-¿Mi vida? ¿Es que yo tengo vida? Estos mis años, todavía me parecen niños. Las emociones de la infancia están en mí. Yo no he salido de ellas. Contar mi vida sería hablar de lo que soy, y la vida es un relato de lo que se fue. Los recuerdos, hasta los de mi alejada infancia, son en mí un apasionado tiempo presente…
Dans mon “Oeuvres complètes » de G.G. Lorca, fort usé, quelques interviews.
-Ma vie? Ai-je une vie? Les ans que j’ai appartiennent encore à l’enfance. Les émotions de l’enfance sont en moi. Je n’en suis pas sorti. Raconter ma vie serait parler de ce que je suis, et la vie est un récit de ce qui s’en est allé. Les souvenirs, même ceux de mon enfance la plus lointaine, sont en moi un temps présent passionné….
-Y se lo contaré. Es la primera vez que hablo de esto, que siempre ha sido mío solo, íntimo, tan privado, que ni yo mismo quise nunca analizarlo. Siendo niño, viví en pleno ambiente de naturaleza. Como todos los niños, adjudicaba a cada cosa, mueble, objeto, árbol, piedra, su personalidad. Conversaba con ellos y los amaba. En el patio de mi casa había unos chopos. Una tarde se me ocurrió que los chopos cantaban. El viento, al pasar por entre sus ramas, producía un ruido variado en tonos, que a mí se me antojo musical. Y yo solía pasarme las horas acompañando con mi voz la canción de los chopos…
- Et je vous le raconterai. C’est la première fois que j’en parle, cela n’a toujours appartenu qu’à moi seul, intime, si privé que même moi je n’ai jamais voulu l’analyser. Enfant j’ai vécu en pleine nature. Comme tous les enfants, j’assignais à chaque chose, meuble, objet, arbre, pierre, sa personnalité. Je conversais avec eux et je les aimais. Dans le patio de ma maison il y avait des peupliers. Un après-midi j’ai eu l’idée que les peupliers chantaient. Le vent, en passant entre leurs branches, produisait un bruit aux tons variés, qui à moi me sembla musical. Et j’avais l’habitude de passer les heures à accompagner de ma voix la chanson des peupliers…
- Amo a la tierra - dice Lorca -. Me siento ligado a ella en todas mis emociones. Mis más lejanos recuerdos de niño tienen sabor de tierra. La tierra, el campo, han hecho grandes cosas en mi vida. Los bichos de la tierra, los animales, las gentes campesinas, tienen sugestiones que llegan a muy pocos. Yo las capto ahora con el mismo espíritu de mis años infantiles. De lo contrario, no hubiera podido escribir Bodas de Sangre. Este amor a la tierra me hizo conocer la primera manifestación artística…
- J’aime la terre - dit Lorca-. Je me sens lié à elle dans toutes mes émotions. Mes souvenirs d’enfance les plus lointains ont une saveur de terre. La terre, la campagne, ont fait de grandes choses dans ma vie. Les bestioles de la terre, les animaux, les gens des campagnes ont des suggestions qui touchent bien peu de gens. Je les capte maintenant avec le même esprit que dans mes années d'enfance. Sinon je n’aurais pas pu écrire Noces de sang. C’est cet amour de la terre qui m’a fait connaître la première manifestation artistique… (trad. Colo)
Tu t'es a nouveau surpassee, quel beau texte et la vallee d'oliviers superbe. Merci grande soeur. Bisous. Nadine
RépondreSupprimer«EVOCACIÓN
RépondreSupprimerTierra seca,
tierra quieta
de noches
inmensas.
(Viento en el olivar,
viento en la sierra.)
Tierra
vieja
del candil
y la pena.
Tierra
de las hondas cisternas.
Tierra
de la muerte sin ojos
y las flechas.
(Viento por los caminos.
Brisa en las alamedas.)»
FEDERICO GARCÍA LORCA
Buenas noches inmensas, Colo.
" les émotions de l'enfance sont en moi...la vie est un récit de ce qui s'en est allé "...phrases qui résonnent étrangement. Beaucoup d'émotion...Tu sais Colo mon attachement à Lorca.
RépondreSupprimerMerci
je t'embrasse
Merveilleux extraits. "La vie est un récit de ce qui s’en est allé", voilà une phrase douce-amère. Cette enfance si présente, préservée en soi, Rosa Montero dit qu'elle est la marque de l'écrivain, même si elle n'a rien d'idyllique.
RépondreSupprimerJ'aime particulièrement le chant des peupliers.
(Belle image au-dessus des commentaires.)
Lorca assassiné à l'été 1936. Plume massacrée. Neruda composait alors :
RépondreSupprimer- "Et un matin tout était en feu,
et un matin les bûchers
sortaient de la terre
dévorant les êtres vivants,
et dès lors ce fut le feu,
ce fut la poudre,
et ce fut le sang.
Des bandits avec des avions, avec des Maures,
des bandits avec des bagues et des duchesses,
des bandits avec des moines noirs pour bénir
tombaient du ciel pour tuer des enfants,
et à travers les rues le sang des enfants
coulait simplement, comme du sang d’enfants.
Chacals que le chacal repousserait,
pierres que le dur chardon mordrait en crachant,
vipères que les vipères détesteraient !
Face à vous j’ai vu le sang
de l’Espagne se lever
pour vous noyer dans une seule vague
d’orgueil et de couteaux !
