Rafael
Alberti, né près de Cádiz en 1902, était un garçon enjoué,
heureux, surtout près la mer. Et partout sauf
à l’école des Jésuites où ses parents l’avaient inscrit. La
discipline, les matières enseignées, c’était pas pour lui.
Il
a 13 ans quand son père, pour son travail, décide que la famille va
vivre à Madrid. Le changement est radical, Rafael se sent déraciné
et, convaincu de ses talents pour la peinture, il passe ses journées
au Prado à copier des œuvres
des grands maîtres.
C’est
à la mort de son père, il a 18 ans, qu’il se rend compte qu’il
exprime mieux tout ce qui bouillonne en lui, par des mots, des poèmes.
Voici
le premier, qui exprime ce déracinement.
Marin
à terre 1
La
mer. La mer.
La mer. Rien que la mer !
La mer. Rien que la mer !
Pourquoi
m’avoir emmené, père,
à la ville ?
à la ville ?
Pourquoi
m’avoir arraché, père,
à la mer ?
à la mer ?
La
houle, dans mes songes,
me tire par le cœur
comme pour l’entraîner.
me tire par le cœur
comme pour l’entraîner.
Père,
pourquoi donc m’avoir
emmené
emmené
ici ?
«Marinero en tierra»1
El
mar. La mar.
El mar. ¡Sólo la mar!
¿Por qué me trajiste, padre,
a la ciudad?
¿Por qué me desenterraste
del mar?
En sueños, la marejada
me tira del corazón.
Se lo quisiera llevar.
Padre, ¿por qué me trajiste
acá?
El mar. ¡Sólo la mar!
¿Por qué me trajiste, padre,
a la ciudad?
¿Por qué me desenterraste
del mar?
En sueños, la marejada
me tira del corazón.
Se lo quisiera llevar.
Padre, ¿por qué me trajiste
acá?
Marin
à terre
est son
premier recueil . Alberti l’a proposé pour le Prix National de
Littérature et il
fut
le lauréat. Le livre a été édité en 1925. Il avait
23 ans. Et
voilà, ça y est, il est entré
dans le monde de la poésie . Alberti y gagne un peu d’argent
et de notoriété, cela le conduit à rencontrer Garcia Lorca,
Dali, Buñuel, et à publier dans des revues.
Sa
santé est mauvaise, et il est obligé de vivre reclus pendant des
mois. Il lit, écrit des poèmes, lyriques au début, et pose un regard sur la beauté des paysages,
l’amour.
« L’aube
de la giroflée ».
Tout
ce que j’ai vu grâce à toi
- l’étoile
sur la bergerie,
le
charriot de foin en été
et
l’aube de la giroflée –
si
tu me regardes est à toi.
Tout
ce qui t’a plu grâce à moi
- le
sucre doux de la guimauve,
la
menthe de la mer sereine
et
la fumée bleue du benjoin –
si
tu me regardes est à toi »
El
alba del Alhelí
Todo
lo que por ti vi
-
las estrellas sobre el aprisco,
el
carro estival del heno
y
el alba del alhelí-,
si
me miras, para ti.
Lo
que gustaste por mí
-la
azúcar del malvavisco,
la
menta del mar sereno
y
el humo azul del benjuí-,
si
me miras, para ti.
Nous poursuivrons en poèmes sa vie faite de lutte politiques et d’exils dans les prochains billets.
très beau, intéressant à découvrir
RépondreSupprimerUne vie de poète qui a commencé si tôt et fini très tard, c'est difficile à résumer, les choix sont difficiles:-)
Supprimerma première découverte de ce poète c'est grâce à Jorge Semprun qui en parle dans un de ses livres et cela m'a engagé à découvrir le poète
RépondreSupprimerj'aime beaucoup le second poème : j'aime ce chariot de foin qui fait penser à Brueghel, et la menthe de la mer qui m'évoque Eluard
Ah tu le connais, tant mieux donc. J'espère que les poèmes que tu liras ici, qui ne sont pas les plus connus, te plairont aussi.
SupprimerUne découverte pour moi et j'aime beaucoup ce genre de poésie. Quel cri du coeur le premier ..
