7 janv. 2023

Une bavarde / Una habladora

Manuel Machado (Sevilla 1874-1947), frère d’Antonio que vous connaissez 

sûrement, est lui aussi un poète connu, un peu moins célèbre.

Le poème d’aujourd’hui, léger et si vivant , m’a fait penser à Lorca. À vous de voir...

 

                            Fuente de Hispalis, Sevilla


La fontaine dit….

 

Elle ne se taisait pas, la fontaine,

ne se taisait pas…



Elle riait,

sautait,

bavardait...Et personne ne savait

ce qu’elle disait,



Claire, joyeuse, polyphonique,

colonnette salomonique

elle perforait

le silence du crépuscule

et, bavarde, s’élevait

pour voir le soleil couchant.



Elle ne se taisait pas, la fontaine,

ne se taisait pas…



Comme une veine

de la nuit, sa vrille,

argent froid,

rétrécissait

et s’étirait…

Montait,

descendait,

bavardait….Et personne ne savait

ce qu’elle disait.

Quand l’aube revenait.

(Trad: Colo) 


                                                  

                                 Gran cascada parque Cuidadela (Barcelona)

Manuel Machado: Dice la fuente…



No se callaba la fuente,
no se callaba…

Reía,
saltaba,
charlaba… Y nadie sabía
lo que decía,



Clara, alegre, polifónica,
columnilla salomónica
perforaba
el silencio del Poniente
y, gárrula, se empinaba
para ver el sol muriente.

No se callaba la fuente,
no se callaba…



Como vena
de la noche, su barrena,
plata fría,
encogía
y estiraba…
Subía,
bajaba,
charlaba… Y nadie sabía
lo que decía.

Cuando la aurora volvía…

Manuel Machado Ruiz


35 commentaires:

  1. Et ce sans ni savoir ni pouvoir l'exprimer, c'est exactement ce que je ressens à la vue d'une fontaine.(j'en ai dessiné presque 500 !!) N'est pas poète qui veut. Super ce pouvoir commencer l'année avec un tel post.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. C'est vrai et c'est une excellente idée, je n'avais pas pensé à illustrer ce poème avec une de tes fontaines ! Si tu me donnes la permission, j'en ajouterai une au billet.

      Supprimer
  2. Une bien belle histoire de fontaine pour commencer l'année ! Que cette bavarde sévillaise (que j'ai eu l'occasion d'admirer est superbement décrite par Machado ! Merci pour cette ouverture de 2023 !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Avec plaisir Enitram, un musique gaie, celle des fontaines. Bon dimanche

      Supprimer
  3. Un poème au ton très naturel, des vers aussi simples et rafraichissants qu'une colonne d'eau qui monte puis descend, et qui nous susurre, le soir venu, de mystérieuses confidences. Beaucoup de métier en fait, dans ce poème savamment composé ! .J'aime beaucoup Colo, ainsi que les deux photos de ces deux magnifiques fontaines.
    Merci, et bonne soirée.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bonjour Antoine, la simplicité est très difficile à atteindre en poésie, c'est vrai. Merci et bon dimanche !

      Supprimer
  4. On ne se lasse pas de ce bavardage. Les fontaines sont des quintescences de poésie comme l'illustrent celles que tu as choisies et ce très beau poème.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. C'est vrai, une musique, ou un bavardage, si agréable, un peu mystérieux aussi.
      Bon dimanche Zoë

      Supprimer
  5. oui, c'est ça, une fontaine ne se tait jamais et le bruit de l'eau a quelque chose de joyeux :-)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Y en a-t-il dans ta ville ? Bonne semaine Adrienne

      Supprimer
    2. oui bien sûr! mais on les fait taire l'hiver ;-)

      Supprimer
  6. J'ignorais que Machado avait un frère poète et je dois dire que je l'aime bien
    En poésie je trouve qu'il se rapproche d'un Giono qui écrit certes en prose mais qui a le don identique de dire l'eau de très belle façon

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bonjour Dominique, sur la Toile, pas grand chose de Manuel Machado...je vois ce qu'il me reste à faire, je l'aime bien moi aussi!
      Giono, tien, je n'y avais pas pensé, mais oui!

      Supprimer
  7. Le doux bruit de l'eau est un pur enchantement... Merci Colo pour ces mots... brigitte

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Et quand le vent s'en mêle...Bonne semaine Brigitte

      Supprimer
  8. Bonjour chère Colo, une fontaine joyeuse, bavarde et qui rit, c'est magnifique. J'aime beaucoup ce poème avec deux superbes photos.
    Gros bisous et belle journée :-)

    RépondreSupprimer
  9. Et les fontaines chanteront toujours des notes d'eau en cristal d'amour!

    RépondreSupprimer
  10. Quel joli poème ! J'aime tout particulièrement : "Claire, joyeuse, polyphonique, colonnette salomonique
    elle perforait le silence du crépuscule. Magique !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Hola Obni! Contente de te lire, oui, cette polyphonie joyeuse devait te plaire !

      Supprimer
  11. Tapisserie sonore, brise légère. Venir écouter. Y aurait-il un banc non loin de cette fontaine ? ;-)

    RépondreSupprimer
  12. Oui, on imagine bien son glouglou intarissable, cette cascade de mots prononcés trop vite pour qu'on les comprenne :)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ah oui, c'est amusant l'idée que c'est la vitesse qui rend ses mots incompréhensibles!

      Supprimer
  13. Merci Colo !
    C'est vrai, les fontaines sont des bavardes, mais ces bavardes là ne nous fatiguent jamais ! Besos.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Hola ! je n'ai jamais essayé de dormir à côté d'une fontaine, mais, comme toi, j'ai l'impression que je ne m'en fatiguerais jamais...Besos à toi aussi!

      Supprimer
  14. C'est fascinant une fontaine, on pourrait rester longtemps à la regarder couler.

    RépondreSupprimer
  15. Voilà, précisément le genre de texte qui me renvoie à ce qui m'a déserté, la pensée, l'esprit poétique... Je ne sais plus quand je suis devenu un esprit proaïque alors que dans ma jeunesse je ne lisais que de la poésie. Cette façon de porter un regard autre sur des choses banales (quoique, une fontaine est ce si banal ?), je l'envie

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. J’imagine que tu es Kwarkito...ils sont énervants avec ces trucs Anonymes etc à remettre tout le temps!
      Y a-t-il une possibilité de retour à l'esprit poétique ? Ah, je le crois...

      Supprimer
  16. Hola Colette,

    Ce texte est charmant, vif, pétillant, déconcertant aussi mais avec bonheur!

    Bonne journée.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Hola John, un poème joyeux, c'est sûr, très vivant.
      Bonne journée à vous aussi.

      Supprimer
  17. Babillarde, joyeuse, toujours en mouvement... mais aussi curieuse quand elle pointe son nez pour regarder toujours plus haut vers le soleil couchant.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oh, désolée, encore une personne anonyme. Merci en tout cas

      Supprimer