27 avr. 2012

Ici on peut apporter sa lune... / Aquí se admite su luna...



L'an dernier, rappelez-vous, nous avions composé ensemble un buffet garni et varié sur La Rose (clic)...ce fut délicieux.

La Lune vous inspirera-t-elle cette année?

El año pasado, acordaos, habíamos compuesto juntos un banquete sobre La Rosa(clic)...fue delicioso.

¿Os inspirará La Luna este año?

                            Joueuse de lune Anne Marie Zilberman
                                        http://art-monie.blogspot.com.es/

Pour Jaime Sabines (mexicain) elle est la panacée universelle; son texte-poème ressemble étrangement à un prospectus glissé dans une boîte de médicaments.

Para Jaime Sabinas, es la panacea universal: su texto-poema se parece mucho a un folleto encontrado en una caja de medicinas.


La Lune   Jaime Sabines

La lune peut se boire à la cuiller
ou comme une gélule toutes les deux heures.
Elle est bonne hypnotique et sédative
elle soulage aussi
les intoxiqués de philosophie.
Un morceau de lune en poche
est meilleur amulette que la patte de lapin :
elle sert à trouver la personne aimée,
à être riche à l'insu de tous
et à éloigner médecins et cliniques.
On peut en donner pour dessert aux enfants
quand ils ne se sont pas endormis,
et quelques gouttes de lune dans les yeux des vieux
aident à bien mourir.
Mets une tendre feuille de la lune
sous ton oreiller
et tu regarderas ce que tu voudras voir.
Emporte toujours un flacon d'air de lune
pour quand tu t'étouffes,
et donne la clé de la lune
aux prisonniers et aux enchaînés.
Pour les condamnés à mort
et pour les condamnés à vie
il n'existe meilleur stimulant que la lune
à dose précise et contrôlée.
(Trad: Colo) 
                                              (Photo Sable du temps, merci!)
 

La Luna  Jaime Sabines

La luna se puede tomar a cucharadas
o como una cápsula cada dos horas.
Es buena como hipnótico y sedante
y también alivia
a los que se han intoxicado de filosofía.
Un pedazo de luna en el bolsillo
es mejor amuleto que la pata de conejo:
sirve para encontrar a quien se ama,
para ser rico sin que lo sepa nadie
y para alejar a los médicos y las clínicas.
Se puede dar de postre a los niños
cuando no se han dormido,
y unas gotas de luna en los ojos de los ancianos
ayudan a bien morir.
Pon una hoja tierna de la luna
debajo de tu almohada
y mirarás lo que quieras ver.
Lleva siempre un frasquito del aire de la luna
para cuando te ahogues,
y dale la llave de la luna
a los presos y a los desencantados.
Para los condenados a muerte
y para los condenados a vida
no hay mejor estimulante que la luna
en dosis precisas y controladas.


Restons en Amérique du sud avec Atahualpa Yupanqui (Argentine). 
LUNA TUCUMANA
Les peintures qui accompagnent la vidéo sont du peintre Urugayen Pedro Figari.

(désolée pour la courte publicité)




Envoyé par Gérard-dans-la-lune, ce poème de Victor Hugo, grand merci!

Clair de lune

La lune était sereine et jouait sur les flots. -
La fenêtre enfin libre est ouverte à la brise,
La sultane regarde, et la mer qui se brise,
Là-bas, d'un flot d'argent brode les noirs îlots.

De ses doigts en vibrant s'échappe la guitare.
Elle écoute... Un bruit sourd frappe les sourds échos.
Est-ce un lourd vaisseau turc qui vient des eaux de Cos,
Battant l'archipel grec de sa rame tartare ?

Sont-ce des cormorans qui plongent tour à tour,
Et coupent l'eau, qui roule en perles sur leur aile ?
Est-ce un djinn qui là-haut siffle d'une voix grêle,
Et jette dans la mer les créneaux de la tour ?

