Je suis absolument désolée pour vos commentaires sur ce billet qui, suite à un grave problème de Blogger, ont disparu avec le reste....revoici le texte.
L’athlète
La statue du coureur à pied, celle du discobole ne court ni ne lance le disque. Elles restent figées dans le bronze ou la pierre. Leur geste est paradoxalement frappé d’immobilité. Pourquoi? Par excès de spécialisation.
Un discobole qui ne serait que discobole – et c’est bien là ce que le sculpteur a voulu faire – ne peut lancer le disque. Car, pour lancer un disque, il faut aussi marcher, respirer, se nourrir, dormir, travailler, aimer, etc.…,en somme tout ce qui fait un discobole de chair et d’os quand il ne lance pas le disque, c’est-à-dire la plupart du temps.
Et cela est valable pour d’autres, notamment pour les écrivains. Si tu prétends être écrivain – et cela seulement – tu n’écriras rien.
Michel Tournier
El atleta
La estatua del corredor no corre y aquella del discóbolo no lanza el disco. Quedan fijas en el bronce o la piedra. Su gesto está, paradójicamente, lleno de inmovilidad. ¿Por qué? Por exceso de especialización.
Un discóbolo que sólo fuera discóbolo – y eso es precisamente lo que el escultor ha querido hacer - no puede lanzar el disco. Puesto que para lanzar un disco también hay que andar, respirar, comer, dormir, trabajar, amar, etc… en definitiva todo lo que hace un discóbolo de carne y hueso cuando no lanza el disco, es decir casi siempre.
Todo eso es válido para otros, concretamente para los escritores. Si pretendes ser escritor – y sólo eso – no escribirás nada.
Michel Tournier (Trad: MAH y Colo)
Illustrations: 1) Coureur étrusque 2) E. Verhaeren peint par Van RysselbergheSculptures de Degas au MET de New York (photo Picassa)
Le modèle du coureur étrusque, c'est moi. Que cela reste entre nous.
RépondreSupprimer**Alex, chuuuut, bien sûr!
RépondreSupprimerSalut, Colo.
RépondreSupprimerJe (res)saute les haies — aïe! — de Blogger: revoici mon commentaire.
Donnez toujours l’essor à votre «athlétisme affectif» (Artaud), en écrivant à course de plume, ou mieux, avec élan — allegro — vivace, multicolore.
«LES SAUTEURS DE HAIES
Ils abordent la haie à toute allure,
ils la franchissent dans la foulée.
Elle n’est pas sautée mais annulée :
elle s’est trouvée sous l’enfourchure...
Il n’y a pas de temps d’arrêt,
on fait trois pas entre les haies.
Droite est la jambe pour attaquer.
Le corps effleure le bois à peine.
L’autre jambe se laisse emporter.
Nonchalante, elle a effacé
sous elle la hauteur vaine…
Douceur parfaite ! Ô volupté
de voir comme elle est molle et traîne
au haut de sa rapidité !
Ils passent ! La ligne est passée !
Aux doigts, l’azur du fil de laine.
Elle expire, la vague humaine.
Ils coulent sur leur lancée.»
HENRY DE MONTHERLANT
**Helder, je vous (re)remercie pour ce double saut; ténacité, courage, générosité et talent.
RépondreSupprimer"L'athlétisme affectif", une plume vive en couleurs oui, oui! Le corps suivra,(espérons) se traînant un peu mais emporté par le reste.
H. De Montherlant était-il sportif? Si visuel son poème, muchas gracias otra vez.
Bon weekend, le rossignol chante toujours ici.
Et c'est tout le travail de l'artiste, sculpteur, écrivain, peintre, de transposer le geste dans un autre matériau - sans donner l'impression de figer la vie - et c'est son geste alors qui est la vie.
RépondreSupprimerAh ah blogger essaie de nous mettre au sport de haut niveau en nous faisant doubler nos commentaires ! moi qui avais déjà des courbatures
RépondreSupprimerLa richesse du Temps pour figer l'Instant ...
RépondreSupprimerDis-moi Colo, le modèle du coureur étrusque a changé de coiffure ???
Je t'embrasse!
à Colo: chez moi aussi bug de blogger: impossible de publier depuis lundi, rétablissement hier soir.
RépondreSupprimerP.S: Regain, Sable, regain suit la jachère, je rêve (d'une autre coiffe)donc je suis!
**Tania, un tour de force artistique, oui tu as raison.
RépondreSupprimer**Dominique, repose-toi ma belle.
Dans le com, effacé par l'ami Blogger, tu citais Rosa Montero qui, dans la folle du logis, parlait justement du vécu et de sa transposition. Il me semble me rappeler que je te disais que j'aimais énormément relire des chapitres de "Petites proses" et de "Des clés et des serrures" de Michel Tournier.
Bon weekend, un beso.
**Sable, ce Temps, ces Instants...les immortaliser, enfin, certains!
@Alex t'a déjà répondu en partie; je dois ajouter que la vitesse et le temps ont fait s'envoler (momentanément) la couronne de lauriers par nous patiemment tressée...exact Alex, non?
