30 déc. 2017

Dans la malle / En el baúl


Hope box

Ce n'était pas si difficile- lui ai-je dit tandis que je buvais le café aqueux et chaud qu'on venait de me servir. -Il suffisait d'ouvrir la malle où je garde les souvenirs, les déguisements..., et de chausser ces lunettes en forme de cœur qu'un soir de réveillon quelqu'un a laissées pour que je les trouve. Et de ne plus jamais les ôter. 
 
Texte de D. Herrón, merci! (trad: Colo)

Tampoco era tan difícil- le dije mientras sorbía el café aguado y caliente que me acababa de servir. -Bastaba con abrir el baúl donde guardo los recuerdos, los disfraces..., y ponerme esas gafas en forma de corazón que una noche vieja alguien dejó para que yo encontrará. Y no quitármelas ya nunca más.

Texto de D. Herrón (¡muchas gracias!)


                                            
                                               



¡Feliz Año! Bonne année!


18 déc. 2017

Un lieu qui attend / Un lugar que espera




Une bibliothèque c'est des livres, et puis des humains sans lesquels elle n'aurait aucun sens.
Je me souviens, c'était bien avant Internet, de journées passées à consulter, à étudier dans celle de l’Université.

Aussi ai-je traduit, avec un immense plaisir et comme un cadeau pour votre Noël, ce poème qui, je pense, vous emportera ailleurs.

Una biblioteca son los libros, y los humanos sin los cuales ella no tendría sentido.
Me acuerdo, era mucho antes de Internet, haber pasado días consultando, estudiando, en la de la Universidad.

Así decidí traducir al francés y publicar, con mucho placer y como si fuera vuestro regalo de Navidad, este poema que, pienso, os llevará a otra parte.

 



La bibliothèque    Roberto Juarroz (Argentina 1925-1995)
(Extrait de "poesía vertical")

L’air y est différent.
Il est hérissé par un courant
Qui ne vient pas de ce texte-ci ou de celui-là,
Mais il les enlace tous
Comme un cercle magique.
Le silence y est différent.
Tout l’amour réuni, toute la peur réunie,
Toute la pensée réunie, presque toute la mort,
Presque toute la vie et de plus tout le rêve
Qui a pu se dégager de l’arbre de la nuit.
Et le son y est différent.
Il faut apprendre à l’entendre
Comme on entend une musique sans aucun instrument,
Quelque chose qui se glisse entre les feuilles,
Les images, l’écriture et le blanc.
Mais au-delà de la mémoire et des signes qui l’imitent,
Au-delà des fantasmes et des Anges qui copient la mémoire
Et estompent les contours du temps,
qui pourtant manque de dessin.

La bibliothèque est le lieu qui attend.
Peut-être est-ce l’attente de tous les hommes,
car les hommes aussi y sont différents.
Ou peut-être est-ce l’attente de ce que tout l’écrit
Soit écrit à nouveau,
Mais d’une certaine façon, dans un autre monde,
Par quelqu’un semblable aux hommes,
Quand les hommes n’existeront plus.
Ou peut-être est-ce seulement l’attente
Que tous les livres s’ouvrent soudain,
Comme une consigne métaphysique,
Pour que se fasse d’un coup la somme de toute la lecture,
Cette rencontre majeure qui peut-être sauvera l’homme.


Mais, surtout, la bibliothèque est une attente
Qui va au-delà des lettres,
Au-delà de l’abîme.
L’espoir concentré d’en finir avec l’attente,
D’être plus que l’attente,
D’être plus que les livres,
D’être plus que la mort.
(Trad:Colo)
Carl Spitzweg

La biblioteca

El aire es allí diferente.
Está erizado todo por una corriente
Que no viene de este o aquel texto,
Sino que los enlaza a todos
Como un círculo mágico.
El silencio es allí diferente.
Todo el amor reunido, todo el miedo reunido,
Todo el pensar reunido, casi toda la muerte,
Casi toda la vida y además todo el sueño
Que pudo despejarse del árbol de la noche.
Y el sonido es allí diferente.
Hay que aprender a oírlo
Como se oye una música sin ningún instrumento,
Algo que se desliza entre las hojas,
Las imágenes, la escritura y el blanco.
Pero más allá de la memoria y los signos que la imitan,
Más allá de  los fantasmas y los Ángeles que copian la memoria
Y desdibujan los contornos del tiempo,
Que además carece de dibujo,

