Nicanor
Parra (Chili
1914-2018), quel personnage! Vous souvenez-vous de lui ?
J'ai repris certaines parties d'un billet d'il y a ....des lunes.
Voici
pour commencer un extrait d’une interview.
“Le
coq à l’âne est son dada, si je puis dire. Il saute d’un sujet
à l’autre sans rapport logique. Est-ce seulement un jeu auquel se
livre Parra pour désarçonner son lecteur ?
Parra appartient à une société ou une époque où la force de l’instabilité est permanente. Sa poésie exploite à l’extrême limite les comportements contradictoires de notre monde. Il faut apprendre à vivre dans la contradiction sans conflit, dit-il, c’est une condition pour pouvoir survivre.”
(Article sur Nicanor Parra http://www.espaces-latinos.org/archives/61675)
Puis le voilà.
Extracto
de
« Montaña
rusa »
La
Montana Rusa
Durante
medio siglo
La poesía fue
El paraíso del tonto
solemne.
Hasta que vine yo
Y me instalé con mi montaña
rusa.
Suban, si les parece.
Claro que yo no respondo
si bajan
Echando sangre por boca y narices.
La montagne Russe (extrait)
La
poésie a été le paradis
De l'idiot solennel.
Jusqu’à
ce que j’arrive
M’y installer avec mes montagnes russes.
Montez, si ça vous chante.
Mais
je ne réponds de rien
si vous redescendez
en saignant de
la bouche et du nez.
Finalement un poème entier
Nicanor Parra – Casse-tête
Je
ne donne à personne le droit.
J’adore un morceau de
chiffon.
Je change des tombes de place.
Je
change des tombes de place.
Je ne donne à personne le droit.
Je
suis un type ridicule
Sous les rayons du soleil,
Moi le
fléau des bistrots.
Moi je meurs de rage.
Je
n’ai plus aucun recours,
Mes propres cheveux m’accusent
Sur
un autel d’occasion
Les machines ne pardonnent pas.
Je
ris derrière une chaise,
Mon visage se remplit de mouches.
C’est
moi qui m’exprime mal
Exprime en vue de quoi.
Je
bégaye,
Du pied je touche une espèce de fœtus.
C’est
pour quoi faire, ces estomacs ?
Qui a fait ce méli-mélo-là ?
Le
mieux, c’est de faire l’indien.
Je dis une chose pour une
autre.
Rompecabezas
No
doy a nadie el derecho.
Adoro un trozo de trapo.
Traslado
tumbas de lugar.
Traslado
tumbas de lugar.
No doy a nadie el derecho.
Yo soy un tipo
ridículo
A los rayos del sol,
Azote de las fuentes de
soda
Yo me muero de rabia.
Yo
no tengo remedio,
Mis propios pelos me acusan
En un altar
de ocasión
Las máquinas no perdonan.
Me
río detrás de una silla,
mi cara se llena de moscas.
Yo
soy quien se expresa mal
Expresa en vistas de qué.
Yo
tartamudeo,
Con el pie toco una especie de feto.
¿Para
qué son estos estómagos?
¿Quién hizo esta mescolanza?
Lo
mejor es hacer el indio.
Yo digo una cosa por otra.
Une chose pour une autre et les montagnes russes de la fantaisie !
RépondreSupprimerBizarre, les deux liens mènent à un écran publicitaire pour Blogger - la fantaisie est contagieuse ;-).
Oh, merci de me le dire...fantaisies, oui:-)) Je vais essayer de les changer. Bonne journée Tania.
SupprimerVoilà, c'est corrigé....trop de fantaisies.
SupprimerGrand merci, l'entretien est très intéressant, notamment sur sa position par rapport à Neruda, sa popularité.
SupprimerOui, parmi beaucoup d'articles sur lui, celui-ci est intéressant. Contente que tu l'aies lu et apprécié.
SupprimerJ'aime beaucoup cette fantaisie, ce refus de se prendre au sérieux sous prétexte qu'on écrit de la poésie. Ou qu'on écrit tout court, d'ailleurs. Evitons, oui, la gloriole, et soyons heureux et donc joyeux !
RépondreSupprimerBonjour Marie, c'est justement ce côté iconoclaste qui m'enchante aussi chez lui. Il est mort à 103 ans si je me souviens bien, donc ce manque de sérieux doit être excellent pour la santé:-)
SupprimerVoilà un personnage haut en couleur qui ne semblait pas "se prendre la tête" et qui aurait pu donner des leçons à certains de ses con gènères
RépondreSupprimerC'est bien ça Chinou! Bon long week-end.
Supprimer"Vivre dans la contradiction sans conflit", tout un programme (et du temps) pour y arriver ! Il est plein de fantaisie ce poète et il joue avec le langage de belle façon. De quoi nous mettre de bonne humeur. Bon week-end de Pâques Colo, bises.
RépondreSupprimerEssayer d'éviter les conflits....de saison en France.
