Aquí tres poemas cortos de Marina Tsvetaïeva, una de las 7 mujeres de Lydie Salvayre. Sabréis más sobre esa poetisa en la próxima nota.
I
Baiser
au front – c'est effacer l'ennui.
Je
baise au front.
Baiser
les yeux – c'est tuer l'insomnie.
Je
baise les yeux.
Baiser
les lèvres – c'est donner à boire.
Je
baise les lèvres.
Baiser
au front – c'est effacer la mémoire.
Je
baiser au front
(5
juin 1917)
Besar
en la frente - es borrar el tedio.
Beso
la frente.
Besar
los ojos – es matar el desvelo.
Beso
los ojos.
Besar
los labios – es dar de beber.
Beso
los labios.
Besar
en la frente – es borrar la memoria.
Beso
la frente.
(Trad: MAH, Colo)
II
Je
suis une page sous ta plume.
J'accepte
tout. Je suis une page blanche.
Je
le garde tout ton bien précieux.
Je
le cultive pour te le rendre au centuple.
Je
suis le village, je suis la terre noire.
Tu
m'es pluie et soleil.
Tu
es Maître et Dieu et moi -
Tchernoziom
et papier blanc!
(traduit
par Pierre Léon. Extrait de Le ciel
brûle de Marina
Tsvetaïeva) Merci Sable.
NB:
Le tchernoziom (en russe : чернозём,
contraction de tchernaïa zemlia, « terre noire »
ou riche en humus) est un type de sol.
Bajo
tu pluma soy hoja.
Todo
lo acepto. Pagina en blanco.
Guardián de tus preciados bienes.
Guardián de tus preciados bienes.
Te
los cultivo y entrego, acrecentados.
Soy
la aldea, tierra negra
Eres
mi sol y mi lluvia
Eres
Dueño y Señor y yo -
¡Negra
tierra, papel blanco!
(Trad: MAH, Colo)
III
Les
nuits sans celui qu’on aime – et les nuits
Avec celui qu’on n’aime pas, et les grandes étoiles
Au-dessus de la tête en feu et les mains
Qui se tendent vers Celui –
Qui n’est pas – qui ne sera jamais,
Qui ne peut être – et celui qui le doit…
Et l’enfant qui pleure le héros
Et le héros qui pleure l’enfant,
Et les grandes montagnes de pierre
Sur la poitrine de celui qui doit – en bas…
Avec celui qu’on n’aime pas, et les grandes étoiles
Au-dessus de la tête en feu et les mains
Qui se tendent vers Celui –
Qui n’est pas – qui ne sera jamais,
Qui ne peut être – et celui qui le doit…
Et l’enfant qui pleure le héros
Et le héros qui pleure l’enfant,
Et les grandes montagnes de pierre
Sur la poitrine de celui qui doit – en bas…
Je sais tout ce qui fut, tout ce qui sera,
Je connais ce mystère sourd-muet
Que dans la langue menteuse et noire
Des humains – on appelle la vie.
Marina
Tsvetaïeva, 1917
Las
noches sin aquel al que amamos - y las noches
con
aquel al que no amamos, y las grandes estrellas
encima
de la cabeza acalorada y las manos
que
se tienden hacia Aquel -
que
no está - que nunca estará,
que
no puede estar - y aquel que debe...
Y
el niño que quiere ser héroe
y
el héroe que quiere ser niño,
y
las grandes montañas de piedra
sobre
el pecho de aquel que debe - aquí abajo...
Se
todo lo que fue y lo que será
Conozco
ese misterio sordomudo
Que
en la negra y mentirosa lengua
De
los hombres – llamamos la vida
(trad: MAH, Colo)
C'est l' écriture d'une femme aux prises avec la vie, espoir , désespérance, déception et souffrance.non? j'aime beaucoup, surtout .." je suis une page sous ta plume...." Je serai heureuse d'en savoir plus ...
RépondreSupprimer"Une écorchée vive" écrit Lydie, tu as tout à fait raison Danielle.
