LE
CANARD ET LE SERPENT
Tomás
de Iriarte (Tenerife 1750- Madrid 1791), fabuliste.
Au
bord d’un étang
disait
un canard:
“ À
quel animal donna le ciel
les
dons qu’il m’a donnés?
Je
suis d’eau, de terre et d’air.
Quand
de marcher je me fatigue
si
j’en ai envie, je vole,
si
j’en ai envie, je nage.”
Un
serpent futé,
qui
l’écoutait,
d’un
sifflement l’appela
et
lui dit: “Monsieur le beau,
il
ne faut pas tant vous vanter;
Car
vous ne marchez comme un daim,
ni
ne volez comme le faucon
ni
ne nagez comme le barbeau.
Et
sachez ainsi
que
l’important et rare
n’est
pas savoir de tout
mais
d’être adroit en quelque chose.”
Il
vaut mieux bien savoir une chose, que beaucoup, mal.
(Trad:Colo)
El
pato y la serpiente Tomas de Iriarte
A
orillas de un estanque
diciendo
estaba un pato:
«¿A
qué animal dio el cielo
los
dones que me ha dado?
Soy
de agua, tierra y aire.
Cuando
de andar me canso,
si
se me antoja, vuelo,
si
se me antoja, nado.»
Una
serpiente astuta,
que
le estaba escuchando,
le
llamó con un silbo,
y
le dijo: «Seor guapo,
no
hay que echar tantas plantas;
pues
ni anda como el gamo,
ni
vuela como el sacre,
ni
nada como el barbo.
Y
así tenga sabido
que
lo importante y raro
no
es entender de todo,
sino
ser diestro en algo.»
Más
vale saber una cosa bien, que muchas mal.
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PS: il est fort intéressant de découvrir qu'un fabuliste français, de moi totalement inconnu, Don Juan Laurencin, né le 17 janvier 1733, et mort le 21 janvier 1812 a écrit la même fable (les fabulistes, depuis Ésope, se sont tous copiés, c'est connu)
Sur le bord d’un étang, très-content de lui-même,
S’écrioit un Canard d’une arrogance extrême :
Dans toute la nature est-il un animal
Qu’on puisse m’égaler? non , je n’ai point d’égal.
Seul j’ai reçu tous les dons en partage ;
Je possède mille attributs divers;
Je marche et fends les airs,
Et puis, quand il me plait, je nage….
Il eût continué ; mais un rusé Serpent,
Ennuyé de sa gasconnade,
S’approchant, lui dit : camarade,
Tout beau; ne vous vantez pas tant.
Le Daim court mieux que vous ; le Rouget, à la nage,
Auroit aussi sur vous de l’avantage ;
Et quant à voler, le Faucon
Pourroit bien vous donner leçon.
Ainsi sachez, soit dit sans vous déplaire,
Vous , qui vous croyez sans égal,
Qu’il vaut beaucoup mieux savoir faire
Bien une chose , que cent mal.
« Le Canard et le Serpent »
Ceux qui donnent les meilleurs avis ne sont pas toujours les plus sages. J’aurois dû profiter moi – même de la leçon du Serpent.
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PS: il est fort intéressant de découvrir qu'un fabuliste français, de moi totalement inconnu, Don Juan Laurencin, né le 17 janvier 1733, et mort le 21 janvier 1812 a écrit la même fable (les fabulistes, depuis Ésope, se sont tous copiés, c'est connu)
Sur le bord d’un étang, très-content de lui-même,
S’écrioit un Canard d’une arrogance extrême :
Dans toute la nature est-il un animal
Qu’on puisse m’égaler? non , je n’ai point d’égal.
Seul j’ai reçu tous les dons en partage ;
Je possède mille attributs divers;
Je marche et fends les airs,
Et puis, quand il me plait, je nage….
Il eût continué ; mais un rusé Serpent,
Ennuyé de sa gasconnade,
S’approchant, lui dit : camarade,
Tout beau; ne vous vantez pas tant.
Le Daim court mieux que vous ; le Rouget, à la nage,
Auroit aussi sur vous de l’avantage ;
Et quant à voler, le Faucon
Pourroit bien vous donner leçon.
Ainsi sachez, soit dit sans vous déplaire,
Vous , qui vous croyez sans égal,
Qu’il vaut beaucoup mieux savoir faire
Bien une chose , que cent mal.
« Le Canard et le Serpent »
Ceux qui donnent les meilleurs avis ne sont pas toujours les plus sages. J’aurois dû profiter moi – même de la leçon du Serpent.
ça me rappelle des discussions avec des unilingues qui préféraient être unilingues plutôt que de ne pas "parler parfaitement" deux ou trois langues ;-)
RépondreSupprimerà quoi je réponds que même l'unilingue manque généralement de perfection dans sa langue unique... et d'abord, c'est quoi, la perfection ;-)
L'argument de ces unilingues est celui des paresseux, un faux argument donc:-))
SupprimerSe disperser ou se concentrer sur un seul truc? Éternel dilemme...
Sans compter que le serpent très causant est peut-être un tantinet jaloux de ce canard vantard ;-).
RépondreSupprimerRavie de te retrouver en ligne, bonne fin de journée, Colo.
