt.
Violence d'une passion fougueuse et incontrôlable!
RépondreSupprimerExact, oui, Marie.
SupprimerPassion qui a un temps limité, hélas ou heureusement comme l'écrit Zoë.
On est bien d'accord, cette passion est dévastatrice au point de perdre une dent ce qui m'a bcp amusé, ou de penser être les rescapés d'une catastrophe naturelle. C'est énoncé avec un humour certain finalement mais tellement vrai. Merci pour la traduction et l'illustration.
RépondreSupprimerMais oui, c'est ça la passion, un tourbillon insensé;-))
SupprimerBonne journée à toi.
Whaouh ! ça déménage aujourd'hui, branle bas de combat. Comme d'autres, je relève la dent ! Ça peut être dévastateur la passion, heureusement elle peut se transformer en autre chose. Bises Colo.
RépondreSupprimerÊtre secoué de temps en temps en poésie (ou dans la vie), c'est bien aussi;-)
SupprimerJe confirme, ça peut se transformer en une relation plus...paisible ou sans casse du moins.
Je t'embrasse, Aifelle.
La passion n’est pas joyeuse ici et avec cette mention de la dent je m’interroge sur la passion en terme de violence…bon dimanche dans la joie et la bonne humeur Colo
RépondreSupprimerLa passion a été violente, mais pas dans le sens machiste me semble-t-il !
SupprimerBonne semaine Thaïs, merci de ta visite.
Une catastrophe aérienne, plus de dent, brisés, volcan, survivants, déchaînés ... Mais c'est un vrai malheur un amour pareil ! Je ne peux m'empêcher de penser que Cristina Rossi a beaucoup d'humour !
RépondreSupprimerBeaucoup d'humour, oh oui Claudialucia !
SupprimerComme une folie d'un moment. Toujours l'illustration parfaite pour accompagner le poème.
RépondreSupprimerLe calme fait du bien :-))
Merci pour la traduction, Colo !
Bonne soirée !
Un tsunami amoureux...et beaucoup d'humour sûrement ! Enfin, j'espère....
RépondreSupprimer