16 juin 2014

Les jours heureux / Los hermosos días


Il y a un temps, sur le blog de Kwarkito, un texte de J.Rodolfo Wilcock, "Les extra-terrestres", m'a incitée à en parler ici.

La vie et l’œuvre (abondante) de Juan Rodolfo Wilcock sont un exemple de transculturation et de marginalité... impossible à en rendre compte en un seul billet; pas grave, nous en ferons plusieurs.
Les difficultés sont nombreuses qui ne tiennent pas toutes à son caractère fort particulier; Argentin de père Anglais, il est mal-aimé, et donc peu/mal connu dans son pays natal, qu'il quitta et ne regretta jamais, et où il écrivit en espagnol. Silvia Baron Supervielle a traduit certains poèmes.
Par la suite il décida de vivre en Italie et d'écrire dans cette langue....mais peu de ces poèmes sont traduits en espagnol, et en français, je l'ignore. Vous voyez le micmac!

Alors, pour aujourd'hui, j'ai traduit deux poèmes de sa première période, celle où sa créativité constitue comme un processus d'introspection, un intimisme néo-romantique dont les thèmes principaux sont l'enfance, la mort et l'amour le tout dans un style classique. (ref ici). Rien d'original bien sûr, mais...vous verrez.

J.R: Wilcock


La vida y la obra (abundante) de Juan Rodolfo Wilcock son un modelo de transculturación y de marginalidad, imposible pues hablar de ello en una sola nota; no importa, haremos varias.
Las dificultades son numerosas: Argentino de padre Inglés, es mal querido, y poco conocido, en ese país, del cual se marchó y no echó nunca de menos, y donde escribió en español...Algunos poemas son traducidos al francés por Silvia Baron Supervielle.
Decidió luego vivir en Italia y escribir en ese idioma...no todos sus poemas (pero cada vez más) están traducidos al español (a veces por él), otros en francés, tampoco todos. ¡Un follón!

Entonces, y por hoy, traduje al francés dos poemas de su primera etapa, donde su creatividad constituye un proceso de introspección, un intimismo neo-romántico; sus temas principales son la infancia, la muerte y el amor, eso en un estilo clásico. Nada original pero...veréis.
(fuente información aquí)

Les deux poèmes sont extraits du recueil "Les jours heureux"
Los dos poemas pertenecen a "Los hermosos días"


Monet peupliers / álamos 1894


Personne ne saura pourquoi je vais si triste
cet été, entre deux rivières de peupliers;
personne ne comprend l'angoisse des racines
crispées, de l'âge, des cordes
abandonnées au vent. Pas même
l'amour. Oh celui qui t'a vu
sur l'horizon inondé, effeuillant
une rose; celui qui ne trouva
que les feuilles sur le sol, le parfum sur les pierres!
(Trad: Colo)

Nadie sabrá por qué voy tan triste
este verano, entre dos riberas de álamos;
nadie comprende la angustia de las raíces
crispadas, de la edad, de las cuerdas
abandonadas al viento. Ni siquiera
el amor. ¡Oh aquel que te ha visto
sobre el horizonte inundado, deshaciendo
una rosa; aquel que sólo encontró
las hojas en el suelo, el perfume en las piedras!




 
Van Gogh



Je porte sur le cœur un numéro, un sceau
d'amour, comme si le silence s'inscrivait
profondément dans la chair; et j'ai déambulé
dans des couloirs de feuilles passionnées, sur des chemins
qui menaient au soleil, en criant, t'arrachant,
te raclant l'âme. Oh s'il m'était donné
de ne pas te voir apparaître, pour que tu restes immuable,
là où naît l'amour, comme une image
au fond de l'eau!
 (trad: Colo)

Llevo un número sobre el corazón, un sello
de quererte, como si el silencio se inscribiera
profundamente en la carne; y he discurrido
por galerías de hojas apasionadas, por caminos
que iban a dar al sol, gritando, arrancándote,
raspándote del alma. Oh si me fuera dado
no verte aparecer, inmutable,
allí donde nace el amor, como una imagen
en el fondo del agua!



