La paresse, en voilà un sujet passionnant !
Aussi vilipendée par la morale que louée par certains, l’idée d’en parler m’est venue après la lecture de ce billet de Kwarkito (.https://kwarkito.blogspot.com/2022/02/paresse.html)
Alors, on peut en débattre, ou lire ces mots de Jules Renard : “La paresse n’est rien de plus que l’habitude de se reposer avant d’être fatigué”, ou s’amuser comme Manuel Breton de los Herreros.
Plus connu comme dramaturge que comme poète, né à Logroño en 1796 et décédé à Madrid en 1873, cet auteur de la période Romantique a bien souvent introduit le comique dans ses œuvres.
“Grand nombre de critiques et de professionnels affirment qu’aucun dramaturge espagnol du XIXe siècle ne rivalise, ne serait-ce que de loin, avec la force comique tapie entre les lignes et sous les traits des personnages des pièces créées par Manuel Breton De Los Herreros. Sa créativité est réputée infiniment inventive et sa dextérité métrique unique.” Ref
Pintura: Aldo Dall'Acqua, Fumetto, ombrellone e poltrona al tramonto
C’est le ton léger, drôle de ce poème qui m’a plu. Un sonnet que je n’ai malheureusement pas réussi à faire rimer en français...
La Paresse
Manuel Bretón de los Herreros
Qu’un lit avenant est doux!
Quel sot celui qui se lève avec l’aurore,
bien que les muses disent qu’écouter
d’un oiseau l’aubade enamoure.
Oh qu’il est bon, dans une vaste bergère
se reposer une heure, et une autre!
Manger, traîner...Quelle vie charmante
Sans être personne ni rien penser.
Salve, ô Paresse ! Dans ton temple solide
déjà allongé de tout mon long, je m’installe.
De tes sérieux élèves l’exemple
m’entraîne en bâillant; et ainsi
ta stupide somnolence à m’envahir commence
et je ne finis pas le sonnet... par par...
(trad:Colo)
La Pereza Manuel Bretón de los Herreros
¡Qué
dulce es una cama regalada!
¡Qué necio, el que madruga con la
aurora,
aunque las musas digan que enamora
oír cantar un
ave la alborada!
¡Oh, qué lindo en poltrona
dilatada
reposar una hora, y otra hora!
Comer, holgar...,
¡Qué vida encantadora,
sin ser de nadie y sin pensar en
nada!
¡Salve, oh Pereza! En tu macizo templo
ya,
tendido a la larga, me acomodo.
De tus graves alumnos el
ejemplo
me arrastra bostezando; y, de tal modo
tu
estúpida modorra a entrarme empieza,
que no acabo el soneto...
de per...
la paresse c'est fait pour moi qui suis une procrastineuse compulsive
RépondreSupprimerNe te prive de rien !
SupprimerJ'adore cette citation de Jules Renard que je ne connaissais pas. Pas plus que ce dramaturge, poète à ses heures, auteur de cet amusant poème dont la fin me réjouit.
RépondreSupprimerLa fin du poème me fait rire moi aussi!
SupprimerJe connais bien le mot et les citations qui s'y rapportent mais n'ai jamais pratiqué cette activité trop creuse pour mon tempérament. Les parents ne sont ils pas, parfois, à l'origine de cet état ?
RépondreSupprimerOh oui, toute une éducation ! Ne rien faire était si mal vu....
SupprimerOh ! que c'est drôle ! Mais oui, vive la paresse ! Comme il est bon de rester tranquillement installé sur la terrasse, SANS RIEN FAIRE, alors que d'autres s'agitent afin de prouver autant à eux-mêmes qu'aux autres qu'ils sont parfaits.
RépondreSupprimerJe ne sais plus qui avait écrit L'éloge de la paresse... Il faut que je cherche. Mais pas tout de suite...
Au oui, c'était Eugène Marsan. Regarde, on peut le lire gratis ici: https://www.bmlisieux.com/curiosa/marsan02.htm
SupprimerLorsque j'ai pris ma retraite
RépondreSupprimerJe disais à mes collègues qui s'inquiétaient
Je ne m'ennuie jamais car même rien faire ...