Un beau parleur le serpent, la jalousie n’est pas exclue, en effet...
Supprimer(un pause ordinateur ne fait pas de tort...mais je suis contente qu'il soit réparé!)
Bonne soirée Tania.
Quel rabat-joie ce serpent! Ce canard est à l'opposé de la grenouille qui veut se faire aussi grosse que le boeuf, lui au moins il est content de son sort, ce qui en fait un personnage un peu naïf mais bien sympathique! bises!
RépondreSupprimerEn effet pour le serpent!
SupprimerAs-tu vu que dans la version de Juan Laurencin il est écrit "avec une arrogance extrême", ce qui le rend un peu moins sympa tout de même ce canard.
besos de à bientôt.
Don Juan Laurencin, inconnu de moi également ! J'aime les deux versions et ce qu'elles racontent en se moquant. (ouf pour ton ordinateur).
RépondreSupprimerLa version française est nettement plus "fleurie", et tous ces recoupements entre fabulistes montrent si bien qu'on n'a pas besoin d'Internet pour se copier entre pays différents!!!
SupprimerBonne journée Aifelle.
Mon Dieu c'est discutable mais le serpent a de la répartie, et le canard est peut-être content de son sort avec trop de coins coins sonores pour son goût. Mais leur argumentation tient la route :)
RépondreSupprimerC'est vrai Edmée, et finalement chacun fait du "petit" mieux qu'il peut avec ce qu'il a...sans doute est-ce mieux de ne pas s'en vanter, coin, coin!
SupprimerComme toutes les fables, celle-ci prête à des interprétations multiples. On y retrouve le thème de la spécialisation qui peut faire couler beaucoup d'encre. Puis aussi la notion ancienne d'«honnête homme» (17è siècle). Je vais reprendre votre sage conclusion à Edmée : faisons discrètement du mieux que nous pouvons, tant mieux si c'est bien (ou génial qui sait).
RépondreSupprimerC'est un des plaisirs des fables que celui d'y voir tant d'idées différentes selon qui et comment on les lit.
SupprimerToucher à tout n'est pas mauvais en soi. Agir consciencieusement et avec amour est certainement l'idéal.
RépondreSupprimerSurtout pas de fanfaronnade mais de la modestie.
Sincèrement, j'aurais été déçue de passer à côté de ce billet. A bientôt Colo.
Merci Chinou!
SupprimerUn peu rabat-joie tout de même ce serpent. Connaître ce que l'on sait bien faire tout en ayant envie d'apprendre d'autres choses, c'est peut-être cela la solution et ...la sagesse !
RépondreSupprimerBonne fin de semaine, Colo.
Tu as sûrement raison Annie! (pour le serpent aussi!!)
SupprimerÀ bientôt.
Les deux fabulistes ont laissé auux lecteurs une source d'inspiration adaptée aux sensibilités de l'époque. Mais la petite leçon de morale conserve tout son sens autour de la spécialisation ou au contraire la polyvalence fût-elle moins performante.
RépondreSupprimerAmusant aussi le choix du serpent qui n'est pas le mieux loti en matière de mobilité...d'où peut-être sa relative sagesse comme ultime exutoire.
Bonjour Serge (j'ai effacé le doublon).
SupprimerUn serpent qui vole? Un canard qui rampe? (je blague)
Le débat est lancé donc...
Bonne journée Serge.
Je me sens plutôt ( canard) sans la vantardise.
RépondreSupprimerJ'aime faire plein de choses, pas toujours à la perfection mais essayer cela m'amuse ;-)
Ah mais tu écris de bine beaux poèmes, c'est pas rien ça!
SupprimerComme toi j'aime faire beaucoup de choses...et à force de les faire, on devient bonnes, n'est-ce pas?
Bonjour Colo, merci pour ce poème qui donne à réfléchir !
RépondreSupprimerJe te souhaite une douce année.
Bonne année à toi aussi Yanis!
SupprimerMerci chère Colo pour ce beau poème, moi qui aime tant les canards :-) J'y penserais la prochaine fois que je verrais des canards!
RépondreSupprimerJe t'embrasse et douce fin de journée!
Ah je connais ton amour pour les canards Denise...en as-tu rencontré des fanfarons?
SupprimerBon week-end, un beso.
C'est toujours plein d'enseignement, une fable et les fables, comme les épopées, racontent toujours des histoires qui montrent bien les limites des êtres humains.
RépondreSupprimerMerci pour ces deux-là !
Bon dimanche.
Bonjour Bonheur, les limites, oui, les travers et astuces qui nous habitent...
SupprimerBon dimanche à vous aussi.
Au final, le serpent lui en a-t-il bouché un coin ?
RépondreSupprimerBien vu Bacchante!;-))
SupprimerTu as raison, à défaut de se copier, au moins s' "inspirent-ils" presque tous. Dans un autre registre, enfant, je ne m'imaginais pas que toutes ces chansons françaises que j'entendais étaient des reprises ...
RépondreSupprimerLe monde tourne, les gens bougent, racontent et chantent, transforment, et c'est bien comme ça je trouve, non?
SupprimerMerci de ta visite Nikole, ça me fait plaisir.