Nicanor Parra, vous souvenez-vous de lui ? Né en 1914 et mort en 2018 c'était un poète, mathématicien et physicien chilien qui se présente lui-même comme un antipoète.
Son œuvre a eu une influence profonde dans la littérature sud-américaine. Il est l'un des poètes chiliens les plus connus, avec les quatre grands de la poésie chilienne.
"Pleurez si vous voulez, moi pour ma part, je meurs de rire"
Le poème que j’ai choisi aujourd’hui est très long, je n’en ai retenu que quelques strophes,mais il illustre bien je pense cette antipoésie. Des images, des réflexions, sans lien apparent et qui déroutent, font rire parfois aussi.
Lettres du poète qui dort sur une chaise
I
Je dis les choses comme elle sont
Ou nous savons tout d’avance
Ou nous ne saurons jamais absolument rien.
La seule chose qui nous est permise
C’est
apprendre à parler correctement.
V
Jeunes
Écrivez ce que vous voulez
Dans le style qui vous semblera le meilleur
Trop de sang est passé sous les ponts
Pour continuer à croire – je crois
qu’on ne peut suivre qu’un seul chemin:
En poésie tout est permis.
VII
Il est évident
Qu’il n’y a pas d’habitants sur la lune
Que les chaises sont des tables
Que les papillons sont des fleurs en perpétuel mouvement
Que la vérité est une erreur collective
Que l’esprit meurt avec le corps.
Il est évident
Que les rides ne sont pas des cicatrices.
XVI
Aphorismes chiliens:
Tous les chardonnerets ont des taches de rousseur
Le téléphone sait ce qu’il dit
Jamais la tortue ne perdit autant de temps
Que quand elle reçut des leçons de l’aigle.
L’automobile est une chaise roulante.
Et le voyageur qui regarde en arrière
Court le sérieux danger
Que son ombre ne veuille le suivre.
XVII
Analyser est renoncer à soi-même
On ne peut que raisonner en rond
On ne voit que ce qu’on veut voir
Une naissance ne résout rien
Je reconnais que les larmes m’en tombent.
Une naissance ne résout rien
Seule la mort dit la vérité
La poésie même ne convainc pas.
Si on nous enseigne que l’espace n’existe pas.
Mais de toute façon
La vieillesse est un fait accompli.
Ce sera ce que science détermine.
Lire mes poèmes me donne sommeil
Et pourtant ils ont été écrits avec du sang.
(Trad: Colo)
CARTAS DEL POETA QUE DUERME EN UNA SILLA |
I
Digo
las cosas tales como son
O lo sabemos todo de antemano
O
no sabremos nunca absolutamente nada.
Lo único que nos
está permitido
Es aprender a hablar correctamente.
V
Jóvenes
Escriban lo que quieran
En el estilo que les parezca
mejor
Ha pasado demasiada sangre bajo los puentes
Para
seguir creyendo -creo yo
Que sólo se puede seguir un camino:
En poesía se permite todo.
VII
Queda
de manifiesto
Que no hay habitantes en la luna
Que
las sillas son mesas
Que las mariposas son flores en movimiento
perpetuo
Que la verdad es un error colectivo
Que el
espíritu muere con el cuerpo
Queda de manifiesto
Que
las arrugas no son cicatrices.
XVI
Aforismos
chilenos:
Todas las colorinas tienen pecas
El teléfono
sabe lo que dice
Nunca perdió más tiempo la tortuga
Que
cuando tomó lecciones del águila.
El automóvil es una
silla de ruedas.
Y el viajero que mira para atrás
Corre
el serio peligro
De que su sombra no quiera seguirlo.
XVII
Analizar
es renunciar a sí mismo
Sólo se puede razonar en círculo
Sólo se ve lo que se quiere ver
Un nacimiento no resuelve
nada
Reconozco que se me caen las lágrimas.