Qui trouble ainsi les flots près du sérail des femmes ? -
Ni le noir cormoran, sur la vague bercé,
Ni les pierres du mur, ni le bruit cadencé
Du lourd vaisseau, rampant sur l'onde avec des rames.

Ce sont des sacs pesants, d'où partent des sanglots.
On verrait, en sondant la mer qui les promène,
Se mouvoir dans leurs flancs comme une forme humaine... -
La lune était sereine et jouait sur les flots.


JEA nous envoie ceci, merci!

Les Enfoirés :

- "J’ai demandé à la lune,
la France veut elle encore de moi ?
Elle m’a dit j’ai pas l’habitude
de m’occuper des cas comme ça ..." 

Une photo et un très beau texte envoyés par SAVARATI , muchas gracias
http://saravati.skynetblogs.be/archive/2010/06/27/de-la-lune-au-vent.html 

DE LA LUNE AU VENT

L'est belle, la lune, que dis-je, Dame la Lune.

L’est belle avec sa robe de velours bleue au col blanc de dentelles décalées, éclairée par son reflet de poisson d’argent.

Elle penche la tête vers l’autre boule, l’autre bleue, celle qui découpe sur son gros ventre en ballon, des sillons tourmentés.
Change de position bien souvent pour déjouer les pièges. Les pièges du sieur le Vent, celui qui ne se couche jamais, celui qui voudrait diriger les marées à sa place, les faire hautes ou basses suivant ses sautes moutonesques d’humeur.

Car sieur le Vent a ses humeurs et nul plus que lui n’est pro-fête en sa demeure.

Il rit sur les champs dorés et l’instant d’après les a dévastés et de vastes, c’est comme s’ils étaient devenus étroits, séparés par ce coiffeur colérique en grandes raies échevelantes, avec des épis fantaisistes et branlants.

Il veut en paraître à Dame la Lune, elle, constante, tranquille. Sauf les nuits où elle se remplit des vapeurs du ciel et fait chanter les loups. Gare aux loups, alors, à l’orée aussi, car de chasseurs, ils deviennent enchâssants.

Dame la Lune aime le chant des loups, le hurlement des chiens quand sa douce rondeur blanche exhale ses bouffées de chaleur mystérieuses.

Alors le monde tourne à l’envers, les enfants disputent, les jeunes filles s’apeurent, les hommes se retournent en vain sur leurs couches à la recherche d’un sommeil aléatoire.
Les fœtus se contorsionnent dans le placenta étriqué, cherchent la porte de sortie qui signifiera la fin de la paix fusionnelle.
Les familles aux abois se déchirent, les chiens aboient à émouvoir les cigales en hibernation.
Le cœur de la terre palpite prêt à s’ouvrir sur le magma bouillonnant.

Mais rien ou si peu ne se passe au seuil de la réalité du monde revu et corrigé par la lumière lunesque. Ce ne sont que soubresauts d’imagination torturée dans son rythme habituellement falot.

Dame la Lune, si pleine, si belle, si blanche et jaune, fait clignoter ses yeux fripons et peu à peu dilue ses contours pour rendre à la planète bleue sa pseudo-sérénité.

Dans les villes, pourtant, où grouillent les foules insomniaques, dans les masures où le moindre écart de paroles provoque des éboulis de confiance, rien n’a changé ou si peu. Le potentiomètre de l’intensité des émotions a simplement secoué davantage sa petite aiguille désordonnée.
Les souris, au son cadencé des proverbes, continuent à danser entre les doubles parois des murs opaques.

Sieur le Vent se demande encore quelle sera la tournure que prendra sa prochaine âme-humeur : calme plat, modérée, assez forte, impétueuse, tempétesque, ouragane, typhonnesque, moussonneuse …l’éventail du gris blanc au gris moire peut se décliner en mille plissures.

Tout est bon à envisager, à prendre quand on croit avoir la maîtrise de ses propres éléments.

