En ce moment de pleurs et de peines, « Faim et oignon / glace noire et givre » écrivait Miguel Hernández (1910-1942) dans sa Nana (berceuse) de l’oignon, je vous propose de suivre le chemin de Sofia.
En « Mi vida » Sofía Tolstoï explica como la filosofía, la música y la lectura de algunas novelas la salvaron de la desesperanza.
En estos momentos de penas y lagrimas, « Hambre y cebolla / hielo negro y escarcha » como escribía Miguel Hernández en su Nanas de la cebolla, os propongo seguir el camino de Sofía.
Primero un concierto para piano escrito por Joaquín Nin-Culmell, hermano de Anaïs Nin.
Voici d'abord un concert pour piano écrit par Joaquín Nin-Culmell, frère d’Anaïs Nin.
Ensuite un peu de philosophie….
« Zhuang Zi et le logicien Hui Zi se promenaient sur le pont de la rivière Hao.
Zhuang Zi observa :
« Voyez les petits poissons qui frétillent agiles et libres : comme ils sont heureux ! »
Hui Zi objecta :
« Vous n’êtes pas un poisson ; d’où tenez-vous que les poissons sont heureux ?
– Vous n’êtes pas moi, comment pouvez-vous savoir ce que je sais du bonheur des poissons ?
– Je vous accorde que je ne suis pas vous et, dès lors, ne puis pas savoir ce que vous savez. Mais comme vous n’êtes pas un poisson, vous ne pouvez savoir si les poissons sont heureux.
– Reprenons les choses par le commencement, rétorqua Zhuang Zi, quand vous m’avez demandé « d’où tenez-vous que les poissons sont heureux » la forme même de votre question impliquait que vous saviez que je le sais. Mais maintenant vous voulez savoir d’où je le sais – eh bien, je le sais du haut du pont »
Le Bonheur des petits poissons, Lettres des antipodes. Simon Leys.
Livre de poche, p 13-14.
Y ahora un poco de filosofía...
« Zhuang Zi y el lógico Hui Zi paseaban sobre el puente del río Hao. Zhuang Zi advirtió:
- Observad como los pececillos colean ágiles y libres: ¡son tan felices!
- Hui Zi objetó: Vd no es un pez; ¿de donde sacáis que los peces son felices?
- Vd no sois yo. ¿Cómo podéis saber lo que yo sé de la felicidad de los peces?
- De acuerdo en que yo no soy vos y, a partir de eso, que no puedo saber lo que Vd sabe. Pero como Vd no es un pez, Vd no puede saber si los peces son felices.
- Retomemos las cosa desde el principio – replicó Zhuang Zi – Cuando Vd me ha preguntado ¿de donde sacáis que los peces son felices? la forma misma de la pregunta implicaba que Vd sabía que yo lo sabía. Pero ahora Vd quiere saber “desde donde” lo sé, pues bien, lo sé desde lo alto de este puente.
La felicidad de los `pequeños peces, Cartas desde las antípodas. Simón Leys
(Trad: MAH, Colo)
Photo poissons : http://zuihitsu-ac.blogspot.com/2009_09_01_archive.html
Bon pied bon oeil
RépondreSupprimer**BOL, affligeant résultat des élections de dimanche dernier..on nous annonce maintenant "du sang et des larmes"...encore plus!!?
RépondreSupprimerSinon tout va très bien, merci, bonne soirée à vous Bernard.
« LES OISEAUX.
RépondreSupprimerHeureux, heureux Poissons, bien plus heureux que nous!
L’hameçon, les filets s’arment-ils contre vous,
Plongez au fond des eaux, vous n’avez rien à craindre.
Dans ces gouffres profonds qui pourrait vous atteindre?
La mer, le fleuve même ont des antres si creux!
Heureux, heureux Poissons, bien plus que nous heureux! »
Pierre-Louis Ginguené (début de la fable “Les Oiseaux et les Poissons”, 1810)
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«We build too many walls and not enough bridges.»
«On construit trop de murs et pas assez de ponts.»
Isaac Newton
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Buenas noches, Colo.
Desde lo alto del puente,
acompañados al piano por poet(is)as y paisajistas,
resistiremos la voracidad extrema —
« pleurs et peines » partout, p(l)ouf ! —
de los marrajos y de las pirañas que ambicionan
pulverizar a la prosperidad de los pececillos.
