Photo Colo, aube à Puigpunyent, Mallorca 2014
Nuages
( Jorge Luis Borges)
- No habrá una sóla cosa que no sea
una nube. Lo son las catedrales
de vasta piedra y bíblicos cristales
que el tiempo allanará. Lo es la Odisea,
que cambia como el mar. Algo hay distinto
cada vez que la abrimos. El reflejo
de tu cara ya es otro en el espejo
y el día es un dudoso laberinto.
Somos los que se van. La numerosa
nube que se deshace en el poniente
es nuestra imagen. Incesantemente
la rosa se convierte en otra rosa.
Eres nube, eres mar, eres olvido.
Eres también aquello que has perdido.
I. Pas une chose au monde qui ne soit
nuage. Nuages, les cathédrales,
pierre imposante et bibliques verrières,
qu’aplanira le temps. Nuage l’Odyssée,
mouvante, comme la mer, neuve
toujours quand nous l’ouvrons. Le reflet
de ta face est un autre, déjà, dans le miroir
et le jour, un labyrinthe impalpable.
Nous sommes ceux qui partent. Le nuage
nombreux qui s’efface au couchant
est notre nuage. Telle rose
en devient une autre, indéfiniment.
Tu es nuage, tu es mer, tu es oubli.
Tu es aussi ce que tu as perdu.
Nuages (I), Jorge Luis Borges, Les Conjurés,
traduction par Claude Esteban,
Photo Colo, aube à Puigpunyent, Mallorca 2014
NUBES (de Jorge Luis Borges)
Photo Colo, Mallorca
Nubes II (extracto) JL Borges(...)
¿Qué son las nubes? ¿Una arquitectura
del azar? Quizá Dios las necesita
para la ejecución de Su infinita
obra y son hilos de la trama oscura.
Quizá la nube sea no menos vana
que el hombre que la mira en la mañana.
Nuages ll
(extrait) JL Borges
(...)
Que
sont les nuages? Une architecture
du
hasard? Dieu, peut-être, en a-t-il besoin
pour
l'exécution de son oeuvre infinie.
Ils
sont le fil d'une trame obscure.
Le
nuage, peut-être, est aussi vain
que
l'homme qui le regarde dans le matin.
(Trad:
Colo)
Clic pour agrandir les photos, comme toujours! ;-)
Très beau. Tout.
RépondreSupprimerSouvent, mon intime, profond, coeur et neurones, vibrent à la beauté d'un ciel. Comme si le premier matin du monde.
Nous vibrons ensemble donc chère Lou!
SupprimerC'est superbe, vrai que je connais plus la prose de Borges que sa poésie et c'est un tord car j'aime ...
RépondreSupprimerCertains poèmes de lui sont fort hermétiques, celui-ci m'enchante aussi.
SupprimerBonne fin de dimanche Dominique.
je ne connaissais Borges que comme l'auteur de nouvelles (El Aleph...) et je le découvre ici fin poète :-)
RépondreSupprimermerci Colo!
À ce que je trouve sur la Toile, mais ça ne veut pas tout dire!, il y a pas mal de poèmes non traduits en français Adrienne.
SupprimerMerci de ta visite!
j'adore ce texte dont j'ignorais l'existence.... il ne peut que réjouir l'amateur de nuages que je suis
RépondreSupprimerIci où j'habite le ciel, les nuages sont souvent magiques...
SupprimerAh Borges ! Oui, l'oeuvre poétique à ne oublier... Ah Borges, tu me prends par les sentiments là , quelle émotion devant une telle force d'évocation, puissante et subtile.....
RépondreSupprimer;-)
Tiens je t'envoie un nuage, celui de Supervielle, qui n'est peut-être pas si loin ... il se trouve que ce texte appartient au recueil Gravitations... !!!
* * *
Il fut un temps où les ombres
A leur place véritable
N’obscurcissaient pas mes fables.
Mon coeur donnait sa lumière.