Du Portugal Hélder nous envoie de la musique de ses lunes, Obrigada amigo.
Indochine: J'ai demandé à la lune (paroles dans les commentaires plus bas)



Et puis la bande Originale du film d'Eric Rohmer, sorti en Août 1984.



Tania, merci pour ce poème surprenant! La lune poursuivant les chattes...et voici Musha aussi.
LA LUNE

"Dans la nuit qu'elle argente avec son regard blanc,
Faisant hurler les chiens et chanter les poètes,
La Lune pend, légère, ainsi qu'un cerf-volant.

Au milieu des tuyaux longs et des girouettes
Qui dentellent les toits blancs de leur profil noir,
Chagrine, elle poursuit les chattes inquiètes,

Et guettant les matous lascifs qui vont s'asseoir
Au bord de la gouttière, elle monte la garde
Devant ces diamants, les étoiles du soir.

Voici l'astre aux blancheurs métalliques qui farde
De craie, au fond du ciel, son masque glacial,
La lune pâle et ronde, attirante et blafarde,

Comme un suave écu de cent sous idéal."

Louis DENISE (1863-1914)
                                           Alphonse Musha La lune

Para el desayuno, un croissant dorado....Miam, ¡gracias F!

Maïté a perdu sa lune!!...Grand merci!
"La lune s'est cachée
on a perdu la lune
Depuis ce soir
il fait tout noir
mais les enfants savent déjà
pourquoi la lune n'est pas là..."

Jo Akepsimas et Mannick l'ont chantée pour nous:
(je vous mets le lien car, pas trop habile, je ne suis pas arrivée à le faire apparaître, faudra m'excercer...snif!)
http://www.musicme.com/#/Mannick/titres/La-Lune-S%27est-Cachee-t2481201.html 
                                  Le château maure de Hélder....merci!

Et quand le soleil a rendez-vous avec la lune c'est le nirvana dit Gérard.
  Planons l'ami...


                          
Pour Kenza, pour l’anniversaire de son blog; Manet, Clair de lune sur le port de Boulogne
http://theaujasmin.blogspot.com.es/
                       
Gérard, pas d'accord avec Edith qui veut "décrocher la lune"...





La  lune berçait  l'olivier Chez LOU le 21 mars 20012, merci à toi!
http://lamaisondesmarguerites.wordpress.com/
 
 


nuit des rois
la lune un instant accrochée
à un arbre mort 

Voici un autre haïku datant de l'Antiquité, du moine Ryôkan
 Le voleur
M’a tout emporté sauf
La Lune qui était à ma fenêtre
  
Ciel de lune ou lune de ciel, selon. Superbe JEA, soyez remercié. 
http://motsaiques2.blogspot.com.es/

Sable de temps nous envoie une merveille, merci Madame.
http://sabledutemps.canalblog.com/
Interpretación de Paco Ibáñez del
 Romance de la luna, luna
 de Federico García Lorca


La luna vino a la fragua
con su polisón de nardos.
El niño la mira mira.
El niño la está mirando.

En el aire conmovido
mueve la luna sus brazos
y enseña, lúbrica y pura,
sus senos de duro estaño.

Huye luna, luna, luna.
Si vinieran los gitanos,
harían con tu corazón
collares y anillos blancos.

Niño déjame que baile.
Cuando vengan los gitanos,
te encontrarán sobre el yunque
con los ojillos cerrados.

Huye luna, luna, luna,
que ya siento sus caballos.
Niño déjame, no pises,
mi blancor almidonado.

El jinete se acercaba
tocando el tambor del llano.
Dentro de la fragua el niño,
tiene los ojos cerrados.

Por el olivar venían,
bronce y sueño, los gitanos.
Las cabezas levantadas
y los ojos entornados.

¡Cómo canta la zumaya,
ay como canta en el árbol!
Por el cielo va la luna
con el niño de la mano.

