Travail
et emploi ne sont pas synonymes dans nos pays où seuls ceux qui ont
un emploi sont considérés comme des travailleurs.
«L'emploi
ne dit rien du travail, il délimite son champ. L'emploi confère un
statut, y compris à ceux qui en cherchent un et ne l'ont pas encore
trouvé ou l'ont perdu»
Cette
distinction n'a pas toujours existé et l'emploi que nous connaissons
est récent.
«Après
la suppression des corporations et du compagnonnage en 1791, il a
fallu plus d'un siècle et demi pour construire un ordre qui insère
le contrat de travail dans un faisceau de droits et de couverture des
risques du travail, l'emploi public dans un statut achevé. Le
travail indépendant lui-même n'a pas échappé à cette insertion
dans un système donnant accès à un minimum de protection sociale
et de droits à la retraite. Parce qu'ils attribuent des droits
autant qu'ils définissent des devoirs ou des contraintes, ces
différents statuts tendent à inclure autant qu'à exclure»
Je
reste sur ce dernier mot «exclure»: former des bataillons de plus
en plus nombreux de "marginaux" qui n'ont, soit-disant, pas de rôle à
jouer, ne font partie d'aucun engrenage, ne sont pas conviés à
faire, ensemble avec les autres, fonctionner la société.
Donc,
et d'après ce récent concept où seul l'emploi est travail et ceux
qui en possèdent un représentent la population active, il faut en
déduire que tous les autres sont inactifs!!! C'est très fort et de
multiples exemples de travailleurs-sans-emploi nous passent
immédiatement par la tête.
Helping grandpa. Frederick Morgan |
Trabajo y empleo no son
sinónimos en nuestros países donde solo aquellos que tienen un
empleo están considerados como trabajadores.
«El
empleo no dice nada del trabajo, tan solo delimita su cuadro. El
empleo confiere un estatus en el que están incluidos aquellos que lo
buscan y no lo han encontrado todavía»
Esta
distinción no siempre ha existido y el empleo que hoy conocemos es
reciente.
«Después
de la supresión de las corporaciones y los gremios en 1791, fue
necesario más de siglo y medio para construir un orden que incluyera
el contrato de trabajo dentro de un manojo de derechos, la cobertura
de los riesgos del trabajo y el empleo publico en un estatuto
acabado. El mismo trabajo autónomo no ha escapado a esta inserción
en un sistema con un mínimo de protección social y con derecho a la
jubilación. Puesto que atribuyen derechos tanto como definen deberes
o limitaciones, esos diferentes estatutos tienden a incluir como a
excluir»
Me
quedo en esa ultima palabra « excluir »: formar
batallones de marginados cada vez más numerosos que no tienen, según
parece, ningún papel, no forman parte de ningún engranaje, no están
convidados a hacer, junto a los demás, funcionar la sociedad.
A
partir de este concepto reciente según el cual solo el empleo es
trabajo y aquellos que tienen uno representan la población activa,
hay que deducir que todos los demás son inactivos !!! Demasiado
fuerte. Múltiples ejemplos de trabajadores sin empleo nos pasan
inmediatamente por la cabeza.
Eso
nos dice con talento Pablo Neruda ; escribir poesía es un
trabajo.
C'est
bien ce que nous dit avec tant de talent Pablo Neruda; écrire de la
poésie est un travail.
A mis obligaciones Pablo Neruda
Cumpliendo
con mi oficio
piedra con piedra, pluma a pluma,
pasa el invierno y deja
sitios abandonados,
habitaciones muertas:
yo trabajo y trabajo,
debo substituir
tantos olvidos,
llenar de pan las tinieblas,
fundar otra vez la esperanza.
piedra con piedra, pluma a pluma,
pasa el invierno y deja
sitios abandonados,
habitaciones muertas:
yo trabajo y trabajo,
debo substituir
tantos olvidos,
llenar de pan las tinieblas,
fundar otra vez la esperanza.
Accomplissant
mon travail
pierre
à pierre, plume à plume,
passe
l'hiver et laisse
des
lieux abandonnés,
des
chambres mortes:
je
travaille et travaille,
je
dois substituer
tant
d'oublis,
remplir
de pain les ténèbres,
à
nouveau fonder l'espoir.
(...)
