Selon l’endroit où l'on habite, l’été a des couleurs et saveurs différentes.
Les méditerranéens se retrouveront sans doute dans ce poème sensuel, à déguster
lentement.
Vieux figuier
ÉTÉ
Paco Morata
c’était juillet
nous mangions
les fleurs minuscules de l’olivier
la peau jaunâtre des amandes pas mûres
le chant plus ample que le paysage des cigales
l’odeur d’abricots sur le point de pourrir
le nectar des fruits que dégustaient
gratuitement nos lèvres
pareilles aux bouches des dieux.
(...)
c’était la sieste
été
nous protégeait
un abri de figuiers tordus qui accueillait
un bourdonnement d’insectes
la rumeur du ruisseau
la vie silencieuse
de ficus aspidistra et géraniums
tu dépliais ton corps
comme la solitude étire l’infini
la magnitude du jour
la main tendue
aimée et vulnérable
jusqu’à effleurer les vagues
la mouiller dans les marées
et t’amener à la bouche les lèvres de la mer
imbiber du sel de la mer les mots
incline-toi
et aime
Trad: Colo
VERANO
era julio
comíamos
las flores diminutas del olivo
la piel amarillenta de almendras inmaduras
el canto más extenso que el paisaje de cigarras
el olor de albaricoques a punto de pudrirse
el néctar de los frutos que libaban
gratis nuestros labios
iguales a las bocas de los dioses
(...)
era
siesta
verano
nos guardaba
un palio retorcido de higueras que acogía
un zumbido de insectos
el rumor de la acequia
la vida silenciosa
de ficus aspidistras y geranios
extendías tu cuerpo
como la soledad estira al infinito
la magnitud del día
alargada la mano
armada y vulnerable
hasta rozar las olas
mojarla en las mareas
y traerte los labios del mar hasta la boca
empapar del sabor de la sal las palabras
(...)inclínate
y ama
(Del libro Sobre mi, culpable)