Aujourd’hui un poème hors de mes habitudes espagnoles. Il vient du Cameroun, une jeune femme brillante, cliquez et vous verrez, Minsili Zanga, et devrait rassurer tous ceux qui pensent que la poésie c’est pas pour eux, qu’ils ne la comprennent pas.
Léger et entraînant.
https://www.minsilizanga.com/author/minsili/page/17/
La discrète et inéluctable marche vers la poésie
Minsili Zanga
Inventer des histoires
Voir des nouvelles surgir
Observer la naissance d’un récit
Coucher des mots sur l’actualité
Disséquer un fait social
Oui, tout cela je l’ai fait
.
Mais m’adonner à la poésie ?
Pour moi elle restait de l’inaccessible
L’incompréhensible même
Engoncée aux versets
Réduite aux strophes et vers
Quatrains de mes années scolaires
.
Dissyllabes quadrisyllabes…
Oh là là !
Pentamètres heptamètres…
Rimes croisées suivies plates…
Aïe !
Sonnets, ode et…
.
Á Ǹti wama !
Oh mon dieu !
Akíé abím ndzug a dí !
Mais que c’est compliqué !
.
C’était ça la poésie pour moi
C’est-à-dire figée ennuyeuse
Et cette rime ah celle-là !
Ces contraintes métriques
Pourquoi donc ?
Faire de la poésie ?
Hum non, sûrement pas !
.
Et pourtant !
Tout naturellement
Comme si la belle Dame
Discrète mais sûre de son fait
Dans une tranquille assurance
Attendait son heure
Celle de l’écriture poétique
Elle est venue à moi
Et de quelle façon !
.
D’abord elle m’a dit
Ou plutôt soufflé en silence ?
.
Vogóló wamәn !
Écoute-toi voir !
.
Écoute, et tu verras !
Tu verras que
La poésie est diverse
Tiens, ton peuple !
Ceux de la Terre Rouge
Ne vois-tu pas leur poésie ?
Par la parole
Les chants
La musique
Les mots
Le Mvet !
Elle est dans tout
.
Vogóló !
Écoute !
.
N’entends-tu pas la poésie du Mvet Ekang ?
L’art de l’antique Harpe-Cythare
Portant le cœur de la terre Rouge ?
As-tu oublié la poésie des chants Beti ?
.
Ndǝ hm mǝ ngá vogolo…
Une part de moi a écouté…
Et alors…
.
Mintsogán
Pensées
.
Vinrent d’abord des Mintsogán
Pensées et réflexions vous happant d’un coup
Instantanées ne demandant qu’à sortir
.
Des pensées-perles
Des mots-écrins
Qui s’emmêlent
S’exposent
Prennent forme
Entre larmes et rires
Entre étonnement et…
Tant d’émotions !
.
Et un jour la rencontre !
L’inconscient est devenu conscient
L’imagination impose son camp
Elle vous susurre une vérité longtemps-là :
Certaines choses ne peuvent être dites qu’en poésie
.
Et l’imagination de murmurer
Ou plutôt chanter ?
.
Mǝtáman ?
La poésie ?
.
Elle n’est pas que vers et rime
Elle est aussi prose en forme
Prose et musique réunis
Mots qui touchent l’Esprit
Mots qui nous secouent
.
Fais-je de la prose en poème
Ou du poème en prose ?
À vous de juger !
©Minsilizanga.com
Une belle façon de raconter cette "marche vers la poésie". En lisant Minsili Zanga, j'avais l'impression d'entendre sa voix, tout en rythme.
RépondreSupprimerRythme, musique de la voix, c'est ce que j'ai ressenti moi aussi !
SupprimerJe pense que la poésie est dans le regard, dans l'écoute, dans la lecture...les mots suivent naturellement.
RépondreSupprimerUn beau chemin vers !!! Belle route poétique à elle !!
Merci Colo pour la découverte !
Bises
écoute, lecture, regard, oui, puis trouver son style, son rythme. Ce qu'elle a fait car elle a publié ensuite des poèmes.
SupprimerMerci à toi, besos pas trop frais, hélas.
Anatomie de la naissance d'un poème.
RépondreSupprimerComme c'est bien exprime, et pour moi, de manière simple,
mais explicite. Tout ça devait être écrit dans les « terres rouges » ....
Prose, poèmes, tout se tient si c'est dit avec l’intelligence du cœur.
Amic@lement. ✅ Yann
C'est ça, oui, ou comment on arrive à la poésie, laissant le scolaire de côté.
SupprimerMerci de la visite, bonne journée Yann
oh c'est splendide et tellement parfait je vais l'envoyer à Pauline ma petit folle de poésie
RépondreSupprimerOh j'espère que ça lui plaira, je pense que oui, c'est si spontané (ou le semble...)
SupprimerSi j'avais encore mes élèves, je leur ferais lire...
RépondreSupprimer""Et toi poète, reste éveillé
Car c’est au cœur de nuits bohèmes
Que les plumes viennent tracer
Les plus beaux vers de tes poèmes" Marie
Que c'est joli le coeur des nuits de bohème ! Merci Marie
SupprimerQuel merveilleux poème ! Je comprends tout à fait cette démarche ! Bien souvent la poésie semble figée dans des règles établies à une époque où les femmes portaient toutes des corsets. Merci pour cette découverte. J'aime beaucoup l'expression "mots-écrins".
RépondreSupprimerJe pense que ce "corset" étudié à l'école a détourné beaucoup de monde de la poésie...alors, comme toi, je l'ai trouvé merveilleux.
SupprimerMerci merci!