Dans
ce poème, Pablo Neruda dit la nature, la mer, alliées à l’absence d'amour ou d'un amour plutôt. Lu à voix haute il sonne bien, très bien même en espagnol, je crois qu'en traduction il n'est pas trop mal non plus...
http://the-warriors-rpg.eklablog.com/pinede-a144892898 |
Ici
je t’aime.
Dans les pins sombres se démêle le vent.
La lune étincelante luit sur les eaux vagabondes.
Et les jours, tous égaux, se poursuivent.
Dans les pins sombres se démêle le vent.
La lune étincelante luit sur les eaux vagabondes.
Et les jours, tous égaux, se poursuivent.
La
brume se défait en figures dansantes.
Une mouette argentée se décroche du crépuscule.
Une voile parfois. Hautes, hautes étoiles.
Une mouette argentée se décroche du crépuscule.
Une voile parfois. Hautes, hautes étoiles.
Ou
la croix noire d’un bateau.
Seul.
Je me lève parfois à l’aube, et même mon âme est humide.
Sonne, résonne la mer lointaine.
Voici un port.
Ici je t’aime.
Seul.
Je me lève parfois à l’aube, et même mon âme est humide.
Sonne, résonne la mer lointaine.
Voici un port.
Ici je t’aime.
Ici
je t’aime, en vain te cache l’horizon.
Je t’aime encore parmi ces froides choses.
Parfois mes baisers vont sur ces graves bateaux
qui courent sur la mer sans jamais arriver.
Je t’aime encore parmi ces froides choses.
Parfois mes baisers vont sur ces graves bateaux
qui courent sur la mer sans jamais arriver.
Je
me vois oublié comme ces vieilles ancres.
Si tristes sont les quais lorsque le soir accoste.
Ma vie est fatiguée de sa faim inutile.
J’aime ce que je n’ai pas. Toi tu es si distante.
Si tristes sont les quais lorsque le soir accoste.
Ma vie est fatiguée de sa faim inutile.
J’aime ce que je n’ai pas. Toi tu es si distante.
Mon
ennui se débat dans les lents crépuscules.
Mais la nuit vient, chante déjà pour moi .
La lune fait tourner ses rouages de songe.
Mais la nuit vient, chante déjà pour moi .
La lune fait tourner ses rouages de songe.
Avec
tes yeux me voient les étoiles majeures.
Du même amour que moi, les grands pins dans le vent
veulent chanter ton nom de leurs feuilles de fer.
Du même amour que moi, les grands pins dans le vent
veulent chanter ton nom de leurs feuilles de fer.
Pablo
NERUDA, Vingt poèmes
d'amour et une chanson désespérée
(1923-1924)
Trad
Colo inspirée de celle de Pierre Thiollière
Aquí
te amo.
En los oscuros pinos se desenreda el viento.
Fosforece la luna sobre las aguas errantes.
Andan días iguales persiguiéndose.
Se desciñe la niebla en danzantes figuras.
Una gaviota de plata se descuelga del ocaso.
A veces una vela. Altas, altas estrellas.
O la cruz negra de un barco.
Solo.
A veces amanezco, y hasta mi alma está húmeda.
Suena, resuena el mar lejano.
Este es un puerto.
Aquí te amo.
Aquí te amo y en vano te oculta el horizonte.
Te estoy amando aún entre estas frías cosas.
A veces van mis besos en esos barcos graves,
que corren por el mar hacia donde no llegan.
Ya me veo olvidado como estas viejas anclas.
Son más tristes los muelles cuando atraca la tarde.
Se fatiga mi vida inútilmente hambrienta.
Amo lo que no tengo. Estás tú tan distante.
Mi hastío forcejea con los lentos crepúsculos.
Pero la noche llega y comienza a cantarme.
La luna hace girar su rodaje de sueño.
Me miran con tus ojos las estrellas más grandes.
Y como yo te amo, los pinos en el viento, quieren cantar tu nombre con sus hojas de alambre.
En los oscuros pinos se desenreda el viento.
Fosforece la luna sobre las aguas errantes.
Andan días iguales persiguiéndose.
Se desciñe la niebla en danzantes figuras.
Una gaviota de plata se descuelga del ocaso.
A veces una vela. Altas, altas estrellas.
O la cruz negra de un barco.
Solo.
A veces amanezco, y hasta mi alma está húmeda.
Suena, resuena el mar lejano.
Este es un puerto.
Aquí te amo.
Aquí te amo y en vano te oculta el horizonte.
Te estoy amando aún entre estas frías cosas.
A veces van mis besos en esos barcos graves,
que corren por el mar hacia donde no llegan.
Ya me veo olvidado como estas viejas anclas.
Son más tristes los muelles cuando atraca la tarde.
Se fatiga mi vida inútilmente hambrienta.
Amo lo que no tengo. Estás tú tan distante.
Mi hastío forcejea con los lentos crepúsculos.
Pero la noche llega y comienza a cantarme.
La luna hace girar su rodaje de sueño.
Me miran con tus ojos las estrellas más grandes.
Y como yo te amo, los pinos en el viento, quieren cantar tu nombre con sus hojas de alambre.
