3 août 2013

Ode à l'été / Neruda / Oda al verano


L'été comme un tableau, au rythme particulier, si cher à Pablo Neruda.

El verano como un cuadro, al ritmo que Pablo Neruda tanto afeccionaba.




Ode à l'été Pablo Neruda

Été, violon rouge,
nuage clair,
un vrombissement
de scie
ou de cigale
te précède,
le ciel
voûté,
lisse, brillant comme
un œil,
et sous son regard,
 été,
poisson du ciel 
infini,
élytre mensonger,
paresseux
léthargie
petit ventre
d'abeille,
soleil endiablé,
soleil terrible et paternel,
suant
comme un bœuf au travail,
soleil sec
sur la tête
comme un inattendu
coup de gourdin
soleil de la soif
marchant
sur le sable,
été,
mer déserte,
le mineur
du soufre
se remplit
se remplit
de sueur jaune,
l'aviateur
parcourt
rayon par rayon
le soleil céleste,
sueur
noire
glisse
du front
aux yeux
dans la mine
de Lota,
le mineur
se frotte
le front
noir,
brûlent
les semailles,
crisse
le blé,
insectes
bleus
cherchent
ombre,
touchent
la fraîcheur,
submergent
la tête
dans un diamant.

Oh été
abondant,
charrette
de
pommes
mûres,
bouche
de fraise
dans la verdure, lèvres
de prune sauvage,
chemins
de légère poussière
sur la poussière,
midi,
tambour
de cuivre rouge,
et le soir
repose
le feu,
l'air
fait danser
le trèfle, entre
dans l'usine déserte
monte
une étoile
fraîche
dans le ciel
sombre,
crépite
sans brûler
la nuit
d'été.

(Trad: Colo)

Van Gogh, Été à Arles


Oda al verano

Verano, violín rojo,
nube clara,
un zumbido
de sierra
o de cigarra
te precede,
el cielo
abovedado,
liso, luciente como
un ojo,
y bajo su mirada,
verano,
pez del cielo
infinito,
élitro lisonjero,
perezoso
letargo
barriguita
de abeja,
sol endiablado,
sol terrible y paterno,
sudoroso
como un buey trabajando,
sol seco
en la cabeza
como un inesperado
garrotazo,
sol de la sed
andando
por la arena,
verano,
mar desierto,
el minero
de azufre
se llena
se llena
de sudor amarillo,
el aviador
recorre
rayo a rayo
el sol celeste,
sudor
negro
resbala
de la frente
a los ojos
en la mina
de Lota,
el minero
se restriega
la frente
negra,
arden
las sementeras,
cruje
el trigo,
insectos
azules
buscan
sombra,
tocan
la frescura,
sumergen
la cabeza
en un diamante.

Oh verano
abundante,
carro
de
manzanas
maduras,
boca
de fresa
en la verdura, labios
de ciruela salvaje,
caminos
de suave polvo
encima del polvo,
mediodía,
tambor
de cobre rojo,
y en la tarde
descansa
el fuego,
el aire
hace bailar
el trébol, entra
en la usina desierta,
sube
una estrella
fresca
por el cielo
sombrío,
crepita
sin quemarse
la noche
del verano.


35 commentaires:

  1. La couleur rouge est à l'honneur !
    et un petit Van Gogh en prime : comment as tu deviné que je lis sa bio en ce moment avec sa correspondance ?

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    1. Colo a aussi deviné que cette année je me suis procuré deux recueils de Pablo Neruda (je n'en avais pas avant).

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    2. Télépathie? Divination?
      Toujours est-il qu'il y a d'étranges liens qui se tissent.
      Déjà ce matin: mon dernier billet parlait de mesure du méridien, Edmée m'avait mis en lien une autre histoire, terrible, de cette mesure, et voilà que ce soir, sur la chaîne Arte, un documentaire à ce sujet!!

      Belles lectures Dominique, Cristophe!

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  2. Quel beau poème! Un tableau! Et bien sûr Van Gogh...une belle harmonie.Bon, je dois vraiment relire mes classiques...cette fois, c'est certain! beau dimanche à toi!
    Danielle

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    1. Comme je suis contente que tu l'aies aimé! je le trouve magnifique.
      Bonnes lectures Danielle, amicalement.

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  3. (…) Eté
    Qui vient entre Printemps Automne
    nos élans seraient-ils voués
    à ton rythme si raisonnable
    en sa franche banalité
    Les hommes ont du mal à croire
    à l’aller-retour des saisons
    et qu’il fasse froid en hiver
    étonne toujours et que chaud
    en juillet Mon Dieu que penser
    de ce suspect étonnement
    il nous va bien Nous ne croyons
    en rien de ce qu’il faudrait croire
    sans éprouver honteux besoin
    anges ou démons de vos ailes
    qui rétrécissent la prison
    de nos corps
    Folles hirondelles
    jamais comme vous ne serons
    Mais nous voulons plus haut que vous
    faire en sorte que dans le ciel
    l’homme attrape au vol l’étincelle
    qui vous fait vivre Alors que nous
    faisons tous les jours le marché
    afin de penser à ce vol
    après nous être restaurés
    Digestion ferme les yeux
    Nous ne sommes gens sérieux.

