24 juil. 2014

Ondes poétiques / Ondas poéticas


Le premier juillet, souvenez-vous, un court poème de Silvia Baron Supervielle sur ce blog...je l'avais traduit en espagnol. Une amie-blog, Adrienne, a eu l'idée de le traduire en néerlandais...tâche ardue car sans ponctuation il nous faut interpréter, mais elle le publie aujourd'hui sur son blog et m'a donné l'autorisation, muchas gracias, de le reproduire ici.
Suite à son idée, j'ai fait appel à Danielle, poète et spécialiste de la langue wallonne, puis à ma fille pour qu'elle le traduise en catalan. Toutes deux acceptèrent le défi, mille mercis.
El día 1 de julio, acordaos, un corto poema de Silvia Baron Supervielle en este blog...lo había traducido al español. Una amiga-blog, Adrienne, tuvo la idea de traducirlo al neerlandés...tarea ardua debido a la falta de puntuación que obliga a interpretar, pero lo publica hoy en su blog y me dio la autorización, muchas gracias, de ponerlo aquí.
Siguiendo su idea, contacté a Danielle, poeta y especialista de la lengua valona, luego a mi hija para que lo traduzca al catalán. Las dos aceptaron, mil gracias.

Si l'envie vous prenait de le traduire en italien, breton ou portugais ou …?, ce serait fantastique!
Si tuvierais ganas de traducirlo al italiano, portugués, gallego o...? ¡sería fantástico!
  1. Texte original en français (rappel)
Silvia Baron Supervielle

dans La distance de sable


dans les tiroirs de l’armoire
la valise vide les coins inanimés
sur l’étagère dans les miroirs
enchaînés l’escalier l’étalage
de la rue permanente pressée
au fond du jour du sac des poches
d’où viennent toutes ces clefs
le fleuve les arbres les coupoles
qui coulent avec le vent le virage
depuis longtemps contre le lit
le mur revenir sur ses pas demander
mais les gens ne sont pas d’ici
j’ai perdu quelque chose au large
de l’espace la mer le désert
au seuil d’une ombre disparue 

2) Traduction espagnole (Colo) (rappel)


 
en La distancia de arena


en los cajones del armario
la maleta vacía los rincones inanimados
en el estante en los espejos
encadenados la escalera el escaparate
de la calle permanente apresurada
en le fondo del día del bolso de los bolsillos
de dónde salen toda esas llaves
el río los árboles las cúpulas
que fluyen con el viento la curva
desde hace tiempo contra la cama
la pared volver sobre sus pasos preguntar
pero la gente no es de aquí
he perdido algo en la lejanía
del espacio el mar el desierto
en el umbral de una sombra desaparecida

(Trad: Colo)



3) Traduction en Wallon . Danielle (http://albumvenitien.blogspot.com.es/)


dins lès ridants d' l'ârmwêre
èl valîje vûde lès cwins bôyant ô lôdje
su l’ bâr dins lès murwès
atchin.nès lès montéyes, èl mousse
dèl rûwe toufêr a dalâdje
ô pèrfond du djoû du satch dès poches
d'ayu vèn.neut-èles toutes lès clés
èl fleûve lès-ârbes lès ronds twèts
qui coul'neut avè l'vint èl toûrnant
dispûs lontins asto du lit
èl mur èrvèni su sès pas d'mandér
mins lès djins n’ sont nin dè d'ci
dj'é pièrdu 'ne saqwè ô lon
d’ l’èstindûwe èl mér´ èl désêrt
su l'soû d'ène ombe dèsfacéye


4) Traducción al catalán . Anaïs

a La distància de sorra

als calaixos de l’armari
la maleta buida els racons inanimats
al prestatge als miralls
encadenats l’escala l’aparador
del carrer permanent afanyat
al fons del dia de la bossa de les butxaques
d’allà on surten totes aquestes claus
el riu els arbres les cúpules
que flueixen amb el vent el viratge,
d’un temps ençà contra el llit
la paret tornar enrere demanar
però la gent no és d’aquí
he perdut quelcom a la llunyania
de l’espai la mar el desert
al llindar d’una ombra desapareguda







De afstand van zand



in de laden van de kast

de lege koffer de levenloze hoeken

op het rek in de spiegels

vastgeketend de trap het uitstalraam

van de straat steeds gehaast

in het diepste van de dag de tas de zakken

vanwaar al die sleutels komen

de stroom de bomen de koepels

die verglijden met de wind de bocht

al lang tegen het bed

de muur op zijn stappen terugkeren vragen

maar de mensen zijn niet van hier

ik ben iets kwijt in de verte

van de ruimte de volle zee de woestijn

op de drempel van een verdwenen schaduw



traduction de l'Adrienne



Tableaux / Cuadros


32 commentaires:

  1. oui comme tu dis le manque de ponctuation permet parfois des doubles sens qu'il faut essayer de rendre dans la traduction. Or grammaticalement en passant d'une langue romane à une langue germanique, il y a parfois des choix à faire qu'on a pu éviter entre le français et l'espagnol (euh... je me comprends, mais me comprend-on? ;-))
    merci pour cet exercice, Colo, je suis prête à le refaire :-)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bonjour Adrienne, on remettra ça quand tu veux!
      Tant Danielle que ma fille m'ont parlé de ces choix, peut-être pas les mêmes que les tiens, car, c'est vrai, la langue néerlandaise a d'autres structures grammaticales...encore merci.
      Bonne journée à toi, un beso.