La biblioteca es el lugar que espera.
Tal vez sea la espera de todos los hombres,
porque también los hombres son allí diferentes.
O tal vez sea la espera de que todo lo escrito
Vuelva nuevamente a escribirse,
Pero de alguna otra forma, en algún otro mundo,
Por alguien parecido a los hombres,
Cuando los hombres ya no existan.
O tal vez sea tan solo la espera
De que todos los libros se abran de repente,
Como una metafísica consigna,
Para que se haga de golpe la suma de toda la lectura,
Ese encuentro mayor que quizá salve al hombre.

Pero, sobre todo, la biblioteca es una espera
Que va más allá de letra,
Más allá del abismo.
La espera concentrada de acabar con la espera,
De ser más que la espera,
De ser más que los libros,
De ser más que la muerte.
                                                         Juarroz,  Roberto.











12 déc. 2017

Musique et bois sacré / Música y bosque sagrado



Nous parlions d’animisme à la fin du dernier billet.
Hablaba de animismo al final de la entrada anterior.
Lors d’une balade, toujours dans le sud du Sénégal, cette affiche :
Durante un paseo, en el sur de Senegal, este cartel :

Photo Colo 2017, près de Cap Skirring


Un bois sacré...cela me rappelle un poème extrait du recueil de « poésie noire », Karanta, de Mbay Usmaan.

Un bosque sagrado, esto me recuerda un poema extracto de un libro de “poesía negra”, Karanta, de Mbay Usmaan


Descendant des ces collines arides
Je voudrais m’asseoir un instant
Et sentir dans le creux de mes cuisses
Le galbe prodigieux de la « Kora »
Dont le lourd sortilège des arpèges
Envahit mon corps
Et me transporte si loin
Aux airs de « touroubang » et « soutoukoum »
Dans une inaltérable célébration du gabou
Sublimes instants de vies harmonieuses
D’où surgissent des puissances
qui convergent vers l’imposant bois sacré
Ceint de panaches de fumée
Et d’explosions entrecoupées
De rythmes pulsatiles du « bombolong »
(…)
L’orgie de bruits et de sons
Amplifie le tumulte
Dans les poitrines juvéniles
Mais ce soir elles retrouveront la quiétude
Dans le sommeil avec l’esprit des ancêtres.
(...)

http://africanholocaust.net/music-in-african-religions/




Bajando de esas colinas áridas
Quisiera sentarme un instante
Y sentir en el hueco de mis muslos
El moldeado prodigioso de la “Kora”
Cuyo fuerte sortilegio de los arpegio
Invade mi cuerpo
Y me trasporta tan lejos
Con aires de “touroubang” y “soutoukoum”
En un inalterable celebración del gabou
Sublimes instantes de vidas harmoniosas
De donde surgen potencias
Que convergen hacia el imponente bosque sagrado
Ceñido de bocanadas de humo
Y de explosiones entrecortadas
De ritmos pulsativos del “bombolong”
(…)
La orgía de ruidos y sonidos
Amplifica el tumulto
En los pechos juveniles
Pero esta noche encontrarán la quietud
En el sueño con el espíritu de los ancestros.
(…)
(Trad: Colo)

Extrait de: Karanta (Poésie Noire) Mbay Usmaan, section: Sénégal


(Note: Un aimable lecteur de ce blog m'a signalé que ses commentaires ne passent pas, et  jamais.

Après recherches et consultations diverses, il semble que si vous passez par G+ les commentaires n'arrivent pas. Si vous employez G+ il vous faut cliquer soit sur Nom-Url ou sur Anonyme et y laisser votre nom si vous le souhaitez.

Je pourrais faire passer mon blog à G+, mais alors tous ceux d'entre vous qui n'ont pas d'adresse gmail seraient exclus. Je garde donc la forme actuelle.
Désolée pour ceux qui ont essayé et nada.)

6 déc. 2017

Sourires et images


C’était à la frontière avec la Guinée Bissau, tout au sud du Sénégal. Nous sommes restés une semaine dans ce petit village.

