Ceci sera le dernier portrait de 7 Femmes de Lydie Salvayre.
Este será el último retrato de 7 mujeres (aún no traducido) de Lydie Salvayre.
Lui,
c'est Paul Celan. De famille juive de langue allemande né en
Roumanie en 1920. Ses parents sont déportés en Ukraine et y
meurent. Lui est envoyé dans un camp de travail en Valachie puis retourne en 1944 en Bucovine à nouveau occupée par les Russes.
Il y travaille comme lecteur dans une maison d'édition et en 1947 il
quitte clandestinement la Roumanie et se rend à Vienne “ où il ne
restera que quelques mois car les bourreaux d'hier s'y promènent
encore sous des masques débonnaires. C'est à Vienne qu'il rencontre
sa douce folie.
El
es Paul Celan. De familia judía de lengua alemana, nacido en Rumania
en 1920. Sus padres fueron deportados a Ucrania y allí murieron. El
fue enviado a un campo de trabajo en Valachie, más tarde vuelve a
Bucivine ocupado nuevamente por los rusos. Trabaja como lector en una
editorial y en 1947 abandona clandestinamente Rumania y se dirige a
Viena “donde tan solo se quedará algunos meses ya que los verdugos
de ayer se pasean todavía bajo mascaras bonachonas. Es en Viena
donde encuentra su dulce locura.
Elle
s'appelle Ingeborg Bachmann”
” Elle
est née le 25 juin 1926 à Klagenfurt,
capitale de la Carinthie située au sud de l'Autriche (…)”
Son
père fit partie du noyau dur des nazis. “ Notre famille,
écrit-elle, eut ses monarchistes et ses anarchistes, ses
socialistes et ses communistes. Puis vint un jour où elle eut ses
nazis et ses antisémites, ses esprits confus, ses pilleurs et ses
assassins...”
Ella
se llama Ingebord Bachmann.”
“Nació
el 25 de junio de 1926 en Klagenfurt, capital de Corinthia en el sur
de Austria” (…)
Su
padre formó parte del núcleo duro de los nazis. “Nuestra
familia, escribe, tuvo sus monárquicos y sus anarquistas, sus
socialistas y sus comunistas. Luego vino un día en la que tuvo sus
nazis y sus antisemitas, sus mentes confusas, sus bandidos y sus
asesinos...”
Après
la guerre Ingeborg part étudier la philosophie qui l'amène à
Vienne en 1947. Elle commence à publier et fait partie du Groupe 47
(avec Henrich Böll, Martin Walser....). “ Où qu'elle soit,
Ingeborg est toujours et tout de suite le centre, c'est une chose qui
ne s'explique pas.”
Después
de la guerra estudia filosofía, lo que la lleva a Viena en 1947.
Empieza a publicar y forma parte del Grupo 47 (con Henrich Böll,
Martin Walser...). “Esté donde esté, Ingeborg es siempre y
enseguida el centro de atención, es algo inexplicable.”
Elle
est belle, a du style, fume nerveusement et beaucoup. Thomas Bernhard
dit d'elle “ Elle ne recule devant rien dans ses pensées. Elle est
à cent pour cent dans ses poèmes...”. Henrich Böll " dit
qu'elle est généreuse....qu'elle a du courage politique” (elle
adhère en 58 au Comité contre l'armement nucléaire.).
Es
guapa, tiene estilo, fuma mucho y nerviosamente. Thomas Bernhard dice
de ella: “En sus pensamientos no recula ante nada. Sus poemas la
retratan al cien por cien...”. Henrich Böll dice: “es una mujer
generosa... que tiene coraje político” (adhiere en el 58 al Comite
contra el armamento nuclear.).
Et
Celan dans tout ça me direz-vous. J'y arrive. Elle le rencontre en
1948. Il a 27 ans, elle 21.
“ Leur
lien, qui restera jusqu'à la fin nécessaire à leur vie, à leur
oeuvre, viendra buter sur mille impasses et mille incompréhensions.