      Supprimer
  2. Voilà bien la grâce d'internet au service de la poésie !
    un art difficile la traduction qui en dit presque autant sur le traducteur que sur le poète !
    Bravo à tous les participants

    RépondreSupprimer
  3. Forrmidable ! Merci à toutes les traductrices pour ces traversées en langues de poètes.
    "j’ai perdu quelque chose au large
    de l’espace la mer le désert
    au seuil d’une ombre disparue"
    Ces mots me parlent autrement aujourd'hui...

    Colo, voici un lien vers cette parution dont je t'ai parlé : http://www.franceculture.fr/oeuvre-notes-sur-theme-de-silvia-baron-supervielle

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je comprends si bien ta peine!

      merci pour le lien, je le garde précieusement.

      Supprimer
  4. Un beau cadeau que ces traductions, grâce à internet ces participations autour d'un texte sont possibles.
    Merci Colo et Merci aux différentes participantes !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bonjour Fifi, oui, c'est vraiment enrichissant et distrayant. J'aime ces liens qui, comme des ondes, se propagent à travers les cieux!

      Supprimer
  5. J'avoue cette fois-ci être vraiment déconcerté à la lecture en français de ce poème ???

    Merci Colo de la fidélité de tes visites.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bonsoir Yanis, l'absence de ponctuation déconcerte, c'est vrai...à chacun de construire son histoire?

      Bel été chez toi!

      Supprimer
  6. Ainsi que je te l'ai dit, le manque de ponctuation me perturbe un peu mais c'est vrai qu'il autorise différentes approches et adaptations.
    Le wallon est tout sauf une langue concise.Là où un mot suffirait , le wallon en utilise plusieurs pour mieux approcher du sens du mot" étranger".
    En lisant le texte d'Adrienne, je constate qu'elle dispose, elle, de mots plus proches ainsi en est-il pour" inanimés" qu'elle traduit par " levenloze " c'est-à-dire sans vie ou qui a perdu la vie , tout est dit en un mot, pareil pour Anaïs : inanimats et pour toi :inanimados
    Moi, pour coller au texte, j'aurais du écrire" sins pupont d' vîe "" ou bien "sins pupont d'âme" ou encore " dju d' vîye" c'est-à-dire" coupé de vie"et cela ne me plaisait pas dans ce contexte , j'ai donc choisi une autre image " bôyant ô lôdje" béant au large"
    Une ligne m'a laissée pensive, était-elle ou pas interrogative :d’où viennent toutes ces clefs "
    Est-ce une interrogation coupée du reste ou la suite de la ligne précédente? Par exemple "les poches desquelles viennent toutes ces clés"ou alors plus simplement" D'où viennent toutes ces clés?"
    Finalement, moi, j'ai laissé l'interrogation :d'ayu vèn.neut-èles toutes lès clés?
    C'était un bel exercice, pas vraiment facile pour autant mais ce fut un vrai plaisir.

    In gros bètch!
    Danielle

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bonsoir Danielle, tu m'avais écrit il y a un temps que le wallon employait beaucoup de mots pour exprimer les idées. Ce "béant au large" est fort poétique, tout à fait à propos.

      Alors pour ce bout de phrase....moi je l'ai pris comme une interrogation se rapportant au sac, poche...mais là encore chacun est libre de l'interpréter, c'est sans doute un de ses intérêts, non?

      Encore grand merci, je t'embrasse

      Supprimer
  7. Merci pour Colette, Colo !!!
    Je ne pourrais plus jamais regarder les vrilles de nos vignes de la même façon :-)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Tu as compris...oui, je connais bien l'oeuvre de mon homonyme, et cet extrait m'avait frappé...
      Bonne fin de semaine Fifi!

      Supprimer
  8. Je ne peux hélas le traduire en aucune langue, mais je trouve formidable ces échanges mutuels et cette flambée de créativité. Bravo ! Bonne journée Colo, chaleur et soleil chez moi.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Grand merci Aifelle, ces échanges nous font plaisir aussi.
      Ici la chaleur et le soleil, c'est le quotidien en été, je suis contente que tu en profites aussi.