Dentro de la fragua lloran,
dando gritos, los gitanos.
El aire la vela, vela.
el aire la está velando.

Euterpe apporte sa lune-sonnet, merci, elle est superbe.
Pour honorer le retour du Soleil,
le Zéphir lui prépare l'air serein :
et il éveille l'eau et la terre du sommeil,
qui les gardait l'une de murmurer,

en coulant doux, I'autre de se parer
de mainte fleur de couleur sans-pareille.
Déjà les oiseaux dans les arbres font merveille,
et apaisent la souffrance des passants :

Les Nymphes s'ébattent déjà en mille jeux
au clair de Lune, et écrasent l'herbe en dansant :
veux-tu, Zéphir, me donner de ton bonheur,

pour que je sois par toi toute renouvelée ?
Fais revenir mon Soleil vers moi,
et tu verras s'il ne me rend pas plus belle


Louise Labé Sonnet XV 


La lune de Marie, ¡gracias!
 http://t-photographe.over-blog.com/article-luna-104478894.html

41 commentaires:

  1. Traduction approximative car les réalités "tucumanes" sont difficiles à rendre en français, de la chanson d'Atahualpa:

    Je ne chante pas à la lune
    parce qu'elle éclaire et rien de plus,
    je lui chante car elle connait
    mon long parcours.

    Aïe petite lune tucumane
    petit tambour calchaquí,
    compagne des gauchos
    dans les nuits de Tafí.

    Perdue dans les obstinations
    qui sait, chère vie
    où j'irai
    mais, quand surgira la lune,
    je chanterai, je chanterai.
    A mon Tucumán aimé
    je chanterai, chanterai, chanterai.

    Avec espoir ou peine
    dans les champs d'Acheral
    j'ai vu la pleine lune
    embrasser le cannaie.
    Si en quelque chose nous sommes pareils
    c'est en triste solitude
    Tout en ne la chantant pas je la chante
    car c'est ma façon d'éclairer.

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  2. C'est bien de commencer ma journée avec ton blog... Amour, lune, un peu d'humour et de l'amour...

    PS: si tu es sur Facebook, va donc voir chez Damien Personnaz, il a une super interview. Sinon: www.auxerretv.com, tu verras le titre (je crois un Personnaz voyageur). Longue interview écrite et vidéo...

    Merci pour ce billet ... lunaire!

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    1. Bonjour Edmée, Facebook c'est pas mon truc du tout, alors j'irai voir le lien, merci.
      La lune, c'est tout ça et encore plus!
      Belle journée.

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  3. je vais copier ce poème le plier en 4 puis en 2 puis en 2 et le glisser dans mon pilulier dans la case " poésie pour ma santé" et j'en prendrai quelques bouffées quand le besoin s'en fera sentir , une giclée sur mon oreiller pour en rêver !

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    1. Il y a tant et tant sur la lune, ce poème fort original m'a enchantée moi aussi!
      Douces nuits alors...

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  4. Moi, ce matin, j'en prends une cuillère, une gélule et j'en garde un morceau dans ma poche.
    merci pour ce poème lunaire

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    1. Oh, là, là, ça semble sérieux; peut-être faudra-t-il ajouter quelques gouttes de lune...
      ¡Arriba los corazones!

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  5. La lune,je suis tombé dedans quand j'étais petit. On m'appelait alors "Jean de la Lune" car je rêvais tout le temps.

    Elle a inspiré tant de talents , de Debussy à Beethoven en passant par Victor Hugo

    Clair de lune

    La lune était sereine et jouait sur les flots. -
    La fenêtre enfin libre est ouverte à la brise,
    La sultane regarde, et la mer qui se brise,
    Là-bas, d'un flot d'argent brode les noirs îlots.

    De ses doigts en vibrant s'échappe la guitare.
    Elle écoute... Un bruit sourd frappe les sourds échos.
    Est-ce un lourd vaisseau turc qui vient des eaux de Cos,
    Battant l'archipel grec de sa rame tartare ?