    Georges Perros, Curieux je ne me sens capable… (Une vie ordinaire)

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    1. Colo (pestant à nouveau sans Internet)3 août 2013 à 19:40

      Comment te remercier? Tout y est si parfaitement dit, et ce "suspect étonnement" de qui est ordinaire.

      Fait trop chaud pour t'embrasser ;-)

      Belle soirée Tania.

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    2. La peste soit de cette connexion volage ! Un baiser frais du matin.

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  4. Les Demoiselles de Rochefort : extrait de "regretter l'été"

    - "Aimer la vie, aimer les fleurs
    Aimer les rires et les pleurs
    Aimer le jour, aimer la nuit
    Aimer le soleil et la pluie
    Aimer l'hiver, aimer le vent
    Aimer les villes et les champs
    Aimer la mer, aimer le feu
    Aimer la terre pour être heureux

    Quand l'amour a disparu
    Quand le coeur s'en est allé
    Du côté des jamais, plus jamais
    On ne peut que regretter
    L'amour envolé
    Mais pour ressusciter l'amour
    Si votre coeur vide est trop lourd
    Si l'ennui menace vos jours
    Il faut aimer

    Aimer la vie, aimer les fleurs
    Aimer les rires et les pleurs
    Aimer le jour, aimer la nuit
    Aimer le soleil et la pluie
    Aimer l'hiver, aimer le vent
    Aimer les villes et les champs
    Aimer la mer, aimer le feu
    Aimer la terre pour être heureux

    Devant la joie retrouvée
    Quand le coeur s'est installé
    Du côté du grand amour
    Chaque jour est un été
    Plus bel été
    Et devant la joie retrouvée
    Devant l'été recommencé
    Devant l'amour émerveillé
    Il faut chanter

    Chanter la vie, chanter les fleurs
    Chanter les rires et les pleurs
    Chanter le jour, chanter la nuit
    Chanter le soleil et la pluie
    Chanter l'hiver, chanter le vent
    Chanter les villes et les champs
    Chanter la mer, chanter le feu
    Chanter la terre pour être heureux..."

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    1. Bonjour JEA, le film vient juste de repasser à la TV; s'il m'a semblé fort vieilli, la chanson par contre, ce beau chant à l'amour, est intemporel.
      Merci. Chanter, chantonner pour éloigner les douleurs...

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  5. Merveilleux Neruda et toi Colo de nous l'offrir si beau ...
    Par son minimalisme, sa diction nous livre autant d'images et d'atmosphères estivales que de mots brefs et lumineux.
    Mon" petit ventre d'abeille" se réjouit à sa lecture, dans la chaleur annoncée du jour, je pense à tous ceux qui luttent et travaillent, tels ces mineurs dessous qui suent et se tuent étouffent pour survivre, quand nous avons la chance, ô gâtés que nous sommes, et "poissons paresseux" parfois, de se mettre au frais pour bénir le jour nouveau que la vie nous donne ...au soleil sans soif qui nous est donné, à tous ceux qui ont soif de vie et d'amour mais d'eau fraîche d'abord pour se désaltérer et vivre sans mourir ...

    Je t'embrasse en fraîcheur d'amitié

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    1. Merci pour ces baisers rafraîchissants Veronica.
      Neruda n'oublie jamais les travailleurs et ceux-là, oui, j'en voyais en train de bétonner une route jeudi passé, il souffrent fort par ces température élevées.
      Nous sommes du bon coté, des veinards tu as mille fois raison.

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  6. Verticalité minimale de l'été. Quelle saison chercherait l'horizontalité?

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    1. Certaines saisons préfèrent l'oblique, position plus inconfortable pour les humains...

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  7. Neruda, toute une histoire et une poésie qui m'enchante, il a accompagné mes années de jeune adulte. L'association avec Van Gogh est belle. Bonne journée Colo, toujours sous la chaleur.

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    1. Bonsoir Aifelle, plus je traduis de poèmes de lui, plus j'y suis attachée.
      Bonne soirée à toi, à bientôt!

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  8. Je ne vois autour de moi que de l'or et de tous côtés la couleur de la moisson.
    (Paul Claudel)

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  9. Les mots de Pablo Neruda collent tout à fait à la chaleur ressentie par tous...
    Merci de nous les avoir traduits Colo !
    Belle soirée à toi, un peu plus fraîche!!!

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    1. C'est avec tant de plaisir Enitram...ces poèmes, il faut se laisser emporter par le rythme, ils deviennent fantastiques.
      Les nuits au pied de la montagne sont heureusement fraîches, belle soirée, un beso.

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  10. J'adore Neruda !
    Pour l'instant l'été s'impose à moi avec un peu trop de fougue et de chaleur ...
    Je le préfère un peu plus tendre, je suis comme les fleurs de mon jardin ... exténuée, assoiffée, peut-être que si je me montre cruelle et ingrate il va m'arroser de larmes de pluie ?

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    1. L'été est fougueux dans le nord! c'est vrai que les fleurs, les maisons, les rythmes de vie n'y sont pas habitués. Mais les corps souffrent, partout.

