« Dans la petite enfance, on est aimé et protégé bien plus qu’on aime. Le chemin de la maturité conduit à aimer bien plus que d’être aimé. Á aimer « jusqu’à la déchirure, même trop, même mal », comme le chante Don Quichotte par la voix de Jacques Brel. Même sans rien recevoir en retour. Voilà pourquoi l’enfance ne suscite en moi nulle nostalgie: non que j’aie manqué d’affection, mais parce que, à l’image de tous les petits enfants, je recevais ou prenais bien plus que je ne donnais.
Un individu ne devient intéressant qu’à partir du jour où il s’enquiert d’aimer bien plus que d’être apprécié, choyé ou courtisé. Cela peut advenir à n’importe quel âge, à la faveur d’une épreuve ou d’une illumination de conscience, ou bien jamais. La plupart des humains vivent et meurent « seuls », croient-ils, parce qu’en fait ils n’attendaient que d’être aimés.
Celui qui aime n’est jamais seul. (…)
La vie solitaire ressemble à un jardin fleuri : c’est un lieu d’affinités, mais on peut s’y promener seul et s’y sentir heureux sans être accompagné ».
(Extrait de : L’ESPRIT DE SOLITUDE, Jacqueline Kelen).
« En la pequeña infancia, se es querido y protegido mucho más de lo que se ama. El camino de la madurez lleva a querer mucho más de lo que se es querido. A querer “hasta el desgarramiento, incluso demasiado, incluso mal”, como lo canta Don Quijote mediante la voz de Jacques Brel. Incluso sin recibir nada a cambio. Es por que la infancia no suscita en mí ninguna nostalgia: no es que me haya faltado afecto, pero porque, al igual que todos los niños pequeños, recibía o cogía mucho más de lo que daba.
Sólo a partir del día en que el individuo se preocupa de amar más que de ser apreciado, mimado, cortejado que empieza a ser interesante. Esto puede ocurrir a cualquier edad, por medio de una desgracia o de una iluminación de conciencia, o nunca. La mayor parte de los humanos viven y mueren “solos”, creen ellos, porque de hecho sólo esperaban ser queridos.
El que ama nunca está solo. (…)
Un individu ne devient intéressant qu’à partir du jour où il s’enquiert d’aimer bien plus que d’être apprécié, choyé ou courtisé. Cela peut advenir à n’importe quel âge, à la faveur d’une épreuve ou d’une illumination de conscience, ou bien jamais. La plupart des humains vivent et meurent « seuls », croient-ils, parce qu’en fait ils n’attendaient que d’être aimés.
Celui qui aime n’est jamais seul. (…)
La vie solitaire ressemble à un jardin fleuri : c’est un lieu d’affinités, mais on peut s’y promener seul et s’y sentir heureux sans être accompagné ».
(Extrait de : L’ESPRIT DE SOLITUDE, Jacqueline Kelen).
« En la pequeña infancia, se es querido y protegido mucho más de lo que se ama. El camino de la madurez lleva a querer mucho más de lo que se es querido. A querer “hasta el desgarramiento, incluso demasiado, incluso mal”, como lo canta Don Quijote mediante la voz de Jacques Brel. Incluso sin recibir nada a cambio. Es por que la infancia no suscita en mí ninguna nostalgia: no es que me haya faltado afecto, pero porque, al igual que todos los niños pequeños, recibía o cogía mucho más de lo que daba.
Sólo a partir del día en que el individuo se preocupa de amar más que de ser apreciado, mimado, cortejado que empieza a ser interesante. Esto puede ocurrir a cualquier edad, por medio de una desgracia o de una iluminación de conciencia, o nunca. La mayor parte de los humanos viven y mueren “solos”, creen ellos, porque de hecho sólo esperaban ser queridos.
El que ama nunca está solo. (…)
La vida solitaria se parece a un jardín florido: es un lugar de afinidades, pero uno puede pasear solo y sentirse feliz en él sin estar acompañado”
Foto: Israel Pampín.
voilà que juste après l'envol tu atteins déjà les plus hautes cimes :-) cette réflexion sur le besoin infantile d'être aimé est essentielle : elle a des prolongements psychologiques et même politiques que l'on n'imagine pas toujours.... Je ne connais pas l'auteur que tu cites : je vais chercher à en savoir plus. Merci.