    Sont-ce des cormorans qui plongent tour à tour,
    Et coupent l'eau, qui roule en perles sur leur aile ?
    Est-ce un djinn qui là-haut siffle d'une voix grêle,
    Et jette dans la mer les créneaux de la tour ?

    Qui trouble ainsi les flots près du sérail des femmes ? -
    Ni le noir cormoran, sur la vague bercé,
    Ni les pierres du mur, ni le bruit cadencé
    Du lourd vaisseau, rampant sur l'onde avec des rames.

    Ce sont des sacs pesants, d'où partent des sanglots.
    On verrait, en sondant la mer qui les promène,
    Se mouvoir dans leurs flancs comme une forme humaine... -
    La lune était sereine et jouait sur les flots.

    Mais sous la lumière blafarde il se passe de belles choses mais aussi de plus sombres . J'ai toujours en tête, et je sais bien pourquoi, le film de Beineix "La lune dans le caniveau" .
    Très bonne journée Colo en attendant la prochaine potion de lune.

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    1. Bonjour Gérard, grâce à vous et à JEA le menu s'allonge. Vous ne m'en voudrez pas j'espère du nom lunaire que vous m'aviez soufflé.
      Je ne connais pas ce film mais si j'en trouve un extrait je l'ajouterai également au billet.
      Excellente journée à vous et encore gracias!

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    2. Gérard, je l'ai bien évidemment trouvé cet extrait et je comprends si bien maintenant toute votre émotion...laissons-le donc où il est ce film,
      Très amicalement.

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  6. Merci pour la traduction de cette adorable poésie et pour la fantastique musique !
    Moi aussi comme Gérard je suis une ancienne pilière du satellite nocturne. Combien de fois, dans mes jeunes années, je me suis entendu dire "Alors, encore dans la Lune ?"
    Merci Gérard pour le rappel de cette poésie de Hugo. Je l'avais apprise et aimée et...oubliée !!! Pas croyable ! 8-0

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    1. Elle est amusante et poétique, c'est vrai!
      Une autre "lunatique" donc...quand la lune est pleine, je ne ferme pas l'oeil de la nuit...alors je l'admire.
      Bon week-end Euterpe.

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  7. Les Enfoirés :

    - "J’ai demandé à la lune,
    la France veut elle encore de moi ?
    Elle m’a dit j’ai pas l’habitude
    de m’occuper des cas comme ça ..."

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    1. De quoi peut bien s'occuper la lune JEA?
      Dans certains textes elle est tour à tour indiscrète, suggestive, chaude et/ou froide,lubrique...faudra lui demander!

      Merci, les Enfoirés sont insérés plus haut.

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  8. Moins poètique, certes ...mais en clin d'oeil au thème :

    DE LA LUNE AU VENT

    L'est belle, la lune, que dis-je, Dame la Lune.

    L’est belle avec sa robe de velours bleue au col blanc de dentelles décalées, éclairée par son reflet de poisson d’argent.

    Elle penche la tête vers l’autre boule, l’autre bleue, celle qui découpe sur son gros ventre en ballon, des sillons tourmentés.
    Change de position bien souvent pour déjouer les pièges. Les pièges du sieur le Vent, celui qui ne se couche jamais, celui qui voudrait diriger les marées à sa place, les faire hautes ou basses suivant ses sautes moutonesques d’humeur.

    Car sieur le Vent a ses humeurs et nul plus que lui n’est pro-fête en sa demeure.

    Il rit sur les champs dorés et l’instant d’après les a dévastés et de vastes, c’est comme s’ils étaient devenus étroits, séparés par ce coiffeur colérique en grandes raies échevelantes, avec des épis fantaisistes et branlants.

