Elvira
Alejandra Quintero (1960 - ) est
une poétesse colombienne dont
j'ai
déjà traduit un poème
ici. Celui qui suit m'a beaucoup émue.
Elvira
Alejandra Quintero (1960 - ) es une poetisa colombiana de la cual ya publiqué un poema aquí.
El que sigue me conmovió mucho.
Matías Vergara, La danza de las invisibles |
Del
olvido
Brilla un misterio
en los ojos de mi madre
al navegar el aire coloreado de la mañana
interrogando algo que existe más allá
anterior a nosotras
En el patio de palomas al viento
mamá relata la leyenda de su infancia
y sus manos de vuelo
dibujan para mí entre sus fantasmas
los abuelos que no conocí
De l'oubli
Un mystère brille
dans les yeux de ma mère
tandis que navigue l'air colorié du matin
interrogeant ce qui existe plus loin,
antérieur à nous
Dans le patio de colombes au vent
maman relate la légende de son enfance
et ses mains en vol
dessinent pour moi parmi ses fantômes
les grands-parents que je ne connus pas.
Madre agua de los ríos donde se lava el tiempo
Madre lluvia
Madre fuego de olvido
Madre furia
Madre grito escondido en su ternura dispersa
Madre sombra
Madre soledad de amor detenido en los espejos
Mère eau des rivières où se lave le temps
Mère pluie
Mère feu d'oubli
Mère furie
Mère cri caché dans une tendresse éparse
Mère ombre
Mère solitude d'amour arrêté dans les miroirs
Su magia hace brotar de los baúles
los trajes que la abuela Alejandrina
vistió para el abuelo
en tardes felices
cuando su amor era un secreto y una daga
baúl cajita de Pandora
magia al revés
herida oculta en el alma lacerada
historia desviada
Sa magie fait jaillir des coffres
les habits que la grand-mère Alejandrina
vêtit pour le grand-père
lors de soirées heureuses
quand son amour était un secret et une dague
coffre petite boite de Pandore
magie à l'envers
blessure occulte dans l'âme lacérée
histoire détournée
La voz de mi madre
nombra y canta las palabras de la abuela:
adiós
tarde gris
verano dulce
y su sonrisa cura espejos rotos
y hospitales desahuciados
pule versos
canciones
poemas antiguos
y remienda lentejuelas
de fiestas gozadas hace siglos
Las palabras de mi madre
señalan la falta y el remedio que no llega
el tren que no halló la estación
el vidrio roto
Un hombre de sombrero
Paraguas
bastón y gestos elegantes ronda su leyenda
una mujer dormida
una niña que llora junto a la valija de la abuela
Y yo busco la infancia de mi madre
y la visto con mi delantal blanco
le ofrezco mis cuadernos
y ayudo a sus manos de niña en sus tareas
y quisiera ser yo su madre
para borrar su pena y protegerla
La voix de ma mère
nomme
et chante les mots de la grand-mère:
adieu
soirée grise
doux été
et son sourire guérit les miroirs cassés
et les hôpitaux condamnés
arrondit vers
chansons
poèmes anciens
et rafistole les paillettes
de fêtes célébrées il y a des siècles
Les mots de ma mère
signalent la faute et le remède qui n'arrive pas
le train qui ne trouva pas la gare
le verre cassé
Un homme au chapeau
Parapluie
bâton et gestes élégants rôde dans sa légende
une femme endormie
une fillette qui pleure à côté de la valise de sa grand-mère
Et moi je cherche l'enfance de ma mère
et je l'habille de mon tablier blanc
je lui offre mes cahiers
et j'aide dans ses travaux ses mains de petite fille
et je voudrais être sa mère
pour effacer sa peine et la protéger
Mi madre
Entonces busco en ella
el rostro desconocido de mi abuela
y presiento en ambas
el amor que atormentará mis historia
cuando crezca
Ma mère
Alors je cherche en elle
le visage inconnu de ma grand-mère
et en elles je pressens
l'amour qui tourmentera mes histoires
quand je grandirai.