Mais ni leur fardeau de silence, ni les secrets ensevelis dans le
fond de leur cœur (…), n'auront raison de leur obscur amour.
Après
le suicide de Celan en 1970, Ingeborg Bachmann écrira dans Malina
: Ma vie est finie car il s'est noyé dans le fleuve pendant
l'évacuation. Il était ma vie. Je l'ai aimé plus que ma vie.”
¿Qué
tiene que ver Celan en todo esto? me diréis. Ya llegamos. Le
encuentra en 1948. El tiene 27 años. Ella 21.
“Su
vinculo, que permanecerá necesario hasta el final de sus vidas, de
su obra, chocará contra mil dificultades e incomprensiones. Pero ni
el cumulo de silencios, ni los secretos sepultados en lo más
profundo de ellos mismos no acabará con su amor penumbroso.
Después del suicidio de Celan en 1970, Ingebord Bachmann escribirá en
Malina: Mi vida ha terminado pues se ahogó en el río durante la
evacuación. El era mi vida. Le amé más que a mi vida.”
Elle
qui est fille d'un nazi, elle aime un homme, un poète juif qui a
échappé aux camps d'extermination où ses parents sont morts. Quel dilemme!
“ Comment
vivre avec une culpabilité insurmontable pour une faute que l'on n'a
pas commise?
Comment
vivre avec des chardons dans le cœur?”
Ils
ne vont pourtant jamais se perdre de vue, ils s'écriront des lettres
et des œuvres croisées.
“ Ingeborg
aime l'amour, la vie , la poésie. Celan est adonné à la nuit,
couché à l'ombre des morts, maître des cachots et des tours.”
Elle lui avoue “ Tu
es mon bonheur. Que ne voudrais-je l'être pour toi,
alors que le bonheur, à Celan, est interdit (…) puisque tout le
sens du monde s'est abîmé dans la Shoah, puisque cette horreur a
séparé les hommes, puisqu'elle les a, elle et lui, séparés."
Ella,
hija de un nazi, ama un hombre, un poeta judio escapado de los campos
de exterminio en los que murieron sus padres. ¡Que dilema!
¿Como
vivir con una culpabilidad insuperable por un pecado que no hemos
cometido?
¿Como
vivir con cardos en el corazón?
Sin
embargo nunca se perderán de vista. Se cruzarán cartas y obras.
“Ingebord
ama el amor, la vida, la poesía. Celan se entrega a la noche, duerme
a la sombra de los muertos, dueño de mazmorras y torreones.”
Ella le confiesa “Eres mi felicidad. Cuanto me gustaría
serlo para ti, pero a Celan la felicidad le está prohibida (…)
ya que el sentido del mundo se ha dañado en la Shoah, puesto que ese
horror ha separado a las personas, puesto que les ha separado a
ellos.”
Ingeborg
écrit des pièces, des poèmes et devient célèbre. On l'admire,
elle reçoit plusieurs prix. “Elle vient incarner pour cette génération d'après guerre une forme d'espoir, et ce d'autant mieux
qu'elle laisse dans le flou la perception d'un réel contaminé par
le nazisme.”
Ingebord
escribe piezas, poemas y se hace
famosa. Se la admira y recibe varios premios. “ Para esta generación
de la posguerra encarna una forma de esperanza tanto más cuanto que
deja borrosa la percepción de la realidad contaminada por el
nazismo.
Mais...
Mais quelques années plus tard elle publie Malina. Et
“...une campagne de presse incendiaire se déchaîne à son
endroit. Elle n'est plus désormais la poétesse consolatrice de
l'après-guerre, et belle de surcroît, mais l'écrivain de la
fracture, l'écrivain qui, non seulement déroge aux critères
formels et conceptuels du roman, mais a le mauvais goût de faire
surgir dans une vision de cauchemar le passé effroyable.” (une
prose sans delikatessen et qui arrache
l'Autriche
à ses mensonges).
