Extraits de “Une enfance vierviétoise” (clic) Edmée de Xhavée
Extractos de una
novela de Edmée de Xhavée (no traducida al español), escritora belga, donde habla de su
infancia en la ciudad belga de Verviers.
"Le mercredi après-midi, ma mère nous
emmenait au cinéma.
C'était le summum dans l'échelle des
plaisirs du côté de sa famille.
(…) ..elle avait sa collection d'autographes et parfois nous pouvions la regarder ensemble, religieusement. J'aimais particulièrement les photos de Jean Marais, oh combien enjolivées d'une longue et élégante dédicace personnelle où il l'appelait par son prénom et lui demandait des nouvelles de son chien! De là à le considérer comme un oncle lointain, il n'y avait qu'un pas!
(…) ..elle avait sa collection d'autographes et parfois nous pouvions la regarder ensemble, religieusement. J'aimais particulièrement les photos de Jean Marais, oh combien enjolivées d'une longue et élégante dédicace personnelle où il l'appelait par son prénom et lui demandait des nouvelles de son chien! De là à le considérer comme un oncle lointain, il n'y avait qu'un pas!
(…)
El miércoles por
la tarde, mi madre nos llevaba al cine.
Era el súmmum en
la escala de los placeres en su familia.
(…) ...ella
tenía una serie de autógrafos y a veces podíamos mirarla juntos,
religiosamente. Me gustaban en particular las fotos de Jean Marais,
tan embellecidas por una larga y elegante dedicatoria personal donde
le llamaba por su nombre y le preguntaba por su perro! De ahí a
considerarle como un tío lejano, sólo había un paso!
Ma mère était disciplinée et
implacable pour certaines choses, comme l'heure des repas, le fait
qu'on n'ouvrait pas la porte ni ne répondait au téléphone pendant
cette heure inviolable, etc...Mais elle s'abandonnait volontiers à
une tranquille anarchie pour d'autres aspects de la vie. C'est ainsi
que le départ pour le cinéma était un moment flottant dans le
temps. L'horaire exact de ce départ était...quand elle était
prête. (…)
Mi madre era
disciplinada e implacable para ciertas cosas, como la hora de las
comidas, la interdicción de abrir la puerta o contestar al teléfono
durante esa hora inviolable, etc...Pero se abandonaba fácilmente a
una anarquía tranquila en otros aspectos de su vida. Así la hora de
salida para ir al cine era un momento flotante en el tiempo. El
horario exacto de esa salida era...cuando ella estaba lista. (…)
Verviers, rue du Collège |
(Note
de Colo / Nota: “L' anarchie horaire”
de sa mère faisait qu'ils arrivaient souvent au milieu, ou aux trois
quarts du film. Ils regardaient donc les annonces, les nouvelles,
bref y restaient jusqu'à ce qu'ils aient vu le film en entier, avec
des pauses, des entractes / La “anarquía horaria” de su
madre tenía como consecuencia que a menudo llegaban en medio, o a
tres cuartos de la película: Miraban pues los anuncios, las
noticias, y se quedaban hasta haber visto las peli entera, con
pausas, entreactos)
Enfin le grand film commençait. Jamais
nous n'avons été déçus. Ma mère, qui avait aimé le cinéma bien
avant nous, nous avait exercé l’œil aux trucages. Nous étions
fiers de reconnaître les découpages, décors, mannequins, faux
indiens (“Des Américains avec des fausses dents”,
expliquait-elle). Nous savions que Tarzan ne se battait pas avec un
vrai lion, mais plutôt avec “une peau de lion descente de lit”.
Que Samson retenait un mur de carton-pâte. Que Doris Day faisait
semblant de conduire – et c'était tant mieux car elle n'arrêtait
pas de parler et ne regardait pas la route bien qu'elle tourne son
volant de gauche à droite avec un rythme de métronome. (…)
Al fin la gran
película empezaba. Nunca estuvimos decepcionados. Mi madre, a la que
le había gustado el cine mucho antes que a nosotros, nos había
acostumbrado a ver los trucajes. Estábamos orgullosos de reconocer
el guión técnico, el decorado, los maniquíes, los falsos indios
(“Unos Americanos con dientes postizos” explicaba ella). Sabíamos
que Tarzán no luchaba en duelo con un león de verdad, sino con “una
piel de león alfombra”. Que Sansón aguantaba una pared de cartón
piedra. Que Doris Day mimaba conducir – y era mejor así ya que no
paraba de hablar y no miraba la carretera aunque daba volantazos a
diestra y siniestra con el ritmo de un metrónomo. (...)
La fin du grand film nous amenait ainsi
à un nouvel entracte, plus court – occasion d'analyser le film et
de comparer nos subtilités quant à la meilleure interprétation –
et le début de complément de choix, avec le mourant de la fin en
pleine santé. Le coupable encore nimbé d'innocence, la future jeune
épousée en train de jouer à la marelle. Qu'importait. Nous étions
contents de savoir, déjà, à quoi nous en tenir à leur sujet! Et
nous espérions que ma mère ne se souviendrait plus exactement du
moment auquel nous étions entrés. Mais c'était peine perdue et sa
rigueur incorruptible nous rappelait à la réalité: elle remettait
ses lunettes dans leur étui qui faisait un petit clac oh combien
fatal, chuchotait: “C'est ici qu'on était”, et nous nous en
allions.
El final de la
gran película nos llevaba a un nuevo entreacto, más corto –
ocasión de analizar la película y de comparar nuestras sutilezas en
cuanto a la mejor interpretación – y el principio del complemento
de excepción, con el moribundo del final en plena salud. El culpable
todavía aureolado de inocencia, la futura joven novia jugando a
rayuela. No importaba. Estábamos contentos de saber, ya, lo qué
había que pensar de ellos! Y esperábamos que mi madre no se
acordara exactamente del momento en el cual habíamos entrado. Pero
era en vano y su rigor incorruptible nos devolvía a la realidad:
colocaba sus gafas en el estuche, lo cerraba con un pequeño clac
fatal, y susurraba: “Es aquí donde empezamos”, y nos
marchábamos."
Son blog: https://edmeedexhavee.wordpress.com/
Merci Edmée!