      Pour toi ceci de Pablo Neruda

      PREMIER VOYAGE -
      Là où naît la pluie
      Mémorial de l’Ile Noire (1964)

      Je ne sais quand nous arrivâmes à Temuco.
      Ce fut une naissance imprécise et ce fut
      une tardive et lente naissance vraiment,
      ce fut aussi palper, connaître, haïr, aimer,
      tout ceci a sa fleur et même ses épines.
      De la poitrine poussiéreuse de ma patrie,
      on me transporta sans parole
      jusqu’à la pluie de L’Araucanie.
      Les planches de notre maison
      sentaient le bois,
      la forêt pure.
      Depuis lors mon amour
      a été charpentier
      et tout ce que je touche en futaie se transforme.
      Je confonds
      les yeux et les feuilles
      et certaines femmes avec le printemps
      du noisetier, l’homme avec l’arbre,
      j’aime le monde du vent, du feuillage,
      je ne sais distinguer les lèvres des racines.(.../...)

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  11. Comment un grand poète comme Neruda arrive en quelques mots à résumer ce que j'aurais de la peine à expliquer en un tome! J'aime beaucoup ce poème mais aussi vous vous en doutez bien ce tableau écrasant de soleil de Van Gogh.
    A l'heure où le festival interceltique de Lorient bat son plein ( invitées d'honneur Les Asturies ), nous avons enfin pu quitter nos habits de scaphandriers aux semelles de plomb.
    Après avoir péniblement respiré un air surchauffé et vicié comme il est agréable de remonter à la surface et de découvrir la nuit tombée cet océan d'étoiles!

    25°C, ciel clair, petites averses rafraîchissantes la nuit , que demander de mieux pour des bretons?
    Prompt rafraîchissement Colo.

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  12. Heureuse que vous l'aimiez ce poème, si visuel, si humain.

    Un océan d'étoiles qui fait rêver en effet, le ciel est superbe la nuit.... ici les uniques pluies sont d'étoiles au mois d'août.
    Respiration - fraîcheur dites-vous...
    La nôtre, comme chaque année, devra encore attendre un gros mois.

    Ce matin l'air est jaune, trouble. Il est donc chargé de sable...ce qui ne présage rien de bon, le vent du sud, du désert....voyons comment évolue la journée.

    Ce weekend, fêtes du village et un groupe chilien qui s'appelle "hermanos brother" et qui joue de la musique celtique! Curieux mélange que j'irai écouter...

    Belle journée Gérard.

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  13. La chaleur pesante qui s'écoule comme filet d'eau bienfaisant... Jolie traduction.

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    1. Merci Christian. Sur votre dernier billet je n'ai pas osé, car c'est trop présomptueux de ma part, comparer un peu le processus de l'écriture au crayon avec celui de la traduction: le rythme porte les mots, les fait s'enchaîner dans un élan...je ne sais si vous comprendrez ce que je perçois.

      Belle journée à vous.

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    2. Je n'avais pas envisagé cet aspect, n'étant pas traducteur, mais je saisis très bien ce que vous voulez dire. Il n'y a aucun présomption à parler de votre ressenti en tant que traductrice, en tous cas je ne l'auras pas ressenti comme tel.

      J'ai lu chez Assouline un article qui peut vous intéresser
      http://larepubliquedeslivres.com/du-cliche-en-traduction/

      À bientôt Colo.

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    3. Un tout grand merci pour cet article qui m'a fort intéressée, bien sûr! Les lieux communs...de quoi parfois s'arracher les cheveux tant il semble que c'est tellement mieux, plus joliment dit dans l'autre langue!

      Je le garde précieusement, belle fin de journée.

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  14. J'aime toujours autant Neruda, ses images si percutantes, sa poésie, sa musicalité, le tout associé à Van Gogh...
    J'écoutais récemment une réflexion sur ces textes qui deviennent chansons, sur cette musicalité première du texte nécessaire.Même si ce texte n'a pas été mis en chant, j'entends en moi résonner ses accents, sa syntaxe, la pureté des diamants de ses mots.

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    1. Que tu le dis bien Maïté, c'est ça: des mots qui semblent simplement juxtaposés (on se dirait presque qu'on y arriverait facilement !!) mais qui forment un tout mélodieux, rythmé...
      TU connais l'ode à la tomate? (c'est de saison) Je l'avais traduite l'an dernier
      http://espacesinstants.blogspot.com.es/2012/07/lumiere-des-tomates-luz-de-los-tomates.html
      et elle a été récitée en musique par Drexler...c'est joli.

      À bientôt!

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  15. merci beaucoup pour ce clair moment de poésie, et ce souci de le traduire au plus près de tes sensations

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  16. Relire Neruda est toujours un plaisir incommensurable. Votre traduction est chouette. "Crisse le blé". C'est vraiment ça, l'été.
    Bonne journée.

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    1. Merci Bonheur du Jour, aujourd'hui ce serait "un inattendu coup de gourdin sur la tête!"...ça va passer.
      Belle journée à vous aussi.

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