Il est des poèmes tellement tarabiscotés, travaillés, que le sens nous échappe encore après plusieurs lectures.
Le poème, très simple, d’aujourd’hui, incite, au contraire, à regarder derrière les mots...
Hay poemas, escritos tan elaborados que su sentido nos escapa todavía después de varias lecturas.
El poema, muy simple, de hoy, incita, al contrario, a mirar detrás de las palabras...
Le filtre transparent
Circé Maia (Uruguay, Montevideo 1932)
Le mieux serait de ne pas trop penser
à eux, les mots. Ils viennent
ainsi ou autrement et ce n’est pas si important.
Verres, ce sont des fenêtres qu’il faudrait nettoyer
avec soin. Ne pas les peindre
- que verrais-tu derrière?- ni les décorer.
À force de regarder la décoration à la fenêtre
tu n’as pas regardé dehors.
Le moindre coup d’œil
aurait pourtant suffi
pour voir la lumière de l’autre côté.
Oui, cette lumière du dehors
sur un visage qui passe.
Trad: Colo
Merci Dominique, j'ajoute ce magnifique poème de Armen Lubin
Armen Lubin: SANS RIEN AUTOUR
N’ayant plus de maison ni logis,Plus de chambre où me mettre,
Je me suis fabriqué une fenêtre
Sans rien autour.
Fenêtre encadrant la matière
Par le tracé de son contour,
Elle s’ouvre comme la paupière,
Se ferme sans rien autour.
Se sont dépouillées les vieilles amours,
Mais la fenêtre dépourvue de glace
Gagne les hauteurs, elle se déplace,
Avec son cadre étonnant,
Qui n’est ni chair ni bois blanc,
Mais qui conserve la forme exacte
D’un oeil parcourant sans ciller
L’espace soumis, le temps rayé.
Et je reste suspendu au cadre qui file,
J’en suis la larme la plus inutile
Dans la nuit fermée, dans le petit jour,
Ils s’ouvrent à moi sans rien autour.
EL MEDIO TRANSPARENTE Circé Maia (Uruguay, Montevideo 1932)
Lo
mejor sería no pensar demasiado
en ellas, las palabras. Ellas
vienen
así o de otro modo y no es tan importante.
Vidrios,
ventanas son y habría que limpiarlas
con cuidado, por eso. No
pintarlas
–¿qué verías detrás?– y no adornarlas.
Por
mirar el adorno en la ventana
no miraste hacia afuera.
El
más breve vistazo
hubiera sido al menos suficiente
para
mirar la luz del otro lado.
Sí, esa luz de afuera
sobre un
rostro que pasa.
Je partage entièrement ton avis sur les poèmes et je ne sais pourquoi ce que tu dis me fait penser au "Pélican" de Musset.
RépondreSupprimerLa semaine dernière une amie professeur d'université d'espagnol et catalan et moi avons passé plus de 30 minutes à comprendre, en le décortiquant, un poème d'un jeune majorquin qui vient de recevoir un prix.
RépondreSupprimerComment faire aimer la poésie, la divulguer s'il faut être spécialiste???
Ah, j'aime ce poème tout simple : surprise par son début - ne pas trop penser aux mots, ça se discute - et puis emportée par la vision : fenêtre, lumière, rencontre... Et je comprends le début autrement : ne pas trop laisser le regard s'arrêter sur l'avant-plan.
RépondreSupprimerUn jour, un peintre m'a dit : un tableau doit être une fenêtre et non un mur. Merci, Colo.
Ça se discute en effet, ces mêmes mots, leur agencement, permettent justement cette ouverture- ou pas.
