Rosalia de Castro est née en 1837 en Galice, à Saint Jacques de Compostelle de “parents inconnus”. Pas si inconnus que ça, mais sa mère, fille-mère comme on disait à l'époque, n'osa pas la déclarer et son père, un prêtre, ne put pas le faire. Pas facile en effet, ni alors (sacrilège), ni aujourd'hui.
Pendant les cinq premières années de sa vie elle fut élevée par des soeurs de son père. Mais après sa mère, affrontant la société, décida de l'éduquer elle-même.
Un lien très étroit se crée alors entre la mère et la fille. Rosalía ne reprochera jamais à sa mère de l'avoir abandonnée et a pour elle un amour sans borne, admire son courage.
Rosalía reçoit une éducation sommaire dans la campagne de Galice.
Rosalía de Castro nació en 1837 en Galicia, Santiago de Compostela, de “padres desconocidos”. No tan desconocidos pero su madre, madre soltera, no se atrevió a declararla y su padre, un sacerdote, no pudo. No era fácil, ni entonces (sacrilegio) ni ahora tal vez.
Durante los cinco primeros años de su vida fue criada por unas hermanas de su padre. Pero después, enfrentándose a la sociedad, su madre decidió educarla ella misma.
Un lazo muy estrecho se estableció entre madre e hija y Rosalía nunca le reprochó su abandono a su madre, la adora, admira.
Su educación escolar fue básica, en el campo gallego.
À 19 ans elle part à Madrid, écrit la première série de Poèmes Flores, en espagnol, d'inspiration romantique. Puis elle rencontre et se marie avec le journaliste et intellectuel connu Manuel Martínez Murguía qui l'introduit dans le monde, l'encourage à écrire, à publier. Elle écrira en galicien.
Deux malheurs successifs, la mort de sa mère adorée et celle d'un enfant d'un an, la plongent dans une douleur immense. Elle écrira des poèmes déchirants.
A los 19 años se marcha a Madrid, escribe su primera serie de poemas Flores, en español, de inspiración romántica. Luego encuentra y se casa con el periodista e intelectual Manuel Martínez Murguía que la introduce en el mundo, la anima a escribir, a publicar.
Dos desgracias sucesivas, la muerte de su madre querida y la de un hijo de un año la sumergen en un inmenso dolor. Escribe varios poemas desgarradores.
Pour aujourd'hui nous en resterons là de sa vie, nous en savons assez pour comprendre le poème que j'ai choisi.
La mort déguisée en ombre noire, omniprésente.
Ce poème est devenu une des chansons les plus emblématiques de la musique galicienne car le musicien Xoán Montés Capón (1840) a uni mots et musique.
Luz Casals, Carlos Nuñoz, deux grands artistes pour interpréter ce poème-chanson en galicien.
Llegados a este punto de su vida, nos pararemos, sabemos bastante para entender el poema que elegí.
La muerte disfrazada de sombra negra, omnipresente.
Este poema se ha convertido en una de las canciones más emblemáticas gallegas ya que el músico Xoán Montés Capón (1840) unió palabras y música.
Voici le poème en espagnol et ma traduction en français.
Negra sombra Rosalía de Castro
Cuando pienso que te fuiste,
negra sombra que me asombras,
a los pies de mis cabezales,
tornas haciéndome mofa.
negra sombra que me asombras,
a los pies de mis cabezales,
tornas haciéndome mofa.
Quand je pense que tu es partie,
ombre noire qui m'inquiètes,
à mon chevet,
tu reviens te moquer de moi.
Cuando imagino que te has ido,
en el mismo sol te me muestras,
y eres la estrella que brilla,
y eres el viento que zumba.
en el mismo sol te me muestras,
y eres la estrella que brilla,
y eres el viento que zumba.
Quand j'imagine que tu t'en es allée,
en plein soleil tu te montres,
et tu es l'étoile qui brille,
et tu es le vent qui bruit.
Si cantan, eres tú que cantas,
si lloran, eres tú que lloras,
y eres el murmullo del río
y eres la noche y eres la aurora.
si lloran, eres tú que lloras,
y eres el murmullo del río
y eres la noche y eres la aurora.
