Il y a longtemps que je voulais publier un poème ou deux de cette jeune et déjà très connue poétesse espagnole, Elvira Sastre.
Traductrice aussi, et romancière, cette jeune femme de 29 ans née à Segovia emploie beaucoup le Je, mais ce Je nous représente tous ou presque, c’est du moins ce que j’ai ressenti.
Dans le poème d’aujourd’hui la recherche de soi à travers les expériences de la vie.
Ma
vie sent la fleur Elvira Sastre
J’ai arrondi les coins des rues
pour ne pas trouver de monstres au tournant
et ils m’ont attaquée par derrière
Je me suis léché la figure quand je pleurais
pour me souvenir du goût de la mer
et je n’ai senti que brûlure aux yeux.
J’ai attendu les bras croisés
pour m’enlacer
et je me suis heurtée contre mon propre corps.
J’ai tant menti
que quand j’ai dit la vérité
je ne
me suis
pas
crue.
J’ai fui
les yeux ouverts
et le passé m’a rattrapée.
J’ai accepté
les yeux fermés
des coffres vides
et je me suis sali les mains.
J’ai écrit ma vie
et ne me suis pas reconnue.
J’ai tant aimé
que je me suis oubliée.
J’ai tant oublié
que
j’ai cessé de
m’aimer.
(...)
J’ai perdu le cap
mais j’ai connu la vie en chemin.
Je suis tombée
mais dans la descente j’ai vu des étoiles
et l’écroulement a été un rêve.
J’ai saigné,
mais
toutes mes épines
se sont transformées en rose.
Et maintenant
ma vie sent la fleur.
Trad: Colo
MI VIDA HUELE A FLOR Elvira Sastre
He
redondeado esquinas
para no encontrar monstruos a la vuelta
y
me han atacado por la espalda.
He lamido mi cara cuando
lloraba
para recordar el sabor del mar
y solo he sentido
escozor en los ojos.
He esperado de brazos cruzados
para
abrazarme
y me he dado de bruces contra mi propio cuerpo.
He
mentido tanto
que cuando he dicho la verdad
no
me
he
creído.
He
huido
con los ojos abiertos
y el pasado me ha alcanzado.
He
aceptado
con los ojos cerrados
cofres vacíos
y se me
han ensuciado las manos.
He escrito mi vida
y no me he
reconocido.
He
querido tanto
que me he olvidado.
He olvidado tanto
que
me he dejado de querer.
(...)
He
perdido el rumbo
pero he conocido la vida en el camino.
He
caído
pero he visto estrellas en mi descenso
y el desplome
ha sido un sueño.
He sangrado,
pero
todas mis
espinas
han evolucionado a rosa.
Y ahora
mi
vida
huele a flor.
c'est rare d'avoir autant de Je dans un poème
RépondreSupprimeron dirait un trop plein qui se déverse
Tu as raison et c'est pourquoi je pense que ce Je est universel, représente la jeunesse peut-être.
Supprimerc'est superbe, merci colo pour la découverte
RépondreSupprimerAvec plaisir Niki
SupprimerLe je est effectivement universel car il nous parle au singulier. Chacun peut y découvrir une introspection libératrice. La vérité est une rédemption. J'aime sans réserve
RépondreSupprimerUn poème qui relate ces parcours de vie, de nos vies, oui.
SupprimerJ'aime ton expression " introspection libératrice"
J'ai pleuré à cette lecture un "je" universel
RépondreSupprimer"J’ai tant aimé
que je me suis oubliée.
J’ai tant oublié
que j’ai cessé de m’aimer."
Une grande force, une constatation terrible...
SupprimerC'est assez magnifique, merci pour ce partage, chère Colo.
RépondreSupprimerUn poème puissant, il me touche.
SupprimerMerci d’être passée Anne.
Lu ce texte avec émotion, en pensant à un jeune homme de cet âge qui vient de mettre fin à ses jours. Je ne le connaissais pas, mais ce drame et ce poème me rappellent que la jeunesse que nous idéalisons parfois porte aussi des tourments. Heureuse celle qui a su transformer les épines de sa vie en rose !
RépondreSupprimerToute le monde n'arrive pas, hélas, à transformer les échecs et difficultés de la vie en expériences qui rendent plus forts.
SupprimerBonne soirée Tania.
Ah oui une jolie trouvaille. Elle ne manque pas de style pour dire les choses ordinaires de la vie. Comme Marie je suis saisi par les mêmes quatre vers, simples mais d'une redoutable puissance.
RépondreSupprimerIls sont terribles ces 4 vers.