SupprimerTout comme un tableau, un poème doit, pour moi aussi, être une fenêtre. Merci Tania
quand je lis le poème et vos commentaires je repense à ma découverte de la poésie, j'avais appris enfant des poèmes comme punition et je les avais aimé mais le jour où j'ai entendu pour la première fois les Voyelles de Rimbaud je me souviens encore du choc éprouvé, je tournais les vers sans rien y comprendre et pourtant j'étais incapable de me sortir de ce texte que j'ai appris immédiatement pour pouvoir le redire à l'infini j'avais 12 ans
RépondreSupprimerPuis j'ai eu la chance d'avoir 2 profs de français qui m'ont initié à la poésie de la plus belle des façons et vraiment je leur en sait gré car depuis la poésie les mots sont pour moi une porte vers la beauté l'imaginaire, la paix et le réconfort
un poème ça ne s'explique pas ça se dit à voix haute
La musique des poèmes est essentielle, le rythme oui, mais il y a quand même des poèmes dits cultes où on ne pige absolument rien et ça me dérange quand je les lis/traduis à voix haute...
SupprimerMerci!
En relisant le poème j'ai pensé à Armen Lubin et son poèmes les Fenêtres
RépondreSupprimerN’ayant plus de maison ni logis,
Plus de chambre où me mettre,
Je me suis fabriqué une fenêtre
Sans rien autour.
Fenêtre encadrant la matière
Par le tracé de son contour,
Elle s’ouvre comme la paupière,
Se ferme sans rien autour.
Magnifique, je l'ai intégré dans le billet, mille mercis
Supprimer...regarder la lune et non le doigt qui la montre quoi !!
RépondreSupprimeret je songe à Prévert, déc'ouvert quand j'étais petite... des mots que je comprenais et qui, pourtant, disaient l'en-dedans si secret...
je vous écris près de la fenêtre : un geai vous/nous salue... et je me réjouis quand l'écran aussi, ici ouvre la vue... grâce à vous et, MERCI
sourire et soleil des terres boulonnaises
Merci au geai et à vous! Ces échanges sont une ouverture si riche. Derrière ma fenêtre ouverte, un énorme avocatier chargé de fruits et une nuée de moineaux qui vous saluent.
SupprimerJ'ai recherché, "boulonnaise", on m'a mise d'abord à dos de cheval:-)) puis une carte m'a renseignée, au nord nord, belles terres, belle côte.
Buena semana, soleil pour vous aussi.
Ah formidable le poème ajouté par Dominique ! élargir son regard et ne pas se focaliser sur un point qui dissimule le reste .. "Une fenêtre qui s'ouvre comme une paupière", j'ai du mal avec l'image, ce poème là, il faudrait que j'y revienne.
RépondreSupprimerBonjour Aifelle, les poèmes il faut souvent les relire plusieurs fois, la concentration des mots, des idées les rendent parfois un peu opaques...
SupprimerChacun interprète un poème comme il sent, comme il veut, suivant ce que la vie de chacun lui laisse comme résonnance au texte. Bon week end et merci pour les découvertes. Bises.
RépondreSupprimerBien d'accord, mais ici on parle de ceux où, je crois, même le poète n'y comprend rien:-))) Bonne semaine Élisabeth
SupprimerLumière sur un visage qui passe...Toute œuvre d'art est une fenêtre ouverte sur un monde. Merci Colo, un beso !
RépondreSupprimerAvec plaisir Claudie, à bientôt, un beso
SupprimerTrès joli reportage photo d'une ville que je ne connais que de nom. ça fait un peu loin pr moi, alors, je voyage à travers ton objectif. Bisous
RépondreSupprimerMerci!
SupprimerUn coup de cœur pour ces deux poèmes... "Laissez venir les mots inachevés
RépondreSupprimerQui errent sur des pages assoupies
Laissez venir ces larmes asséchées
Dans le fol écho d’une poésie
Laissez venir cette voix qui m’attire
Sur un poème blotti dans le cœur
Laissez venir la tendresse du rire
Ce silence flou noyé de bonheur"
Marie
"Elle s’ouvre comme la paupière," Ce vers me parle beaucoup... J'ai une de mes petites filles qui le matin me disait en ouvrant volets et fenêtres: " La maison se réveille, elle ouvre ses yeux... Le soir elle les ferme" Elle avait 4 ans...
"Laissez venir les mots inachevés
SupprimerQui errent sur des pages assoupies" Que ces vers sont beaux, merci Marie.
ET les mots de ta petite fille, la poésie appartient souvent aux enfants.