29 oct. 2025

Papillons et champignons / Mariposas y champiñoñes

 

Partant de cet extrait de poème d’Antonio Machado je suis arrivée à de belles

 découvertes sur le rôle des papillons.

 




Je vous recommande à ce sujet un très intéressant billet de Kwarkito sur deux sortes de champignons, qui pourraient être extrêmement utiles. https://kwarkito.blogspot.com/2025/10/lavenir-serait-il-dans-les-champignons.html



Papillon de la Sierra

N’est-ce pas toi, papillon,

l’âme de ces terres solitaires,

de ses ravins profonds

et de ses cimes rudes?

Pour que tu naisses,

de sa baguette magique

un jour une fée fit taire

les tempêtes de pierre

et elle enchaîna les monts

afin que que tu voles. (...)

Trad:Colo 

 Mariposa de la Sierra

-- de Antonio Machado --

¿No eres tú, mariposa,
el alma de estas sierras solitarias,
de sus barrancos hondos
y de sus cumbres agrias?
Para que tú nacieras,
con su varita mágica
a las tormentas de la piedra, un día,
mandó
callar un hada,
y encadenó los montes
para que tú volaras
.

(….)

A. Machado était andalou, on peut raisonnablement penser qu’il parle de la Sierra Nevada, à côté de Granada, car c’est là que vivent 120 espèces de papillons, plus de la moitié des papillons diurnes qui vivent sur la Péninsule Ibérique, et, par exemple, la moitié du nombre total qui habitent en France.

Beaucoup d’espèces endémiques, certaines plus répandues.

Ils vivent surtout dans la moyenne montagne, entre 1.500 et 1900 mètres d’altitude. Ils sont étudiés de près car ils sont des indicateurs du changement climatique. Ainsi les chercheurs ont pu observer une récente migration vers l’altitude.

Mais ont-ils vu la fée….?

 



Una mariposa apolo ('Parnassius apollo nevadensis') en Sierra Nevada

(Source https://www.granadahoy.com/granada/Mariposas-Sierra-Nevada-cambio-climatico_0_1408359512.html)

20 oct. 2025

Perdre la notion du temps / Perder la noción del tiempo

 

Que ce soit à Montevideo ou à Shanghai, au XVIIº ou en 2025, la passion amoureuse est la même. Et on n’oublie pas ces moments fous où rien d’autre ne compte.On est d'accord ?

Cristina Peri Rossi, poétesse uruguayenne aux multiples distinctions, la raconte avec talent et rythme. 

 

La Passion

Cristina Peri Rossi, Montevideo-Uruguay 1941



Nous sortîmes de l’amour

comme d’une catastrophe aérienne

Nous avions perdu nos vêtements

le nord

il me manquait une dent

et à toi la notion de temps

Était-ce une année longue comme un siècle

ou un siècle court comme un jour ?

Sur les meubles

dans la maison

des restes brisés:

verres photos livres effeuillés

Nous étions les survivants

d’un effondrement

d’un volcan

d’eaux déchaînées

et nous nous quittâmes avec la vague sensation

d’avoir survécu

sans bien savoir pour quoi.

 

Venus y Adonis José de Ribera 1637 / Mitología

La pasión

Cristina Peri Rossi, Montevideo-Uruguay 1941

Salimos del amor
como de una catástrofe aérea
Habíamos perdido la ropa
los papeles
a mí me faltaba un diente
y a ti la noción del tiempo
¿Era un año largo como un siglo
o un siglo corto como un día?
Por los muebles
por la casa
despojos rotos:
vasos fotos libros deshojados
Éramos los sobrevivientes
de un derrumbe
de un volcán
de las aguas arrebatadas
y nos despedimos con la vaga sensación
de haber sobrevivido
aunque no sabíamos para qué.

12 oct. 2025

Couleurs / Colores

 

Granadas 2025 Colo

En ce beau jour d’automne je republie 10 ans après un poème du Majorquin Jaume 

Mesquida, né  à Palma de Mallorca (1948) mais qui a toujours vécu à Manacor 

(patrie de Rafael Nadal aussi).  

 

 Il raconte bien l'immense amour des majorquins pour la nature, le vent, la mer, 

leur île.

