4 août 2010

Fleurs de nuit / Flores de noche


Lundi, vingt deux heures trente, le téléphone sonne. « Colo, descends avec ton appareil, elles sont toutes ouvertes ». C’est la voix de María Teresa, et le ton ne me laisse aucun choix. J’obtempère donc, à tâtons, une nuit sans lune, ouvre la barrière, descends quelques marches, salue son chien qui me saute dessus et la voilà qui surgit de derrière l’énorme figuier qui masque l’entrée. « Je les ai surveillés toute la journée mais les fleurs viennent seulement de s’ouvrir, alors j’ai pensé à toi ».
« Les » ce sont ses cactus géants appelés San Pedro (echinopsis pachanoi) qui,
cette année, sont couverts de fleurs.


Maria Teresa a 82 ans, un corps douloureux et une allégresse d’esprit qui, me confie-t-elle, l’a fait monter à l’arrière de la moto de son petit-fils il y a peu pour faire une balade mais « ne le dis à personne, on me gronderait ». Promis.
Nous voilà devant ses San Pedro, on les devine car elle n’a rien allumé, ils doivent mesurer entre 3 et 4 mètres de haut, et je vise, un peu au hasard, les fleurs que je ne vois pas. Plus tard elle apporte une lampe de poche ; fantastiques !
Lunes a las diez y media de la noche suena el teléfono. “Colo, baja con tu cámara, se han abierto”. Es la voz de María Teresa y su tono no me deja ninguna opción. Obtempero pues. Es una noche sin luna, a tientas abro la barrera, bajo algunos peldaños, saludo a su perro que me salta encima y, emergiendo de la enorme higuera que tapa la entrada, aparece ella. “Los he vigilado todo el día pero las flores no se han abierto hasta ahora, así que pensé en ti”.
“Los” son sus gigantescos cactus llamados San Pedro (echinopsis pachanoi) que, este año, se han cubierto de flores.
María Teresa tiene 82 años, un cuerpo doloroso y una alegría espiritual que le hizo subirse, hace poco, en la parte trasera de la moto de su nieto para dar una vuelta, “no se lo digas a nadie, me reñirían”. Prometido.
Estamos delante de los San Pedro, más bien se les adivina ya que todo está a oscuras, deben medir entre 3 y 4 metros, y apunto mi cámara, un poco al azar, hacia flores que no veo. Más tarde trae una linterna: ¡fantástico!

(Cliquez sur les photos pour les agrandir)
La journée, explique-t-elle, il y a tellement d’abeilles qu’on ne peut pas s’en approcher et je pense à cette phrase de Philippe Geluk « Le miel des cactus c’est délicieux, même que ce sont des abeilles-fakirs qui le récoltent ».
Durante el día, me explica, hay tantas abejas que uno no puede acercarse y pienso en esa frase de Philippe Geluk:” La miel del cactus es deliciosa, son las abejas-fakir que la cosechan”





Rentrée chez moi je découvre que ces géants, originaires des Andes, sont aussi de puissants hallucinogènes (il y a même sur Youtube la manière de procéder).
On ne le dira pas à Maria Teresa…

De vuelta a casa descubro que esos gigantes, originarios de los Andes, son también potentes alucinógenos (en Youtube se encuentra incluso la manera de proceder).
No se lo diremos a María Teresa…

24 commentaires:

  1. Trop bien! Des fleurs qui ne s'ouvrent que la nuit et qui le lendemain sont envahies d'abeilles. Je te réponds mañana.

    RépondreSupprimer
  2. ohhhhhhhhh c'est magnifique!
    (rester jeune même quand on est âgée... c'est magnifique aussi...elle est chouette Maria Teresa!!

    RépondreSupprimer
  3. J'aimais bien la description de María Teresa. Elle garde sa liberté, ses secrets pour aller en moto avec son petit-fils, elle sait quand les fleurs ont éclos. Que nous tous puissions garder notre esprit allègre. Merci pour les photos.

    RépondreSupprimer
  4. J'ai toujours eu l'impression en regardant les fleurs de cactus qu'une main experte était venue les planter là
    Tu confirmes que c'est naturel :-) bonne nouvelle, et puis le bruissement des abeilles en prime comme sur le mont Hymette cher aux dieux grecs

    RépondreSupprimer
  5. Hallucinant ! J'ai plaisir à imaginer ce manège nocturne de femmes autour de cactus phalliques (comme l'indique leur nom, me souffle un certain Arturo).

    RépondreSupprimer
  6. -Damien, belles de nuits, oui! ¿mañana? ok.

    -Coumarine, oui, elle est super María Teresa, si pleine d'allant! Merci de ta visite.

    -Ren, tu as raison, c'est une femme bien plus indépendante et entreprenante que nombre de jeunes que je connais....hélàs!