A
todos tengo que dar algo
cada semana y cada día,
un regalo de color azul,
un pétalo frío del bosque,
y ya de mañana estoy vivo
mientras los otros se sumergen
en la pereza, en el amor,
yo estoy limpiando mi campana,
mi corazón, mis herramientas.
Tengo rocío para todos.
cada semana y cada día,
un regalo de color azul,
un pétalo frío del bosque,
y ya de mañana estoy vivo
mientras los otros se sumergen
en la pereza, en el amor,
yo estoy limpiando mi campana,
mi corazón, mis herramientas.
Tengo rocío para todos.
À
tous je dois donner quelque chose
chaque
semaine et chaque jour,
un
cadeau de couleur bleue,
un
pétale froid de la forêt,
et
dès le matin je suis vivant
tandis
que les autres se submergent
dans
la paresse, dans l'amour,
moi
je nettoie ma campagne,
mon
coeur, mes outils.
Pour
tous j'ai de la rosée.
(Trad: Colo)
Bueno, en Espana el que no tiene trabajo no es considerado "inactivo" sino "desempleado"... pero, claro, esos desempleados se excluyen cada vez mas de la sociedad !
RépondreSupprimerVIVIR PARA CONTARLO es parte de una serie de fotos tomadas en una manifestacion contra las reformas del sistema laboral que anunciaba el govierno de Rajoy, gran parte de los manifestantes eran mineros (claro El Bierzo esta cerca de Asturia !)
Hola Tere, esta vez no pensaba en los desafortunados parados sino, entre otros, a sus familias que los recogen, ayudan en todo, trabajan para todos.
SupprimerSí, seguí de muy cerca en la prensa y televisión española esta marcha de los mineros...tus preciosas fotos son un buen reflejo de lo que pasó.
Gracias por tu visita.
Colo, merci, que ces piqûres de rappel font du bien et chaud au coeur, tout en nous gardant du modèle ambiant et de ses escroqueries éhontées.
RépondreSupprimerBonjour K,un sociologue du travail (j'ai oublié son nom) expliquait qu'à ce sujet il existe une grande différence entre les pays européens de tradition protestante et catholique: les premiers intègrent chaque personne dans le fonctionnement de la société, pas de laissés pour compte, le système des seconds, le nôtre donc, est de marginaliser et verser une "aumône".
SupprimerLes deux systèmes ont un prix, mais la dignité humaine est nettement plus respectée dans le premier semble-t-il.
Belle journée.
Il suffit d'entrer dans la plupart (pas toutes) des églises protestantes pour comprendre. La sobriété, par rapport à l'opulence des églises catholiques, vous saute aux yeux ! Leur dieu d'église est plus humble et acceuille ses croyants dans un lieu plus simple où "le pauvre" se sentira moins écrasé par la différence.
SupprimerUne pensée toute particulière pour ton pays si catho et en grande difficulté.
Merci MH, ici les assistés le sont de moins en moins, quand plus du tout; alors tout l'effort se reporte sur les familles et les bénévoles. Un tâche immense, lourde à porter mais qui semble fonctionner jusqu'à présent car si la rage bout, si la faim apparaît, rien, étonnamment, n'éclate encore.
SupprimerModèle ambiant ou lobotomisation de notre façon d'adhérer au monde?
RépondreSupprimerJ'allais oublier: merci pour le poème de Néruda.
RépondreSupprimerAh, Bacchante, pour modèle ambiant je viens justement de répondre à K. L'analyse de ce sociologue état si intéressante.
SupprimerNeruda, il est extraordinaire, il semble qu'il ait écrit un poème sur tous les sujets possibles de la vie quotidienne.
Beau dimanche.
Manu Chao :
RépondreSupprimer- "Pa una ciudad del norte
Dans une ville du nord
Yo me fui a trabajar
J'étais parti travailler
Mi vida la deje
Ma vie je l'ai perdue
Entre Ceuta y Gibraltar
Entre Ceuta et Gibraltar
Soy una raya en el mar
Je suis un trait sur la mer
Fantasma en la ciudad
Fantôme dans la ville
Mi vida va prohibida
Ma vie est interdite
Dice la autoridad
Disent les autorités..."
Merci JEA, oui, sans papiers, courez, courez...!
Supprimer"Ma vie est interdite", quatre mots insupportablement réunis.
Encore un très beau poème de Neruda, Colo. Merci pour la traduction.