Dans le recueil “Majorque, l'île aux poètes”, il se trouve en Catalan, mais aussi 

traduit en Espagnol et en Français.

Je n'ai pas résisté à l'envie d'en faire une traduction très personnelle;-))

 


Obole de silence I


La nuit battit en retraite et laissa intacte la couleur
rouge des cerises.
L'ombre resta prisonnière dans la jarre de terre.
Le vent cacha le murmure odorant de la forêt dans la flûte
que soutenaient, alanguies, des mains blanches.

Mille petits éclats de lune étaient restés accrochés aux branches odorantes
du citronnier.
Dans les branches de l'oranger, devant le porche de bois,

se prirent les mille grains vermeils du soleil
qui approcha timidement les lèvres au bord ébréché
de la cruche, pour boire à satiété.
Les yeux des maisons s'étaient ouverts et regardaient surpris
l'azur si pur de ce jour ensoleillé.

De bon matin les vieilles se sont installées devant la mer
tissant un souvenir sur le métier rougi de leur sang,
tandis que le jour, d'un fil de lumière doré, cousait un tablier
d'écume à la brise des hautes falaises.
Là le vent du sel soufflait dans leurs cheveux gris,
longs et lisses
et les petites fleurs jaunes insulaires de camomille
réunies en bouquets sauvages et odorants
par les poings âpres des rochers.

Chacune trouvait très facilement son aiguille de douleur
dans le pailler de la tristesse.


(Trad Colo) 

 

                                             Mazanilla silvestre /camomille sylvestre de Mallorca







Camomille /Manzanilla

 




Clic sur les textes catalans et espagnols pour agrandir

6 oct. 2025

Accueillir, une richesse / Acoger, una riqueza


En sortant d’une première balade-visite au grand cimetière de Palma, un mot m’est venu à l’esprit: accueillir.

 


Pas seulement à cause des tombes, des statues et mausolées qui donnent la bienvenue aux morts, mais par la découverte d’un emplacement pour les tombes des musulmans (les juifs ont un cimetière à eux dans un village de l’île). 

 

Foto Ultima Hora




Ensuite la vue de ce ficus géant, qui a accueilli un palmier entre ses racines.

 



Accueillir: une personne, un animal, une plante, une idée, un goût nouveau…tout ce qui fait notre richesse, personnelle et collective. 


Enfin ce poème. Cubain. 

Hospitalité

Joaquín Lorenzo Luaces (La Havane 1826, 1867)



Ne poursuis pas, bon ami;

arrête là ton cheval,

qu’à des lieues on voit

que tu arrives épuisé.

Ils ne sont pas sûrs maintenant

les chemins, et ils sont mauvais;

et les ruisseaux sont rivières,

et les sentiers des marais.



Vous prendrez un café avec moi,

on fumera du tabac,

et ensuite je ferai mettre

votre lit dans ma chambre.



Descendez donc, je souffre

de vous voir en si piteux état,

et l’homme et la bête demandent

une nuit de repos…

Si vous êtes un étranger,

comme je le soupçonne,

ami, il se peut que vous ignoriez

les coutumes de notre terre.

Celui qui voyage sur les terres

des chasseurs cubains

n’a pas besoin d’auberge

pour à l’abri dormir.

(Trad: Colo)


 

HOSPITALIDAD

JOAQUÍN LORENZO LUACES La Habana 1826-1887

No prosiga, buen amigo;
detenga al punto el caballo,
que a la legua se conoce
que viene más que cansado.
No están seguros ahora
los caminos, y están malos;
y los arroyos son ríos,
y las veredas pantanos.


Tomará café conmigo,
fumaremos un tabaco,
y  haré que le pongan luego
el catre en mi propio cuarto.


Bájese, pues, que me duele
mirarle en tan cruel estado,
y hombre y bestia están pidiendo
una noche de descanso…
Si es usted un forastero
como sospecho hace rato,
amigo, puede que ignore
los usos de nuestros campos.
El que viaja por las tierras
de los monteros cubanos,
no necesita posada
para dormir abrigado.



 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

HOSPITALIDAD.* POEMA DE JOAQUÍN LORENZO LUACES