ça me va hihihi
Ce n'est pas de la paresse , c'est une philosophie de vie : s'accorder un peu de oisiveté
Pour rebondir sur ton com chez moi ce matin
oui j'aime ces sauvageonnes empruntes de liberté , non guindées, elles assurent ...et assument leur simplicité .
C’est vrai que la retraite permet la lenteur après la frénésie d’années enfants et travail et...et...
SupprimerLe temps de rêver, photographier des fleurs par exemple.
Pas mal, même si je dois conclure que je suis un sot !
RépondreSupprimerNous serions donc une légion de sots?¿?¿?¿?¿
SupprimerMais sans doute préférons-nous écouter les muses et nous laisser enamourer à l'aube ?
on a été tellement éduquée à être toujours active, surtout active des mains, toujours une chose à faire et s'asseoir pour se reposer, oui, à condition de continuer le tricot ;-)
RépondreSupprimeril m'a fallu beaucoup de temps, beaucoup beaucoup de temps, pour accepter de me poser (presque) sans rien faire ;-)
C'est tellement vrai cette éducation.
SupprimerJe viens de retrouver un poème (oublié) que ma grand-mère et ma mère nous récitaient à nous les trois jeunes sœurs ! Édifiant.
La leçon de poupée
Je vous trouve ma poupée,
Bien souvent inoccupée .
Il faut vous prendre le bras
Pour vous faire faire un pas.
Vous souriez d'un air bête
Sans même bouger la tête.
Vous dites toujours : "demain!"
Jamais une aiguille la main,
Vous n'aimez que la toilette,
Prenez un peu ce balai
Et balayez . S'il vous plaît !
Lavez moi cette vaisselle,
Vivement ma demoiselle,
Écumez le pot au feu ,
Remuez-vous dons un peu !
Mon mari , votre bon père,
Travaille assez lui, j'espère
En rentrant il doit avoir
Sa soupe chaude, le soir.
Regardez notre voisine,
Comme elle tient sa cuisine,
Sa chambre, son linge et tout;
Vous devriez rougir beaucoup.
Une fille adroite et sage,
Aide sa mère à votre âge,
Et je vous battrai, je crois
Si vous n'étiez pas de bois.
J.Aicard
c'est tout à fait ça :-)
Supprimerqu'est-ce qu'on était blâmées si on restait cinq minutes à ne rien faire! ou si on osait lire, occupation oisive et oreiller du diable par excellence!
Ah, j'ai eu de la chance, chez moi lire était hautement recommandé !
SupprimerCoucou. Ah! ton billet résonne, résonne en moi. L'année passée, j'ai passé par une casse de santé qui heureusement ne s'est pas trop mal terminée. Mais elle a eu le mérite en tous les cas de me faire réfléchir sur ma vie trépidante et sur cette éducation très ancrée: toujours faire, mériter, se battre. Bref... Je suis en pleine réflexion. Car en effet, si je me laisse un peu tranquille, je ne me sens pas très bien, comme si je culpabilisais. Il est temps de changer cela et de prendre soin de soi, et cela passe aussi par le "non-faire, le "rien-faire". Et puis finalement, comme le dit un titre de Fabrice Midal: "Foutez-vous la paix"! :-) Bises alpines.
RépondreSupprimerHola Dédé, oui, parfois nos corps nous rappellent à l'ordre et c'est un excellent moment pour se poser, de "se foutre la paix". Je comprends bien ton sentiment mitigé quand tu restes tranquille, peu `peu l'idée de de calme entrera en toi, tu verras. Après ça devient un délice..;-)
SupprimerUn beso mediterraneo.
"Oh qu'il est bon, dans une vaste bergère/se reposer une heure, et une autre !/manger, traîner ... Quelle vie charmante !/sans être personne ni rien penser/ J'aimerais bien avoir une attitude aussi décontractée devant la paresse. L'éducation, comme il est dit déjà dans les commentaires. Il me faut des accrocs de santé et l'âge pour me sentir moins culpabilisée. Bises Colo, bonne journée (tempête chez moi).
