J’ai toujours beaucoup employé les points de suspension, ils permettent d’imaginer toutes les suites.
Alors j’ai été ravie de lire cet article dont le titre est: “Je ne peux arrêter d’écrire...des points de suspension... “ de l’écrivaine Mar Abad. En voici des extraits.
Ventanas Abiertas (Karen Hollingsworth)
Un editor latinoamericano me dijo:
—¡Cómo os gustan a los españoles los puntos suspensivos!
—Mmm… ¿Sí…? Pues no me había dado cuenta…
Un éditeur latino-américain me dit:
- Comme vous aimez les points de suspension, vous les Espagnols !
- Mmm….Oui?...Et bien je ne m’en étais pas rendu compte…
Para ver si era cierto decidí escribir un texto y hacerlo en dos versiones. Una sin puntos suspensivos y otra con todos los puntos suspensivos que me pidiera el cuerpo.
Pour voir si c’était vrai je décidai d’écrire un texte et d’en faire deux versions. Une sans points de suspension et une autre avec tous les points de suspension que le corps me demanderait.
En la primera tuve la sensación de que las escenas que abre cada frase quedan cerradas y bien atadas. El punto y seguido no deja rendijas. No deja puertas entreabiertas. No deja nada que entrever.
Dans la première j’eus la sensation que les scènes, qu’ouvre chaque phrase, sont fermées, bien limitées. Le point ne laisse pas de fente, Il ne laisse pas de portes ouvertes. Rien à entrevoir.
Sin puntos suspensivos, las intrigas están hechas con tiralíneas. Los suspenses no dejan ecos al final de la oración. Parecen misterios lacrados en una frase, cuando, en realidad, un misterio es algo etéreo.
Sans points de suspension, les intrigues sont faites au tire-lignes. Les suspenses ne laissent pas d’écho en fin de phrase. Ils semblent des mystères scellés dans une phrase quand, en réalité, un mystère est quelque chose d’éthéré.
En cambio, en la segunda versión, en vez de un texto, creí ver cine. Algunos puntos suspensivos me inquietaron mucho. Encontré tres pam… pam… pam… que alargaban la tensión de las frases. Vi tres plin… plin… plin… tan turbadores como un grifo que gotea.
Par contre, dans la seconde version, à la place du texte j’ai cru voir du cinéma. Certains points de suspension m’inquiétèrent fort. Je trouvai trois pam...pam...pam qui allongeaient la tension des phrases. Je vis trois plin...plin...plin...aussi perturbants qu’on robinet qui goutte.
Miro, Bleu II
(...)
Incluso encontré puntos suspensivos que, en vez de tres, eran diez. Así: "Y entonces, con el cuchillo en la mano……….". ¡Endiós, qué terror! En esa ristra de puntos veía un pasillo largo, con una luz al fondo. Sentía incertidumbre y desasosiego. (…)
Je trouvai même des points de suspension qui, à la place d’être trois, étaient dix. “ Mon dieu, quelle terreur! Dans ce chapelet de points je voyais un long couloir, une lumière au fond. Je sentais de l’incertitude et de l’angoisse.
A los puntos suspensivos se les da muy bien el suspense, pero no es su único trabajo. También dicen frases sugerentes… Insinúan ideas… Plantean dudas… Lanzan pensamientos al aire para que otros sueñen. (...) Es dejar una ventana abierta; saltar de un trampolín; poner al lector a volar en ala delta.
Les points de suspension sont parfaits pour le suspense, mais ce n’est pas leur seul travail. Ils donnent des phrases suggestives...Insinuent des idées...Exposent des doutes...Ils lancent des pensées en l’air pour que d’autres rêvent. (…) C’est laisser une fenêtre ouverte; sauter d’un tremplin; proposer au lecteur un vol en aile delta.
(...)
Aunque no somos los únicos que amamos este punteo. Los escritores del Romanticismo también se hartaron de usar los puntos suspensivos. Desbordados de añoranzas, ay… con esos suspiros tan sentíos que solo salen del alma, ay… les faltaban signos, ¡tinta!, ¡plumas!, para cantar sus males. Y como nadie les paró los pies, sus textos parecen caminos de Pulgarcito……..
Bien que nous ne soyons pas les seuls qui aimions ces points. Les écrivains du Romantisme se gavèrent de l’emploi des points de suspension.
