Deux
courts poèmes d’Alejandra Pizarnik, cette poétesse Argentine si
vénérée là-bas, si peu connue de notre côté dont
je vous avais longuement parlé ici
Dos
poemas cortos de Alejandra Pizarnik, esa poetisa Argentina tan
venerada en su país de la cual os había hablado aquí.
INFANCIA
Hora
en que la yerba crece
en
la memoria del caballo.
El
viento pronuncia discursos ingenuos
en
honor de las lilas,
y
alguien entra en la muerte
con
los ojos abiertos
como
Alicia en el país de lo ya visto.
Enfance
Heure
où pousse l’herbe
dans
la mémoire du cheval.
Le
vent prononce des discours ingénus
en
honneur aux lilas,
et
quelqu’un entre dans la mort
les
yeux ouverts
comme
Alice dans le pays du déjà vu.
(Trad:Colo)
Sens
de son absence
si
j’ose
regarder
et dire
c’est
pour son ombre
si
doucement unie
à
mon nom
là
au loin
dans
la pluie
dans
ma mémoire.
Par
son visage
qui
brûlant dans mon poème
disperse
joliment
un
parfum
de
visage aimé disparu
(Trad:Colo)
SENTIDO
DE SU AUSENCIA
si
yo me atrevo
a
mirar y a decir
es
por su sombra
unida
tan suave
a
mi nombre
allá
lejos
en
la lluvia
en
mi memoria
por
su rostro
que
ardiendo en mi poema
dispersa
hermosamente
un
perfume
a
amado rostro desaparecido
c'est d'une immense tristesse
RépondreSupprimerOui, comme nous tous quand on s'en prend à des enfants.
SupprimerC'est beau et grave à la fois ; quelque chose d'inconsolable sous les mots.
RépondreSupprimerLa mort est omniprésente dans la poésie d'Alejandra Pizarnik, et le mot que tu emploies "inconsolable" est si exact.
SupprimerMerci Aifelle.
Une vie très courte et difficile, oui.
Supprimer« Ne pas oublier de se suicider. Ou trouver au moins une manière de se défaire du je, une manière de ne pas souffrir. De ne pas sentir. De ne pas sentir surtout » (Journal, le 30 novembre 1962).
Ce qu'elle a fini apr faire...
* * * *
Autre extrait:
Toute la nuit je fais la nuit.
Toute la nuit tu m’abandonnes lentement comme l’eau tombe lentement.
Toute la nuit j’écris pour chercher qui me cherche.
Mot à mot, j’écris la nuit.
Merci K, sa poésie est poignante et souvent désespérée, les images si belles et évocatrices.
SupprimerMerci pour ces extraits.
C'est beau et terriblement poignant
RépondreSupprimerPeu de mots toujours chez elle, et tant d'émotions.
SupprimerÀ bientôt Kwarkito.
Elle semble être à la frontière entre deux mondes... c'est très beau ! Bises, à bientôt Colo. brigitte
RépondreSupprimerOui, toujours entre vie et mort, cette poète vit et nous fait vivre le temps de ses poèmes sur un fil.
SupprimerBonne journée Brigitte
effectivement beaucoup de mélancolie et tristesse, mais si beau
RépondreSupprimerBonjour Niki, sa poésie est toujours superbement noire en effet.
SupprimerMerci de ta visite à bientôt.
Oui j'ai ressenti aussi de la tristesse mais une tristesse... heureuse. Un certain plaisir à savoir que par exemple ce visage aimé et disparu fut sous son regard, sous son amour... et donc c'est beau d'avoir quelque chose de si beau qu'on en regrette l'absence...
RépondreSupprimerLes tendres images qu'elle emploie font le contrepoids, tu as raison Edmée.
SupprimerBonne journée!
j'aime ce parfum du visage aimé mais pourquoi ne pas entrer dans la mort les yeux ouverts ! histoire de ne pas se cogner au trône de Saint Pierre
RépondreSupprimerAh oui, elle parle des yeux ouverts mais pas du saint trône...excellente remarque;-))
SupprimerJ'aime cette expression poétique que je me régale à lire dans la langue espagnole. C'est à la fois simple, faussement simple, et tellement beau.
RépondreSupprimerBelle journée, Colo.J'espère que ta couvée va bien.Je t'embrasse.
Bonsoir Maïté, ces poèmes faussement simples sont les plus difficiles à traduire je trouve. Ces sont pourtant ceux que je préfère lire...
SupprimerMes poussins sont en pleine forme, me donnent bien du travail(et des rires) car volages et "renverseurs" de tout!!
Je t'embrasse, bonne fin de semaine.
"Mort où est ta victoire ?", dans un souvenir aussi vivant !
RépondreSupprimerCoup de foudre pour la merveilleuse image qui illustre ta traduction !!!
La mort finit toujours par gagner, sans panache aucun, mais la mort d'enfants...
SupprimerUne belle photo trouvée sur la Toile Fifi, sans aucune mention.
Bonne journée!
Poèmes dans cette "langue secrète" dont parle Paul Willems...
RépondreSupprimerLe titre du second poème comme un espoir : trouver, donner du sens à l'absence.
Bonne journée, Colo.
P.-S. Carl Vanwelde en parle aussi ces jours-ci : http://entrecafejournal.blogspot.be/
SupprimerTrès beaux le billet, le poème de Neruda, merci.
SupprimerIl est plus facile donner du sens à l’absence de gens âgés, qui ont vécu tout ce qu'ils avaient à vivre qu'à celle d'enfants, de jeunes. Tu sais que j'ai connu les deux et à la mort d'un jeune un seul mot surgit: absurde.
À bientôt dame Tania.
Les poèmes de Pizarnik (ceux que vous avez publiés ici et avant), sombres et inquiétants, me font penser aux textes de Ingeborg Bachman :
RépondreSupprimer"...
à l'horizon je perçois,
brillant dans le crépuscule,
mon continent superbe,
là-bas en face, qui me congédie
dans la chemise de la mort.
Je vis et entends de loin son chant du cygne"
(Jour en blanc)
Oh, merci Christian. J'avais perdu de vue Ingeborg Bachman depuis les différentes chroniques ici sur "7 Femmes" de Lydie Salvayre.
SupprimerUn continent qui nous congédie...
Tout est dit avec délicatesse mais aussi avec tristesse. Merci pour ce poème.
RépondreSupprimerMerci à toi!
SupprimerBon week-end.
Très touchant, Colo. Merci !
RépondreSupprimerContente de te lire Danièle!
SupprimerBonjour chère Colo, merci pour ces deux magnifiques poèmes plein d'émotions et cette merveilleuse image remplie de vie.
RépondreSupprimerMes bisous ♥
En mots ou pas des images de la vie Denise.
SupprimerBesos pour toi aussi!