Les fabulistes, on le sait, étaient des "copieurs", ou du moins, pour être plus
délicate, il s'inspiraient largement de leurs prédécesseurs.
Ainsi Felix María de Samaniego s'est-il imprégné de Jean de La Fontaine, qui lui
a “bien lu” Esope et Abstémius,( humaniste italien du XVe siècle qui a publié
une centaine de fables latines dans un recueil appelé l’ « Hecatomythion »)
entre autres. Voici donc une fable qui s'appelle “Conseil tenu par les rats” chez
La Fontaine et ”Congrès des souris” chez Samaniego.
Los fabulistas, bien se sabe, eran unos “copiones”, o por lo menos, para ser más
delicada, encontraban mucho inspiración en sus predecesores.
Así Felix María de Samaniego se impregnó de jean de la Fontaine quien
a su vez leyó atentamente a Esopo y Abstemius (humanista italiano del Xvº
que publicó une centena de fábulas latinas en una recopliación llamada “
Hecatomythion”
Aquí va una fábula que en francés de La Fontaine se llama “Concejo tenido
por las ratas”, y en español, con Samaniego “Congreso de ratones”
Congrès des souris / Samaniego
Depuis le grand Zapirón, le blanc et blond,
Qui après les eaux du déluge
Fut père universel de tout chat,
Ce fut Miauchat
Qui de façon la plus sanglante
Poursuivit la malheureuse gente souris.
Ce qui est sûr c'est que, obligés
par la persécution, les malheureux
à Souripolis tinrent leur congrès.
L'éloquent Rongefromage proposa
Qu'on lui mette un grelot, et grâce au bruit
de ce dernier ils échapperaient à la mort.
Le projet ils approuvèrent un à un,
Qui devra l'exécuter? Ça, personne.
“J'ai la vue courte. Moi, je suis très vieux.
Moi j'ai la goutte”, disaient-ils. Le conseil
Se termina comme beaucoup de par le monde.
On propose un projet à brûle-pourpoint:
On l'approuve: on en fait un deuxième. Quel prodige!
Mais, l'exécution? Voilà le conte.
(Traduction: Colo)
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Congrès des souris / Granville |
Congreso de los ratones / Samaniego
Desde el gran Zapirón, el blanco y rubio,
Que después de las aguas del diluvio
Fue padre universal de todo gato,
Ha sido Miauragato
Quien más sangrientamente
Persiguió a la infeliz ratona gente.
Lo cierto es que, obligada
De su persecución la desdichada,
En Ratópolis tuvo su congreso.
Propuso el elocuente Roequeso
Echarle un cascabel, y de esa suerte
Al ruido escaparían de la muerte.
El proyecto aprobaron uno a uno,
¿Quién lo ha de ejecutar? eso ninguno.
«Yo soy corto de vista. Yo muy viejo.
Yo gotoso», decían. El concejo
Se acabó como muchos en el mundo.
Proponen un proyecto sin segundo:
Lo aprueban: hacen otro. ¡Qué portento!
Pero ¿la ejecución? Ahí está el cuento.
Voici, pour vous rafraîchir la mémoire, la fable de La Fontaine.
Conseil tenu par les rats La Fontaine
Un chat, nommé Rodilardus,
Faisait de rats telle déconfiture
Que l'on n'en voyait presque plus,
Tant il en avait mis dedans la sépulture.
Le peu qu'il en restait, n'osant quitter son trou
Ne trouvait à manger que le quart de son soû,
Et Rodilard passait, chez la gent misérable,
Non pour un chat, mais pour un diable.
Or, un jour qu'au haut et au loin
Le galand alla chercher femme,
Pendant tout le sabbat qu'il fit avec sa dame,
Le demeurant des rats tint chapitre en un coin
Sur la nécessité présente.
Dès l'abord, leur doyen, personne fort prudente,
Opina qu'il fallait, et plus tôt que plus tard,
Attacher un grelot au cou de Rodilard ;
Qu'ainsi, quand il irait en guerre,
De sa marche avertis, ils s'enfuiraient sous terre ;
Qu'il n'y savait que ce moyen.
Chacun fut de l'avis de Monsieur le Doyen :
Chose ne leur parut à tous plus salutaire.
La difficulté fut d'attacher le grelot.