Un
nacimiento no resuelve nada
Sólo la muerte dice la verdad
La
poesía misma no convence.
Se nos enseña que el espacio no
existe
Se nos enseña que el tiempo no existe
Pero
de todos modos
La vejez es un hecho consumado.
Sea
lo que la ciencia determine.
Me da sueño leer mis
poesías
Y sin embargo fueron escritas con sangre.
oui, il y a du "clin d'oeil" dedans ;-)
RépondreSupprimerEt pas qu'un..!
Supprimeril a un coté savant fou qui me plait infiniment et j'aime son poème lui aussi un rien déjanté
RépondreSupprimerUn savant fou, en apparence et en mots, tout à fait !
Supprimer"Que les papillons sont des fleurs en perpétuel mouvement" : des gauras, je parie !
RépondreSupprimerJe ris au téléphone qui sait ce qu'il dit et je m'inquiète pour le poète qui dort sur sa chaise roulante ;-).
Une poésie roborative, pour reprendre un mot lu ce matin au Bonheur du jour.
Ah oui, beaucoup d'énergie en ressort !
SupprimerMerci !
Ah oui, c'est original et fantaisiste, j'aime beaucoup. Cette poésie suscite des images assez drôles et fortes aussi. Belle trouvaille chez toi aujourd'hui.
RépondreSupprimerLe poète des images, souvent biscornues et amusantes, oui, oui!
SupprimerAh! J'adore! Merci pour cette découverte. Lire ce poème ne m'a pas de loin pas donné sommeil. :-) Bises alpines.
RépondreSupprimerJe sais qu'il est peu traduit en français, vraiment dommage.
SupprimerUn beso méditerranéen Dédé
Energie, fantaisie, alchimie . L'excellent Nicanor Parra. Une mine.
RépondreSupprimerBizarre comme je sens chez moi quand je le lis !!!
Merci.
Ah je cours voir ça !
SupprimerJeune ne n'aimais pas trop Nicanor, mais maintenant je le trouve génial de fantaisie, de non-limites...
C'est vraiment très bien, j'aime beaucoup. Chaque strophe bien choisie a une petite note en joli bémol : "Il est évident que les rides ne sont pas des cicatrices"... Mais on voit toujours les fleurs papillonner dans les prés !
RépondreSupprimerContente que cela vous ait plu, amusé aussi.
SupprimerBon week-end Christian.
Sous un premier aspect un peu fou, se cache une belle lucidité il me semble, il explore les mots et leur profondeur sous un autre angle, il "monte sur la table" comme dans ce film "Le cercle des poètes disparus", j'aime beaucoup, merci Colo. Douce soirée d'automne. brigitte
RépondreSupprimerTu as raison bien sûr, la folie n'est que formelle, explorer le monde ainsi avec lui ouvre beaucoup d'horizons...Belle lumière, bonne semaine, un beso.
SupprimerMerci chère Colo pour cette belle découverte pour moi, je ne connaissais pas et j'ai lu ce poème avec beaucoup de plaisir tout en souriant.
RépondreSupprimerGros bisous ♥
Oui, il fait sourire et c'est bienvenu Denise.
SupprimerBon week-end, un beso
Ces images en cascades, talentueuses et bourrées d'humour ne peuvent qu'entrainer des sourires à la chaine en lisant ce poème.
RépondreSupprimer"Jamais la tortue ne perdit autant de temps que quand elle reçut des leçons de l'aigle "...il y a tant et tant dans cette phrase, je la garde sous le coude !
Merci infiniment Colo, Bises.
Une des phrases qui m'a fait réfléchir moi aussi, Claudie.
SupprimerMerci pour tes mots, un beso.
"Je dis les choses comme elle sont
RépondreSupprimerOu nous savons tout d’avance
Ou nous ne saurons jamais absolument rien."
J'adore ces mots...
Moi aussi je les fais miens ces vers, nous voilà déjà 2 !
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