Généraux
de trahison :
regardez ma maison morte,
regardez l’Espagne brisée :
mais de chaque maison morte surgit un métal ardent
au lieu de fleurs,
mais de chaque brèche d’Espagne
surgit l’Espagne,
mais de chaque enfant mort surgit un fusil avec des yeux,
mais de chaque crime naissent des balles
qui trouveront un jour l’endroit
de votre cœur.
Vous allez demander pourquoi sa poésie
ne parle-t-elle pas du rêve, des feuilles,
des grands volcans de son pays natal ?
Venez voir le sang dans les rues,
venez voir
le sang dans les rues,
venez voir
le sang dans les rues !"
J'aime Lorca, la terre, l'image que tu as choisi pour illustrer. Beau texte ciselé comme un bijou comme d'hab. Biz ma chère Colo, j'aime ton blog
RépondreSupprimer- Mais la nature est là qui t'invite et qui t'aime
RépondreSupprimerPlonge-toi dans son sein qu'elle t'ouvre toujours :
Quand tout change pour toi, la nature est la même
Et le même soleil se lève sur tes jours.
Lamartine
Je me souviens de la beauté d'une prairie en fleurs, d'une rivière au bout de mon jardin , j'avais 3 ans peut-être et déjà je ressentais un bonheur indicible à contempler la beauté de la nature.
Marcelle
**Nadina, merci. Ces étendues d'oliviers, si parfaitement alignés, à perte de vue, sont inoubliables. Je t'embrasse.
RépondreSupprimer**Hélder, muchas gracias, no conocía este inmenso susurro del viento en la alameda.
Le deseo un suave fin de mes.
**Oui Sable, je connais ton attachement à Lorca, à l'enfance aussi...il y aurait tant à dire en chantonnant dans le vent. Bonne journée, un beso.
**Tania, si, comme je pense, tu es plongée dans "la folle du logis" de Rosa Montero, en effet, le rôle de l'enfance...mais tu en parleras sûrement très très bien amie! Passe une belle journée dans le vent.
**JEA, merci. Terriblement fort ce poème de Néruda. La mort de Lorca que le juge Garzón voudrait tirer au clair. Comme tant et tant d'autres morts, "venger le sang dans les rues".
** Veb, quel plaisir de te retrouver ici...aussi! Belle journée, un beso.
**Bonjour Marcelle, ces souvenirs indélébiles de l'enfance, oui, j'en ai beaucoup de la nature aussi. Merci pour Lamartine, à bientôt.
Bonjour Colo, ton billet me rappelle que je me promenais tôt le matin pour écouter chanter les oiseaux. J'attends désormais le printemps avec impatience. A bientôt.
RépondreSupprimerEn lisant ce passage merveilleux, je comprends ton attachement pour Lorca au point de photographier le livre même !
RépondreSupprimerMerci pour la traduction.
**Ren, il est bon de siffloter avec eux aussi, ça fait venir le printemps. Hasta pronto.
RépondreSupprimer**MH, tu vois le malheureux sort que je réserve à ce que j'aime...:) Mais remplace-t-on un livre partout annoté, mille fois ouvert? Bon weekend, à bientôt.
J'ai lu ton billet en français. Puis en espagnol, encore plus beau! (j'avais un peu étudié cette langue superbe et grâce à ton blog, je retrouve les mots puisque tu donnes les deux versions... alors merci). Je me sens très proche de cette enfance évoquée où nous étions en résonance avec tout ce qui nous entourait: un avec le tout. Je retrouve cela depuis que je vis sur la colline.
RépondreSupprimerCe plaisir extraordinaire de parcourir pour la nième fois un livre aimé, tout couturé de blessures du temps, qui s'ouvre tout seul aux pages les plus lues
RépondreSupprimerje ne sais pas si on peut trouver ces pages là en français mais je m'en moque car j'ai dégusté ta traduction
Tout me fait bonheur, les souvenirs "un temps présent passionné" les objets familiers qui finallement avaient une âme...et cette saveur de terre
Ton billet répond seul à la question : pourquoi aime on nous les poètes ? pour ça voilà pour ça
**Bonjour Christiane, j'ai vu sur ton blog des photos de ta colline, les arbres superbes, cette nature qui nous attache à la vie. Belle semaine!
RépondreSupprimer**Dominique, je croyais avoir tout parcouru, lu ou étudié dans ces "œuvres complètes" au papier super fin...et deux pages m'avaient échappé(il y en a, espérons, encore d'autres!)
Somptueux choix!!!! Merci!
RépondreSupprimerEdmée
Quelle belle phrase: "Raconter ma vie serait parler de ce que je suis, et la vie est un récit de ce qui s’en est allé". C'est tellement vrai. J'aurais dû être écrivain.
RépondreSupprimer-Avec plaisir Edmée, grand plaisir même!
RépondreSupprimer-Tu l'es à ta façon Damien. N'est pas Lorca qui veut...
Un jour peut-être, quand tu seras plus âgé, tu rédigeras des mémoires "de ce qui s'en est allé"...?
Y yo solía pasarme las horas acompañando con mi voz la canción de los chopos…
RépondreSupprimerCelui qui a le don d'entendre chanter les arbres et de les accompagner, ne possède-t-il pas déjà le don de créer?
Bien sûr Delphine...Lorca añade que le parecía que el viento susurraba "Francisco, Francisco".
RépondreSupprimerMots des poètes
RépondreSupprimerQui savent si bien
Sur le sable
Et dans nos vies
Déposer leurs pas
Que nous n'oublierons jamais
Merci Lorca
Merci Colo
Que ferions-nous sans eux Lali? Merci pour ces jolis mots.
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