    Il veut en paraître à Dame la Lune, elle, constante, tranquille. Sauf les nuits où elle se remplit des vapeurs du ciel et fait chanter les loups. Gare aux loups, alors, à l’orée aussi, car de chasseurs, ils deviennent enchâssants.

    Dame la Lune aime le chant des loups, le hurlement des chiens quand sa douce rondeur blanche exhale ses bouffées de chaleur mystérieuses.

    Alors le monde tourne à l’envers, les enfants disputent, les jeunes filles s’apeurent, les hommes se retournent en vain sur leurs couches à la recherche d’un sommeil aléatoire.
    Les fœtus se contorsionnent dans le placenta étriqué, cherchent la porte de sortie qui signifiera la fin de la paix fusionnelle.
    Les familles aux abois se déchirent, les chiens aboient à émouvoir les cigales en hibernation.
    Le cœur de la terre palpite prêt à s’ouvrir sur le magma bouillonnant.

    Mais rien ou si peu ne se passe au seuil de la réalité du monde revu et corrigé par la lumière lunesque. Ce ne sont que soubresauts d’imagination torturée dans son rythme habituellement falot.

    Dame la Lune, si pleine, si belle, si blanche et jaune, fait clignoter ses yeux fripons et peu à peu dilue ses contours pour rendre à la planète bleue sa pseudo-sérénité.

    Dans les villes, pourtant, où grouillent les foules insomniaques, dans les masures où le moindre écart de paroles provoque des éboulis de confiance, rien n’a changé ou si peu. Le potentiomètre de l’intensité des émotions a simplement secoué davantage sa petite aiguille désordonnée.
    Les souris, au son cadencé des proverbes, continuent à danser entre les doubles parois des murs opaques.

    Sieur le Vent se demande encore quelle sera la tournure que prendra sa prochaine âme-humeur : calme plat, modérée, assez forte, impétueuse, tempétesque, ouragane, typhonnesque, moussonneuse …l’éventail du gris blanc au gris moire peut se décliner en mille plissures.

    Tout est bon à envisager, à prendre quand on croit avoir la maîtrise de ses propres éléments.

    ...avec une photo ici : http://saravati.skynetblogs.be/archive/2010/06/27/de-la-lune-au-vent.html

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    Réponses
    1. Grand merci, ton texte est superbe, il me chuchote bien des choses à l'oreille.
      Buen fin de semana, hasta pronto. (ça progressse ton español?

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  9. Merci Colo !
    Une très riche idée que ces thèmes à habiller :-)

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  10. INDOCHINE, “J’ai demandé à la Lune” :

    «J’ai demandé à la Lune
    Et le Soleil ne le sais pas
    Je lui ai montré mes brûlures
    Et la Lune s’est moquée de moi
    Et comme le ciel n’avait pas fière allure
    Et que je ne guérissais pas
    Je me suis dis “Quelle infortune !”
    Et la Lune s’est moquée de moi

    J’ai demandé à la Lune
    Si tu voulais encore de moi
    Elle m’a dit “J’ai pas l'habitude
    De m’occuper des cas comme ça”
    Et toi et moi on était tellement sûr
    Et on se disait quelquefois
    Que c’était juste une aventure
    Et que ça ne durerait pas

    J’ai pas grand-chose à te dire
    Pas grand-chose pour te faire rire
    Car j’imagine toujours le pire
    Et le meilleur me fait souffrir

    J’ai demandé à la Lune
    Si tu voulais encore de moi
    Elle m’a dit “J’ai pas l’habitude
    De m’occuper des cas comme ça”
    Et toi et moi on était tellement sûr
    Et on se disait quelquefois
    Que c’était juste une aventure
    Et que ça ne durerai pas...»