Je t'embrasse aussi.
**Alex, oui, j'ai entendu parler de ces plans de jachères et de regain; cela suffira-t-il?
Les sculptures de Degas (malheureusement sous verre)que j´ai vues récemment au MET à New York sont absolument magnifiques
RépondreSupprimer-La vie c'est comme aller à bicyclette pour rester en équilibre, il faut bouger. - Einstein
RépondreSupprimerJ'adhère totalement à cette pensée :-)
**BOL, en cherchant un peu j'ai trouvé je crois les sculptures dont vous parlez...sous verre, mais peu importe, je vais ajouter la photo à mon billet, merci!
RépondreSupprimer**Pâques, j'adhère moi aussi; un équilibre parfois précaire, mais du mouvement, toujours!
L'atletisme affectif d'Artaud ++++++++++ tout ce que fait un homme quand il ne fait "rien" . la spécialisation, la robotisation, l'uniformisation des comportements à travers le "métier" face à : être simplement là dans la dynamique du Etre et du Vivre sans se figer dans une posture, une représentation de soi, se momifier dans des habitudes... que sais-je ? ... que je n'en sais rien. :))) et que je délire :)) ça sert à ça !
RépondreSupprimer**Ah, Miss K. ton énergie délirante fait plaisir, entraîne, tourbillonne...ne t’arrête surtout pas!
RépondreSupprimermerci de m'avoir fait découvrir les sculptures de Degas.... connaissait pas du tout. Le tout c'est de maintenant aller au MET !
RépondreSupprimerBizarre, les caractères ont à nouveau pris un tour fantaisiste dans ton billet (pour info).
RépondreSupprimerJ'aime beaucoup ces danseuses dans toutes leurs positions, on peut les admirer en nombre au musée d'Orsay, c'est moins loin. Rodin aussi en a sculpté quelques-unes. http://www.insecula.com/salle/tabloid_MS01504_O0013956_page1.html
**Cher Anonyme, le Musée d'Orsay suggéré par Tania est-il moins loin de chez vous?
RépondreSupprimer**Tania, très bizarre....on avait pourtant bien "chipoté" et pensé avoir arrangé "l'affaire". Hum...
Merci pour le lien, belle journée.
Le soleil de printemps faisait défaut ce jour-là. J’accompagnais mes parents chez tante Alice qui nous avait invités pour le gouter. Ça lui arrive. De temps en temps. Lorsqu’elle a besoin de quelque chose de papa. ET, comme d’habitude les grandes personnes n’arrêtaient pas de raconter d’autres vies.
RépondreSupprimerAprès un moment, foudroyé par l’ennui, mon regard s’est mis à vagabonder autour de la pièce triste, sombre et inconfortable où rien ne nous invitait à nous attarder, jusqu’à ce que, juste en dessus du tableau panoramique d’un vieil arbre moribond perdu dans un indifférent ciel bleu, je remarque une ancienne petite statue en bronze, où la poussière avait trouvé repos depuis quelques jours.
C’était un coureur. Un marathonien. Par son allure je ne pouvais pas me tromper. Il avait un pied appuyé et un autre formait un angle de presque 90 degrés. Cela me laissa penser qu’il était en plein effort. J’ai longuement observé sa silhouette élégante et fine. Puis son visage. Ses traits ne m’ont pas semblé fatigués et figés, comme ceux des coureurs lorsqu’ils arrivent en bout de course. Après avoir couru des kilomètres.
Ceci me laissait libre de croire qu’il était encore dans la première moitié de sa course. Et qu’il était devant. Il ne pouvait qu’être devant.
D’ailleurs dans ma tête j’entendais le chant de sa cadence de vainqueur. Sa respiration était contrôlée et quasi sans efforts. Et sa foulée était cadencée et harmonieuse. Les gens applaudissaient et criaient à son passage. Mais je ne suis pas certain qu’il les écoutait.
Son regard était plongé loin. Collé au bout de l’horizon, comme accroché à un rêve lointain. C’était le regard de ceux qui ne réfléchissent pas. N’entendent pas. Ils ne font que courir. Devant. Tout droit. Avec cette hâte d’arriver.
Et j’entendais toujours sa foulée. Le chant des semelles sur le macadam. J’entendais son cœur battre. Il était vivant. Vivant. Et je savais qu’il allait gagner. Oui, je le savais. Je le voyais écarter les bras en franchissant la ligne d’arrivée. Les gens l’applaudissaient. Debout.
Mais il semblait ne rien entendre. Ni bravos ni cris de joie. Rien. Au bord de la piste un enfant lui a tendu les bras. Il l’a pris. Ils ont fait un tour de piste. Fiers…
J’ai regardé autour de moi. Les grandes personnes continuaient à raconter d’autres vies. Il ne savent faire que ça.
**Armando, comment te remercier? La vie dans la tête des enfants telle que tu la racontes est, et c'est vrai, si riche, comparée à....mais ne pleurons pas.
RépondreSupprimerUn texte vivant, imaginatif et si réel à la fois.
Je t'embrasse.