L'un dit : « Je n'y vas point, je ne suis pas si sot,»
L'autre : « Je ne saurais. » Si bien que sans rien faire
On se quitta. J'ai maints chapitres vus,
Qui pour néant se sont
ainsi tenus ; Chapitres, non de rats, mais chapitres de moines,
Voire chapitres de chanoines.
Por si no conocéis la fábula de La Fontaine...
Un gato, llamado Rodilardo,
causaba entre las ratas tal estrago
y las diezmaba de tal manera
que no osaban moverse de su cueva.
Así, con tal penuria iban viviendo
que a nuestro gato, el gran Rodilardo,
no por tal lo tenían, sino por diablo.
Sucedió que un buen día en que Rodilardo
por los tejados buscaba esposa,
y mientras se entretenía con tales cosas,
reuniéronse las ratas, deliberando
qué remedio tendrían sus descalabros.
Habló así la más vieja e inteligente:
-Nuestra desgracia tiene un remedio:
¡atémosle al gato un cascabel al cuello!
Podremos prevenirnos cuando se acerque,
poniéndonos a salvo antes que llegue.
Cada cual aplaudió entusiasmada;
esa era la solución ¡estaba clara!
Mas poco a poco reaccionaron las ratas,
pues ¿cuál iba a ser tan timorata?
¡Quién iba a atarle el cascabel al gato!
Así he visto suceder más de una vez
-y no hablo ya de ratas, sino de humanos-:
¿a quién no lo han golpeado los desengaños?
Tras deliberaciones, bellas palabras,
grandes ideas... y, en limpio, nada.
PS: désolée pour cette présentation chaotique, depuis hier le programme change les espaces,
la taille des caractères, etc...et je ne sais que faire!!!
Tu as trouvé de belles traductions pour les noms de chats. J'aime beaucoup la manière dont Samaniego conclut sa fable. Voilà qui me rappelle une des formules de mon beau-père à ma belle-mère : "assez de paroles, des actes !"
RépondreSupprimerOui, c'est l'idée de créer une commission, puis une autre etc...sans que rien ne bouge, héhé, intemporel tout ça!
SupprimerBonne journée amie.
Quand les copieurs ont du talent c'est tout bénéfice pour le lecteur
RépondreSupprimerComme Tania j'adore les noms des protagonistes Rongefromage me plait infiniment
Tout à fait, j'adore comparer les versions de l'un et l'autre.
SupprimerSamaniego a un grand sens de l'humour!
Bon weekend, je t'embrasse
Sans que ça représente une tâche aussi périlleuse que d'attacher un grelot au cou d'un ogre, mon mari avait l'habitude de dire sur un ton détaché, comme en pensant tout haut "on devrait faire ceci ou celà". Et "on", je le savais, c'était moi..."On" devait toujours s'atteler à des choses ennuyeuses ou difficiles.
RépondreSupprimerMerci pour ces deux fables dont on ne peut nier l'origine commune!
"On" voit parfaitement la manœuvre Edmée! Un autre étant de commencer, puis de laisser tout ne plan..et qui c'est qui termine?
SupprimerBon, nous devrons réunir une commission pour en discuter;))
Ha ha ha! Une fable sur ON...
SupprimerSûr que tu en ferais un texte délicieux...
Supprimerj'ai eu le même genre de "on devrait" dans ma vie, Edmée ;-)
RépondreSupprimerJe ne connaissais pas ce fabuliste espagnol, et c'est intéressant de le placer dans la série des "réécritures"!
merci Colo et bon week-end à tous!
Bonjour Adrienne, tu dois avoir oublié son nom car c'est la 5º fable de lui que je traduis (regarde dans la section poemas à Felix María Samaniego).
SupprimerComparer certaines fables d'Esope avec celles de La Fontaine est vraiment fort intéressant aussi.
Bon week-end à toi, repos...
ON existe dans beaucoup de décisions à prendre par les indécis :)
SupprimerCe qui est amusant, c'est que le propos est toujours actuel de nos jours. Nos travers sont épinglés avec talent et les noms sont savoureux.
RépondreSupprimerTu as raison Aifelle, c'est absolument moderne aussi. Comme si, au cours des siècles, rien ne changeait...hélas?
