Défi
à la vieillesse Gioconda
Belli (Nicaragua 1948- )
Quand
j'arriverai à la vieillesse
-si
j'y arrive-
et
me regarderai dans le miroir
et
compterai mes rides
comme
une délicate orographie
de
peau distendue.
Quand
je pourrai compter les marques
qu'ont
laissé les larmes
et
les préoccupations,
et
que déjà mon corps répondra lentement
à
mes désirs,
quand
je verrai ma vie enrobée
de
veines bleues,
de
profondes cernes,
et
que je lâcherai ma chevelure blanche
pour
m’endormir tôt
-comme
il se doit-
quand
viendront mes petits-enfants
s’asseoir
sur mes genoux
rouillés
par le passage de tant d’hivers,
je
sais qu’encore mon cœur
sera -rebelle- à
tictaquer
et
que les doutes et les amples horizons
salueront
aussi
mes
matins.
(Trad: Colo)
Desafío
a la vejez Gioconda Belli
Cuando
yo llegue a vieja
-si es que llego-
y me mire al espejo
y me cuente las arrugas
como una delicada orografía
de distendida piel.
Cuando pueda contar las marcas
que han dejado las lágrimas
y las preocupaciones,
y ya mi cuerpo responda despacio
a mis deseos,
cuando vea mi vida envuelta
en venas azules,
en profundas ojeras,
y suelte blanca mi cabellera
para dormirme temprano
-como corresponde-
cuando vengan mis nietos
a sentarse sobre mis rodillas
enmohecidas por el paso de muchos inviernos,
sé que todavía mi corazón
estará -rebelde- tictaqueando
y las dudas y los anchos horizontes
también saludarán
mis mañanas.
-si es que llego-
y me mire al espejo
y me cuente las arrugas
como una delicada orografía
de distendida piel.
Cuando pueda contar las marcas
que han dejado las lágrimas
y las preocupaciones,
y ya mi cuerpo responda despacio
a mis deseos,
cuando vea mi vida envuelta
en venas azules,
en profundas ojeras,
y suelte blanca mi cabellera
para dormirme temprano
-como corresponde-
cuando vengan mis nietos
a sentarse sobre mis rodillas
enmohecidas por el paso de muchos inviernos,
sé que todavía mi corazón
estará -rebelde- tictaqueando
y las dudas y los anchos horizontes
también saludarán
mis mañanas.
*André Derain (Chatou, 1880 - Garches, 1954) peintre fauviste, grand ami de Matisse.
Oh que c'est beau. Touché en plein coeur !
RépondreSupprimerGrand merci Colo.
Gioconda a réussi à nous toucher, des mots simples, vrais..avec plaisir K!
SupprimerPlutôt vieillir en couleurs, n'est-ce pas ? Et rebelle dans le bon sens du terme... Merci, Colo, pour ce défi à renouveler, oui, chaque matin de notre vie.
RépondreSupprimer(Quant à s'endormir tôt, ce n'est pas le cas de ma mère qui à plus de 90 ans va se coucher de plus en plus tard.)
Ma belle-mère se couchait très tard aussi pour ne être éveillée à 4h du matin; comme beaucoup de gens âgés elle dormait peu....mais somnolait les après-midi. Couleur du jour, celle du sourire!
Supprimerje crois que c'est une des choses qui me plairont le moins, que "mi cuerpo responda despacio a mis deseos"
RépondreSupprimermais bien sûr il faut se dire que vieillir est un privilège :-)
Oh là, je suis déjà bien plus lente qu'à mes 40 ans!!! Toi pas?:-)
SupprimerBonne journée chère Adrienne
Quel beau poème. Je peux m'en approprier des passages et la lenteur je connais et elle s'aggrave ! Je fais partie de la tribu des couche-tôt, j'aimerais renverser la tendance, je me réveille trop tôt, mais rien à faire, je n'y arrive pas.
RépondreSupprimerUne siesta peut-être?
SupprimerEn ce moment l'important est de pouvoir vieillir encore un peu sans doute!
Un beso
j'aime cet hymne à l'âge
RépondreSupprimerDis moi les genoux rouillés ! tu l'as traduit pour moi là ;-)
Si je trouvais trouver des poèmes qui arrangent tes genoux, j'en traduirais cent sans hésiter ma belle !
SupprimerTellement bien dit... tendrement dit aussi....
