Perdre
quelque chose au large...partir, quitter; ce qu'on laisse là-bas
restera en suspens, au dessus des mers .
Ce
poème je l'ai lu il y a longtemps et depuis je crois n'avoir jamais
trouvé de plus belle et exacte expression de ce vide. Silvia Baron
Supervielle, dame que vous connaissez déjà: ici
et ici.
Ce
poème a été écrit par elle en français, je l'ai traduit en
español (elle l'a peut-être fait elle-même, je l'ignore).
Perder
algo en la lejanía...partir, marcharse; lo que se deja allá quedará
en suspenso, encima de los mares.
Hace
tiempo que leí ese poema y no creo haber encontrado después más
bonita y exacta expresión de ese vacío.
“Partir no
significa abandonar”
Silvia
Baron Supervielle
dans
La
distance de sable
dans les tiroirs de l’armoire
la valise vide les coins inanimés
sur l’étagère dans les miroirs
enchaînés l’escalier l’étalage
de la rue permanente pressée
au fond du jour du sac des poches
d’où viennent toutes ces clefs
le fleuve les arbres les coupoles
qui coulent avec le vent le virage
depuis longtemps contre le lit
le mur revenir sur ses pas demander
mais les gens ne sont pas d’ici
j’ai perdu quelque chose au large
de l’espace la mer le désert
au seuil d’une ombre disparue
en La distancia de arena
en los cajones del armario
la maleta vacía los rincones inanimados
en el estante en los espejos
encadenados la escalera el escaparate
de la calle permanente apresurada
en le fondo del día del bolso de los bolsillos
de dónde salen toda esas llaves
el río los árboles las cúpulas
que fluyen con el viento la curva
desde hace tiempo contra la cama
la pared volver sobre sus pasos preguntar
pero la gente no es de aquí
he perdido algo en la lejanía
del espacio el mar el desierto
en el umbral de una sombra desaparecida
(Trad:
Colo)
merci Colo :-)
RépondreSupprimerce poème est tout à fait de circonstance, pour moi :-)
(je pourrais essayer de le traduire en néerlandais, ce serait sûrement de l'inédit ;-))
Si tu le traduis Adrienne, excellente idée, je l'ajoute à mon billet!
SupprimerDe circonstance? Muy bien!
Ce poème est triste. Pour moi, Il parle de vide mais aussi d'enfermement, ce qui contraste complètement avec ta photo. ( mais peut-être n'ai-je pas bien saisi l'esprit de la poétesse ? )
RépondreSupprimerJe t'embrasse fort.
Bonsoir Sable, je ressens plutôt de l'égarement que de l'enfermement, mais ça, chacun l'interpète à sa façon!
SupprimerC'est drôle que tu parles de la photo ainsi; j'ai mis une photo avec un ciel gris, un peu fermé exprès...une ouverture quand même vers le futur...faut pas exagérer sur le pessimisme quand même, non Dame Sable?
Merci d'être passée, un beso grande.
Je n'exagère rien du tout, (si peut-être mon amour des ciels et paysages atlantiques ! ) encore moins le pessimisme. C'est pourquoi je trouve ta photo lumineuse ouverte sur le large et ne traduisant en rien l'enfermement, bien au contraire.Mais le poème sans points ni virgules, donne l'impression de tourner en rond.
SupprimerOh, oui, je vois. Merci pour ces précisions dame Sablette!
SupprimerBonne journée, un beso.
C'est un poème assez envoûtant par le rythme de ses mots.Souvent des rimes se répondent (armoire/miroir, étalage/virage/large, etc.) puis les 3 derniers vers où la narratrice parle. C'est beau.
RépondreSupprimerUne fois trouvé le rythme de lecture, à voix haute pour moi, comme toi je me suis trouvée comme envoûtée. Ça me fait plaisir que tu l'aies aimé ce poème.
SupprimerBonne journée Obni.
Un enchaînement de mots sans ponctuations . On est un peu et même beaucoup "désarçonnés", comme l'auteure de ce poème. Ce n'est pas la poésie que je préfère mais j'avoue que ce poème ne me laisse pas indifférent . Très bonne journée Colo.
RépondreSupprimerBonjour Gérard, cette dame est une exilée volontaire qui, l'un n'empêche pas l'autre, a toujours vécu et vit encore "entre deux" pays, langues, cultures.
SupprimerJe pense si souvent à tous les immigrés, de plus en plus nombreux (si téméraires, obstinés, on les comprend si bien) qui rêvent de leur pays...
Ce style sans ponctuation qu'elle a adopté en écrivant en français est déroutant, c'est sûr, et demande au lecteur un effort "d’arrangement" de sens qui, oui, peut être flou, parfois.
Bonne journée à vous aussi Gérard.
Il est en effet toujours très difficile de vivre sans ses racines.
SupprimerLe titre par contre m'a presque fait rire car j'ai failli lire "La distance de Dame Sable" ...qui paraît d'ailleurs de circonstance :) :)
PS:J'ai oublié de préciser que j'aime beaucoup la photo qui, elle, ne me déroute pas !!