S'ils chantent, c'est toi qui chantes,
s'ils pleurent, c'est toi qui pleures,
et tu es le murmure du ruisseau,
et tu es la nuit et l'aurore.
En todo estás y tú eres todo,
para mí y en mi misma moras,
ni me abandonarás nunca
sombra que siempre me asombras.
para mí y en mi misma moras,
ni me abandonarás nunca
sombra que siempre me asombras.
Tu es en tout et tu es tout,
pour moi et en moi tu vis,
jamais tu ne m'abandonneras
ombre qui toujours m'inquiètes.
(Trad en français: Colo)
Oh c'est juste magnifique !
RépondreSupprimerPoignant sans une once de mièvrerie.
Elle me plait Rosalia ...
Merci Colo.
Bonjour Ortie, il y a bien d'autres poèmes intitulés "À ma mère" où la douleur, la tristesse sont nettement plus larmoyants, mais celui-ci est de loin mon préféré.
SupprimerMerci de ta visite... que je te rendrai sous peu!
Je trouve le poème très touchant, je comprend la recherche de l'ombre et le sens qui est donné au moindre souffle de vie. Les êtres chers ne meurent jamais, ils nous accompagnent dans la vie.
RépondreSupprimerIls apparaissent et disparaissent à leur guise les morts, elle le dit si bien.
SupprimerUne odeur, un vent, un endroit et soudain ils sont présents...
Quel beau visage, merci pour ce regard. Très émouvante, cette relation entre mère et fille qui a pu s'épanouir quand Rosalía a eu cinq ans.
RépondreSupprimerLes deuils, les épreuves, l'inquiétude : poème douloureux dans sa belle simplicité, et la mise en musique lui correspond bien.
Grâce au texte et à ta traduction, j'ai pu écouter les inflexions particulières du galicien, tout en fluidité.
Bonne journée, Colo, en laissant derrière nous la nuit et l'aurore.
Le galicien (très similaire au portugais) est une langue chantante, douce. Très.
SupprimerDans le 3º et dernier billet sur Rosalía on parlera des gens, de la langue de Galice.
Belle journée Tania, grand et superbe soleil ici!
Le poème est superbe et les voix le mettent parfaitement en valeur
RépondreSupprimerJe crois que l'on peine à imaginer la vie des femmes à cette époque, s'être fait faire un enfant par un prêtre !! dur dur l'opprobre la culpabilité cela devait être effrayant
ma grand-mère dans les années 20 s'est retrouvée enceinte à 15 ans et a refusé d'épouser le père !!! cela a durement marqué sa vie mais l'a rendue très combative
Ici c'est la poésie qui échoit à sa fille : un joli pied de nez à l'adversité
Effrayant est le mot, j'ai passé des heures à lire tout ce que je pouvais trouver et oui, il fallait un courage et une force incroyables!
SupprimerLa fille, Rosalía, présente tour à tour sa mère comme victime, abusée puis abandonnée et, je le dis plus haut, comme une femme/mère à admirer.
Rosalía était une femme éminemment triste et mélancolique. Elle avait une mauvaise santé aussi.
Ta grand-mère devait être "tout un caractère"...mais j'ai connu beaucoup de femmes de cette génération, de celles qui ont 80 et plus ici maintenant, qui sont de fameuses combattantes.
Merci Dominique, belle journée.
Très beau poème, simple et vrai. Merci Colo, pour cette découverte.
RépondreSupprimerbeijinho.
HOla Carole, tu as compris les paroles en galicien sans doute.
SupprimerJe l'aime beaucoup aussi ce poème.
Un beso fuerte.
oui oui, je le comprends un peu mieux que l'espagnol.. je n'avais pas écouté la chanteuse tout à l'heure. la voix est magnifique et la langue très belle, mais il me semble que l'interprétation fait perdre une sorte d'intimité avec le poème, une question de rythme sans doute.
RépondreSupprimerPlus que la voix, c'est la musique qui me touche, me donne de la chair de poule même.
SupprimerMais je vais la réécouter en pensant au rythme, à tes mots...belle journée Carole.
oh tu sais, c'est un jugement tout à fait personnel, et qui vaut pour moi à chaque fois que j'entends un poème mis en musique : comme si le rythme de la musique prenait le dessus sur le rythme propre du poème et du coup empêche de l'entendre. On entend autre chose, de beau aussi... Mais tout à fait autre chose.