RépondreSupprimerContente que tu le trouves bien ce poème !
SupprimerBon week-end Edmée
Bonjour chère Colo, un grand merci de ce magnifique poème. Et oui, les marques de la vie sont le lot pour chacun de nous mais j'accepte les rides :-)
RépondreSupprimerDouce fin de journée et mes bisous ♥
Les rides ont cet avantages qu'elles ne sont pas douloureuses...
SupprimerÀ chacun son lot comme tu dis, je t'embrasse
Coucou chère Colo, je viens de lire dans un de mes billet d'avril 2015 et dans ton commentaire, je lis que ton anniversaire était le 21 avril... c'est avec un jour de retard que je t'envoie mes meilleurs voeux. Je te souhaite de tout coeur un bel anniversaire et tout le meilleur pour toi :-)
RépondreSupprimerDe gros bisous ♥
Ah, coquine! Mais merci beaucoup, ça me fait grand plaisir-
SupprimerDe gros besos pour toi aussi!
(nous faisons des travaux dans la maison en ce moment et je n'ai quasi pas accès à mon ordinateur...j'espère pouvoir bien vite retourner sur les blogs.)
Bon anniversaire un peu décalé alors 😊
SupprimerEt avril, un TRES BON MOIS 😉😉
Merci K!
SupprimerUn bon mois, c'est très vrai mais...voyons...c'est aussi ton anniversaire?¿?¿?
En avril ? oui !(passé)
SupprimerUn mois vraiment spécial alors:-)
SupprimerC'est beau et paisible, on aurait presque envie de vieillir plus vite... Je rigole, bien-sûr ! Bel anniversaire Colo, ma sœur ainée a eu 64 ans le 21 avril, c'est une belle date. Bises et doux week end. brigitte
RépondreSupprimerAh, tu me fais rire!
SupprimerC'est amusant que ta soeur et moi partagions le jour et l'âge!;-))
64 est un âge qui me plaît, et mon voeux serait de rester comme je suis...je rigole aussi, car il faudrait beaucoup de magie pour y arriver, non?
Besos et bon dimanche.
C'est courageux et lucide en somme d'écrire ces vers. Je ne pourrais pas écrire sur ma vieillesse. Joyeux anniversaire ! Denise l'a écrit plus haut. Bon week end et merci beaucoup.
RépondreSupprimerBonsoir Elisabeth, je ne sais si c'est courageux, mais j'ai trouvé que c'était beau et doux.
SupprimerMerci, merci, et très bon dimanche à toi aussi.
Bon anniversaire ! Et un grand merci pour ce poème lu en ce dimanche matin tout ensoleillé.
RépondreSupprimerA très vite.
Oh, merci Bonheur! Chaque année il me semble que c'est un miracle celui de pouvoir fêter un autre anniversaire, alors vieillir, c'est un cadeau.
SupprimerSoleil ici aussi, pas chaud mais lumineux. Bon dimanche.
J'aime bien cette poésie, elle donne envie de vieillir!
RépondreSupprimerOh poco a poco Alexandre, c'est inéluctable...
SupprimerMerci d'être passé.
BON ANNIVERSAIRE, avec du retard et de tendres baisers ! Pfff moi c'est bientôt, la taurelle après la bélière.
RépondreSupprimer(la photo de l'article, c'est qui c'est quoi... ?)
UN tout grand merci Nikole! Le 21 on passe au taureau je crois, donc nous voilà réunies;-))
Supprimer(La dernière photo?...si c'est le cas, je l'ai trouvée sur la Toile, elle illustrait je crois un article sur les villages reculés en Espagne)
Bien écrit et traduit, il me parle moins celui-ci, mais j'en retiens qu'autant les doutes que les larges espérances nous suivent toujours.
RépondreSupprimerPeut-être ne vous imaginez-vous pas lâchant votre chevelure blanche? ;-))
SupprimerBonne semaine Christian, à bientôt.
Avec du retard mais de tout coeur, Bon Anniversaire Colette ♥♥♥ J'ai deux amies d'enfance qui sont nées ce jour :-)
RépondreSupprimerBeaucoup de tendresse dans ce poème. Et un coup de coeur tout particulier pour la toile en noir et blanc. J'ai d'abord cru que c'était une photo.
PS
Le poème me fait penser au livre que je viens de terminer, il a pour thème le grand âge, au fil des saisons...J'ai beaucoup aimé.