SupprimerLa plupart de ses poèmes, j'en traduirai d'autres, emploie le Je pour On ou Nous ou autre chose. On s'y reconnaît si souvent, surtout ceux comme toi et moi qui avons déjà beaucoup vécu.
Ce -je- (qu'elle n'emploie certainement pas par orgueil) lui ouvre un avenir très prometteur. Bonne semaine Colo et à bientôt
RépondreSupprimerEn tout cas elle, très active, elle emmène de très nombreux jeunes qui s'identifient à ses poèmes, derrière elle. Et c'est fabuleux.
SupprimerBonne semaine à toi aussi Chinou, v'là l’automne qui approche....
Ah ! mais j'aime beaucoup ! Effectivement, beaucoup de "je". Comme toi, je pense qu'il permet à chacun de s'approprier le poème qui évoque toutes les indécisions auxquelles nous sommes tous confrontés : aimer ou ne pas aimer, avancer ou se replier sur soi, accepter ou refuser les compromis de la vie. Merci pour cette découverte.
RépondreSupprimerBonjour Marie,
SupprimerChacun peut en effet s'identifier, y retrouver ses propres difficultés et apprentissages.
C'est sûrement pour cela que, comme je l'écrivais à Chinou, de très nombreux jeunes (et moins jeunes) la suivent avec ferveur.
Et vive la poésie !
Il y a toute une histoire derrière ce poème et une histoire qui nous touche, même si elle n'est pas explicitée. Les "je" ne me dérange pas, il y a des vers que l'on pourrait toutes s'approprier à un moment ou à un autre. Bonne semaine Colo. Bises.
RépondreSupprimerBonjour Aifelle, je pense qu'une partie de son succès, chez les jeunes aussi, c'est, comme tu dis, qu'on peu s'identifier.
SupprimerBonne semaine à toi aussi ! Un beso
Quel magnifique poème chère Colo. Les "je" ne me dérangent pas du tout, je trouve ses mots très beaux. Merci Colo pour cette délicieuse découverte.
RépondreSupprimerGros bisous et bel après-midi avec un petit air automnal ♥
Oui, l'automne est arrivé Denise, c'est bien comme ça...la vie suit son cours, c'est rassurant!
SupprimerBonne journée, un beso
Cc, j'aimerais finir ma vie en disant cette dernière phrase, mais je n'ai pas encore cet optimisme. Bisous
RépondreSupprimerSi déjà flotte une odeur agréable, c'est déjà bien...un beso
SupprimerCoucou. "ma vie sent la fleur". Et bien c'est une très belle conclusion lorsqu'on vit tellement de déboires dans notre existence. Il y a toujours quelque chose de bien à en tirer, malgré tout. Bises alpines.
RépondreSupprimerAh mais quel plaisir de te retrouver Dédé, des fleurs au milieu des cailloux de ta montagne, il y en a sûrement! Je les vois à l'instant sur ton blog...un beso
SupprimerOui, c'est fort, c'est très fort,la merveilleuse conclusion va droit au cœur et porte la lumière de l'espérance. Merci Colo pour ce cadeau, que ta journée soit douce. brigitte
RépondreSupprimerBonjour Brigitte, ces difficultés dont la vie est parsemée et qu'il faudrait réussir à transformer en positives...ce matin c'est l'odeur, délicieuse, de terre mouillée. Vie.
SupprimerBonne journée, un beso
Que c'est dur de grandir ! Paul Nizan disait : "J'avais vingt ans et je ne laisserai personne dire que c'est le plus bel âge de la vie "! Mais la fin du poème et le titre sont une lueur d'espoir !
RépondreSupprimerEt la discussion sur le "je" me rappelle les mots de Victor Hugo : "Ô insensé qui crois que je ne suis pas toi !"
Bonjour Claudialucia, mais oui, tous les poètes et écrivains ne parlent que d'eux, encore et toujours, que le Je soit présent ou non ne change pas grand chose.
SupprimerBeaucoup de désespérance, puis une touche d'espoir renait en fin de poème.
RépondreSupprimerLe "je" ne me gène pas, il nous entraine au contact du poète, je comprends qu'elle plaise à la jeune génération.
Merci beaucoup Colo, un besos.
Bonjour Claudie, contente de te retrouver après ton été, très occupé, ai-je lu chez Tania.
SupprimerOui, ces expériences et pertes de repères, ces amours et déceptions, ce chemin à parcourir parle aux jeunes, et aux moins jeunes qui ont bonne mémoire !
Bonne journée, besos
C'est un poème bouleversant qui se termine positivement. Il sent la jeunesse c'est sûr.
RépondreSupprimerJe l'ai perçu comme toi, pas dramatique, sinon toutes ces expériences et joies/déboires de la jeunesse.
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