RépondreSupprimerAh mais profite de la tempête pour....simplement la regarder par la fenêtre..?
SupprimerJe t'embrasse Aifelle.
Par par... J'étais si paresseuse que je ne pensais plus à la paresse !
RépondreSupprimerJ'ai fini par retrouver cette citation d'Ava Gardner à laquelle ton sujet m'a fait penser :
"La vérité, c'est que je ne suis vraiment heureuse que lorsque je ne fais rien, absolument rien.
Je ne comprends pas les gens qui aiment travailler et parlent de leur métier comme s'il s'agissait d'un foutu sacerdoce.
Pour moi, ne rien faire c'est comme flotter sur une eau tiède, le délice, la perfection."
(Trouvée près d'un portrait de l'actrice dans un magazine : j'avais découpé la page et glissé cela dans mon journal de classe, à l'époque où j'enseignais encore, pour m'aider à... prendre de la distance ;-).
Hihi...ah cette paresse.
SupprimerAva Gardner, oui, elle était paresseuse sauf pour séduire, une vraie tombeuse, ou pour apprendre des rôles.
Sa formule "Flotter sur une eau tiède" est fort bien choisie.
Pendant le confinement, la phrase de Pascal "Tous les malheurs des hommes vient de ne savoir pas demeurer en repos dans une chambre" a été beaucoup citée. Savoir ne rien faire est une chance, qui permet de surmonter bien des déboires. Je pense aussi à la chanson de Moustaki sur le droit à la paresse du philosophe Paul Lafargue. Je vais chercher le lien.
RépondreSupprimerMerci Colo pour ce poème, cette réflexion que tu as inspirée, et la phrase de Jules Renard que je trouve....drôle et croustillante ! Des besos et une belle fin de semaine chez toi !
J'ai trouvé: https://www.youtube.com/watch?v=oRzBv0ohce8
RépondreSupprimerEt aussi, cette archive de l'INA. Re-besos.
RépondreSupprimerhttps://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/i16061203/georges-moustaki-sur-la-paresse
Alors là tu nous gâtes, merci, merci!
SupprimerTant la chanson comme l'interview de Moustaki sont magnifiques. ", il s'agit d'une nécessité biologique. La paresse compense l'hystérie et représente une véritable proposition philosophique, développée dans le livre de Paul Lafargue, "Le droit à la paresse"."
Vive Paul Lafargue, et vive toi !!!
Un beso grande.
Il faudrait se donner le droit à la paresse...Je n'y arrive pas encore!...Je culpabilise...(reste de l'éducation donnée par mes parents et grands-parents)
RépondreSupprimerHélas, oui Marie, mais secouons cette éducation, vite, vite !
SupprimerTon billet me plaît beaucoup chère Colo. Parfois, le corps nous rappelle à une petite sieste ou tout simplement à contempler ce qui nous entoure. Quel bienfait :-)
RépondreSupprimerGros bisous
Hola Denise, le corps et l'esprit ont besoin de cette lenteur, de ce temps de plaisir.
SupprimerBonne journée , un beso
Génial, j'avoue qu'avec ces premières journées printanières, je cultive avec délectation cette fleur précieuse nommée paresse, elle m'enchante... Merci pour ce poème et pour les mots de J.Renard. Bises ensoleillées Colo, à tout bientôt. brigitte
RépondreSupprimerFlâner est un bienfait, un cadeau que nous nous faisons....surtout continue Brigitte!
SupprimerBonne journée, mi-ensoleillée ici.
Plus moyen de commenter sinon via mon téléphone. Pffffft. Mais je suis d'accord, la paresse est un plaisir voluptueux que je pratique sans honte, sachant que ça passera comme c'est venu...😉
RépondreSupprimerTiens, mais que c'est étrange.
SupprimerEt si la paresse ne passe pas, tant pis ou tant mieux!!!!