Mes yeux comprenaient la chaise de paille,
La table de bois,
Et mes mains ne rêvaient pas
Par la faute des dix doigts.
Ecoute-moi. Capitaine de mon enfance,
Faisons comme avant,
Montons à bord de ma première barque
Qui passait la mer quand j’avais dix ans.
Elle ne prend pas l’eau du songe
Et sent sûrement le goudron,
Ecoute, ce n’est plus que dans mes souvenirs
Que le bois est encor le bois, et le fer, dur,
Depuis longtemps, Capitaine,
Tout m’est nuage et j’en meurs.
(Jules Supervielle)
Pas si loin tu dis, tout tout près même.
SupprimerGrand merci K, je ne connaissais pas ce poème, superbe, et l'envie me prends de la traduire en espagnol, d'en faire un autre billet-nuages.
Gravitons, gravitons!
Le premier vers démarre fort. Il nous invite à prendre de la hauteur et à relativiser tout ce qui nous entoure. Nous sommes en mouvement perpétuel et les choses se modifient au fil du temps, jusqu'à disparaitre. Restent l'évasion et le rêve, la beauté de l'imaginaire. Une pensée pour Baudelaire qui écrivit "L'étranger".
RépondreSupprimerJ'avais cru un instant que tu avais changé de blog ! Je ne sais comment je suis parvenue à ton autre page. A l'instant je viens de récupérer mon com. Bonne soirée Colo !
Merci Lily, tes analyses sont toujours intéressantes.
SupprimerPas changé de blog, l'autre est une longue et vieille histoire. Je le maintiens par fidélité à celui qui m'y avait invitée, mais aussi par provocation car j'y ai reçu au début des commentaires xénophobes et inacceptables.
Bonne semaine Lily
Merci pour la traduction, Colo ! Merci pour tes images !
RépondreSupprimerUn beau billet !
J'aime les nuages et leur fascinante transformation au fil de l'heure...
Comment ne pas se laisser emporter par eux?
SupprimerMerci Fifi, bonne semaine.
Splendides photos sur un texte tout aussi splendide. Sa poésie est limpide et claire.
RépondreSupprimerMerci Aifelle. Depuis 2 jours je n'arrive pas à aller sur ton blog...ça bloque. Suis-je la seule?
SupprimerJe réessayerai.
Bonne semaine, un besito.
Le nuage, magnifique prétexte d'élans métaphysiques de l'inoubliable Borges. Rappel de la pensée bouddhiste : rien n'est figé, tout est changement et transformation.
RépondreSupprimerEt vous avez réussi quelques belles rimes dans le second : comme l'espoir accompli d'une rémission durable. Bonne semaine !
Grand merci pour vos mots délicats Christian, je suis fort touchée.
SupprimerBonne semaine à vous aussi.
Magnifique...je l'écoute et le réécoute, mon esprit prend le pas sur les nuages.
RépondreSupprimerJe le mettrai dans mon prochain billet avec le poèmes de Supervielle...super!
Grand merci sieur Gérard, bonne semaine.
Après 4 mois sans une goutte d'eau, nous sommes en alerte-pluies multicolore...j'attends ça avec impatience, tout le monde attend ce cadeau, même violent, du ciel.
Immense merci Lily, je me sens toute réjouie à l'idée de lire, relire, traduire cette semaine.
RépondreSupprimerSi mon corps doit beaucoup se reposer en ce moment, ma tête fonctionne super bien! ;-))
Je t'embrasse, encore merci!
J'adore les nuages et les rêves qui s'en dégagent. Vous aimeriez sûrement le livre de Danièle Boulaire "une année dans les nuages" poétique et vivante observation du ciel...
RépondreSupprimerBienvenue et grand merci pour cette référence. Ce livre m'est inconnu mais je vais explorer cette poésie du ciel!
SupprimerBonne semaine à vous.
"Nous sommes ceux qui partent" ! La-bas, très loin...