Débordés de nostalgie, aïe….avec ces soupirs si profonds qui ne sortent que de l’âme, aïe...il leur manquait des signes, encre!, plumes!, pour chanter leurs maux. Et comme personne ne leur mit un frein, leurs textes ressemblent à des chemins du Petit Poucet……...
(...)
Los puntos suspensivos ponen drama a las palabras planas. Ponen música. ¡Ponen vida! Y misterio… intriga… insinuación… ¡Qué prisión serían las frases si no tuviéramos los puntos suspensivos para fugarnos por la ventana!
Les points de suspension mettent du drame aux mots plats. Ils mettent de la musique. Ils mettent de la vie ! Et mystère...intrigue...insinuation...Quelle prison seraient les phrases si nous n’avions les points de suspension pour nous enfuir par la fenêtre !
Traduction....Colo
Fuente /Source https://www.eldiario.es/opinion/zona-critica/no-parar-escribir-puntos-suspensivos_129_8783589.html
Je m'y retrouve complètement, j'aime bien les utiliser aussi, c'est une manière de maintenir une ouverture ou de laisser deviner ce qui pourrait surgir après. Bon, dans mon commentaire je vais rester sage et ne pas en abuser. Bon après-midi Colo, bises.
RépondreSupprimerUn baiser, sage Aifelle ;-)
Supprimerpareil !! j'adore ça, bon je n'en ai jamais mis dix mais si tu me tentes un peu je peu le faire. Souvent je me prive car j'ai peur d'apparaitre un peu dans l'exagération mais parfois c'est plus fort que moi et je me laisse aller .........
RépondreSupprimerQu'il est bon de se laisser aller de temps en temps, ou souvent:-))
SupprimerBonjour Colo, moi aussi j'aime bien les points de suspension... ils laissent la place à l'imagination... à tout bientôt, Claude.
RépondreSupprimerBonjour Claude, il peut introduire le doute ou d'autres sentiments aussi comme le dit l'autrice.
SupprimerTrès intéressant donc !
Bonne journée Claude
J'aime tout cette ponctuation qui, hélas, est fortement tombée en désuétude. Les nouvelles générations qui écrivent par clavier interposé ne la connaissent même pas dans leur fonction première et l'utilisent plutôt pour "façonner" des émoticônes.
RépondreSupprimerBonjour Chinou, il y a en effet ce double langage chez les jeunes, clavier et, pour beaucoup quand même, l'écrit traditionnel que les moins jeunes peuvent leur trasnmettre.
Supprimersouvent quand je me relis j'en enlève, parce que j'ai peur d'en abuser ;-)
RépondreSupprimermerci pour ce texte! j'adore ces réflexions :-)
J'ai trouvé que Mar Abad illustre bien son "addiction" aux points de suspension !
SupprimerOh ! Mais quel article stimulant ! Pour moi qui aime tant les points de suspension, que j'utilise fort souvent, c'est un régal. Je le crois, oui, qu'ils sont une fenêtre ouverte alors que le point n'est qu'une fente.
RépondreSupprimerMerci et bonne journée.
Ces points sont comme des silences aussi, on arrête de lire un moment, on imagine, respire.
SupprimerBonne journée à toi aussi Marie!
J'adore... les points de suspension.
RépondreSupprimerMerci pour ce joli texte, Colo, et pour les illustrations qui vont avec.
J'aime beaucoup dans l'article l'idée de laisser un écho en fin de phrase.
SupprimerMerci à toi chère Anne !
Merci chère Colo pour ce bel article. J'aime les points de suspension, cela permet de faire une petite pause en lisant une phrase et d'imaginer les scènes.
RépondreSupprimerGros bisous et bon jeudi ensoleillé ♥
Bonjour Denise, le soleil, suivant des points de suspension inattendus, est parti vers le nord depuis 15 jours. C'est bien qu'il soit chez toi !
SupprimerUn beso
Merci Colo pour cet article qui me passionne...moi qui utilise si souvent ces petits points !
RépondreSupprimerIls amènent en plus d'une ouverture, une certaine douceur, une modulation de la phrase.
Merci pour tes belles illustrations, toujours si bien choisies ! Un Beso.