(Trad: Colo)
De: Memorias de Alejandrina
Plein de tendresse et d'émotion, et ton illustration accompagne parfaitement ces vers.
RépondreSupprimerBelle journée, dame Colo.
Ses mots et images sont délicats, l'ensemble très réussi, touche, tu as raison.
SupprimerBonne journée amie.
un patio de colombes : j'aimerai cela j'en suis certaine
RépondreSupprimerje suis aussi plongée dans la poésie en ce moment alors mes antennes sont toutes dressées
Oui, ça fait rêver...déjà un patio!
SupprimerL'été est pour moi un temps de poésie, j'en traduis tout le temps, va-t'en savoir pourquoi, chaque année c'est pareil ;-))
pour le premier, je devrais faire deux petits changements, pour qu'il m'aille comme un gant:
RépondreSupprimerabuela relata la leyenda de su infancia
y sus manos de vuelo
dibujan para mí entre sus fantasmas
sus abuelos que no conocí
:-)
merci Colo, très jolis et pleins de douceur nostalgique, ces poèmes!
Hum..le premier paragraphe alors, car le tout ne forme qu'un seul poème..j'ai intercalé la traduction pour les lecteurs attentifs comme toi!
SupprimerRavie qu'il te plaise, bonne journée...passons à ton com. nº2!
j'ai une question à propose de 'detenido' dans ce vers-ci:
RépondreSupprimerMadre soledad de amor detenido en los espejos
Tu le traduis par "arrêté" mais ne pourrait-on pas aussi le comprendre comme 'détenu' ou 'conservé'?
(ah ces terribles choix à faire quand on traduit ;-))
Bises et bonne journée!
Ah, merci pour cette intéressante suggestion Adrienne!
SupprimerUne image fixe, arrêtée, ou contenue dans le miroir?
Détenu me plaît beaucoup, conservé encore plus mais c'est pas aussi joli dans le poème....que faire? Si on mettait préservé... qu'en penses-tu?
ah c'est toi le chef :--)
Supprimer(mais pour moi, 'préservé' a d'autres connotations)
Le chef, le chef....de rien du tout le chef, mais après réflexion je mettrai sans doute détenu.
Supprimermerci la belle.
C'est beau...
RépondreSupprimerMerci.
Merci d'être passée!
SupprimerIl est bien beau encore ce poème. Merci, Colo !
RépondreSupprimerMerci de le dire Danièle!
SupprimerUn grand merci, Colo, pour ta traduction !
RépondreSupprimerQuel texte émouvant pour ce grand amour qu'est une mère !
La mienne aussi fut une conteuse de sa vie et ses mots me parleront toujours
Et puis, ce coeur de mère qu'on aurait voulu réparer...
Merci encore !
Bonjour Fifi, cet hommage poétique à sa mère, contrairement à beaucoup de poèmes assez larmoyants que j'ai lus, réussit à faire passer de belles émotions.
SupprimerMerci à toi pour ces mots.
Pas facile de traduire la complexité des souvenirs et des émotions. Il y a très peu de ponctuations et on a l'impression que tout arrive en vrac, que le mystère qui brille dans les yeux de sa mère c'est toute sa vie, toute ses joies et ses peines aussi . C'est ce que j'ai lu dans les yeux de ma propre mère après la mort de mes deux sœurs et quand elle nous racontait avec beaucoup de retenue sa propre enfance .
RépondreSupprimer"et son sourire guérit les miroirs cassés" Tout est dit !
Merci pour cette si belle traduction Colo . Je vous envoie toutes mes amitiés.
Bonjour Gérard, combien de non-dits dans les yeux de nos mères; ma mère parlait si peu d'elle-même, de son passé, que sa vie entière est restée un mystère.
SupprimerMerci à vous cher Gérard, bien amicalement aussi.