SupprimerTu en sauras plus, promis :-)
Merci bcq d'augmenter ma culture générale dans le "sucré" je trouve toujours ses femmes aussi belles
RépondreSupprimerAvec plaisir Claude!
SupprimerBonne soirée.
Des vers qui portent si fort... C'est avec elle que j'ai commencé l'écriture du blog, tu as donc une lectrice très curieuse de découvrir ton prochain billet. Bonne soirée, Colo.
RépondreSupprimerOui, Oui, je m'en souviens....je mettrai ton billet en lien sous le prochain!
SupprimerDouce nuit à toi la belle.
Désolé, mais j'ai fait une fausse manœuvre. Alors, ... je suis comme Album vénitien, j'espère en savoir plus sur cette femme. Magnifique poème et quel talent de traduction ! quel boulot - même le russe ! :-)
RépondreSupprimerHaha, tu as vu? Je me suis mise au russe, et hop, directement la traduction de poèmes!
RépondreSupprimerBon, je poursuis mon prochain billet ....bonne soirée
J'ai sa correspondance avec Pasternak et Rilke, quel destin a eu cette femme ! c'est une plume magnifique.
RépondreSupprimerAh que j'aimerais la lire cette correspondance...un jour! Par contre j'ai lu ce poème de Rilke pour Marina sur le magnifique site Esprits nomades : http://www.espritsnomades.com/sitelitterature/tsvetaeva/tsvetaeva.html
SupprimerÉLÉGIE À MARINA TSVÉTAÏEVA (poème de Rilke pour Marina)
Marina, toutes ces pertes dans le grand tout, toutes ces chutes d’étoiles
Nous pouvons partout nous jeter, quelle que soit l’étoile,
nous ne pouvons l’accroître !
Dans le grand tout les comptes sont fermés.
Ainsi qui tombe ne diminue pas le chiffre sacré.
Toute chute qui renonce choit dans l’origine et, là, guérit.
Tout ne serait donc que jeu, métamorphose du semblable, transfert
Jamais un nom nulle part, le moindre gain pour soi-même
Nous vagues Marina, et mer nous sommes !
Nous profondeurs, et ciel nous sommes !
Nous terre, Marina, et printemps mille fois,
ces alouettes lancées dans l’invisible par l’irruption du chant
Nous l’entonnons avec joie, et déjà il nous a dépassés
et soudain notre pesanteur rabat le chant en plainte...
Rien n'est à nous. À peine si nous posons notre main autour
du cou des fleurs non cueillies.
Ah déjà si loin emportés, Marina, si ailleurs, même sous la plus fervente raison.
Faiseurs de signes, rien de plus.
Cette tache légère, quand l'un de nous ne le supporte plus et se décide à prendre, se venge et tue.
Qu'elle ait pouvoir de mort, en effet, nous l'avions tous compris à voir, sa retenue, sa tendresse
et la force étrange qui fait de nous vivants des survivants...
Les amants ne devraient, Marina, ne doivent pas en savoir trop sur leur déclin. Ils doivent être neufs.
Leur tombe seule est vieille, leur tombe seule se souvient, s’obscurcissant sous l’arbre qui pleure, se souvient du « à jamais ».
Leur tombe seule se brise ;...
nous sommes devenus pleins comme le disque de la lune.
Même à la phase décroissante, ou aux semaines du changement,
nul qui puisse nous rendre à la plénitude, sinon nos pas solitaires, au-dessus du paysage sans sommeil
(traduction personnelle)
Bonne journée Aifelle
A la fac de lettres, là-bas tout au bout de la grande ville, dans un couloir du campus un peu brinquebalant, il y avait une minuscule librairie. Et dans cette minuscule librairie, il y avait des cartes postales, avec des citations.
RépondreSupprimerJ'en ai acheté une "Baiser au front - C'est effacer l'ennui. Je baise au front."
Merci pour ce voyage dans le temps.
Une grande citation pour un endroit minuscule!
RépondreSupprimerTu le décris si bien, je le vois...
Bonne journée Ortie.
