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Granadas 2025 Colo |
En ce beau jour d’automne je republie 10 ans après un poème du Majorquin Jaume
Mesquida, né à Palma de Mallorca (1948) mais qui a toujours vécu à Manacor
(patrie de Rafael Nadal aussi).
Il raconte bien l'immense amour des majorquins pour la nature, le vent, la mer,
leur île.
Dans le recueil “Majorque, l'île aux poètes”, il se trouve en Catalan, mais aussi
traduit en Espagnol et en Français.
Je n'ai pas résisté à l'envie d'en faire une traduction très personnelle;-))
Obole de
silence I
La
nuit battit en retraite et laissa intacte la couleur
rouge des
cerises.
L'ombre resta prisonnière dans la jarre de terre.
Le
vent cacha le murmure odorant de la forêt dans la flûte
que
soutenaient, alanguies, des mains blanches.
Mille petits
éclats de lune étaient restés accrochés aux branches odorantes
du
citronnier.
Dans les branches de l'oranger, devant le porche de
bois,
se
prirent les mille grains vermeils du soleil
qui approcha
timidement les lèvres au bord ébréché
de la cruche, pour
boire à satiété.
Les yeux des maisons s'étaient ouverts et
regardaient surpris
l'azur si pur de ce jour ensoleillé.
De
bon matin les vieilles se sont installées devant la mer
tissant
un souvenir sur le métier rougi de leur sang,
tandis que le
jour, d'un fil de lumière doré, cousait un tablier
d'écume à
la brise des hautes falaises.
Là le vent du sel soufflait dans
leurs cheveux gris,
longs et lisses
et les petites fleurs
jaunes insulaires de camomille
réunies en bouquets sauvages et
odorants
par les poings âpres des rochers.
Chacune
trouvait très facilement son aiguille de douleur
dans le
pailler de la tristesse.
(Trad
Colo)
Mazanilla silvestre /camomille sylvestre de Mallorca
Coucou. Magnifique poème où la lumière, les couleurs et les parfums transforment le quotidien en un univers presque sacré. Chaque image, cerises rouges, citronniers illuminés, vieilles femmes au bord de la mer, fait vibrer la mémoire et notre sensibilité du lecteur. Un texte à savourer lentement, comme un souffle de beauté simple et fragile. Une parenthèse enchantée. Merci et bises alpines.
RépondreSupprimerSalut Dédé, comme toi, ce poème m'a enchantée, ces choses que je vois sans parfois vraiment les regarder. Tout y est. Et le vent des îles, si changeant.
SupprimerMerci à toi, un beso mediterraneo.
Certaines images suggérées par ce magnifique poème sont saisissantes par leurs couleurs chatoyantes, leurs rapprochements inattendus et réussis, leur originalité. Les mots s'égrènent avec beaucoup d'à propos, d'évidence, et sous nos yeux, naît peu à peu un superbe paysage (la dernière phrase est, par ailleurs, très émouvante)
RépondreSupprimerBonne semaine, Colo
Merci de tant l’apprécier Antoine, je trouve aussi ces images superbes.
SupprimerBonne semaine à toi également.
Toutes ces images sont fortes et parlent à notre cœur, à notre enfance aussi peut-être. Je pensais reconnaître une Hélicryse sur ta deuxième photo, je ne savais pas qu'elle était de la famille des camomilles. Magnifique tout cela, merci dame Colo, des bises du lundi. brigitte
RépondreSupprimerHola Brigitte, Le nom exact de cette plante est Helichrysum stoechas, que les habitants locaux emploient comme la camomille sans en être vraiment. Mais tu as raison, ce sont des immortelles.
SupprimerMerci à toi, un beso.
Que de couleurs dans ce poème, le bleu du ciel, de la mer, le rouge des cerises, le doré de la lumière et ces petites vieilles si belles que je les vois devant moi ainsi installées face à la mer, quel beau tableau plein de tendresse et d'odeur...Merci pour ce partage. Moi aussi sur ta seconde photo je vois des immortelles, pas des camomilles par contre oui sur la dernière cela semble en être...ce n'est pas grave ! Belle semaine
RépondreSupprimerBonjour Manou, alors oui, comme je viens de l'explique à Plumes d'Anges, cet Helichrysum stoechas est employé ici comme la camomille, dont la plante semble avoir les vertus, je n'ai pas essayé.
SupprimerMerci d'avoir apprécié ce poème qui me touche tant.
Bonne semaine à toi aussi
Après avoir vu tes images je suis allée faire des recherches sur internet et j'ai trouvé que la plante que vous appelez "Manzanilla" était tout simplement celle que nous appelons "Camomille romaine" donc "Matricaria chamomilla". L'Helichrysum stoechas est proche de l'helichrysum italicum et on les emploie ici presque essentiellement en HE comme anti-inflammatoire en particulier, alors que la camomille est employée comme plante anti-stress et anti spasmodique avant tout. Tout cela est fort intéressant car elles appartiennent à la même famille et ces variations culturelles sont enrichissantes je trouve ! Merci en tous les cas pour ta réponse et pour ce joli poème que je viens de relire...et j'aime toujours autant l'image de ces vieilles femmes installées face à la mer si bleue...Que c'est beau !
SupprimerOh merci pour ces recherches Manou.
SupprimerLa photo plus bas est celle qu'on cultive, emplie pour les infusions mais ta romaine est également utilisée m'a dit hier une dame du village. On apprend toutes les deux, c'est gai !
Ce poème est une offrande de beauté et d'émotions
RépondreSupprimerToutes les images dessinées par les mots sont d'une émouvante beauté...J'ai aimé "les yeux des maisons" "le tablier d'écume" "le vent de sel"...
Je t'envoie un "fil de lumière doré" chère Marie.
Supprimer"Les vieilles devant la mer" ça me parle ! il est magnifique ce poème, il transporte loin en couleurs, en visions et en émotions. Le garder précieusement pour la soirée et clore la journée en beauté. Bises Colo.
RépondreSupprimerLes vieilles qui tissent des souvenirs devant la mer...un poème qui marque, aucun doute Aifelle.
SupprimerClore ou commencer le jour en beauté, je te le souhaite. Un beso !
Couleurs, odeurs, sons... Tout y est. Merci, Colo.
RépondreSupprimerAvec plaisir Tania, bonne journée.
SupprimerQuel beau poème que cet éveil de l'aube ! Tant d'images surprenantes : le métier rougi de leur sang, le fil de lumière , cousait un tablier d'écume, son aiguille de douleur... qui convoquent la vision des Parques tissant les fils de la vie ou tout simplement de la vieillesse.
RépondreSupprimersigné claudialucia
SupprimerLes Parque, je n'y avais pas pensé, merci, oui!
Supprimerun bel hommage aux couleurs de l'automne colo
RépondreSupprimerMerci Niki, après l'été où tout est décoloré par un soleil trop fort, c'est un vrai plaisir.
SupprimerCe poème est une description du paradis. L'automne est ma saison préférée justement pr ttes ces couleurs. Bonne journée et toi et fin de semaine. Bisous
RépondreSupprimerUn beso coloré pour toi Val.
SupprimerJe perçois à travers ce poème multiplié par ses traductions, kaléidoscope de mots, ces photos chaudes et odorantes, je perçois la passion pour l'île de Majorque qui vous porte, comme elle transporta le poète.
RépondreSupprimerVous avez bien perçu cet engouement du poète, et le mien, pour notre île cher Christian.
SupprimerPassez un automne joliment coloré.