RépondreSupprimerSur le sujet, si difficile et préoccupant, qu'ajouter ? Dans "La décroissance heureuse", Pallante aborde cette question et insiste sur cette façon actuelle de définir l’emploi uniquement par rapport à la production de marchandises, alors que tout le « travail » réalisé par les uns et les autres ne peut être réduit à cela.
Je ne connaissais pas ce poème, découvert la semaine dernière. Ces gouttes de rosée finales, pour tous, une merveille, oui.
SupprimerJe t'embrasse.
Quelle belle traduction ! Le texte de Neruda est profond, empreint d'une élégance éternelle… C'est beau.
RépondreSupprimerCe texte chante, émeut, se répand ! Et cette dernière phrase est somptueuse : "Tengo rocío para todos." ! Magique.
Bonjour Obni, en traduisant lentement ce poème, je me disais que le travail artisanal, celui du poète ou du menuisier, du pâtissier, de la cuisinière, qu'importe, était superbement résumé dans cette dernière phrase.
SupprimerBelle journée à toi Obni, amicalement.
magnifique poème
RépondreSupprimerPour avoir été touchée de très près par les effets dévastateurs de la perte d'emploi ou de l'impossibilité de trouver un emploi je pense à toutes ces personnes laminées, humiliées de ne pouvoir subvenir à leurs besoins et ne pas pouvoir exercer une activité qui donne une place dans la société
je pense à ces Roms à qui on interdit de travailler purement et simplement !!!
A quand un monde solidaire ?
Voilà bien la question essentielle chère Dominique.
SupprimerTouchée de près aussi ma famille ici, mes voisins, pas une famille que je connaisse où il n'y a au moins un sans emploi et sans aucun revenu...humiliés, c'est le mot.
me gusta mucho, tu blog bilingue!
RépondreSupprimerje l'ai ajouté à mon G**gl* r**d*r, comme ça je suis sûre de revenir :-)
bonne journée!
Muchas gracias y bienvenida Adrienne.
SupprimerTu sembles bien connaître l'español, super!
Je ferai un tour chez toi dès que possible; belle journée!
Il y a ceux ou celles qui ont un "contrat" de travail et ceux et celles qui n'en ont plus et qui n'en ont jamais eu .
RépondreSupprimerIl y en a qui ont un "vrai" travail donc rémunéré comme il se doit et qui passent leur temps à essayer d'en faire le moins possible.
Ou encore ceux qui fabriquent des bombes anti-personnel, des sous-marins nucléaires, des armes de destruction massive, sans oublier bien sûr toutes ces industries où on moule inlassablement ces milliards d'objets en plastique dont la nature mettra des milliers d'années à se débarrasser.
Parlons aussi un peu de tous ces "traders" qui n'ont pour but que d'amasser de la virtualité , de l'argent qui ne sert à rien d'autre qu'à continuer à faire tourner cette machine infernale qui commence à nous sauter à la figure.
Et puis il y a ceux et celles qui élèvent leurs enfants tout simplement , qui font du jardin , les courses , qui réfléchissent , qui pensent , qui peignent , qui jouent d'un instrument , qui écrivent , qui aident , qui réparent , qui dialoguent , qui s'intéressent au monde et à leurs voisin(e)s et qui empêchent que 'humanité ne sombre dans cette agitation hystérique.
Je me demande dans les deux cas qui sont les plus "utiles" puisque dans leur concept seuls sont "utiles" ceux et celles qui alimentent le feu de cette société là , les autres n'étant que des marginaux et des parasites inutiles, donc des bouches à "nourrir moins pour gagner plus" .
Dans les tribus vivant au milieu de la forêt amazonienne , la notion de "travail" n'existe pas , chacun(e)a son rôle, sa mission à accomplir . Tout se fait en commun et pour le bien commun.
Tout l'opposé de nos sociétés égoïstes où on fait les choses rien que pour soi et tant pis pour les dégâts collatéraux.
Heureusement qu'il existe des chanteurs ou des poètes comme Neruda pour nous rappeler que l'homme n'est pas qu'une machine à produire des mickey en plastique.
Je reprendrais bien un peu de rosée tiens ! Merci beaucoup Colo
Merci Gérard pour ce tour de la société du travail.
SupprimerJe ne sais si l'idéal est de faire tout en commun, mais pour le bien commun, aucun doute!