Si tu voyages en Russie comptes sur moi pour être du voyage
RépondreSupprimerOh, merci, je te sais russophile et tu auras sans doute des choses intéressantes à ajouter à mes mots.
SupprimerEt l’enfant qui pleure le héros
RépondreSupprimerEt le héros qui pleure l’enfant,...
J'apprécie particulièrement ces deux vers, beau raccourci pour dire tant.
J'attends d'en découvrir un peu plus sur cette poétesse que je ne connais pas.
Merci de partager vos goûts Christian, nous avons tous une sensibilité différente, des images qui nous parlent plus que d'autres. Moi je trouve d'une grande beauté les derniers vers:
SupprimerJe connais ce mystère sourd-muet
Que dans la langue menteuse et noire
Des humains – on appelle la vie.
Plus que de sa vie, je vous parlerai de sa personnalité, de ses idées...une femme passionnée, entière, vous verrez.
Bon, partons pour la Russie avec Marina Tsvetaïeva et si elle était l'amie de Rilke, je suis partante pour te suivre à sa rencontre !
RépondreSupprimerDéjà ce que tu nous proposes aujourd'hui est engageant à souhait !
Beau vendredi ! Bises
En fait elle parle beaucoup plus de sa relation épistolaire avec Pasternak...je suis bien contente que le sujet te plaise! Encore quelques jours, il me faut encore tout traduire, ça prend du temps...
SupprimerBonne journée, orageuse ici!
C'est hier soir que j'aurais dû lire ces poèmes. Dire que je me suis couchée ignorante du remède contre l'insomnie!
RépondreSupprimerRien ne vaut les baisers pour s'endormir....
SupprimerL'âme russe ...
RépondreSupprimerTu vois que j'en ai ajouté un à ceux que tu m'avais envoyés...
SupprimerÀ travers elle, j'ai découvert Anna Akhmatova entre autres. Que de belles choses!
Je suis encore sous le charme de cette Marina et j'ai envie d'en découvrir davantage ...
RépondreSupprimerMerci pour le partage !
- Je suis une page sous ta plume
J'accepte tout. Je suis une page blanche.-
Bonjour Marcelle, je suis ravie que ses poèmes te plaisent. Sous le prochain billet je mettrai des liens de sites où tu pourras en lire beaucoup d'autres...
SupprimerBon week-end, merci de ta visite.
Que c'est beau! J'ai particulièrement aimé le troisième:
RépondreSupprimer"Les nuits sans celui qu’on aime – et les nuits
Avec celui qu’on n’aime pas, et les grandes étoiles"...
Il y a un grand désenchantement... très séduisant.
J'ai moi aussi un faible pour ce troisième...mais aussi pour tant d'autres que lus avant de préparer ces billets.
SupprimerUne vie si tragique...tu verras que son caractère entier y fut pour beaucoup!
Magnifiques poèmes. J'aime son oeuvre. J'ai lu son journal il y a peu.
RépondreSupprimerBon dimanche.
Bonjour Bonheur, après un long travail sur sa vie et ses œuvres, je meurs d'envie de lire son journal, ses correspondances aussi.
SupprimerBon dimanche à vous aussi.
J'aime particulièrement le troisième. La finale, très belle, me rappelle Éluard dans "La courbe de tes yeux".
RépondreSupprimerTu as raison Danièle, ces vers si similaires auxquels je n'avais pas pensé:
SupprimerEt si je ne sais plus tout ce que j’ai vécu
C’est que tes yeux ne m’ont pas toujours vu
Bonne fin de journée!
Bonjour Colo, grâce à vous, je découvre un peu Marina Tsvetaïeva et les trois poèmes ici, sont de toute beauté. Je me réjouis d'une suite.
RépondreSupprimerUn grand merci de vos visites et je vous souhaite un doux dimanche après-midi ;-)
Merci de venir chez moi et bienvenue Denise.
SupprimerDès demain vous en saurez plus sur celle qu'on dit être la plus grande poétesse russe, ai-je lu.
Bonne fin de journée!