SupprimerMoi aussi il me met de très bonne humeur Nicanor, rien que pour ça, merci à lui!
Je t'embrasse, passe un bon week-end toi aussi.
Il n’a pas de mouron à se faire, el Nicanor, la postérité ne va pas le prendre au sérieux…Avec ses images télescopées surréalistes dignes des cadavres exquis (normal, à force de déplacer les tombes,,,), son visage plein de mouches peut continuer à grimacer derrière les dossiers des chaisières…Vous avez dit mescolanza ?
RépondreSupprimerPlus sérieusement, vrai que sa fantaisie débridée faussement facile est plutôt rafraîchissante, perso j’aime bien.
Bon weekend, Colette, ici ce matin on se les gèle…
Contente que tu l'aimes bien toi aussi, il nous bouscule un peu, et tu as raison, c'est faussement facile. Vaut mieux ne pas nous y essayer...
SupprimerIci le thermomètre joue aux montagnes russes, oui, Le matin 3º, à 14h (au soleil) 26º, à l'ombre 18º, je t'envoie quoi?
Bon week-end à toi aussi, on reste bien à la campagne, en ville ce sont des processions...
Les montagnes russes sont toujours d'actualité, chez nous aussi et ailleurs... J'aime beaucoup cette poésie, cela peut toucher à l'absurde, je pense à Tristan Tzara... C'est formidable d'oser joyeusement proposer un autre monde... Merci Colo, l'humour sauvera le monde, j'en suis presque certaine, des bises. brigitte
RépondreSupprimerUn joyeux méli-mélo auquel on ne comprend rien, dit-il, donc on fait l’indien. Ça me va en ce moment, j'imagine que ça te va bien aussi. Et rire derrière la chaise, hop, bon week-end Brigitte.
SupprimerUn surréalisme qui nous entraine dans des montagnes russes !
RépondreSupprimerLa fantaisie est jumelle de la longévité semble-t-il. Alors on prend, et le monde paraitra plus vivable !
Merci Colo pour cette belle découverte. Beso !
Ah tu montes aussi sur les montagnes russes, parfait, on s'amusera ensemble. C'est rare de la poésie qui amuse...Bon week-end Claudie, un beso
Supprimer
RépondreSupprimerÉtudier les maths et la physique en publiant des (anti)poésies, voilà une façon de faire les montagnes russes. En fantaisies et casse-tête.
Merci et beau week-end pascal !
Un homme plein de ressources et d'imagination fantaisiste, aucun doute ! Bon lundi Christian. Merci
SupprimerC'est assez audacieux l'air de rien. Et très déconcertant. J'aime beaucoup. (kwarkito)
RépondreSupprimerDéconcertant, provocateur aussi, moi je me régale.
SupprimerMerci de ta visite, bonne journée.
sur les monts de Parra... chut ça me chante !!
RépondreSupprimermerci de me le faire découvrir entre folie et rire
clin d'aile
Hola Soulilouve, Curieusement peu connu (pourtant traduit en français) ce scientifique hors normes, qui se rit de lui-même, de tout...ça fait tant de bien, oui, oui!
SupprimerUn clin rieur.
Restons dans le ton ! ;-)
RépondreSupprimerLe Prix Nobel de lecture :
Le Prix Nobel de Lecture
Devrait m’être attribué
Car je suis le lecteur idéal
Je lis tout ce qui me tombe entre les mains :
Je lis les noms des rues
Et les enseignes lumineuses
Et les graffitis sur les murs
Et les nouvelles listes de prix
Et les actualités judiciaires
Et les pronostics pour le Derby
Et les plaques d'immatriculation
Pour une personne comme moi
La parole est une chose sacrée
Messieurs les membres du jury
Que gagnerais-je à mentir
Je suis un lecteur acharné
Je lis tout – je ne saute même
Pas les petites annonces
Bien sûr ces derniers temps, je lis peu
Je n’ai pas beaucoup de temps
Mais bon Dieu, qu’est-ce que j’ai lu
C’est pour cela que je vous demande de me donner
Le Prix Nobel de Lecture
Aussitôt qu’impossible.
Oui, il est excellent aussi celui-là. Ça t'ennuie K si je le publie (bilingue) dans mon prochain billet?
RépondreSupprimerCela ne m'ennuie aucunement, cela ne m'appartient pas !
SupprimerEt voici ma source : https://brumes.wordpress.com/about/
Vive le partage !
Merci! Une excellente traduction en plus, il a mis des majuscules là où Nicanor n'en avait pas mis, un détail. Je garde tout.
SupprimerEh bien ça donne un peu le tournis si on veut le suivre c'est décoiffant ! Mais l'humour est présent, la dérision aussi. Au fond personne n'a refreiné sa liberté de penser tout autant que celle de l'exprimer.
RépondreSupprimerEn effet, personne n'a pris le droit comme il dit! Surprenant, drôle aussi. Merci Sergio
Supprimer