SupprimerBon week-end!
Sourire de bon matin (enfin, bon ce n'est plus si tôt, mais comme samedi : ça me dit !), quel plaisir. La terre tourne, mais rien ne change : on devrait, yaka. Rien de telle qu'une fable pour rapprocher les comportements au long cours des ans et des lieux.
RépondreSupprimerIl faut dire que la "brillante solution" trouvée par l'assemblée de souris met la vie d'un(e) congénère en danger de mort...peut-être une solution moins drastique....!
SupprimerBon week-end Lou, profite du soleil, de ton lit aussi.
S'il n'y avait que les chats, les rats et les moines pour afficher de telles attitudes! Comme dit précédemment, c'est toujours actuel!
RépondreSupprimerTrès savoureux de lire toutes ces variantes à portée universelle et intemporelle.
Merci Colo
Bon we, très chaud je pense.
Les mises à jour nous jouent des tours parfois, mais ne t'inquiète pas, c'est très lisible.
Je t'embrasse.
Lisible, oui chère Maïté, mais loin de ce que je voudrais que ce soit! Il faudrait que je m'y connaisse plus en langage ad hoc pour qu'il fasse ce que JE veux et non pas à sa tête ;-))
SupprimerGrosses chaleurs ici, oui, mais on sait comment faire pour s'en protéger, juste un rythme de vie différent.
Excellent week-end, je t'embrasse!
Pas facile de risquer sa peau quand même :-) Les êtres vraiment courageux ne sont pas légions
RépondreSupprimerLes caractéristiques humaines ne changent pas vraiment malgré les fabuleux progrès techniques depuis Esope :-)
Tout est ok pour la présentation
Merci pour ton travail de traduction et de comparaison, Colo !
J'aime bien les commentaires
Bisous Colo de bon samedi !
Tu as raison, peu de changements, il faut toujours quelqu'un qui s'y colle.
SupprimerMais la peur, et la paresse, et le manque d'audace, toutes ces "vertus" si humaines finalement.
Excellent week-end, merci à toi Fifi!
Cette fable est bien léchée, j'adore et j'adhère au message. Ce que je remarque est aussi est son universalité. Le constat reste observable dans de nombreuses sphères de notre société !
RépondreSupprimerMais oui Serge, intemporelle cette fable. Comme la plupart d'entre elles.
SupprimerBonne journée.
La portée universelle des fables: chacun peut les interpréter à travers les siècles, c'est fantastique! Là moi je pense à toutes ces conférences sur le climat... et pour le coup, ce qu'"on" pourrait faire ne serait pas aussi périlleux qu'attacher un grelot au cou d'un monstre sanguinaire! Bisous!
RépondreSupprimer"On" a souvent plein d'idées, mais qui osera interdire les voitures dans les villes où on étouffe? Par exemple.
Supprimer"On", en laissant ses concitoyens périr à bout de souffle, est coupable..."on" devrait lui envoyer illico Miauchat!
besos à toi!
Le royaume des rats a ceci de commun avec les hommes : tous critiquent et ont de bonnes idées pour lutter contre les fléaux de société ...mais nul n'agit à la place de l'autre ...
RépondreSupprimerExact, manque de courage, d'énergie...
SupprimerMerci d'être passée Savarati.
Albert Camus écrivait ...." C'est que les rats meurent dans la rue et les hommes dans leur chambre. Et les journaux ne s'occupent que de la rue." et ceci est toujours d'actualité
RépondreSupprimerEn effet Chinou, hélas!
SupprimerJe crois que vous nous parlez de politiciens !? Ou bien au café des sports, là où on entend des solutions à tout ?
RépondreSupprimerJe crois que la fable d'adresse à tous, probablement plus à ceux qui ont un pouvoir, à quelconque niveau, de changer les choses, d'apporter de vraies solutions, améliorations.
SupprimerPour la talle des caractères et les espaces, je crois qu'il faut tenir conseil.
RépondreSupprimerJe suis de ton avis Tunkasina!
RépondreSupprimerUne satire drôlatique du comportement des hommes. Leur parole est parfois boursouflée et on s'aperçoit au moment d'agir qu'elle était creuse, hélas !
RépondreSupprimerMille fois hélas!!!
SupprimerBonne fin de semaine Lily.