Ce n’était pas vraiment un endroit touristique (à part un club Med. dont les clients ne sortent pas ou peu) mais il y a de nombreux résidents européens, retraités, qui y passent la saison sèche. Principalement des français et des belges.

Il y avait le doux Adama, avec son magasin savamment installé sur son vélo. Il était fier Adama car lors de la course cycliste il était“le troisième africain”. “Les français étaient forts” disait-il, moi je pense qu’ils avaient de meilleurs vélos…


Il y avait la souriante Mané qui m’a enseigné à préparer un poulet yassa, délicieux. Les cubes de bouillon Jumbo sont omniprésents dans leur cuisine.

Il y avait Moudou qui, à 7h30, passait, bonnet de laine et veste à longues manches. Il faisait 23º. “Vous avez froid Moudou?” “Oui, il fait froid”.

Et tant d’autres qui semblaient si contents qu’on parle avec eux (ils disent que certains européens les ignorent...relents de colonialisme). Les pêcheurs et les ramasseurs de coquillages vides (ils les vendent pour faire du coquillé, un mélange de morceau de coquillages et de ciment).



Les plages, immenses, étaient vides d’humains, seuls des chiens puis des vaches. 
 
 


Et la poésie me direz-vous? Elle est partout: les sourires et la lumière jaunâtre à l’aube, rosâtre le soir, cet arbre qui semble porter une jupe, des coquillages sur la plage qui semblent être des papillons…




C’était la première fois que je sortais de l’Europe. Ce voyage m’a énormément intéressée, bouleversée aussi.

Dans le prochain billet, un poème et un bois sacré...l’animisme est très présent là-bas.

Lo siento amigos españoles, tuve pereza esta vez de traducirlo al español. Pero tenéis las fotos...

20 nov. 2017

Pause


Nous partons dans quelques jours rendre visite à un vieil ami, dans le sud du Sénégal.
Je sais que j'y trouverai la poésie d'un français bien à eux, la poésie de leurs sourires, celle des paysages mais pas seulement.

On se retrouvera ici début décembre avec, j'espère, une belle récolte à partager avec vous.
Entre-temps, soyez sages...:-)

Nos vamos para hacerle una visita a un viejo amigo, en el sur de Senegal.
Sé que encontraré allí la poesía de un francés muy suyo, la poesía de sus sonrisas, la del los paisajes, pero no solamente.

Nos volveremos a encontrar aquí a principios de diciembre con, espero, una bonita cosecha para compartir con vosotros.
Mientras tanto, sed buenos...:-)

Pour se mettre dans l'ambiance, cette musique sénégalaise que j'écoute en boucle depuis ce matin.

14 nov. 2017

Savoir nommer / Saber nombrar


Nous revenons une fois encore à Alejandra Pizarnik.
Volvemos una vez más a Alejandra Pizarnik.

 
elle se dénude dans le paradis
de sa mémoire
elle ignore le féroce destin
de ses visions
elle a peur de ne savoir nommer
ce qui n'existe pas
(Trad: Colo)

ella se desnuda en el paraíso
de su memoria
ella desconoce el feroz destino
de sus visiones
ella tiene miedo de no saber nombrar
lo que no existe

expliquer avec des mots de ce monde
que de moi sortit un bateau qui m'emporta

(trad:Colo)

explicar con palabras de este mundo
que partió de mí un barco llevándome



Je lisais et traduisais ces courts poèmes quand je me suis demandé si cette difficulté à nommer l’avait poussée à s’exprimer aussi d’une autre façon qu’avec des mots. Et j’ai trouvé ça:
Leía y traducía esos cortos poemas cuando me pregunté si esa dificultad en nombrar le había empujado a expresarse también de otra forma que con palabras. Y encontré esto:

Seul le fragile reste

La cage est devenue oiseau et s'est envolée



Je demande le silence * (détail)

Ce voyage fut une erreur *










6 nov. 2017

Chauds ou froids, frissons / Cálidos o fríos, escalofríos

Derrière ma fenêtre fermée (Colo)


Les premiers froids sont arrivés, soudain. Brrr. Avant-hier on déjeunait encore sur la terrasse.
 Deux courts poèmes du majorquin Antonio Rigo ( Palma de Mallorca 1957)



Le silence de la montagne
brisé par le son
de l'herbe qui germe,
le bruit de la ville
écrasé par le silence
de la feuille qui croît.