RépondreSupprimerTu me donnes envie de relire ce magnifique essai de Jacqueline Kelen, où elle parle aussi du "pacte de Mélusine": "La personne qui vit en couple devrait se réserver de grands moments de solitude ou un lieu à part, afin de regarder l'autre différemment et le monde aussi: ceux-ci ne nous appartiennent pas, ils ne sont pas à notre merci. La solitude permet de laver le regard habitué et fatigué que nous portons sur ceux qui nous entourent."
RépondreSupprimerHeureuse de voir ton blog reprendre des couleurs. Baisers de Bruxelles.
j'ai lu et relu ce livre
RépondreSupprimerje l'ai offert de nombreuses fois
je sais qu'il a été fort apprécié
à méditer, sans aucun doute
il revisite l'idée de solitude de manière originale, avec un esprit neuf et ce sont des pistes nouvelles à explorer
mais ça ne fait pas tout
ce serait trop simple si un livre pouvait tout résoudre
merci Colo pour ce bel article
@Carole, cette montagne est juste derrière chez moi; il y a affluence chèvres sauvages! Cet essai, comme dit Tania, est une longue et magnifique réflexion sur la "positive solitude".
RépondreSupprimer@Tania, je relis des passages de temps en temps et celui de Mélusine est (aussi) un de mes favoris.
Le blog coloré, oui, je découvre les possibilités avec le jeune photographe, IPampín, qui veut rouvrir le sien, avec des photos cette fois. Je te ferai signe.
@Charivarii, oh, ça ne résoud pas tout, bien sûr, mais aide à réfléchir...c'est déjà pas mal!
J'aime beaucoup la dernière phrase. Mais ce matin, malgré le soleil montagneux, mon jardin fleuri me paraissait bien brumeux.
RépondreSupprimerAimer jusqu'à la déchirure, même trop, même mal
RépondreSupprimerC'est le sens que j'ai donné à ma vie, la réussite matérielle ne m'intéressais pas, adolescente quand je me posais les questions sur la vie, je me suis dit que comme l'allumeur de révérbère du Petit Prince si j'avais aimé et créer du bonheur ma vie serait belle.
Marcelle
Un essai dont l'extrait donne envie d'en savoir davantage, et Tania vient apporter sa pierre, impossible de lutter contre vous deux et je vais mettre cette lecture au programme
RépondreSupprimerJe viens d'entamer un auteur Catalan Pep Coll, tu connais ?
@Damien, la brume est bien réelle et elle apparaît à son gré me semble-t-il, qu'on soit seul ou en compagnie. J'espère qu'elle s'est levée depuis.
RépondreSupprimer@Marcelle, d'abord bienvenue, je passerai chez vous, bien sûr.
Faire de l'amour le but de sa vie; ça lui donne tout son sens, une belle vie. Merci.
@Dominique, haaaaaaaa, je suis bien contente que tu fasses une découverte, ne lutte pas, tu ne seras pas déçue.
Je connais Pep Coll mais je n'ai rien lu de lui à part des livres pour enfants. Je suppose que je verrai sur ton blog celui que tu lis.
"Aimer plus que d'être apprécié", c'est tout les jours qu'on doit se le rappeler parce qu'on réclame, on réclame, qu'est-ce qu'on réclame! Pire qu'un enfant!
RépondreSupprimerC'est difficile de faire un commentaire... la solitude est un truc très intime et prend parfois des formes différentes.
RépondreSupprimerBeau billet qui fait réféchir, merci Colo !
Jacqueline Kelen, est-ce l'auteur de ce livre fameux sur les soins palliatifs de l'âme ?
@Delphine, pas toujours facile à réaliser, en effet!
RépondreSupprimerMH, je ne connais pas le livre dont tu parles, mais cette dame a beaucoup publié et ce depuis, je pense, 1982. On devrait, tu as raison, parler de formes de solitude plutôt que de pontifier sur La solitude.
Voilà, ça me revient : je confonds avec Marie Hennezel, une autre femme sage...
RépondreSupprimerBonne semaine Colo.
"individu ne devient intéressant qu’à partir du jour où il s’enquiert d’aimer bien plus que d’être apprécié, choyé ou courtisé."
RépondreSupprimerje me doutais bien que ce chemin-là était celui de la maturité. Je chemine sur ce qui n'est qu'une sente et deviendra bientôt une avenue.
