La solitude c’est regarder des yeux qui ne vous regardent pas.
Elle arrive alors, déguisée
en oiseau, arbre et vent,
elle arrive alors, déguisée,
attrape une larme avec le doigt
et la met dans un bocal.
La mer me manque,
j’arrive à dire.
Il ne restera aucun espace dans le monde sans toi,
tu sais,
aucun endroit où
je ne te regarderai.
Montagnes, saules, toile d’araignée,
partout je tisse ton nom,
partout je place ton corps face à la blessure.
Je t’emmènerai, peut-être,
devant le précipice,
je devrai te pousser et te prendre la main
pour que tu me croies.
Et seulement alors, si je détourne le regard
vers le fond,
inquiète pour ce qui t’attend là,
je te dirai que je ne peux partager ma douleur,
que le vent me porte ailleurs,
que le silence est l’unique endroit
où il me reste des mots,
que je dois te lâcher
pour pouvoir me prendre,
que je pars, amour,
que je t’aime et je pars en t’aimant
pour ne plus jamais t’aimer
et oublier les montagnes,
et les saules,
et les toiles d’araignées,
et ton corps face à la douleur
qui m’attend maintenant en d’autres lieux.
Et ainsi, avec la peine de l’inévitable,
tu recueilleras du doigt la même larme
qu’aujourd’hui tu m’ôtes
et tu la déposeras à nouveau sur mon visage,
cette fois
sur l’autre joue.
La solitude c’est regarder des yeux qui ne vous regardent pas.
(Trad: Colo)
Elvira Sastre - El amor en un bote de cristal
La soledad es mirar a unos ojos que no te miran.
Llega
entonces ella, disfrazada
de pájaro, árbol y viento,
llega
entonces ella, disfrazada,
atrapa una lágrima con el dedo
y
la mete en un bote de cristal.
Añoro
el mar,
alcanzo a decir.
No
quedara hueco en el mundo en el que no existas,
me dice,
no
existirá lugar alguno en el que
no te mire.
Montañas,
sauces, telas de araña,
en todos tejo tu nombre,
en todos
coloco tu cuerpo frente al daño.
Te
llevaré, acaso,
ante el precipicio,
habré de empujarte y
cogerte la mano
para que me creas.
Y
solo entonces si desvío la mirada
hacia el fondo,
inquieta
por lo que allí te espera,
te diré que no puedo compartir mi
dolor,
que el viento me lleva a otro sitio,
que el silencio
es el único lugar
en el que me quedan palabras,
que he de
soltarte
para poder cogerme,
que me voy, amor,
que te
quiero y que me voy queriéndote
para no quererte nunca más
y
olvidar las montañas,
y los sauces,
y las telas de araña
y
tu cuerpo frente al daño
que me espera ahora en otros lugares.
Y
así, con el dolor de lo inevitable,
recogerás con el dedo la
misma lágrima
que hoy me quitas
y volverás a dejarla
sobre mi rostro,
esta vez
en la otra mejilla.
La soledad es mirar a unos ojos que no te miran.
Chère Colo, ce poème me bouleverse.
RépondreSupprimerMerci pour ta belle traduction. Je l'ai copié dans mon fichier de poèmes à relire.
À relire, certainement, Tania, merci
Supprimerouh un poème qui demande a être lu et relu pour s'en imprégner
RépondreSupprimerj'ai été particulièrement touchée par cette larme que l'on recueille du bout du doigt et que l'on met dans un bocal.
Le silence seul endroit où il reste des mots, et le dernier vers surtout : La solitude c’est regarder des yeux qui ne vous regardent pas.
C'est tellement vrai et j'ajoute que c'est aussi parler à quelqu'un qui ne vous entend pas
Bon ajout, en effet Dominique.
SupprimerBouleversant... Emotions à chaque mot... "La solitude c’est regarder des yeux qui ne vous regardent pas." c'est si vrai... J'ai relu ce poème plusieurs fois tant il est intense ...
RépondreSupprimerPlus je le traduisais, plus je ressentais cette émotion, oui.
Supprimerc'esr vraiment poignant colo, et très beau
RépondreSupprimerMerci pour elle Niki
SupprimerComme c'est poignant de lire ce texte... j'en suis bouleversée, c'est tellement bien écrit. Merci ! bon après midi, bises.
RépondreSupprimerTrès vivant et profond, je te comprends Élisabeth.
SupprimerC'est terrible de regarder des yeux qui t'ignorent, et si c'est la personne qu'on aime, c'est désespérant ! Poème bouleversant.
RépondreSupprimerTrès oui.
SupprimerAh oui c'est très émouvant, bouleversant même. J'aime beaucoup la somme de détails qui désignent le manque l'absence la perte.
RépondreSupprimerLes toiles d'araignées...une liste de symboles très réussie, oui.
SupprimerMerci d'être passé.
Quel talent de traductrice tu as ! Tu réussis à nous faire ressentir de l'émotion à chacun de ces mots comme s'ils avaient été écrits en français. Cette larme récoltée du bout des doigts, ce silence, cette solitude et le ver final tout est bouleversant de vérité (La solitude c’est regarder des yeux qui ne vous regardent pas). Que c'est beau ! Merci pour ce partage. Comme tu t'en doutes je ne connaissais pas cet auteur.
RépondreSupprimerJe rougis Manou, merci beaucoup, ça me fait grand plaisir.
SupprimerLe poème est très vivant en espagnol, il fallait rendre ça. Vivant, intime et profond. Contente que tu l'aies apprécié.
Texte très émouvant que vous avez parfaitement rendu. C'est terrible, ces yeux qui ne regardent plus, ni moi ni rien.
RépondreSupprimerMerci Christian.
SupprimerJe me disais qu'en fermant les yeux on pouvait parfois sentir le regard sur soi de ceux qui ne regardent plus.
En effet , c'est çà la solitude et c'est bien cela qui fait mal même lorsque c'esst oliment écrit et tradut.
RépondreSupprimerBonne soirée Chinou, merci de ton passage
SupprimerCc, effectivement, 14 juillet aujourd'hui et fête nationale. Mais ici, on l'a célébrée hier, comme ds bp de villes, par spectacle pyrotechnique et déambulations sur l'eau. Bisous et bon dimanche
RépondreSupprimerMerci de ta visite, bonne journée Val,
SupprimerC'est avec émotion que j'ai lu ce merveilleux texte. Je reviendrai le relire tant il est beau et profond.
RépondreSupprimerGros bisous Colo, merci.
Bonjour Denise, oui, c'est un poème à relire plusieurs fois, je t'embrasse, à bientôt
SupprimerQuelle délicatesse dans ce poème, les mots sont comme suspendus dans un espace improbable, une fente, une brisure du temps, on retient son souffle, c'est vraiment magnifique, bravo à toi d'avoir su rendre cette émotion. Bisous dame Colo, à bientôt. brigitte
RépondreSupprimerMerci Brigitte, il y a une grande force vitale dans ce poème.
SupprimerJe t'embrasse dame Plumes, je passerai chez toi très bientôt.