Pablo
Neruda
C'est bouleversant.
RépondreSupprimerMerci Colo.
Merci à toi Anne, bonne journée.
Supprimerc'est magnifique, en français aussi :-)
RépondreSupprimerOh merci!
Supprimerla lune fait tourner ses rouages de songe : c'est très Shakespearien comme idée !
RépondreSupprimerJe n'y avais pas pensé, mais oui!
SupprimerAlors je l'ai lu à haute voix... en français. Et cela laisse une impression de vague à l'âme ou plutôt de mélancolie. Pablo Neruda me rappelle toujours ce magnifique film: "Il Postino". Bises alpines et bon jeudi.
RépondreSupprimerComment oublier ce film magnifique?
SupprimerBonne fin de semaine Dédé, un beso.
Quel poème magnifique. Je me suis replongée un peu dans Neruda qui aimait tant les arbres, et la pluie, et la nature, et la vie en fait.
RépondreSupprimerMerci ! Bonne journée !
Chouette! Ce poème est comme un condensé-nature et mer de tout ce qu'il aimait. De ce qui nous entoure toi et moi aussi.
SupprimerExcellente journée Marie.
Magnifique poème ! J'ai aimé Neruda dès que je l'ai découvert dans ma jeunesse, sa poésie est si proche de la nature et de la vie. Bonne fin de semaine Colo.
RépondreSupprimerPour toi aussi Aifelle, il pleut ici, enfin!
SupprimerIl est bien mélancolique, là...
RépondreSupprimerÀ ce moment.là oui, certainement Edmée...
SupprimerQuel beau travail, Colo. Félicitations à toi. Quelle phrase terrible que ce "J'aime ce que je n'ai pas". Ici, loin de la mer, je m'applique à apprendre à aimer surtout ce que j'ai. Bon week-end, chère Colo !
RépondreSupprimerMerci merci. Et tu fais si bien, Annie, d'apprendre à aimer ce que tu as.
SupprimerBon week-end à toi aussi.
Tiens, Neruda, j'ai ce recueil et tu m'as donné l'idée d'y retourner ! Merci.
RépondreSupprimerOn y retourne toujours avec plaisir K, bonne idée.
SupprimerQuel beau chant d'amour!...Envie de retrouver les poèmes que j'aimais il y a longtemps déjà!
RépondreSupprimerN'hésite pas Marie, les relire fait du bien aussi.
SupprimerC'est beau et émouvant.
RépondreSupprimerBonne journée Obni, la nature qui t'entoure aide à vivre.
Supprimercomment ai-je pu rater ce billet?
RépondreSupprimeroh, comme nous tous, ce n'est pas grave du tout:-))
SupprimerComme c'est bouleversant, mélancolique, il savait si bien écrire, à sa façon.
RépondreSupprimerOui, on est admiratifs...
SupprimerC'est forcément aléatoire de rendre un poème dans une autre langue, mais d'accord avec vous, c'est bien aussi comme ceci, merci à vous. Le dernier mot tombe habilement dur et froid.
RépondreSupprimerParfois je lis les ou la traduction d'un professionnel, et je dois vous dire que souvent je trouve qu'ils transforment trop le texte original pour en faire leur poème, ou presque.
SupprimerAlors, vous le savez, ça fait des années que je préfère le faire moi-même....en forgeant on devaient un peu forgeron, non?
Bonne semaine Christian.
La musique d'un poème en traduction ne saurait être rendue. Et pour le sens je préfère comme vous la proximité avec l'original et vous y parvenez très bien, pour autant que je puisse en juger. Mais c'est parfois impossible.
SupprimerTenez, je suis tombé sur une subtilité signalée par Cees Notebooom (Pays-Bas) dans son livre "L'histoire suivante". Un professeur y cite des vers de Slauerhoff :
Nu weet ik waarvan ik zal sterven (Je sais de quoi je vais mourir)
Aan de oevers van de Taag (Aux rives du Tage)
Waar 't bestaan is verheven en traag (Où l'existence est lente et sage)
L'emploi du "aan" (une rouerie de Slauerhoff ici) est impossible à transposer dans une autre langue parce que (je cite) "Il n'y a qu'en néerlandais, qu'on puisse mourir à la fois du cancer, «aan de kanker» et «aan de Taag», au bord du Tage".
C'est un peu scolaire, mais intéressant je trouve.
Vous avez raison pour la musique mais, si on ne peut rendre la même, les sons étant différents dans chaque langue (votre exemple est parfait, les terminaisons en O et a espagnols rendent les rimes faciles dans cette langue, pas en français!!), on peut quand même essayer que la musique soit agréable en traduisant. Et le rythme.
SupprimerJe n'ai pas lu "L'histoire suivante", mais à lire le résumé du livre, c'est fort tentant. J'aime beaucoup cet auteur.
Merci d'être revenu Christian, et d'apporter ces réflexions et exemples.
Bonne journée.
La faim, "un hambre", et cette accentuation différente sur l'adjectif - déjà tes titres font voyager d'une langue à l'autre, et mettent en appétit du poème. Merci, Colo.
RépondreSupprimerAvec plaisir Tania, bonne journée.
Supprimer