RépondreSupprimerJ'avais presque les mêmes au-dessus de ma tête hier !
Belle soirée
Universalité des nuages qui nous relient, nous font rêver ou imaginer.
SupprimerBonne journée à toi!
Nous parlions de nuages hier encore.C'est vrai qu'un ciel bleu c'est magnifique mais souvent c'est sans nuance. Pouvoir observer des nuages, c'est comme de la dentelle qui s'effiloche… Ou une masse de ouate… qui renvoie à l'enfance. Merci pour ce beau poème d'un auteur souvent hermétique mais les mots sont là et on peut aussi les faire vivre autrement.
RépondreSupprimerL'ennui naquit un jour de l'uniformité...oui, tu as raison, ce bleu-uni qui nous est offert plusieurs mois par an présente peu d'intérêt...de même que le gris-uni d'ailleurs.
SupprimerAprès 4 mois de sécheresse bleue, il pleut. Tu ne peux savoir combien tout le monde est content ici (enfin, pas les touristes j'imagine), on en veut plus et plus et encore!
Merci d'être passé, bonne semaine Obni.
Très jolie plongée dans le ciel des nuages et les nuages du coeur.
RépondreSupprimerJe me souviens d'un blogueur qui peignait les nuages et leur donnait la parole ...
Les nuages parlent toutes les langues et se font comprendre partout, on peut passer sa vie à les regarder, les commenter, les sentir. Ils sont la préfiguration de l'infini ou de l'éternité.
Merci Savarati.
SupprimerDonner la parole aux nuages? Pourquoi pas...Je les sens si vivants, intemporels, universels.
Discrets dépositaires de rêves et secrets.
Que tout est beau, Colo! Et les photos et le poème.
RépondreSupprimerIl ne se passe pas un jour, s'en que je ne regarde le ciel. J'aime les nuages, j'aime le ciel.
Merci pour ce très joli billet avec tant de douceur.
Bisous
C'est fort gentil Denise.
SupprimerQuand on vit à la campagne, qu'on a un grand potager, l’observation du ciel est quotidinne, et...si plaisante. Contente de partager cet amour avec toi !
Besos
Oh la la! Colo, il faut lire "sans que je ne" dans mon commentaire. Merci et mille excuses!
SupprimerBisous
Si tu savais le nombre de fois que ça m'arrive Denise...vingt fois excusée!
SupprimerBonne journée, un beso
"Nous pensons que les nuages parlent aux rêveurs et que l'âme s'enrichit à les contempler. En vérité, ceux qui s'abandonnent aux évocations suscitées par leurs formes feront l'économie d'une psychanalyse."
RépondreSupprimerExtrait du Manifeste de la Société d'Appréciation des Nuages (cité par Denis Grozdanovitch)
(envoyé par Tania de son sud ensoleillé!..je le publie à sa demande!!)
De l'impermanence de toutes choses...
RépondreSupprimerJamais mieux dit!
SupprimerBonne journée Bacchante
J'ai beaucoup de retard partout et chez toi particulièrement.
RépondreSupprimerTrès belle évocation croisée du monde des nuages en photo, poèmes et poésie.
Pas un jour, même au cœur de la ville où je ne vive accrochée aux ciels changeants; mais il est sûr qu'il y a des endroits privilégiés pour regarder le ciel et s'en imprégner.Lorsque je vais chez ma mère, il y a un endroit loin de tout où le ciel semble prendre le pas sur la terre. L'horizon y semble infini et les divers jeux de nuages y sont un ravissement.
Marrant car j'ai marqué dans mon carnet: "trouver des poèmes de Borges et si possible une œuvre"... Tu me combles.
Merci Colo.
Bonjour Maïté, aucun problème...vivre au rythme de son corps est essentiel!
SupprimerLes îles sont des endroits privilégiés pour se plonger dans le ciel, les nuages...ceci dit la poésie de Borges me semble souvent compliquée, trop à mon goût..
Bonne semaine ma belle, je t'embrasse fort