(Trad: Colo)
El silencio de la montaña
roto por el sonido
de la hierba que brota,
el ruido de la ciudad
aplastado por el silencio
de la hoja que crece.


En amour et
en poésie
l'important
est de garder
au chaud le
frisson.

En el amor y
la poesía
lo importante
es mantener
caliente el
escalofrío.


Antonio Rigo
Extrait /Extracto de:
Albúm blanco


1 nov. 2017

Je me souviens de toi..../ Te recuerdo....


Pablo Neruda


Je me souviens de toi telle que tu étais en ce dernier automne:
un simple béret gris, le cœur en paix.
Dans tes yeux combattaient les feux du crépuscule.
Et les feuilles tombaient sur les eaux de ton âme.

Enroulée à mes bras comme un volubilis,
les feuilles recueillaient ta voix lente et paisible.
Bûcher de stupeur où ma soif brûlait.
Douce jacinthe bleue tordue sur mon âme.

Je sens voyager tes yeux et l'automne est distant:
béret gris, cris d'oiseau, cœur où l'on est chez soi
et vers eux émigraient mes désirs si profonds
et tombaient mes baisers, joyeux comme des braises.

Ciel vu d'un bateau. Champs vus des collines:
lumière, étang de paix, fumée, ton souvenir.
Au-delà de tes yeux brûlaient les crépuscules.
Sur ton âme tournaient les feuilles de l'automne.

(Traduction trouvée sur la Toile, sans nom d’auteur, un peu modifiée par moi)
 
Photo Colo, prise près de chez moi


Te recuerdo como eras en el último otoño.
Eras la boina gris y el corazón en calma.
En tus ojos peleaban las llamas del crepúsculo.
Y las hojas caían en el agua de tu alma.

Apegada a mis brazos como una enredadera,
las hojas recogían tu voz lenta y en calma.
Hoguera de estupor en que mi sed ardía.
Dulce jacinto azul torcido sobre mi alma.

Siento viajar tus ojos y es distante el otoño:
boina gris, voz de pájaro y corazón de casa
hacia donde emigraban mis profundos anhelos
y caían mis besos alegres como brasas.

Cielo desde un navío. Campo desde los cerros.
Tu recuerdo es de luz, de humo, de estanque en calma!
Más allá de tus ojos ardían los crepúsculos.
Hojas secas de otoño giraban en tu alma.


26 oct. 2017

Avec acharnement / Con ensañamiento




Un conte court de Ramón Gómez de la Serna (Espagne, 1888-1963). 
 
Le docteur Alejo mourut assassiné. Indubitablement, il mourut étranglé.
Personne n’était entré dans la maison, indubitablement personne, et bien que le docteur dormait, avec, par hygiène, la porte du balcon ouverte, son appartement était si haut qu’on ne pouvait supposer que l’assassin était entré par là.

La police ne trouvait pas la piste de ce crime et était sur le point d’abandonner l’affaire quand l’épouse et la servante du mort arrivèrent, épouvantées, à la Préfecture. 
D’un saut du haut de l’armoire elle était tombée sur la table, les avait regardées, les avait vues, et s’était enfuie ensuite dans la chambre; une main solitaire et vive comme une araignée. Elles l’avaient laissée là, enfermée à clé dans la chambre.

La police et le juge, terrorisés, se rendirent sur place. C’était leur devoir. Ils eurent bien du mal à attraper la main, mais ils le firent et chacun lui attrapa un doigt, car elle était vigoureuse comme si en elle résidait toute la force d’un homme fort.

Que faire d’elle? Quelle lumière apporterait-elle sur l’événement? Comment la condamner? À qui appartenait cette main?