RépondreSupprimerJe ne sais pas si je suis claire :))
Très claire, limpide! Je suis d'accord avec toi, la chanson est une interprétation du poème, donc subjective, qui limite notre propre écoute des mots.
SupprimerMais ceci est vrai de tout texte écrit puis dit/chanté.
Au théâtre il se passe la même chose je trouve. Si j'ai lu le texte avant, j'ai souvent l’impression de ne pas le reconnaître sur scène. C'est autre chose comme tu dis.
Une belle interprétation, en effet, pour un poème où la vie a pris le pas sur la douleur, où la mémoire se fond dans la nature, les éléments. C'est apaisant.
RépondreSupprimerBonjour Lily, je pense que Rosalía ressentait plus d'inquiétudes que de paix, mais la nature a toujours été son refuge.
SupprimerMais je pense comme toi que le poème mis en chanson, musique, donne une sensation apaisante.
Belle journée Lily.
Oh quel poème de nouveau très très subtilement beau ! J'aime vraiment beaucoup ces mots au sujet de cette ombre...merci Colo pour cette traduction !
RépondreSupprimer(Et puis pour celle de la bio de Susanna van Steenwijck que j'ai publiée aujourd'hui :)).
Ah, je vais voir ça.
SupprimerTraduire, me trouver tête à tête avec un poème, tout oublier (souvent une casserole sur le feu!!!), m'enchante.
Belle journée à toi!
Je partage le commentaire de Lily, espoir, apaisement … oui, c’est comme cela que je ressens ce poème également. C’est juste, rien en trop. Merci Colo
RépondreSupprimerAvec plaisir Olivier. Je me demandais si tu connaissais la Galice; tu me diras?
SupprimerJe t'embrasse hermano.
J'en apprécierai encore plus, après avoir lu le texte sur Rosalia de Castro et ta traduction, le chant de Luz. Elle m'accompagne sur ma route au quotidien (en voiture, s'entend). Et lors du spectacle, la voix de Luz me donnait des frissons dans son interprétation... C'est un chant magnifique, profond, rauque, venant des tripes ! encore plus quand on fait un parallèle avec ce que vit Luz... Ceci dit, entendre la voix en direct est vraiment, vraiment bien différent du CD.
RépondreSupprimerMerci pour cette traduction qui me permet de ressentir les mots de Rosalia.
Je savais que aimais beaucoup Luz et que tu avais eu la chance de la voir.
SupprimerRosalía est, avec la mystique Sta Teresa de Ávila les deux seules voix poétiques féminines connues; il fallait que je parle d'elle! (j'ai un eu plus de mal à me plonger dans les poèmes de la sainte...)
Merci de ton passage Lou! Hasta pronto.
Comme ce poème est beau (mais) quelle tristesse !
RépondreSupprimerUne femme qui a énormément souffert et qui a su exprimer sa douleur...
SupprimerQuelle découverte!
RépondreSupprimerLa vie pas facile dont Rosalía a su tirer le meilleur malgré les coups de butoir ou bien en réponse au malheur;
La musicalité de ce poème qui crée une sorte de spirale envoûtante;
et pour terminer la voix de Luz à laquelle menait ce poème. J'ai eu plaisir aussi à entendre les sonorités du galicien et à les différencier de l'espagnol.
Tout cela est très émouvant.
Vivre intensément, au quotidien avec ses morts...mais il y a ces contrepoints:
Supprimer"et tu es l'étoile qui brille,
et tu es le vent qui bruit.
.....
et tu es le murmure du ruisseau,
et tu es la nuit et l'aurore."
Le galicien est doux et chantant, du moins à mon oreille attentive!
Belle journée Maïté.
Une ombre qui plane toute une vie c'est lourd à porter et elle le dit avec des mots simples mais tellement poétiques que sa souffrance est ainsi presque sublimée dans ce beau poème mis en musique. Transcender la blessure est un difficile chemin...
RépondreSupprimerMerci Colo de partager ce billet
Belle soirée
Transcender la blessure, oui, un long chemin.
SupprimerIl nous arrive d’être surpris par l'apparition soudaine d'un disparu, avec plus ou moins de douleur selon le temps qui a passé je suppose.