C'est si beau, cette femme ressuscite bien des émotions en moi, liées au souvenirs, liées aux personnes qui nous ont précédés et ont eu une vie bien différente de la nôtre. Tout le monde devrait écrire des lignes sur ceux qui sont partis, sur ceux qui vivent aujourd'hui, pour rassembler l'essentiel à transmettre aux enfants, aux petits et arrières ... Pour ma part, j'ai déjà commencé, mais ce poème booste le désir de continuer. Un véritable trésor à partager ! Merci Colo !
RépondreSupprimerMerci à toi Lily, tu as raison, je regrette si souvent de ne pas avoir plus questionnée ma grand-mère, mon père, tant d'autres aussi.
SupprimerBonne fin de journée.
Très beau poème où la mère joue des rôles, questionne et peut donner certaines réponses aux enfants sur leurs ancêtres. Je suis en train d'écrire, depuis un an et demi, un livre sur les ancêtres de ma grand-mère paternelle. J'essaie d'écrire leur histoire que je n'ai pas connue, d'après l'arbre généalogique que j'ai pu reconstituer (avec Internet c'est plus facile). Je commence l'histoire en 1788 à la naissance du grand-père du père de ma grand-mère. Pas facile tous les jours mais j'avance. 186 pages actuellement, je devrais arriver à plus de 300 dans un an, je l'espère. Merci et bon après midi.
RépondreSupprimerBonne chance pour ce travail titanesque, passionnant aussi Elisabeth! En publierez-vous des extraits sur votre blog?
SupprimerExcellente fin de semaine.
Bonsoir Colo, quel beau poème et merci pour la traduction. Ces mots sont très émouvants car une maman est une maman avec tout ce qu'elle peut apporter de bonheur.
RépondreSupprimerPour ma part, j'ai un grand regret, je n'ai pas connu mon grand-père paternel qui souhaitait tant avoir une petite fille. Malheureusement, il est décédé un an avant ma naissance. Ce que l'on m'a dit, c'était un homme généreux de coeur et rempli de douceur. J'ai des photos de lui et sans l'avoir connu, je le regrette tant.
Merci pour la magnifique toile et tous ces mots merveilleux.
Doux week-end, Colo
Bisous
Bonjour Denise, des regrets, oui, on en ressent parfois. J'ai ainsi regretté ne pas avoir connu mon grand-père maternel, un homme qui s'intéressait beaucoup à l'art, la poésie, jusqu'à ce que je découvre, en écoutant des tas d'histoires de l'une et l'autre, qu'il était aussi...tyrannique! Héhé, rien n'est parfait.
SupprimerBon wee-kend Denise, je t'embrasse
Merci encore et toujours pour ces belles traductions.
RépondreSupprimerAvec la mienne, de mère, ce ne fut pas facile, il y eut des malheurs et la gorge se noue autant, mais pour des mains en vol qui dessinèrent trop d'ombres douloureuses.
Bonjour Christian, je lisais il y a peu que les mères de la Place de Mai continuaient encore et toujours à se rassembler une fois par semaine. Et ce cri:"Où sont nos enfants?"
SupprimerComme vous le dites, c'est la gorge nouée que...
très émouvant.
RépondreSupprimerMerci d'être passé hermanito, tant de souvenirs....
SupprimerC'est très beau. Les 10 premières lignes sont une totale réussite et je dirai m^me -question d'approche et de tempérament- qu'elles suffisent à "tout" dire.
RépondreSupprimerMERCI.
Tout, oui, moins quelques détails...mais les souvenirs, racontés par d'autre souvent, sont aussi faits de détails, d'anecdotes, non?
SupprimerJ'aime beaucoup !
RépondreSupprimerJe n'ai connu ma grand-mère qu'au travers des récits de ma mère et il y avait aussi dans les non-dits beaucoup d'émotion et de mystère ...
On n'a jamais su si elle s'était suicidée ou si c'était un accident ...
Peut-être n'est-il pas important de le savoir...merci pour ces mots Marcelle.