    **********************************************************************
    ELLI & JACNO, “Les nuits de la pleine lune” :

    «Le(s) rideau(x) déchiré(s)
    Par les doigts argentés
    De la lune pre[-]mier quar[-]tier

    Et mon cœur arraché
    À mon corps attaché
    À la lune der[-]nier quar[-]tier

    Les nuits de la pleine lune
    Elle court dans les bois
    Donne des coups de pied dans les ronces
    Arrache des poignées d’orties
    Et se jette toute nue dans l’eau glacée du lac

    Dans mon lit de bois vert
    Fleur fanée reste cachée
    Tout l’hiver lu[-]mière cen[-]trée [sans trait ?]

    Clair obscur froide rupture
    Don du ciel ma blessure
    Lune impure la nouvelle lune

    Les nuits de la pleine lune
    Elle monte sur le toit de l’immeuble
    Et elle pleure
    Et elle crache sur les pigeons, les voitures,
    Les passants, les poubelles,
    Le martyr des autres et son soi-disant bonheur

    Rêve d’ivresse dure tendresse
    Sans faire mal doux poignard
    De la lune pre[-]mier quar[-]tier

    Lune montante main brûlante
    Ta servante fleur violente
    Je t’attends c’est la pleine lune

    Les nuits de la pleine lune
    Les fleurs blanches posées sur ses yeux
    L’éblouissent et l’empêchent de dormir
    Et elle pose sa joue sur la terre mouillée
    Et supplie les fleurs de prendre racine»

    **********************************************************************

    Luminoso cuarto creciente, Colo.
    Abrazo desde mi promontorio lunar.

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    Réponses
    1. Muchas gracias Hélder...veo que la luna inspira mucho!
      Usaré su promontorio para ilustrar algún texto que llegue sin foto si me lo permite.
      ¿cuarto creciente? Ah, ah, hora de sembrar rabanitos, de cortar el pelo, de...haha!
      Un abrazo.

      Supprimer
  11. LA LUNE

    "Dans la nuit qu'elle argente avec son regard blanc,
    Faisant hurler les chiens et chanter les poètes,
    La Lune pend, légère, ainsi qu'un cerf-volant.

    Au milieu des tuyaux longs et des girouettes
    Qui dentellent les toits blancs de leur profil noir,
    Chagrine, elle poursuit les chattes inquiètes,

    Et guettant les matous lascifs qui vont s'asseoir
    Au bord de la gouttière, elle monte la garde
    Devant ces diamants, les étoiles du soir.

    Voici l'astre aux blancheurs métalliques qui farde
    De craie, au fond du ciel, son masque glacial,
    La lune pâle et ronde, attirante et blafarde,

    Comme un suave écu de cent sous idéal."

    Louis DENISE (1863-1914)

    Pour compléter ta collection lunaire.
    Si j'avais pu, je l'aurais illustré avec la lune de Mucha.
    La "Joueuse de lune" est très belle et les danses et personnages uruguayens pleins de charme rustique.
    Bonne soirée... sous la lune en son premier quartier ?

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    Réponses
    1. Bonsoir amie....la collection devient magnifique grâce à vous!
      Voici le site d'Anna Marie Zilberman, j'ai vraiment beaucoup ce qu'elle fait:
      http://www.farea.com/artists_createurs/zylberman_figuratif_expres/zylberman.php

      Excellente soirée et nuit à toi aussi et encore merci.

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    2. Merci pour le lien vers cette artiste. Il y a du Klimt revisité là-dessous, j'aime beaucoup aussi - des couleurs chaudes.

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  12. Superbe ton billet, Colo.
    Bon dmanche

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    1. Merci Alba, on commence par le samedi suivi du dimanche? :-))

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  13. "La lune s'est cachée
    on a perdu la lune
    Depuis ce soir
    il fait tout noir
    mais les enfants savent déjà
    pourquoi la lune n'est pas là...

    Jo Akepsimas et Mannick l'ont chantée pour nous:


    http://www.musicme.com/#/Mannick/titres/La-Lune-S%27est-Cachee-t2481201.html

    Et bravo pour la thématique, comme celle de la rose: j'adore!