Colo
RépondreSupprimera chaque fois c'est un bonheur d’apprendre quelque chose de nouveau en lisant tes billets. Il fallait que je te le dise.
Et désolé si tu pensais que je venais uniquement pour le bisou, comme le simplet dans Blanche Neige.
**Hélder, partout, oui, votre pays n'en mène pas large non plus...Merci pour vos mots et pour cette fable si appropriée qui nous recommande un plongeon en profondeurs, devenir inaccessibles...je m'en vais chercher la suite!
RépondreSupprimerLes blogs sont des ponts aussi.
Bonne journée à vous.
**Armando, merci, ça me fait plaisir de partager, tu le fais tous les jours toi!
Belle fin d'automne en jolies photos chez toi et Lali.
Juste la goutte de poésie et de sourire qu'il me faut ce matin
RépondreSupprimerZuang Zi est un grand maître et je trouve que la belle Sofia Tolsoï a mille fois raison
**Dominique, remèdes contre tous les maux ceux de Sofia. On peut y ajouter quelques baisers, non?
RépondreSupprimerBonne journée la belle.
magnifiques ombrelles chinoises ! Pour se préserver de la glace noire et du givre? Sofia aurait souri.
RépondreSupprimerMerci Sofia, merci Colo.
**Sable, ombrelles vues et photographiées lors d'un marché dans un village ici. L'ensemble était si joli que je n'ai pas osé en acheter une!
RépondreSupprimerOui, elle aurait souri, elle qui avait si souvent froid...
Bonne journée, besos.
Avez-vous déjà "pris" le train avec un bocal dans lequel prend son bain un poisson ? Ce dernier semble terriblement plus intelligent que les vaches plantées le long des voies pour regarder passer le convoi...
RépondreSupprimer"Du haut du pont" : avec ce titre je m'attendais à tout sauf à cette chute si étonnante de subtilité.
RépondreSupprimerMerci Colo :)
Ici il y a tellement de brouillard dans l'air que les poissons s'y sentiraient peut-être heureux...
**Cher JEA, merci pour cette image; dans le chaos la supériorité du poisson sur la vache est incontestable, oh, oui!
RépondreSupprimer**Euterpe, dans le brouillard, ils peuvent du moins éviter d'être pris pour cible!
Avance prudemment cette semaine... Merci et à bientôt.
J'écoute pour la première fois ce concerto en lisant cet astucieux dialogue : le bonheur des hommes à vivre ensemble m'est parfois aussi étrange à penser que le bonheur des poissons, je te l'avoue.
RépondreSupprimer**Tania, je comprends bien..."L'union fait la force" semble complètement oublié!!!
RépondreSupprimerJe te recopie les mots qui précèdent, ils t'éclaireront peut-être un peu:
" Dans une lettre (trop peu connue), Hannah Arendt a rappelé que la Vérité n'est pas un résultat de la réflexion - elle en est la précondition et le point de départ: sans une expérience préalable de la Vérité, nulle réflexion ne peut se développer. Mais cette évidence indiscutable des premiers principes avait déjà été illustrée il y a deux mille trois cents ans par un apologue célèbre de Zhuang Zi..."
Bonne soirée, un beso.
J'ai toujours su que la Vérité EST le point de départ, c'est bien pour ça que les poissons, dans leur bocal ou leur étang, sont très heureux... parce qu'ils n'en ont pas (de point de départ) ;-))
RépondreSupprimerExcellente leçon de philosophie.
RépondreSupprimerOn apprend sans doute beaucoup des êtres de silence, même ou surtout du haut du pont.
Et le moment musical me ravit aussi.
**MH, la difficulté (ou le doute) réside sans doute dans "l'expérience préalable de le Vérité" car chacun croit détenir la sienne...Ceci est-il un bon point de départ?
RépondreSupprimerBonne journée à toi.
**Maïté, la meilleure façon d'écouter la musique et les êtres est sûrement le silence! Merci d'être passée.
En fait, j'ai toujours su que j'étais un poisson :-)
RépondreSupprimerDouce philosophie : légère et plaisante à souhait et pourtant si philosophique !!