Pero
algunos años más tarde publica Malina. Y “... una campaña
de prensa incendiaria se desencadena contra ella. Ya no es la poetisa
consoladora de la posguerra, guapa por añadidura, sino la escritora
de la fractura, la escritora que, además de contravenir los
criterios formales y conceptuales de la novela, tiene el mal gusto de
hacer surgir, en una visión de pesadilla, el pasado espantoso.”
(una prosa sin delikatessen que pone en evidencia las mentiras de
Austria).
*Suivent
sous la plume de Lydie Salvayre des paragraphes essentiels sur
l'écriture de Ingeborg, sur sa vision du langage, de l'oeuvre “qui
est un mouvement vers l'autre, un appel, une adresse.” Sur la
guerre qui, même finie est toujours présente. Et puis sur sa vision
désespérée, désespérante, du couple.
*Siguen,
escritos por Lydie Salvayre, párrafos esenciales sobre la escritura
de Ingeborg, sobre su visión del lenguaje, de la obra “que es un
movimiento hacia el otro, una llamada, un paradero.” Sobre la
guerra que, incluso acabada siempre está presente. Y también sobre
su visión desesperada, desesperante, de la pareja.
Après
sa rupture avec Max Frisch, Ingeborg prend l'habitude d'avaler des
tranquillisants et des somnifères, ce qui la conduira indirectement
à la mort.
Después
de su ruptura con Max Frisch, Ingeborg se acostumbra al consumo de
tranquilizantes y somníferos, lo que la conducirá indirectamente a
la muerte.
Je vous renvoie au si intéressant billet de Christian sur Malina
Une bien belle histoire d'amour. Merci, Colo !
RépondreSupprimerAmour et morts, si intimement liés...
SupprimerBonne journée Danièle.
Une génération sacrifiée ... quand j'entends aujourd'hui autour de moi que ça n'a jamais été si dur pour les jeunes, je pense ne serait-ce qu'aux deux générations précédentes. Je crois que je vais attendre la sortie poche de ce livre pour prendre mon temps et le garder.
RépondreSupprimerTu as raison Aifelle, c'est un livre à lire lentement,; il renvoie à tant de faits historiques, politiques, à tant d'autres livres, écrivains, poètes...
SupprimerLe lien entre toutes ces femmes est certainement l'excès...dû sans doute à une époque terriblement difficile à vivre.
Un obscur amour, voilà qui ressemble bien à l'auteure de Malina ! La vision désespérée et désespérante du couple qu'avait Bachman est dans doute à la mesure de l'utopie de "réconciliation" qu'elle a toujours manifestée dans ses écrits.
RépondreSupprimerLes tranquillisants sont déjà présents dans Malina, à la fin, ce dernier les y confisque: j'apprends que sa mort dans l'incendie était liée à un sommeil trop profond.
Je serais curieux de lire un jour la correspondance avec Celan. Voilà une histoire humaine de Bachman qui complète à merveille tout ce qu'on en a dit. Merci !
Bonjour Christian, je compte bien lire également cette correspondance. Ingeborg s'est largement inspirée des mots de Celan, en leur donnant "un envol" personnel dit Lydie.
SupprimerNos billets se complètent, vous avez raison, c'est souvent l’intérêt des blogs, merci à vous aussi!
Le rouge et le noir, fulgurants jusqu'à l'anéantissement.
RépondreSupprimerUne découverte encore.
Merci Colo.
Bisesssssssssssss
À lire...un jour Maïté.
SupprimerDouce journée, besos.
Tu me donnes fort envie de lire cette correspondance Celan-Bachmann. Je reconnais des écrivains que j'ai lus dans son entourage, mais pas elle, qui ressemble à un personnage de roman.
RépondreSupprimerMerci pour cette série de lecture partagée, je lirai certainement l'essai de Lydie Salvayre. Belle journée, Colo.
Bonjour Tania, il reste 3 "folles" à découvrir.
SupprimerDans le chapitre sur mon homonyme, Colette, je n'ai pas appris grand chose mais tu découvriras celui sur Virginia Woolf avec plaisir!