C'est amusant, je constate que pour l'instant toutes les lectrice de ce billet aiment ces ...aucune voix discordante, pourtant el señor Colo par exemple les déteste. Attendons:-))
SupprimerMerci à toi, un beso très mouillé ce matin
Perso j'aime bien les points de suspension... même si je sais que j'en abuse... parfois.
RépondreSupprimerJoli exercice de style!
(s) ta d loi du cine, "squatter" chez dasola
Bonjour ! Qui décide qu'on en abuse ....???? Faisons comme bon nous semble, non ?
SupprimerBonne journée.
Bonjour Colo, les points de suspension en disent longs, ils sont très évocateurs. J'en utilise pas assez souvent Merci pour ce texte. Bon dimanche.
RépondreSupprimerBonjour Dasola, un souffle vers l'imagination, ils sont comme tu dis, très évocateurs, oui!
SupprimerBon dimanche à toi aussi!
Génial... Ce texte est génial ! Il me fait rire, il me fait rêver, imaginer...
RépondreSupprimerSes exemples et son ressenti sont fort bien choisis, tu as raison !
SupprimerJe les aime à l'occasion, quand ils sont rares. Le suspens en est amplifié.
RépondreSupprimerJe les aime à l'occasion... quand ils sont rares... Le suspens en est amplifié...
C'est amusant à comparer ! Miro si pertinent : points suspendus dans l'espace. Dans l'espace...
Un commentateur m'envoie ceci:
SupprimerCéline et les trois points…
« Ce qu’il a pu m’emmerder le belge (Denoël, son éditeur) avec mes trois points ! Ça le gênait les trois points !... Quand même, ça existe dans notre ponctuation, les points de suspension ! C’est même ce qu’il y a de mieux, autrement commode que le point virgule, cette sournoise qui n’est ni point ni virgule, qui estropie la syntaxe et permet toutes les tricheries. Les points de suspension c’est la vie même, c’est ça qui fait respirer la phrase et qui l’achève en beauté avant qu’elle se littératurise. Notre conversation, nos dialogues, ce sont des points de suspension avec des mots autour. »
Ce serait à l'oral, pour une pause les "/œ/, /ø/, /´m/…" dont les gens de TV sont si friands:-)))
Contente de lire à nouveau Tania!
J'aime infiniment les points de suspension, ils ouvrent l'univers de l'imaginaire, celui de la liberté offerte par l'Homme qui les trace, et puis c'est beau des points de suspension, Miro en témoigne ! Merci dame Colo pour cette belle réflexion, des bises vers toi. brigitte
RépondreSupprimerLe tableau de Miró devrait s'appeler "Petit Poucet", tu ne trouves pas ?
SupprimerQu'un beso suive ces petits points et arrive jusqu'à toi !
Contente de lire ta page, j'adore les points de suspension...J'en abuse souvent car pour moi ils sont des portes ouvertes sur l'imaginaire
RépondreSupprimerC’est ça, pour moi aussi Marie !
SupprimerIl fallait le faire! Une entrée sur les points de suspension ! Suspendue sur les pointes, la ballerine du verbe ne laisse pas de trace derrière elle. Juste des points. Et le détective de se perdre en conjectures sur leur signification. Quel sujet magnifique !
RépondreSupprimerAh merci Euterpe pour cet enthousiasme !
SupprimerJe ne m'attendais pas à ce que tant de lecteurs soient fan de ces....
J'utilise beaucoup (trop) les points de suspension ... c'est vrai qu'ils permettent tant de choses ... une respiration ... une évasion ... plein d'autres mots à s'inventer ou à comprendre. Et merci pour (en plus de Miro fort à propos, ce superbe tableau table-livres qui me provoque une émotion intense, de celles qui ne se commandent pas (mais les émotions se commandent-elles ?) MERCI. Beaucoup. Pour cette page.
RépondreSupprimerAh Nikole, mais qui décide que c'est trop ? Mais j'en emploie sans doute trop aussi, hihi.
SupprimerMerci à toi !
Je n'avais jamais beaucoup réfléchi sur les points de suspension mais je les utilisais quand "mon corps me le demandait,comme le dit si bien Mar Abad. Question de rythme, de souffle., et surtout de suite à compléter laissée à l'imagination du lecteur
RépondreSupprimerBonjour Zoë, écouter son corps est le meilleur des conseils, bien sûr!
Supprimer♥♥♥
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