RépondreSupprimerAlors je suis très contente de te le faire découvrir, un tout grand poète Espagnol.
SupprimerBonne journée Aifelle!
Encore une découverte ! Donc, je viendrai suivre régulièrement ce feuilleton.
RépondreSupprimerMerci. Bonne journée !
Bonjour matinale Marie, j'espère que la suite te plaira alors!
SupprimerBonne journée à toi aussi.
j'aime bien sa frise, elle a un côté 'arabe' et j'attends la suite avec intérêt (et appréhension, il n'est pas né au bon moment de l'histoire de l'Espagne…)
RépondreSupprimerOui, le côté arabisant m'a frappée aussi, puis j'ai pensé qu'en Andalousie ce n'est pas étrange du tout.
SupprimerPas au bon moment, mais pas seulement en Espagne, tu verras, hélas.
Bonne journée dame Adrienne.
La menthe à l’eau... de mer. Belle découverte, merci !
RépondreSupprimerDes trouvailles oui Mimi! Bonne soirée.
SupprimerFrise ou poème, un art tout en rythme !
RépondreSupprimerJolie couverture ancienne, "contemporánea" del cubismo.
Le terme contemporain est toujours amusant à resituer dans le temps!
SupprimerUn beso
J'aime beaucoup le premier poème, qui exprime surprise et reproche léger, et je ne sais pourquoi je pense à "père, père, pourquoi m'as-tu abandonné?"...
RépondreSupprimerJ'y ai pensé moi aussi!
SupprimerBon week-end Edmée.
Bonsoir Colo
RépondreSupprimeril me semblait avoir laissé un message ce midi...mais j'ai dû oublier de le publier! Grr
Toujours entre deux travaux, je fais des bêtises.
J'aime beaucoup lire Alberti et j'apprends des mots comme l'alheli, cette giroflée dont le nom me semble d'origine arabe.
Je me régale de la simplicité des poèmes, de leurs images et notamment lorsqu'il s'intéresse à la mer.
Merci Colo pour ces découvertes qui me donnent envie de lire Rafael Alberti
Je t'embrasse bien fort.
Bonjour Maïté, j’avais trouvé ton message sur le billet précédent mais pas sur celui-ci. Merci de l'avoir recommencé!
SupprimerTu as raison, le mot alheli vient de l'arabe, al-jairi , tout comme "amapola" (coquelicot) et plusieurs autres.
Albert est traduit en français, j'ai vu qu'il y a des recueils, et tu pourras encore lire quelques poèmes ici. Il en a écrit tant et tant entre ses 20 ans et les plus de quatre-vingt dix!
Bon dimanche ma belle, un beso.
Même interrogation et merci pour l'explication. Même si je m'en doutais. Autre question : pourquoi, alternativement, el mar et la mar ? Probablement que c'est évident, mais cependant, j'aimerai savoir. Besossss.
SupprimerBonjour Lou, contente de te retrouver!
SupprimerEl mar est la règle, la mar est autorisé en poésie, et là seulement!
Besos
Rafael Alberti, une longue vie et une œuvre ample. Et précoce.
RépondreSupprimerTrès beaux mots d'amour dans le second texte. J'apprends ce qu'est le "benjoin".
Belle semaine !
Je sais que la poésie n'est pas votre terrain habituel, alors grand merci de votre visite!
SupprimerBonne semaine à vous aussi.
Merci pour ce partage. Bisous
RépondreSupprimerBonne journée Val! Un beso
SupprimerQuel beau cri que ce "pourquoi" et quel bel échange que ce second poème !
RépondreSupprimerDe très beaux poèmes, simples, comme de cris du coeur. TU verras dans le billet suivant celui à son chien aussi.
SupprimerBonne journée Annie
J'aime bien le Marin à terre qui exprime l'attachement de l'auteur à ses racines et le questionnement sur le déracinement.
RépondreSupprimerLa mer a été sa référence sa vie durant, un profond attachement.
SupprimerMerci pour cette découverte avec les poèmes si beaux. Je comprends très bien sa souffrance de déracinement. Il a su l'exprimer, ne pas l'enfermer. Tant mieux s'il a pu vivre un peu de son écriture. Bon week end. Bises.
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