Excellente journée à toi aussi.
je fais l'aller retour entre Christw et toi et je reste en famille on dirait
RépondreSupprimerj'ai lu les lettres de Celan à sa femme mais pas celles ci et à découvrir l'auteur chez Christw du coup j'ai bien envie de la lire
le livre se fait attendre par contre
C'est une lecture intemporelle Dominique, bien que je comprenne parfaitement que juste après avoir lu des détails, indices sur des personnes, on ait fort envie...tout de suite!
SupprimerJe ne connais pas du tout la correspondance Celan-sa femme..
Merci Colo d'avoir si bien su transcrire un peu la vie d'Ingeborg Bachmann et celle de Paul Celan. Amour difficile.
RépondreSupprimerJe te souhaite une belle journée.
C'est avec plaisir Denise, ce livre, 7 femmes, est un trésor.
SupprimerBonne soirée, à bientôt.
Très beau billet sur un amour impossible et pourtant si vrai. La sensibilité partagée n'est pas tout mais si la vie sépare, elle laisse toujours des traces indélébiles ...
RépondreSupprimerBonjour Savarati, c'est leur passé, involontaire, qui les sépare plus que la vie qu'ils mènent...ils ne s'en sont jamais remis de cet amour même s'ils ont continué à s'écrire. Peut-être à se voir se temps en temps, je l'ignore.
SupprimerMerci Colo pour ce beau billet complémentaire de celui de Christioan. A force, je vais y venir, je crois !
RépondreSupprimerAvec plaisir Annie, une lecture intéressante, si humaine surtout.
SupprimerBonne journée!
Merci Colo pour ces découvertes, encore "3 folles" ! Youpie !
RépondreSupprimerOn se renvoie la balle avec ton superbe extrait de L'éloge de la folie...vive Érasme et les femmes!
SupprimerJe t'embrasse...follement?
Magnifique billet !
RépondreSupprimerA lire donc, Ingeborg Bachman, dès que j'aurais fini le livre de Heinrich Böll que je suis juste en train de lire ! Quelle coïncidence ! Son "Ende einer Dienstfahrt " (Fin de mission) rend compte de tout l'atmosphère de l'après-guerre allemand dans un seul minuscule événement : l'incendie par un père et son fils d'un véhicule militaire. Les deux hommes sont jugés au tribunal local. C'est un procès surréaliste. On est à mille lieues du monde actuel.
Incroyable comme cette période est maintenant lointaine.
J'ai hâte de lire ce qu'en dit Lydie Salvayre maintenant !
Même époque, si difficile époque....je note ce livre de Böll!
SupprimerBel échange, merci!
Ah mais quel billet, fort, j'en suis les idées "essoufflées", mais quelle découverte ! Je ne sais si je trouverai cette auteur sur les rayons de la bibliothèque municipale, mais je vais noter son nom pour le temps où j'aurai le temps... ;)
RépondreSupprimerIl n'y pas pas longtemps, 13 avril de cette année, qu'il est sorti Lou, il faudra sans doute un moment pour qu'il soit dans les bibliothèques.
SupprimerMais tu aimeras son parcours, ses mots, sûre!
J'ai acheté le livre de Lydie Salvayre que je prévois de lire durant mes vacances. Je l'ai feuilleté, lu quelques passages, et je suis impatiente d'avoir cette soirée de solitude qui me permettra d'entrer dans ce livre. Merci.
RépondreSupprimerBon dimanche.
J'espère que vous y trouverez autant de plaisir de d'intérêt que moi!
SupprimerBon dimanche à vous aussi.
La découverte d'I. Bachman dans une librairie du havre fin 2009, est un des chocs littéraires les plus forts qu'il m'ait été donné de ressentir et les extraits de sa correspondance avec Celan sont très émouvants
RépondreSupprimerUn choc littéraire dis-tu...j'ai commandé cette correspondance, j'y reviendrai sans doute après lecture.
SupprimerBonne fin de journée.