Tout à fait de circonstance Gérard! :-)) J'ai souri moi aussi en préparant ce billet.
SupprimerMa mer à moi, jusqu'à 22 ans, était bien grise, la mer du Nord. Aussi quand ma deuxième mer (si j'ose dire!!) n'est pas bleue, je prends une photo...la vôtre a souvent ces couleurs j'imagine...
Merci d'être revenu...vous voyez, je suis en congé, donc tout le loisir pour papoter, c'est gai.
L'absence de ponctuation ne me gêne pas ; j'ai suivi ton conseil et l'ai dit à voix haute, il y a un rythme certain, même si c'est déroutant, on sent que quelque chose se tient .. Ta photo est belle, pour moi, elle est mi-ouverte, mi-fermée, à nous de choisir. Bonne journée Colo.
RépondreSupprimerLire les poèmes à haute voix m'est venu quand j'ai commencé à traduire de la poésie; si ça sonne bien, alors je peux commencer à penser (tu vois que je suis prudente) que la traduction sera un peu réussie.
SupprimerLa lumière était belle je jour le la photo. Excellente journée à toi aussi Aifelle.
Décidément, Silvia Baron Supervielle.
RépondreSupprimerMagnifique.
Et la distance de sable, quel superbe titre !
Tout à fait de ton avis K, bonnes vacances, un besito.
SupprimerBeau titre pour un poème un peu confus selon moi, sûrement dû au manque de ponctuation et à la césure ou non-césure des phrases.
RépondreSupprimerMais un réel sentiment de vide et de solitude qui se dégage à travers la descritpion des objets, des paysages qui accentuent l'absence ...
Bonsoir Saravati. Je me demandais ceci: si nous tous mettions des points et des virgules dans ce poème, seraient-ils aux mêmes endroits? À essayer peut-être...
SupprimerBonne soirée, merci d'être passée.
Comme il me parle ce poème !
RépondreSupprimerOn quitte un lieu même sans jamais y revenir, il est toujours là, au-delà des mers ou de l'océan... On est né quelque part...
Belle soirée
Ce passé nous poursuit, ou fait partie de nous avec ses images, ses gens, ses paysages et odeurs, oui, oui!
SupprimerBonne soirée à toi aussi!
Vrai que le manque de ponctuation déconcerte, mais les évocations mettent la solitude en image...
RépondreSupprimerCeci dit je suis tellement d'accord aussi avec l'idée que partir n'est PAS abandonner, pas plus que quitter ne l'est.
Mais oui, partir et quitter ce n'est pas rompre, il y a des nuances, importantes.
SupprimerGrâce à toi on a fait connaissance avec cette dame et de billet en billet on la découvre un peu mieux
RépondreSupprimerUn réel plaisir celui de passer des semaines avec elle!
SupprimerPlus je la lis, grâce à vous, plus je l'aime. Merci.
RépondreSupprimerJe suis sûre que cela lui fait plaisir Bonheur.
SupprimerBonne fin de semaine!
Le tourbillon d'impressions qui envahissent l'auteure, qui s'enchaînent ne laissent pas de place à la ponctuation. Dans un sens c'est tant mieux pour la fulgurance du texte.
RépondreSupprimerBonjour Serge. En fait quand elle a commencé à écrire en français pour que ses amis puissent la comprendre, elle dominait mal la langue et ses secrets....en cherchant à développer un style à elle, la ponctuation a disparu...(ils étaient présents en espagnol).
SupprimerTourbillon de mots et ressentis, tu as bien raison!
La distance, mesurée aux sabliers du temps
RépondreSupprimerLa perte, touchée du doigt aux quatre coins des choses
Un poème avec de belles lignes de fuite
Qu'ajouter? Tout semble avoir tout vu...
SupprimerMerci, bon week-end Tania, un beso.
RépondreSupprimerLa photo que je découvre est sans doute pareille à notre littoral, ici, en ce jours venteux au ciel indécis, comme un cœur amputé qui ne sait plus bien sa place.
Votre commentaire est un poème à lui seul, merci!
SupprimerJe lis et relis le poème. Reprends mon souffle à chaque fois différemment. A chaque fois le sens se laisse approcher puis s'échappe de mes mains pour se proposer à nouveau autre.
RépondreSupprimerMerci Colo pour ce texte
Que voilà bien dit...! Il semblait simple à traduire, mais toujours il m'échappait, c'est ça, oui.
SupprimerMerci d'être passée, un beso.
C'est un poème sans fin dont le rythme s'appréhende bien mieux dans la langue espagnole, une roue sans fin que cette absence, cet éloignement contre lequel notre intellect vient buter.Une sorte de mélopée incantatoire comme celle de l'océan dont nous n'aurons jamais toutes les clefs.
RépondreSupprimerà lire et relire à haute voix... pour conjurer le sort.
Merci Maïté, conjurons, oui, oui!
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