      Supprimer
  9. Merci à tous pour cette toile de mots. La poésie se rit des frontières.
    Ma petite participation restera invisible, j'ai traduit le poème en Langue des Signes Française et en le faisant, j'ai pensé à vous.
    Je t'embrasse fort

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Tes signes universels se baladent de par le monde...grand merci Dame Sable.
      Je t'embrasse fort aussi

      Supprimer
  10. Bravo pour ces ponts entre les langues et j'aime beaucoup le premier tableau.
    Pour la première fois, je vois du wallon écrit après l'avoir entendu et écouté avec attention lorsque j'en avais l'occasion.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci Maïté.
      Ma grand-mère était wallonne et son langage était parsemé d'expressions savoureuses..l'écrire me semble si compliqué! Je suis si contente que Danielle ait bien voulu traduire le poème.

      Supprimer
  11. J'ai une grande admiration pour toutes ces traductrices. Il m'arrive quelquefois de traduire de l'anglais technique pour des informaticiens et je mesure à quel point il doit être difficile de mettre en lumière toute la subtilité des poètes dans une autre langue.
    J'aime beaucoup les deux tableaux de Le Quilleuc et j'ai beaucoup apprécié mes excursions virtuelles vers d'autres blogs, l'Italie, la Grèce, l'Espagne .L'art est universel et la poésie n'a pas de frontières. Merci et bon week-end "Dame" Colo .

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bonjour Gérard, moi qui pensais que peut-être vous le traduiriez en breton ou normand...vous me parlez d'anglais!
      Mais vous pourrez peut-être nous dire si cet artiste est connu dans votre partie de France? (ou en France?) J'aime beaucoup ses couleurs, le mouvement aussi.
      Bon week-end à vous aussi...il fait vraiment fort chaud, trop...mais se plaindre serait de mauvais goût sieur Gérard!

      Supprimer
    2. Malheureusement Colo je ne parle Breton que sous la torture..et encore je ne me comprends pas moi-même :) . Je ne connais que quelques mots , pas de quoi traduire le moindre billet.. Dommage!
      Je connaissais (par hasard) Le Quilleuc, mais malgré son nom à consonance bretonnante il n'est pas connu ici. Son activité semble être presque exclusivement parisienne .
      Ici il fait très chaud aussi ( sans doute bien au-dessous de vos températures)..et comme on n'est pas habitués on passe notre temps ..à ne rien faire.

      Supprimer
    3. Oh, on ne s'habitue pas aux grosses chaleurs Gérard, on adapte la vie en fonction d'elle....c'est pas qu'on devient paresseux (injuste reproche fait aux gens du sud!!!), c'est juste qu'entre midi et 18h, on fait peu, si peu à l'extérieur...on lambine à tout casser!!!

      Supprimer
  12. Vous voulez que je vous dise ? Vous êtes géniale... Et on ne pourrait pas trouver quelqu'un qui le traduirait en italien ? en anglais ? etc ? En voilà un magnifique projet !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Me voilà toute rouge!

      J'aimerais tant que ce poème soit traduit en d'autres langues que celles-ci...mais il ne suffit pas de parler l'anglais, par exemple, pour se sentir capable de traduire la poésie...voyons si la chance se présente..quelqu’un...quelques un(e)s...?

      Supprimer
  13. Quelle belle idée ce travail collective universel ou presque. En français, ce texte sonne comme une urgence de vie. Un essoufflement, un rythme que l'on prend grâce ou à cause de l'absence de ponctuation. Je m'imagine le saisir au kilomètre, comme je le faisais dans le temps, et m'arrêter pour reprendre mon souffle. Adaptant le rythme de mes doigts au rythme des mots et accélérant pour connaître l'énigme, la chute, le fin mot...
    Ah si je connaissais un pratiquant de la langue d'Oc !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci Lou de si bien parler du rythme, du souffle...poétique, physique....peut-on les dissocier?
      J'espère qu'on finira par trouver d'autres traducteurs, Oc et, pourquoi pas, swahili?
      Bon week-end, je t'embrasse

      Supprimer
    2. Ah, le swahili, tu me cherches....Hélas, je ne possède pas suffisamment la langue et je risque aussi d'y mélanger du lingala.Dommage!


      Supprimer
    3. On ne peut pas tout savoir chère Danielle! Il m'arrive la même chose avec le majorquin (catalan)...je ne le connais pas suffisamment pour traduire un poème...
      Bon week-end, merci!

      Supprimer
  14. Beau travail en groupe ! Merci à toutes.
    Les accents circonflexes du wallon, tous ces chapeaux, m'amusent: est-ce parce qu'on étire tant nos syllabes...? ;)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bonjour Christw, de fait beaucoup de ces "chapeaux allongeurs de voyelles" ont disparu ou devraient exister en français...pensez au mot "zone" par exemple...le circonflexe aiderait à savoir que le o est long.
      Bon dimanche, au soleil ou pas!

      Supprimer