Roberto Juarroz, l’œuvre de toute sa vie, des recueils qui s'appellent
tous "Poésie Verticale", des poèmes sans titres et qui sont des réflexions
sur l'homme, les mots, l'éthique, la morale, la mort et l'amour. Des poèmes qui,
comme celui d'aujourd'hui, mettent en mots ce que parfois nous percevons sans le
formuler.
Tout texte, tout mot
change
selon les heures et les angles du jour ou de la
nuit,
selon la transparence des yeux qui les lisent
ou le
niveau des marées de la mort.
Ton
nom n’est pas le même,
ma parole n’est pas la même
avant
et après la rencontre
avant et après avoir repensé
que
demain nous ne serons plus.
Chaque
chose est différente
regardée de jour ou de nuit,
mais
ils deviennent plus différents encore
les mots qu’écrivent
les hommes
et les mots que n’écrivent pas les dieux.
Et
il n’y a aucune heure,
ni la plus prometteuse, lucide ou
impartiale,
ni même l’heure sans quartiers de la mort,
qui
puisse équilibrer les reflets,
ajuster les distances
et
faire dire aux mêmes mots les mêmes choses.
Tout
texte, toute forme, qu’on le veuille ou non,
est le miroir
changeant, chatoyant,
de la furtive ambiguïté de la vie.
Rien
n’a une seule forme pour toujours.
Même l’éternité n’est pas pour toujours.
(Trad: Colo, inspirée de celle de Jacques Ancet)
Roberto Juarroz
Todo
texto, toda palabra cambia
según las horas y los ángulos del
día o de la noche,
según la transparencia de los ojos que los
leen
o el nivel de las mareas de la muerte.
Tu
nombre no es el mismo,
mi palabra no es la misma
antes y
después del encuentro,
antes y después de volver a pensar
que mañana no estaremos.
Cualquier
cosa es distinta
si se mira de día o de noche,
pero se
vuelven aún más distintas
las palabras que escriben los
hombres
y las palabras que no escriben los dioses.
Y no
hay ninguna hora,
ni la más promisoria o lúcida o ecuánime,
ni siquiera la hora sin carteles de la muerte,
que pueda
equiparar los reflejos,
ajustar las distancias
y hacer
que las mismas palabras
digan las mismas cosas.
Todo
texto, toda forma, se quiera o no se quiera,
es un mudable,
tornasolado espejo
de la furtiva ambigüedad de la vida.
Nada
tiene una sola forma para siempre.
Ni siquiera la eternidad es para siempre.
un auteur que j'ai découvert grâce à toi et à Jorge semprun !!! depuis j'ai réussi à trouver beaucoup de poème de lui et je ne m'en lasse pas du tout
RépondreSupprimerChaque poème est un sujet de réflexion autour de thèmes récurrents dits avec des mots simples.
RépondreSupprimerComme toi, je ne m’en lasse jamais!
ne pas tout saisir, voire ne presque rien saisir et pourtant entendre là un irréfutable, en association, un écho d’enfance où à deux doigts de résoudre l’énigme, on répondait, Oui, c’est presque ça, tu brûles
RépondreSupprimerEt le lendemain tout est différent...merci Élise.
Supprimer(j'aime beaucoup ton prénom).
Merci Colo pour ce poème. Juarroz et ses poésies verticales me font tenir debout.
RépondreSupprimer"“No se trata de hablar, no se trata de callar: se trata de abrir algo entre la palabra y el silencio.” Il ne s'agit pas de parler, ni de se taire: il s'agit d'ouvrir quelque chose entre la parole et le silence disait-il.
SupprimerBonne journée.
quel superbe poème colo - merci pour ce partage
RépondreSupprimerJe dois me retenir pour ne pas mettre un poème de lui chaque semaine Niki...Bon week-end
SupprimerIl nous faut en effet des poètes qui "mettent en mots ce que parfois nous percevons sans le formuler" . Ces artistes là pallient tout manquement poético/littéraire de personnes comme moi . Merci de ta visite Colo , bon week end à toi également.
RépondreSupprimerUn poésie profonde et simple (apparemment), contente que tu aies aimé. À bientôt.
SupprimerCette/ces poésie/s verticale/s du grand Juarroz offre/nt toujours de beaux horizons.
RépondreSupprimerK - ayant oublié de signer :-(
RépondreSupprimerN'écrivait-il pas: "Le poète est un marginal et un exilé : c’est dans cette position-là, précisément, qu’il peut s’adresser à l’homme. Le poète n’enseigne rien : il crée, et il partage..."
