27 avr. 2013

Intemporel / Intemporal






 (Si vous comprenez un peu l'espagnol, vous n'aurez aucune peine cette fois à suivre le poème chanté par le grand J. Manuel Serrat)

Vaincus León de Felipe (1884-1968)

Dans la plaine de La Mancha
on revoit la figure
de Don Quijote passer.

Et maintenant, oisive et bosselée, sur le baudet va l'armure
et va oisif le chevalier, sans cuirasse ni dossière,
il va chargé d'amertume,
car là-bas trouva sépulture
son amoureux combat.
Il va chargé d'amertume
car là-bas “resta sa quête”
sur la plage de Barcino, face à la mer.

(…)

Combien de fois, Don Quijote, dans cette même plaine,
aux heures de désespoir je te regarde passer!
Et combien de fois je te crie: fais-moi une place sur ta monture
et sur tes terres emmène-moi;
fais-moi une place sur ta monture,
chevalier vaincu, fais-moi une place sur ta monture
car je suis moi aussi chargé
d'amertume
et batailler je ne peux!

Mets-moi en croupe,
chevalier de l'honneur,
mets-moi en croupe avec toi,
et emmène-moi pour être berger.
avec toi.

Dans la plaine de La Mancha
on revoit la figure
de Don Quijote passer...

(Trad: Colo)

VENCIDOS Léon de Felipe (1884-1968)


Por la manchega llanura
se vuelve a ver la figura
de Don Quijote pasar.

Y ahora ociosa y abollada va en el rucio la armadura,
y va ocioso el caballero, sin peto y sin espaldar,
va cargado de amargura,
que allá encontró sepultura
su amoroso batallar.
Va cargado de amargura,
que allá «quedó su ventura»
en la playa de Barcino, frente al mar.

(...)

¡Cuántas veces, Don Quijote, por esa misma llanura,
en horas de desaliento así te miro pasar!
¡Y cuántas veces te grito: Hazme un sitio en tu montura
y llévame a tu lugar;
hazme un sitio en tu montura,
caballero derrotado, hazme un sitio en tu montura
que yo también voy cargado
de amargura
y no puedo batallar!

Ponme a la grupa contigo,
caballero del honor,
ponme a la grupa contigo,
y llévame a ser contigo
pastor.

Por la manchega llanura
se vuelve a ver la figura
de Don Quijote pasar...







26 commentaires:

  1. Avec le texte sous les yeux, c'est nettement plus facile, contigo. Un baiser de Bruxelles entre nuages et soleil.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ici les baisers sont trempés, mais bien réels!

      Supprimer
  2. Vraiment beau, aussi prenant que La quête de Brel, comme le triste épilogue de celle-ci.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Felipe de León est, à mon avis, parfois trop narratif en poésie, trop explicite, mais ce poème-ci est beau, oui. Je suis plongée dans un recueil de ses poèmes, vous en lirez sûrement un ou deux de plus ici!
      Bonne fin de journée Christw.

      Supprimer
  3. Superbe chanson... Rêvons d'impossibles quêtes.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. L'idée de traduire ce poème-chanson m'est venue en lisant les nouveaux chiffres du chômage, en regardant un reportage sur la faim en Grèce, la misère au Portugal...

      Il reste le rêve de quêtes...

      Supprimer
    2. Les rêves sont la seule chose que les pouvoirs et systèmes en place ne peuvent pas confisquer. La puissance de la poésie est un exutoire, une porte de sortie d'un monde oppressant, l'entrée dans un univers puissant où l'on retrouve l'âme, ce souffle d'humanité qui permet de mieux respirer dans un monde multiforme et oppressant.

      Supprimer
    3. Merci Serge, tu as tout si bien dit que je n'ai rien à ajouter.
      Bonne soirée.

      Supprimer
  4. Il y a des batailles qui semblent perdues d'avance. Et pourtant même chez nous on a bien réussi à arracher les ailes des moulins à vent! Progrès, régression...? L'avenir nous le dira..ou pas. Nous sommes nombreux je pense à vouloir accompagner Don Quijote. Pauvre monture! Très bon dimanche Colo. Gérard

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bonjour Gérard, en ce moment l'ennemi est flou et multiple, de là l’énorme difficulté du "batallar", de la mobilisation...comme la poussière soulevée par un troupeau de moutons pris pour une armée ennemie par ce vaillant DQ.
      Il fait si gris foncé et il pleut tant qu'on ne distingue pas le dimanche ce matin....
      Je vous souhaite tout le soleil du monde!