16 commentaires:

  1. Oui, je me souviens avoir été très surpris par ces poèmes intimistes œuvres de jeunesse contrastant si fort avec ses écrits ultérieurs, ses proses si cinglantes avec leur humour froid et lapidaire. Merci pour ces traductions et j'attends la suite avec impatience et curiosité..

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    1. Le contraste entre ses "deux vies" est surprenant, tu as raison.
      Dans les prochains billets il y aura deux contes, dont l'un , les amants où, dit Linda Lê , il faut s'accrocher devant ce "saboteur sans pitié" qu'est JRW.
      Bonne journée Kwarkito

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  2. Toujours de l'émotion et du sentiment sur votre blog Colo : vous avez bien choisi l'illustration de Van Gogh !
    Comme le dit l'intervenant précédent, il s'agit d'œuvre de jeunesse, j'espère que vous nous présenterez aussi ses textes plus tardifs.

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    1. Bonjour Christw, oui, oui, bien sûr que nous poursuivrons!
      Notez au passage que, tout comme Silvia Baron Supervielle, il était un excellent traducteur.
      Merci à vous, excellente journée.

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  3. Je n'ai jamais lu cet auteur, je ne peux donc saisir le contraste entre ces écrits de jeunesse et la suite de son œuvre. En tout cas, j'aime beaucoup les poèmes du jour.

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    1. Merci Aifelle, cet auteur n'est pas connu, je te rassure.
      Ces poèmes je les aime beaucoup aussi; malgré l'inspiration romantique, ces oh! par exemple qui généralement m'énervent, il y a une grande force, une harmonie aussi.
      Bonne journée, j'espère que la suite te plaira aussi.

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  4. le premier est vraiment d'une belle simplicité!

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  5. ...et j'ai déambulé
    dans des couloirs de feuilles passionnées, sur des chemins
    qui menaient au soleil, en criant, t'arrachant,
    te raclant l'âme....
    J'aime beaucoup ce passage que j'imagine totalement !!
    Je ne connais pas cet auteur...
    La poésie me fait du bien, merci !!!
    Bonne soirée ! Bises

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    1. Oh il est mal connu tu sais, d'où le besoin de le mettre en lumière...je crois.
      Un très beau passage, tu as raison, merci de le souligner.
      Bonne semaine à toi, un beso.

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  6. Je note Wilcock dans mon carnet mental !
    Et j'apprécie "une image au fond de l'eau" parfois visible, parfois pas, mais toujours là... ?

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  7. Parfois des rides sur l'eau, l'image se brouille...
    Même si ton carnet mental l'efface cette fois, les prochaines se souviendront de lui m'est avis!
    Un besito

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  8. Tu as le chic de nous mettre la puce à l'oreille, je veux dire de nous mettre à l'écoute de poètes trop peu connus, trop peu lus aussi, comme c'est souvent le cas quand on ne connaît pas leur langue. Les deux poèmes vibrants que tu as traduits donnent envie d'en lire davantage - grâce à toi.

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    1. Merci Tania, cette fois je m'en veux un peu (pour la suite) de ne pas connaître l'italien...toujours des choses à apprendre.
      Nous avons souvent parlé de cette sorte d'étanchéité culturelle...tu franchis les frontières par les romans, ici la poésie...allons-y gaiement!
      Un beso

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  9. Un auteur qui dans le premier poème m'a fait penser à Verlaine. Et peut-être à un mystique (Jean de la croix ?) dans le second: le sceau d'amour, la passion, le raclement de l'âme ... Cela ne laisse pas indifférent, mais spontanément, je dirais que son désir d’immuabilité me dérange un peu. Mais certainement est-ce un désir qui cache un autre désir, ou une peur.

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    1. Verlaine, oui, il y a de ça Lily.
      Quant au second, je dirais la peur du changement, mais...?
      Merci pour tes mots, à bientôt!

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