10 janv. 2022

Encore et toujours la poésie / Aún y siempre , la poesía

 

" Certains poèmes nous conduisent en des lieux que nuls mots n'atteignent, nulle pensée, ils vous guident jusqu'à l'essence même, la vie s'immobilise l'espace d'un instant et devient belle, limpide de regrets ou de bonheur. Il est des poèmes qui changent votre journée, votre nuit, votre vie. Il en est qui vous mènent à l'oubli, vous oubliez votre tristesse, votre désespoir, votre vareuse, le froid s'approche de vous : touché ! dit-il et vous voilà mort. Celui qui meurt se transforme immédiatement en passé.”

(Entre terre et ciel. Jón Kalman Stefánsson)

 

Algunos poemas nos arrastran a lugares donde no llegan las palabras, ni el pensamiento, te conducen hasta el núcleo, la vida se detiene durante un instante y se vuelve hermosa, manifiesta la alegría y los lamentos. Algunos poemas te hacen olvidar, se olvida la tristeza, la desesperanza, te olvidas del impermeable y la escarcha te alcanza, dice, te tengo, y estás muerto."

(Entre cielo y tierra Jón Kalman Stefánsson)


 

Nous revoilà, une autre année poétique, Espérons que certaines publications 

vous mènent " à l'essence mème de la vie"!

 

 


Bonne chance

Joan Margarit



Chance à celui qui aime ce silence

du mot écrit, et qui a une amie

aux yeux couleur du bois,

pour vieillir ensemble.

Seule un vague crainte pour cette fille

qui ne sortira jamais de l’enfance,

trésor et ruine

de ce marbre de votre jeunesse.

La fumée du bûcher est dans tes yeux;

Chance à celui qui aime ce silence

du mot écrit, et qui a une amie

aux yeux couleur du bois,

pour vieillir ensemble.

(Trad: Colo)



                                  Bureau de Charles Dickens

 

Buena suerte

Joan Margarit



Suerte tenga quien ame este silencio

de la palabra escrita, y tenga una amiga

con los ojos color de la madera,

para envejecer juntos.

Sólo un vago temor por esta hija

que no saldrá jamás de su niñez,

tesoro y ruina

de aquel mármol de vuestra juventud.

El humo de la pira está en tus ojos:

Suerte tenga quien ame este silencio

de la palabra escrita, y tenga una amiga

con los ojos color de la madera,

para envejecer juntos.



21 commentaires:

  1. l'amie con los ojos color de la madera, c'est la table sur laquelle on écrit ;-)
    allons, en route pour une nouvelle année de découvertes poétiques!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ah oui, c'est possible, en effet. je n'y avais pas pensé, merci!

      Supprimer
    2. J'ai changé l'illustration...

      Supprimer
  2. Belle citation de l'auteur d'"Entre ciel et terre", vu à La grande librairie - un titre noté sur ma liste.
    Merci pour ce poème : oui, quelle chance d'aimer le "silence du mot écrit" ! Bonne année poétique, Colo.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Une lecture qui t'enchantera j'en suis sûre !
      Un beso

      Supprimer
  3. ah oui, tu trouves toujours de ces poèmes qui éclairent et réjouissent tout à la fois. Merci pour ces bouquets de pure beauté et parfois de sagesse. Bonne année que la vie te soit douce

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Que c'est gentil et encourageant Kwarkito, merci.

      Supprimer
  4. Très bel extrait de Stefansson. Si ça t'intéresse, il a été reçu par Laure Adler récemment, à propos de son dernier livre. Pour le poème c'est un peu énigmatique ce vers qui dit que la jeune fille ne sortira pas de l'enfance .. je ne sais comment le prendre. https://www.franceinter.fr/emissions/l-heure-bleue/l-heure-bleue-du-jeudi-06-janvier-2022. Bonne journée Colo, bises.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci Aifelle, j'écouterai l'émission mème si la voix, le ton de voix de Laure Adler me sont très désagréables...
      Je trouve que la plupart des poèmes contiennent des mystères que chacun s'explique comme il peut/veut,non?
      Bonne journée !

      Supprimer
  5. Comme il est touchant, le bureau de Charles Dickens. Tout petit, étroit, même un peu sombre, alors que ses œuvres sont si gigantesques...
    Je viens de réserver le livre de Stefansson à la médiathèque.
    Je t'embrasse.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bonjour Marie, oui ce bureau étroit et incliné est attachant.
      J’espère que tu aimeras ce roman autant que moi!Besos

      Supprimer
  6. je n'imagine pas la vie sans poésie je crois que c'est pour cela que pendant toute mon adolescence j'ai appris par coeur j'avais la hantise de ne plus avoir accès aux poèmes et je repense à la femme de Mandelstam qui apprenait par coeur l'oeuvre de son mari pour qu'elle ne disparaisse pas
    Stefansson vient de publier un nouveau roman un grand plaisir en perspective

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ah toi aussi! J’apprenais des poèmes et en recopiais des tas dans un carnet que jai toujours conservé.
      Le nouveau Stefasson est noté, bien sûr!

      Supprimer
  7. Je viens de terminer le journal du père d'une amie, déporté. Jeune instituteur,les poèmes récités furent sa chance pour tenir là bas...
    De même hier soir, dans "la grande Librairie", la nécessité de la poésie pour le jeune garçon de "Voyage au bout de l'enfance" de Rachid Benzine, emmené par ses parents en Syrie.
    Tout ceci pour te dire l'importance que je donne à ton blog ma chère Colo !
    Merci ! Avec un beso !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. De nombreux récits de prisonniers parlent , c’est vrai, de l'aide précieuse de la poésie.
      Je suis fort contente qu'elle t'accompagne toi aussi, tu penses bien !
      Bon week-end, uno-dos-tres besos

      Supprimer
  8. Tu nous gâtes avec les textes choisis et les photos les illustrant. En peu de mots, des mots qui frappent, certains poèmes nous touchent ! merci et bon week end.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Avec grand plaisir chère Élisabeth. Bon week-end à toi aussi!

      Supprimer
  9. Merci chère Colo pour le bonheur de lire ce magnifique poème. J'aime beaucoup l'illustration.
    Gros bisous doux week-end.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci Denise, je suis un peu absente en ce moment, beaucoup de choses en cours...
      Je t'embrasse et bon dimanche, très froid mais ciel bleu, soleil ici.

      Supprimer
  10. J'aime le "silence du mot écrit" qui parle en émotion!

    RépondreSupprimer