Après une longue pause, le juge eut l’idée de lui donner un stylo pour qu’elle déclare par écrit.
La main écrivit alors:” Je suis la main de Ramiro Ruiz, vilement assassiné par le docteur à l’hôpital et dépecé avec acharnement dans la salle de dissection. J’ai rendu justice”.
(Trad: Colo)

Le titre de ce conte est...La Main
 
Study of feet and hands, 1818 Théodore de Géricault

Un cuento breve de Ramón Gómez de la Serna (España, 1888-1963)

El doctor Alejo murió asesinado. Indudablemente murió estrangulado.
Nadie había entrado en la casa, indudablemente nadie, y aunque el doctor dormía, por higiene, con el balcón abierto, era tan alto su piso que no era de suponer que por allí hubiese entrado el asesino.
La policía no encontraba la pista de aquel crimen, y ya iba a abandonar el asunto, cuando la esposa y la criada del muerto acudieron despavoridas a la Jefatura. Saltando de lo alto de un armario había caído sobre la mesa, las había mirado, las había visto, y después había huido por la habitación, una mano solitaria y viva como una araña. Allí la habían dejado encerrada con llave en el cuarto.
Llena de terror, acudió la policía y el juez. Era su deber. Trabajo les costó cazar la mano, pero la cazaron y todos le agarraron un dedo, porque era vigorosa corno si en ella radicase junta toda la fuerza de un hombre fuerte.

 ¿Qué hacer con ella? ¿Qué luz iba a arrojar sobre el suceso? ¿Cómo sentenciarla? ¿De quién era aquella mano?
Después de una larga pausa, al juez se le ocurrió darle la pluma para que declarase por escrito. La mano entonces escribió: «Soy la mano de Ramiro Ruiz, asesinado vilmente por el doctor en el hospital y destrozado con ensañamiento en la sala de disección. He hecho justicia».

El título de este cuento es...LA MANO

18 oct. 2017

En haute mer / En alta mar

Aujourd'hui un poème de Lorca, qu'ajouter?

Hoy un poema de García Lorca, ¿qué puedo añadir?




Gazelle de la mort obscure
F. García Lorca


Je veux dormir du sommeil des pommes,
et m’éloigner du tumulte des cimetières.
Je veux dormir le sommeil de cet enfant
qui voulait s’arracher le cœur en haute
mer. 

Je ne veux pas que l’on me répète
que les morts ne perdent pas de sang ;
que la bouche pourrie
demande encore de l’eau.
Je ne veux rien savoir des martyres que donne l’herbe,
ni de la lune à la bouche de serpent
qui travaille avant l’aube.

Je veux dormir un instant,
un instant, une minute, un siècle ;
mais que tous sachent bien que je ne suis pas mort;
qu’il y a sur mes lèvres une étable d’or ;
que je suis le petit ami du vent d’Ouest ;
que je suis l’ombre immense de mes larmes.


Couvre-moi d’un voile à l’aurore
car elle me lancera des poignées de fourmis,
et mouille d’eau dure mes souliers
afin que glisse la pince de son scorpion.


Car je veux dormir du sommeil des pommes
pour apprendre un pleur
qui me nettoie de la terre;
car je veux vivre avec cet enfant sombre
qui voulait s’arracher le cœur en haute
mer. 
(Traduction inspirée par celle de N.Ny, mise à son goût par Colo)

http://toutmontreal.tripod.com/pommes.htm

Gacela de la muerte oscura

Quiero dormir el sueño de las manzanas,
alejarme del tumulto de los cementerios.
Quiero dormir el sueño de aquel niño
que quería cortarse el corazón en alta mar.


No quiero que me repitan
que los muertos no pierden la sangre;
que la boca podrida sigue pidiendo agua.


No quiero enterarme
de los martirios que da la hierba,
ni de la luna con boca de serpiente
que trabaja antes del amanecer.


Quiero dormir un rato,
un rato, un minuto, un siglo;
pero que todos sepan que no he muerto;
que hay un establo de oro en mis labios;
que soy el pequeño amigo del viento Oeste;
que soy la sombra inmensa de mis lágrimas.


Cúbreme por la aurora con un velo,
porque me arrojará puñados de hormigas,
y moja con agua dura mis zapatos
para que resbale la pinza de su alacrán.


Porque quiero dormir el sueño de las manzanas
para aprender un llanto que me limpie de tierra;
porque quiero vivir con aquel niño oscuro
que quería cortarse el corazón en alta mar.
Federico García Lorca
De: “Diván del Tamarit” – 1936