Supprimer"Madre agua de los ríos donde se lava el tiempo
RépondreSupprimerMadre lluvia
Madre fuego de olvido
Madre furia
Madre grito escondido en su ternura dispersa
Madre sombra
Madre soledad de amor detenido en los espejos
...
Mi madre
Entonces busco en ella
el rostro desconocido de mi abuela
y presiento en ambas
el amor que atormentará mis historia
cuando crezca"
Je reviens lire ces mots, tout autant chamboulée que lors de mon premier passage.
Cela se rapproche tant de ma maman.
Orpheline de sa maman à l'âge de 6 ans, élevée par sa grand-mère pour quelques années (peu). Prenant soin de sa grand-mère grabataire, pleurant et orpheline de sa deuxième maman, plus tard. "Placée" à 8 ans, pour mériter ce qui lui était "offert".
Que de malheurs dans sa vie, qui ont forcément marqué sa vie et celles de ses filles.
Récemment, à la diffusion de l'émission "L'Algérie vue d'en haut", ses souvenirs mis des images, ses mots à la vue de son pays natal.
Palpitations et émotions.
Me voilà toute émue en lisant tes mots Lou.
SupprimerBien sûr que ces vers
"presiento en ambas
el amor que atormentará mis historia
cuando crezca" te touchent de tout près.
Je t'embrasse fort
Chère Colo un poème et une toile en adéquation entre atmosphère légère, impalpable et soudain comme un voile qui se lève sur les souffrances, les déchirures évoquées et non imposées à l'auditeur, le lecteur.
RépondreSupprimerQuelle sensibilité à fleurs de mots. Merci pour cette traduction qui permet d'aller au-delà de la lecture, de bien s'imprégner de l'atmosphère. La toile porte bien son nom: "la danse des invisibles" pourtant si présents inconsciemment en nous et qui peu à peu nous ont façonnés.
C'est un moment rare, empreint d'émotion, qui nous renvoie à notre propre histoire. Il n' y a qu'à lire les commentaires pour en être persuadé(e).
Bon dimanche, Colo. Je t'embrasse.
Bonjour Maïté, grand merci. Oui, j'aimerais que la poétesse lise tous ces témoignages et souvenirs, ces émotions que son poème a déclenchés.
SupprimerBonne fin de journée, je t'embrasse
C'est merveilleux.... L'enfance de notre mère, ce qu'elle dit de sa mère, de sa grand-père. J'ai une petite note de ma mère qui raconte comment elle allait, petite, avec sa grand-mère chez ses grand-tantes. Les surnoms qu'ells donnaient à leur mari (Jupiter tonnant pour un!), ce qu'elles jouaient et chantaient au piano, leur entente... c'est une incursion dans le bonheur de cette famille! Merci de nous faire connaître ce très beau poème!
RépondreSupprimerMerci à toi pour ces souvenirs Edmée. Des histoires de vies, des rires et des grimaces...
SupprimerJe trouve saisissant que les mamans fassent toujours "la une" pendant que les papas sont laissés pour compte. Fête de mères et fête des pères n'ont pas le même écho, Même chose en chanson :" Les plus beaux vêtements, c'est pour ma maman, Les vieux pyjamas, c'est pour mon papa ";...... De nos jours, les papas sont parfois plus "mamans" que leurs épouses et pourtant, j'ai beau chercher, je n'ai pas trouvé sur un papa des vers aussi troublants et émouvants que ceux que tu nous donnes à lire ci dessus. Merci pour ton passage et le gentil com déposé sur mon Aubrac. Suis en vacances et reviend rai te visiter dès mon retour.
RépondreSupprimerBonsoir Chinou, les temps ont changé, tu as raison.
SupprimerPOur toi ce très beau poème de Max Elskamp, "â mon père" http://www.poetica.fr/poeme-2090/max-elskamp-a-mon-pere/
Bonnes vacances, j'espère que tu fais de jolis croquis!