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    1. La lune de la chanson est absente mais toi pas Maïté, c'est ça l'important.
      Désolée de n'avoir pas réussi, mais en suivant le lien....consolation!
      Excellent weekend et gracias!

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  14. Et quand le soleil a rendez-vous avec la lune c'est le nirvana :
    http://www.youtube.com/watch?v=RShIJvrjD80

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    1. Ah je l'attendais avec plaisir celle-là! Sacré Charles.

      J'ai quelque chose à vous dire Gérard, vous étiez si intrigué (moi aussi)...le trou dans la planche du pailler est une ouverture à...à...chats! Faite exprès pour chasser les souris évidemment. Les marches c'est pour le fermier.

      Merci pour tous ces cadeaux, c'est vraiment gai, vous ne trouvez pas?
      Bon dimanche à vous.

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  15. Amoureux, poètes, scientifiques, elle en a inspiré plus d'un... Merci Colo pour ce très beau billet!
    Je te remercie également de ton adorable commentaire et te souhaite une agréable soirée

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    1. Pour te remercier Kenza, toi qui aimes tant la peinture, j'ajoute ce tableau de Manet.
      Excellent dimanche à toi, douceur tranquille.

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  16. Colo ,je suis vraiment très déçu , moi qui croyais tant aux lutins . On m'aurait donc raconté des histoires ?
    Mais on m'a dit aussi que certaines, par amour iraient même jusqu'à "décrocher la lune" ? http://www.youtube.com/watch?v=XqzpYNAwfXY . Alors là je ne suis pas d'accord du tout !

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    1. Il faut continuer à y croire Gérard, c'est si important les lutins...
      Quant aux folies amoureuses, c'est parfois le contraire, on aimerait bien y croire...

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  17. nuit des rois
    la lune un instant accrochée
    à un arbre mort

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    1. Merci Danièle! Je vais voir si je trouve un tableau, une photo pour illustrer cette vision mi-lumineuse, mi-morte.

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  18. http://www.youtube.com/watch?v=jPpMzX34ZfY
    la lune a réuni Fédérico et Paco pour mon plus grand bonheur.
    Je vais même rajouter Hijo de la luna chanté par Mecano mais j'ai oublié le lien. Mme sable est peut-être ... dans la lune !

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    1. Grand merci Sable, une vraie merveille cette chanson...j'ai ajouté les paroles en español...une occasion peut-être d'apprendre, hum, quelques mots? :-))
      Je chercherai demain celle de Mecano, ce soir je suis comme toi, lunaire...

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    2. Un article intéressant et vraiment très riche! Merci! Une belle inspiration pour les poètes et les amoureux...

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    3. Merci de votre visite, le vaste monde de la lune...et encore, le côté scientifique n'a pas été abordé!
      Belle journée à vous.

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  19. Je n'avais pas encore eu le temps d'apporter ma lune :

    Pour honorer le retour du Soleil,
    le Zéphir lui prépare l'air serein :
    et il éveille l'eau et la terre du sommeil,
    qui les gardait l'une de murmurer,

    en coulant doux, I'autre de se parer
    de mainte fleur de couleur sans-pareille.
    Déjà les oiseaux dans les arbres font merveille,
    et apaisent la souffrance des passants :

    Les Nymphes s'ébattent déjà en mille jeux
    au clair de Lune, et écrasent l'herbe en dansant :
    veux-tu, Zéphir, me donner de ton bonheur,

    pour que je sois par toi toute renouvelée ?
    Fais revenir mon Soleil vers moi,
    et tu verras s'il ne me rend pas plus belle


    Louise Labé Sonnet XV

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    1. Pas de problème Euterpe, je suis moi-même en retard pour tout en ce moment.
      Qu'il est beau et doux ce poème, grand merci.

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  20. También podía haber traido mi luna...
    => http://t-photographe.over-blog.com/article-luna-104478894.html

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