L'important je crois est que chacun ait un rôle à jouer, tâche dont dépend le bien- être de tous...la goutte de rosée distribuée. À votre santé cher ami.
Marrant que tu parles de la différence entre le travail et l'emploi. Hier soir je parlais avec une correspondante sur la disparition des vocations. Tout est pour l'argent, motivé par l'argent. On travaille pour un instant au niveau de la productivité mesurée et quand ce n'est plus rentable, on est vite remplacé.
RépondreSupprimerLa disparition des vocations...oui, mais il faudra que tout cela revienne, c'est inéluctable je crois. Le tout pour l'argent mène au mur; des sociétés malades (pour ne pas parler des banques!!), des gens malheureux...
SupprimerUn vaste sujet.
Merci de ton passage, à bientôt Ren.
Je ne sais pas pour les autres mais moi j'ai plus de plaisir dans tous les travaux que je fais qui ne sont pas rémunérés.
RépondreSupprimerLe fait de séparer travail et vie est complètement aliénant.
Merci pour tes traductions de Pablo Neruda. C'est tellement passionnant de faire connaissance pas à pas avec ce poète par ton subtil intermédiaire !
Oui, je vois bien, mais pour cela il faut quand même en avoir un qui le soit....rien n'est parfait.
SupprimerTraduire Neruda est pour moi un régal; je trouve peu de traductions en français sur la toile et je pense: "tant mieux"! :-)
Belle soirée Euterpe.
Un jour ayant perdu brutalement mon emploi, j'ai créé ma propre activité. Réussite personnelle et professionnelle - Echec financier et en points retraite. Car il en faut, tout de même un minimum. Et pourtant j'étais active, insérée dans le système social et productif. Quel leurre pour tous ceux qui se mettent en auto-entreprise, et le réveil sera brutal dans 10 ou 20 ans. Exonérés actuellement de cotisations sociales, seront, sauf erreur de ma part, des "inexistants" ou des assistés. De ces 12 années, au final : épanouissement personnel et professionnel, un savoir vivre avec peu, mais aussi quelque amertume...
RépondreSupprimerOh, Lou, je comprends bien cette amertume. Reste cet épanouissement, ce qui n'est pas peu!
SupprimerMerci de ce témoignage, bonne journée.
Juste mise au point, Colo !
RépondreSupprimerNécessaire ai-je pensé.
SupprimerJoyeuse soirée, la tête dans les îles japonaises...
Beaucoup de jeunes diplômés sans emploi, des quinquas également, des retraités bénévoles, d'autres obligés de reprendre un emploi, des artistes, des intermittents du spectacles peu reconnus ... Et que dire de ceux qui s'occupent d'un parent ou d'un enfant malade, de ceux qui sont eux-mêmes trop handicapés ou fragiles pour pouvoir travailler ? Les situations sont diversifiés et très complexes. Beaucoup de souffrances cachées derrière tout cela. Pourtant, si on regarde bien, il me semble que tout le monde pourrait trouver sa place dignement en fonction de ses capacités. Peut-être faudrait-il pour cela revoir les notions de profit et de service et remettre l'humain au centre de la vie politique et économique. Merci pour ce bel article et la poésie de Néruda.
RépondreSupprimerMerci Lily, oui tous ceux-là et d'autres encore...comment arrêter le "monstre" économique? De nombreuses initiatives naissent partout et c'est fort encourageant.
RépondreSupprimerBelle semaine, amicalement.
Un peu plus d'activité sur ce blog serait la bienvenue. Une semaine sans billet!
RépondreSupprimerHaha! Oui, oui, ça vient....mais tu sais il y a de bonnes nouvelles: de gros orages, pluies diluviennes...et donc coupures d'électricité (courant ici!). Un billet entrecoupé. Demain ou dimanche, promis.
SupprimerMais avons nous une solution à cela?
RépondreSupprimerJe crois que qu'il en sera toujours ainsi ,nous penserons toujours que le travail est une activité essentielle et une source indispensable de lien social
Je ne pense pas que les mentalités changent un jour
Tu vas me trouver bien pessimiste!
Bonne soirée
Je pense que nous n'avons aucune solution collective mais de plus en plus d'"arrangements" de petits et moyens groupes qui donnent de l'espoir...
SupprimerExcellent week-end.
La douceur de Neruda pour effacer l'humilité de la posture du "sans emploi". Biz fraternelle
Supprimer