30 août 2025

Tous les contes / Todos los cuentos

 

Je connais tous les contes


León Felipe (poète espagnol mort en 1968 à Mexico, je vous en

 parlerai dans le prochain billet))


Je ne sais pas beaucoup de choses, c'est vrai.

Je ne dis que ce que j'ai vu.

Et j'ai vu:

que le berceau de l'homme se berce avec des contes,

que les cris d'angoisse de l'homme se noient avec des contes,

que le pleur de l'homme se colmate avec des contes,

que les os de l'homme s'enterrent avec des contes,

et que la peur de l'homme...

a inventé tous les contes.

Je ne sais pas beaucoup de choses, c'est vrai,

mais on m'a endormi avec tous les contes...

et je connais tous les contes.

 (Trad: Colo)

 



Leonora Carrington, peintre surréaliste anglo-mexicaine 1917-2011


Sé todos los cuentos

León Felipe


Yo no sé muchas cosas, es verdad.
Digo tan sólo lo que he visto.
Y he visto:
que la cuna del hombre la mecen con cuentos,
que los gritos de angustia del hombre los ahogan con cuentos,
que el llanto del hombre lo taponan con cuentos,
que los huesos del hombre los entierran con cuentos,
y que el miedo del hombre...
ha inventado todos los cuentos.
Yo no sé muchas cosas, es verdad,
pero me han dormido con todos los cuentos...
y sé todos los cuentos.

21 août 2025

Mer ou rivière ? Mar o río ?

 

Mer de joie, Magda Portal

 

Je suis une mer car je n’aurais pas été rivière.

Une mer sans lit

de joies vertes

et profondes solitudes.

Une mer englobant

la Vie et la Mort

d’où partent et où confluent

toutes les forces de la Vie.

 

Je suis une mer comme cette mer calme

que voient mes yeux

et que ceint la Terre

de son grandiose baiser blanc. 

 




 

Je suis une Mer

pupilles du crépuscule

et voix d’aurore

comme cette mer bleue

que j’ai éveillée à mon premier voyage.

Cette mer, aux bras ouverts,

de la jeunesse éternelle

où se pose mon Espoir

mouette blanche

aux pupilles rose.

 

Je suis une Mer

genèse de la vie.

(Trad: Colo)

 

 

 

MAR DE ALEGRIA, Magda Portal

Yo soy un mar porque no hubiera sido un río
Un mar sin cauces
de verdes alegrías
y de profundas soledades.
Un mar abarcador
de la Vida y la Muerte
del que parten y al que confluyen
todas las fuerzas de la Vida.

Yo soy un mar como ese mar en calma
que ven mis ojos
y que ciñe la Tierra
con su soberbio beso blanco.

 Yo soy un Mar
pupilas de crepúsculo
y voz de aurora
Como ese mar azul
al que yo desperté en mi primer viaje
Aquel mar de los brazos abiertos
de la perenne juventud
Donde se posa mi Esperanza
gaviota blanca
con las pupilas rosas.

Yo soy un Mar
génesis de la vida.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

13 août 2025

La paresse / La pereza

 Voici la paresse vue sous un autre angle...une paresse active.

 




La Paresse

Augusto Ferrán 1870


Il est une paresse active

qui, tandis qu’elle dort, pense,

qui se tait car elle se couche,

qui dort mais qui rêve.


Elle est comme un léger reflet

de la majesté suprême,

qui, éternellement tranquille,

sur l’univers règne.


Oh asile de la pensée

errante, douce paresse;

mille fois heureux l’homme

qui jouit de toi sur terre!


(Trad: Colo)

 

 

 

La pereza

Augusto Ferrán1870


Hay una pereza activa

que mientras descansa piensa,

que calla porque se vence,

que duerme pero que sueña.


Es como un leve reflejo

de la majestad suprema,

que eternamente tranquila,

sobre el universo reina.


¡Oh asilo del pensamiento

errante, dulce pereza;

mil veces feliz el hombre

que de ti goza en la tierra.

 

 

10 août 2025

Dans nos sacs à main / En nuestras bolsas

 

Après le repassage, voici un autre poème du quotidien: les sacs à main.

C’est fou la variété de choses qu’on peut y trouver, entre souvenirs, pharmacies entières, différentes cartes, photos etc, parfois des objets insolites.

Ici, cette poétesse Mexicaine, peu connue, en fait un inventaire...poétique.

 

 




Dans mon sac


Yolanda Barry


 Je porte dans mon sac

une poignée d’illusions,

mil baisers gardés,

des désirs opprimés.


Je porte dans mon sac

des billets d’espoirs,

des monnaies qui me permettent

de payer mes plus chers désirs

 

Je porte dans mon sac

des petites boîtes de bombons

qui servent à adoucir

mes tristesses et mes peines

(...)

Je porte dans mon sac

le stricte nécessaire

ni bijoux ni richesses

seule une part de mon désir

 

Je ne veux ni argent,

ni grands crédits,

seulement la liberté

pour parcourir les cieux. 

 


 


(Trad: Colo)

En mi bolsa

Llevo en mi bolsa

puñado de ilusiones,

miles de besos guardados,

deseos oprimidos.



Llevo en mi bolsa

billetes de esperanzas,

monedas que me permitan

pagar mis más caros anhelos.



Llevo en mi bolsa

cajitas de caramelos

que sirvan para endulzar

mis tristezas y mis penas.

 (…)

Llevo en mi bolso

lo necesario, lo que necesito,

no necesito joyas ni riquezas,

solo un trozo de mi anhelo.



No quiero dinero,

ni grandes crédito,

solo quiero libertad

para recorrer los cielos.

YOLANDA BARRY.


2 août 2025

Poésie domestique / Poesía doméstica

 Un dimanche je reçois ce message d'une amie: “Je termine mon repassage sur la terrasse, j'ai failli m'envoler!”

Moi aussi j'avais prévu de repasser, après ma sieste, mais dans la salle de bains, l'endroit le plus frais de la maison. En écoutant la radio.
Certain(e)s regardent la TV, d'autres mettent de la musique en réalisant cette tâche domestique, parfois longue, toujours précise.
Un soir, en parcourant des blogs je suis tombée sur ce poème amusant que je vous ai traduit.


Picasso

 


Poésie domestique

Par quel obscur caprice du destin
par quelle facétie perverse du hasard
par quelle conspiration cruelle et insoupçonnable
par quel dessein d'un sombre pouvoir...

Si je m'y efforce
et m'organise, et me programme
et fais tout mon possible,
épuise la vitesse...

Mais si le divin et le terrestre
complotent
et bien que j'aie écrit ceci un lundi
je continue à me demander pourquoi
je finis toujours par repasser les dimanches!

Trad: Colo