      Supprimer
  5. Je ne connaissais pas ce poète, pas même son nom, merci pour la découverte ! Et bravo pour la traduction ! Je ne suis pas en mesure de juger si c'est une bonne traduction, je ne connais pas l'Espagnol, mais elle me plaît.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci, si elle te plaît, me voilà contente. Des heures de travail, tu peux l'imaginer, mais j'adore ça.
      Je n'ai rien trouvé de ce poète en français sur la toile, j'ignore donc s'il est traduit.
      Bon dimanche, avec ou sans CRS ;-)

      Supprimer
  6. Moi non plus je ne connaissais pas ce poète
    Merci pour ce partage .
    J'ai trouvé sur le net une photo de lui les derniers temps c'est hallucinant ce qu'il ressemblait à l'Abbé Pierre
    Je ne sais pas si tu as entendu parler de l'Abbé Pierre
    Bonne fin de journée

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Tu as raison Aloïs, la ressemblance physique est vraiment frappante!
      Je travaille sur un autre poème, tu auras ainsi l'occasion de mieux le connaître.
      Bonne fin de journée à toi aussi!

      Supprimer
  7. Le poème est bien servi par cette voix dont j'aime le timbre et chaque fois, à travers les différents écrits, c'est le rêve qui se met en marche.L'illusion de chevaucher dans un monde magique, si loin de la réalité et où la poussière du chemin efface les déconvenues.
    Merci encore et toujours pour cette découverte.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bonjour Maíté, j'imagine que tu connais bien Serrat et sa voix si reconnaissable au ton juste.
      Je ne sais si dans la traduction on peut sentir le rythme de la chevauchée, assez net en espagnol m'a-t-il semblé.
      Merci à toi et belle journée Maíté.

      Supprimer
  8. Moi non plus je ne connaissais ni le poète ni l'interprète... Très beau, avec une tristesse amère comme les oranges de Séville...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. L'Histoire de l'Espagne n'est pas gaie, depuis toujours sueurs et sang. Pourtant on y rit, on a le sens des fêtes, même sur un fond de tristesse...
      Belle journée Edmée.

      Supprimer
  9. Bon en ce qui me concerne c'est moi qui veux être Don Quichotte...(je me demande parfois si ce n'est pas déjà ce que je suis) :))
    Mais j'aime bien la chanson.
    En croupe sur son cheval...il doit falloir bien se tenir !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Fais, fais, ce poème et fait pour se l'approprier et je suis sûre que tu t'y sentiras à l'aise même avec DQ en croupe!
      À bientôt Euterpe.

      Supprimer
  10. A la question que tu poses, oui, il a été traduit ici :http://canzones.over-blog.com/article-vaincus-109531349.html
    C'est vrai que le monde ne va pas bien, mais je pense aussi que beaucoup de gestes altruistes, généreux, ne sont pas mis en valeur dans les médias. Pourtant ils comptent beaucoup, peuvent être des moteurs de changements en profondeur. Bonne journée Colo !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci pour cette traduction Lily.
      Tu as raison, une grande solidarité s'est mise en place et on en parle peu, si peu! Des changements en profondeur sont absolument nécessaires...poco a poco ou brusquement? L'histoire nous le dira...
      Belle fête du 1º mai!

      Supprimer
  11. Que c'est émouvant ! Grâce à ton texte, on comprend aisément la chanson... en espagnol, c'est indispensable ! Les sons, les rr, les ll, les terminaisons en ra, ar ou o, contribuent à rendre cette fierté désespéré, à l'image du caballero et de son combat amer, celui de tous nos pays en crise.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci de l'avoir si bien ressenti MH.
      Les sonorités, indispensables en effet dans ce contexte.
      Beau weekend à toi!

      Supprimer
  12. coquillage ;-) fierté désespéréE... il fait splendide aujourd'hui !
    excellent wk à toi aussi

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Profite des chemins de fleurs, de leur odeur, de la douceur chère MH.

      Supprimer