**Lautreje, voyons ce que dit le zodiaque des poissons:"Se protégeant maladroitement, enfoui dans les profondeurs d'un monde intérieur, il savoure avec extase les moindres rêves et les plus infimes pensées émises par sa raison."
RépondreSupprimerFermer les yeux et voyager dis-tu sur ton blog aujourd'hui....
A bientôt!
Subtil et sage....
RépondreSupprimer@Colo... c'est bien pour ça qu'il ne vaut mieux pas en avoir !!
RépondreSupprimerheu dan sla précipitaion... "c'est bien pour ça qu'il vaut mieux ne pas en avoir"
RépondreSupprimerEt pour répondre à ta question... bien non, comme la pipe je dirais que "ceci n'est pas un point de départ", on est au-delà du réel.
RépondreSupprimerIl pleut encore chez toi ?
Je te suis avec plaisir, Colo.
RépondreSupprimerAimé cette musique de Joaquín Nin.
**MH, évoluer en cercles concentriques de plus en plus grands...?
RépondreSupprimerCe matin brille le soleil, peu à peu la terre absorbe l'eau sous le palmier. La pluie est ailleurs...chez vous?
**Alba, heureuse que tu partages ce plaisir musical.
Joaquín Nin, le père, et Joaquín Nin-Culmell, le fils, ont composé des œuvres magnifiques...une idée pour un autre billet!
Oui, c'est la manière d'évoluer de l'univers ;-)
RépondreSupprimerIci à Bruxelles, il fait gris et il pleuvine... pas de palmier mais un beau chêne !
La manière de poser une question est déjà une ébauche d'une réponse !
RépondreSupprimerLa vérité est peut-être un voyage désordonné au triste milieu des hostilités. Parfois, nous risquons d'oublier pourquoi nous continuons malgré les amertumes et les mers mortes.
RépondreSupprimerDu haut du pont que sait-elle de nos amours? s'en vont-ils comme l'onde si lasse ou frémissent-ils à la rencontre des heureux poissons?
RépondreSupprimer**Edmée, sagesse orientale...
RépondreSupprimer**Saravati, bien sûr, on l'oublie trop souvent.
**JEA, peut-être, oui. Dans le brouhaha, sortir sa boussole et son courage; réfléchir.
**Delphine, je penche (pas trop, les ponts sont traîtres) pour les frémissements intermittents.
Le bonheur est connecté à la mémoire, non?
RépondreSupprimerIl parait que les poissons en sont faiblement dotés, quand on les questionne sur la date de la bataille de Marignan (1515 "foire aux cancres") et richement pourvus quand on les mange (le phosphore).
Alzheimer est heureux...... vu d'ici!
**Cher Alex, Je ne sais si tu connais le chanteur Ismael Serrano.
RépondreSupprimerUn de ses albums s'intitule "La memoria de los peces" et l'une des chansons est dédiée à la mémoire des Mères de la Plaza de Mayo, elle est superbe, je crois que tu l'aimeras:
http://www.youtube.com/watch?v=y38awS3naLE
Ce billet me ravit – merci
RépondreSupprimer**Olivier, me voilà comblée! Bon weekend y besos.
RépondreSupprimerLes poissons sont heureux parce qu'ils l'oublient tout le temps.
RépondreSupprimer**Cédric, l'inconscience du bonheur, joli!
RépondreSupprimerBelle journée à toi.
Merci pour le concert et les pensées philosophiques rafraîchissantes. J'adore ces évidences.
RépondreSupprimer**Danièle, avec plaisir... des moments hors du temps. Bonne journée!
RépondreSupprimerLe visage de l'Espagne change assurément (je parle de politique) est ton texte est tout à fait dans le ton je trouve, je n'connaissais pas le frère d'Anais Nin et je viens d'écouter le morceau k tu as choisi, superbe.Comme quoi j'ai bien fait de passer amieLointaine.
RépondreSupprimerJ'ai lu Le bonheur des petits poissons en écoutant le concerto, bonheur, dans les deux langues ... Comme si tout un aquarium vivait devant moi et s'ébattait desde lo alto del puente, en se racontant ...
RépondreSupprimerJe lève mon vers à votre si belle langue ! un jour peut-être le faire en bal et art ...
**Veronica, ce serait comme boire un concerto...délicieux!
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