    -Dominique, tu me fais rire, des fleurs plantées là!!! Oui, la Grèce bourdonnait déjà...en tout cas c'est rassurant pour l'état de la campagne majorquine, pas trop de chimie.

    -Tania, hihihi, des phallus fleuris, une danse (rituelle?) féminine, cactusienne. Prends plaisir amie!!!

    RépondreSupprimer
  7. Entre Maria Teresa et ses belles de nuit je surprend comme une connivence, la joie et la beauté s'épanouissant envers et contre tout :-)
    Marcelle

    RépondreSupprimer
  8. Maria Térésa connaît peut-être le pouvoir hallucinogène de ces cactus, et n'a pas voulu te le dire...ce qui explique sa vitalité et sa jeunesse exceptionnelles!!!
    blague à part, les photos expriment bien la magie du moment...

    RépondreSupprimer
  9. -Marcelle, vous avez raison, cette dame vit vraiment avec ses plantes et fleurs, elle en est fière(et il y a de quoi!). Peut-être bien qu'elle leur parle aussi, qui sait, elle est si bavarde et gaie.

    - Oh, Sable! Faura que j'y retourne pour voir s'il manque quelques bouts de cactus...
    Un moment magique, tout à fait! Amitiés.

    RépondreSupprimer
  10. Ce sont des fleurs qui sont ouvertes le jour et la nuit, alors ? En tout cas, s'il n'y avait pas les photos, j'aurais du mal à y croire. Mais comme c'est beau ! Comme elle a bien fait, Maria Teresa de vous sortir du lit (?) ! Et les abeilles-fakirs...j'adore !

    RépondreSupprimer
  11. -Euterpe, elles s'ouvrent exclusivement la nuit, dès que le soleil apparaît, pfffuit, fermées!
    Être au lit à 22h30 est mission impossible ici, c'est l'heure du dessert...au miel-:)
    Bon weekend...à cheval?

    RépondreSupprimer
  12. ah !? cactus hallucinogènes ? ou cactus hallucination nocturne... magnifique !!! ces belles de nuit sont fascinantes....

    RépondreSupprimer
  13. Comment dit-on "peu être" à cette fleur qui se ferme à l'apparition solaire du mâle.
    (Sauf s'il rentre fin plein en pleine nuit.)

    RépondreSupprimer
  14. -Carole, mais oui, les missionnaires ont, paraÌt-il, tenté (en vain) d'éliminer l'usage de cette drogue (mescaline) de la vie des péruviens...tu vois que je me suis documentée! San Pedro, le brave saint Pierre, chemin direct vers le ciel.

    -Alex, ah, s'il rentre bourré in the middle of the night m'est avis qu'il se piquera.

    RépondreSupprimer
  15. Que maravilla ! Preciosas fotos !
    Instant de grâce ... cuando florece el desierto...

    un beso.

    RépondreSupprimer
  16. J'aime le récit de cette "aventure": cette "vieille" et tellement vivante Marie-Teresa qui sait que la nouvelle mérite le battement de tambour; la sortie dans la nuit pour assister à cette triomphante naissance de fleurs rares; le secret, le silence, l'excitation...

    La nuit du mescal...

    RépondreSupprimer
  17. -Kabotine, tu mensaje me ha hecho mucha ilusión y me imagino que, algún día, has visto estas flores en Sudamérica....¿no?
    Hasta pronto, un beso.

    -Edmée, oui, c'est excatement ça! Après avoir lu ton billet de la semaine, j'espérais que tu lirais le mien; nous volons en harmonie....si près et pourtant si loin! Amicalement.

    RépondreSupprimer
  18. Merveilleusement belles ces fleurs. Belle aventure!Bisous. Nadine

    RépondreSupprimer
  19. - Nadine, j'espère que quand tu viendras il y aura d'autres aventures...Je t'embrasse petite sœur.

    RépondreSupprimer
  20. Heureusement tu as pu capturer ces fleurs au hasard de tes talents de photographe aveugle; elles réconcilient avec les cactus dont les épines sont de trop comme celles de la vie: on s'en passerait mais il faut s'en accommoder. Je n'oublie pas qu'ils ont été l'arme ultime des paraguayens pendant la guerre du Chaco alors que les Boliviens ne savaient où trouver de l'eau! Aussi savoureuse que Maria teresa à qui on ne la fera pas!

    RépondreSupprimer
  21. -Delphine, s'accomoder des épines en savourant l'eau, le nez dans les fleurs. Douceurs...

    RépondreSupprimer
  22. soe eddie y estoy ensaniando a gioia com contestarte

    RépondreSupprimer
  23. Hola Eddie y Gioia, tutti funciona bien, sí, sí, bravo!
    Un beso, ciao.

    RépondreSupprimer