SupprimerOubli oublié, un beso, K
Il y a des moments où tout change et dans ce texte que tu proposes tout cela est bien exprimé ! Bon week end et merci pour toutes les découvertes que je fais sur ton blog. Bises.
RépondreSupprimerAvec plaisir Élisabeth, c'est un poète très accessible, son oeuvre est traduite en français. Bonne journée, un beso
SupprimerC’est de la théorie quantique exprimée en poésie…
RépondreSupprimerMe voilà un peu perplexe Anonyme....de la poésie quantique, je vais réfléchir.
Supprimeroui, tout est changeant et fluctuant et ce poème le dit tellement bien. Merci Colo pour ce partage .T
RépondreSupprimerOui, tout est changeant et fluctuant et ce poème le dit tellement bien. Tu me fais découvrir un auteur que je ne connaissais pas . Merci Colo pour ce partage !
RépondreSupprimerUn poète très accessible Anda, un de mes favoris. Bonne semaine!
SupprimerCiel ! Que ce texte me parle : merci pour cette découverte !
RépondreSupprimerAvec plaisir Nikole!
SupprimerOh ! Un envoi de commentaire raté l'autre jour ?
RépondreSupprimerJ'aime particulièrement ce quatrain :
"Tout texte, toute forme, qu’on le veuille ou non,
est le miroir changeant, chatoyant,
de la furtive ambiguïté de la vie.
Rien n’a une seule forme pour toujours."
Désolée....ça arrive oui.
SupprimerUn passage qui dit avec justesse que ce que nous lisons, écrivons est si incomplet, variable...
c'est vrai qu'on peut faire dire tant de choses diverses aux mêmes mots ;-)
RépondreSupprimerJe me disais aussi que notre compréhension ou notre point de vue change avec les époques. Merci Adrienne.
SupprimerTodo cambia siempre - merci pour cette découverte
RépondreSupprimerEs un placer Oli. Si no conoces este poeta, estoy segura que allí encontrarás muchas ideas que te gustarán . Un beso, gracias por pasar por aquí
SupprimerIci aussi, il fait super chaud. Obligée de faire le ménage avec la clim. Gros bisous
RépondreSupprimerEt la sieste😀😀😀
RépondreSupprimerC'est toi qui m'a fait connaître Roberto Juarroz dont je ne cesse de lire la poésie depuis. Un immense merci.
RépondreSupprimerSavoir que plus d'un(e) d'entre vous ont appris ici à le connaître et l'apprécier me fait tellement plaisir!
SupprimerJ'ai adoré plonger dans les mots de cette poésie...
RépondreSupprimer"Les mots rêvent de danses,
De farandoles folles
Où l’esprit entre en transe
S’égare et cabriole…" Marie
Joli, et tout à fait à propos, merci Marie!
RépondreSupprimerMais alors, si l'éternité n'est pas pour toujours, que se passera-t-il après ? Le poète a-t-il une réponse ?
RépondreSupprimerJ'ADORE Juarroz, on ne se lasse pas de la profondeur de son propos. Bises caniculaires. brigitte
Après? Il n'en dit rien bien sûr, une seconde éternité?
SupprimerQue je suis contente de lire que toi aussi tu aimes sa poésie, ses profonds réflexions sur la vie, sur tout!
Un beso, moins tropical ici depuis hier.
Je ne connais pas ce poète sauf de nom et je le découvre avec ces jolis mots qui me parlent ce matin. Il faut absolument que je le relise demain car je suis persuadée qu'il a raison que "Tout texte, tout mot change
RépondreSupprimerselon les heures et les angles du jour ou de la nuit, selon la transparence des yeux qui les lisent" ! Déjà le début il nous parle de poésie et de l'impermanence des choses qui nous entourent. Merci pour cette découverte. Très belle journée
Bonjour Manou, un poète facile à aborder, et profond à la fois.
SupprimerJ'espère que tu auras l'occasion de découvrir d'autres poèmes de lui, ils sont traduits en français.
Bon week-end !
Mon commentaire a disparu je ne sais où ... Je disais que j'avais découvert Juarroz sur le trottoir. Il y avait un festival de poésie dans mon quartier. Toutes les vitrines affichaient des extraits de poèmes et les trottoirs aussi ... c'était très sympa. Et plus tard je l'ai retrouvé chez toi, j'aime beaucoup sa poésie. Bises Colo.
RépondreSupprimerHola Aifelle, désolée pour ton commentaire, j'ai désactivé la fonction "approuver avant publication", ça devrait aller mieux.
SupprimerMagnifique de découvrir les poètes sur le trottoir!!!
Bonne journée. à demain!
ah oui....
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