Bonne journée Enitram.
"negra sombra que me asombras": sombra et asombras seraient-ils de la même famille?
RépondreSupprimerOui, les deux viennent de "umbra" latin bien sûr.
SupprimerAsombrar, mettre dans l'ombre mais aussi l'en sortir soudain, surprendre, étonner, inquiéter...
Je n'ai pas trouvé, si elle existe, une façon de reproduire l'allitération en français. Si tu avais une idée...
Personalmente hubiera traducido "me asombras" por "m'étonne" antes que "m'inquiète"... pero, claro, es dificil conocer la intencion de la poetisa... estoy preparando una tesis sobre la cultura gallega y la herencia celta, incluira una entrevista de Carlos Nunez ... :)
RépondreSupprimerHola Marie, dudé mucho antes de poner "m'inquiètes", tal vez influenciada por la lectura de su vida y penas, decidí que "m'étonnes" correspondiá menos a su estado de ánimo. Pero traducir es tan subjetivo...
SupprimerUne tesis...¡qué interesante! ¿Un tema musical o mucho más amplio? Carlos Nuñez, un artista que admiro mucho, suerte pues.
Hola a todos,
RépondreSupprimerperdon por la intrusion, no hago mas que pasar…
Cuidado con eL sentido de las palabras…
para mi, « negra sombra que me asombras »
significa literalmente « negra sombra que me das sombra »
En gallego me parece que ASOMBRAR = ombrager, faire de l’ombre, mettre à l’abri du soleil, protéger comme le font les « FOLLAS NOVAS » des arbres.
La negra sombra ici n’est pas la mort, c’est la mère disparue, faite ombre protectrice, qui continue à demeurer près de Rosalia , à la hanter, à vivre en elle, pour la protéger, par sa « présence », de son amour maternel .
Rosalia ressent, se sent hantée par cette présence, la vit, la voit partout, en tout, à tel point qu’elle a le sentiment que plus jamais sa mère ne l’abandonnera…
L’amour, et ici l’amour partagé d’une mère et d’une fille, est plus fort que le destin, et bien qu’il se manifeste sous la forme d’une ombre sombre, forte, cet amour illumine la vie de Rosalia qui fut un temps abandonnée par sa mère, enfant.
Cette lecture est personnelle, je ne vois pas pourquoi Rosalia serait Etonnée ou Inquiète ou même Stupéfaite , ASOMBRADA en castillan ? Dans ce poème au contraire, je crois qu’elle veut nous dire combien le manque de sa mère lui est douloureux mais que cette douleur se voit largement contrebalancée par l’omni présence de cette negra sombra qui l’accompagne dans tous les instants, la confortant, lui donnant force, courage, et plénitude d’assurance dans la vie.
Pardonnez mon propos si vous estimez que je suis égaré mais c’est sur la traduction de « me asombras « que j’en suis venu à m’exprimer sur ce poème qui devrait être plus expliqué pour être mieux compris et apprécié, par rapport à la vie de l’auteur et au contexte de l’époque, mentalités, place et rôle de la femme dans la société …
ROSALIA, une immense poétesse, un humanisme exemplaire, un cœur d’or …
Merci de votre attachement à son œuvre et à sa mémoire.
Un Galegosensible
Buenas tardes, le agradezco mucho por haber cogido el tiempo de aclarar unos puntos. Bon, je ne sais si vous répondre en français ou en espagnol. Poursuivons en français.
SupprimerJ'avais bien perçu que c'était l'ombre de sa mère dont elle parlait et j'ai bien entendu été influencée par la traduction en espagnol, n'ayant aucune connaissance du galicien, malheureusement.
Le traduiriez-vous par "m'accompagnes", "m'entoures" ou avez-vous une meilleure suggestion?
Je suis ravie que vous participiez à l'élaboration d'une juste traduction de ce magnifique poème. Inquiète m'avait semblé adéquat dans le sens premier de ce verbe, adjectif: ne me laisse pas tranquille. Mais vous avez raison, ce mot ne rend pas l'idée de force ni d'affection, protection.
Une immense poétesse, vous avez mille fois raison.
Merci encore, à bientôt peut-être.