Véronique de Bure
Oups ! Le titre du livre :"Un clafoutis aux tomates cerises" Véronique de Bure
RépondreSupprimerMerci beaucoup Fifi! Je ris en te lisant en me demandant ce qu'est "le grand âge" car dernièrement on m'a dit plusieurs fois "vous êtes jeune"!!! Il est vrai que quand ma mère est décédée, à 76 ans, on me disait ici que c'était jeune pour mourir...
SupprimerJe note ce clafoutis si tentant, muchas gracias.
Je t'embrasse.
l'héroïne du livre a 90 ans :-)
RépondreSupprimerPas d'hésitation alors!
SupprimerRebelle, oh que oui, et depuis l'enfance ! ;)
RépondreSupprimerMais le corps change sa petite chanson, comme une horloge dont les rouages "couinent" et nous rappellent que les articulations n'ont plus la souplesse d'antan.
Je n'y croyais pas bien plus jeune, mais l'âme demeure d'une extrême jeunesse, et pour moi, j'ai arrêté de grandir à 25 ans. Quand on "s'aime", on a toujours 25 ans...
Oui, mais tous les matins ne chantent pas légers et joyeux... tout de même !
Tu me fais rire! Oui, la mise en marche matinale devient souvent lente et "pestante". Mais à midi on s'envole, n'est-ce pas chère Lou!?¿
Supprimerbesos
Oui c'est un très beau poème mais comme elle est touchante aussi cette photo
RépondreSupprimerTrès touchante, oui.
SupprimerBon week-end Kwarkito
bonsoir colo, merci encore pour nous faire découvrir ces petites perles. Cela doit te procurer une grande satisfaction, et à nous aussi. ce poème sur la vieillesse me fait penser énormément au livre que je lis actuellement "l'age de pierre" ou là non plus on ne joue plus. à bientôt de te relire colo. Claude
RépondreSupprimerBonjour Claude, tu as raison, quand je lis un poème qui résonne en moi, je me mets au travail, traduis, retouche, corrige et suis enchantée quand j'arrive à un résultat qui me satisfait...ce qui n'est pas toujours le cas!!
SupprimerJe ne connais pas l'âge de pierre mais m'en vais y jeter un coup d'oeil. Grand merci et très belle journée chère Claude.
J'ai pensé à un poème que j'ai écrit pour mes 60 ans ;-)
RépondreSupprimerZoé en automne
Vous connaissez ces automnes
qui semblent plus beaux que l'été?
Il n'y a plus cette chaleur accablante,
mais une lumière dorée, un frémissement doux et tendre
du feuillage qui virevolte.
Les fenêtres encore fleuries étalent leur joie de vivre.
Le matin, les prairies diaprées, habillées d'écharpe de brume,
enchantent le paysage.
Un bonheur têtu, étonné d'être encore là,
s'accroche aux sourires des passants.
C'est ainsi que Zoé aborda la soixantaine,
avide de récolter les fruits de l'été.
Loin des esprits enrégimentés par les disciplines
de beauté et de jeunesse.
Zoé, comme toujours, fait fi des préjugés, des a priori.
elle sème à la volée des graines de confiance et la joie
prend racine dans le terreau accueillant de ses pensées.
Zoé avance et découvre encore et encore,
elle réinvente les lendemains.
Pourquoi pas ?
C'était ma façon à moi d'aborder ( le grand âge) hi hi hi
Ce joli poème te ressemble Marcelle, plein de gaieté et de fantaisie.
SupprimerUn tout grand merci.
Merci Colo, je passe souvent mais ne commente pas toujours. Occasion de dire ici le pur plaisir de lire les poètes que j'aime à la fois traduits et, quand on peut, dans le texte.
RépondreSupprimerCelui-ci percute particulièrement la presque septua que je suis (et j'ai le culot de trouver ça excitant, en plus).
Où l'on s'aperçoit qu'on est assez nombreux - je devrais dire : nombreuses - à chanter notre vieil âge. Optimistes, les femmes ? Dépositaires plutôt d'une antique sagesse, qu'elles enclosent depuis leur enfance et font éclore le moment venu ;-)
Salut Taulière!
SupprimerOui, je pense que les femmes, en général, assument assez bien cet âge mûr puis très mûr et flétri. Une paix s'installe, un brin de folie aussi, si gai à vivre.
Merci d'être passée en mots aussi:-)
Bonne soirée.