"Aimer, enfin adulte se résumera désormais dans ma capacité à accepter sans rebellion qu'elle soit heureuse sans moi."
L' itinéraire mystérieux qui va de Brel à Brassens, de " la quête" à "les passantes".Ceux là jalonne mon parcours depuis quelques mois déjà.
Des livres aux films en général et celui ci en particulier.De: "la tête en friche" au coeur en friche."Du roman de Marie-Sabine Roger au film de Jacques Becker, dialogué par Jean Loup Dabadie.
"De l'enfance en jachère à l'adulte en friche tardivement cultivé, Germain déchiffre les lettres récoltant de ces semailles comme un regain après la fenaison et devient un spécialiste de Camus (Il faut dire qu'il revient de loin, le Germain: il confondait Guy de Maupassant avec le guide Michelin)"
Et je trouve en passant par ici des textes qui me correspondent.
Je ne dois pas être le seul.
Merci, Colo!
D'ailleurs chez toi on dit: "Gracias" comme dans le grâce de "gracieuse"et le pendant positif du "à cause"
C'est quand on aime naturellement, sans but, sans vouloir rien en retirer, qu'on aime vraiment. C'est un état merveilleux, une pureté retrouvée.
RépondreSupprimerMais c'est vrai aussi qu'il est, je crois, indispensable de savoir vivre seul, parce que la vie à deux pour fuir la solitude est une solitude à deux. La pire!
@Alex: J'ai lu la belle critique du film "La tête en friches" chez toi, film que je ne verrai probablement pas, ou alors dans quelques années à la télé. Contente que tu aies trouvé de l'inspiration ici! Hasta pronto!
RépondreSupprimer@Edmée, la solitude a une connotation négative mais peut être féconde si elle est choisie. Se "mettre en couple" pour la fuir est une fort mauvaise idée, je le crois aussi.
envie de revenir sur le sujet. je voulais rajouter qu'il est bien difficile d'aimer quand on n'a pas été aimé soi-même, et dans ce cas l'accès à la maturité peut passer par un chemin tortueux. Quand à la phrase : aimer même trop même mal : je ne suis pas d'accord. être trop aimé, ou mal aimé, reviens à ne pas être aimé... en fait l'amour n'est peut-être pas tout ?? J'aime ma solitude mais peut-être est-ce par égoïsme, ça ne veut pas forcément dire que je suis capable d'aimer, ou alors seulement moi-même ???? je ne sais pas ... en tout cas merci pour ce post qui fait réfléchir. bises
RépondreSupprimer@Chère Carole, merci à toi de revenir avec d'autres questions auxquelles je vais en rajouter d'autres, histoire de continuer à réfléchir...
RépondreSupprimerPeut-être faudrait-il d'abord savoir ce que signifie "trop aimer". Qui mesure? Et définir "mal aimer", car quel est le critère? N'est-ce pas l'être aimé qui voudrait qu'on l'aime de telle ou telle façon et qui, insatisfait ou rêveur, pense que...?
Par ailleurs je ne vois pas non plus la corrélation entre le goût de la solitude et la capacité d'aimer; sans doute n'y en a-t-il pas?
A très bientôt, je t'embrasse.
Je profite de mon insomnie pour préciser ma pensée : Ne nous plaçons pas du point de vue de l'aimé mais de l'aimant si tu veux bien. Si j'aime trop ou mal, ça veut dire que croyant aimer, je suis animé par toute autre chose : un désir de possession, une volonté de puissance, un besoin d'être aimé en retour. L'aimant rate son but, si on peut dire. Comme une mère qui aime trop son enfant finit par l'étouffer, ou bien un amant qui aime trop, devient un insupportable jaloux etc... J'ai lu sur un blog ami une phrase qui m'a bien plu : "l'amour c'est tout petit". finalement aimer est un mot trop grand pour ce que c'est. aimer c'est peut-être seulement être là, être bien, écouter et comprendre (autant que possible)... Pour ce qui est du rapport entre la solitude et la capacité d'aimer, j'ai sans doute mal compris le texte. car j'ai cru qu'elle faisait une corrélation entre les deux. en disant que celui qui aime se rendait capable de vivre seul sans en souffrir. et je posais simplement la question en inversant les propositions : celui qui vit dans une solitude choisie est-il forcément un être aimant ? bon ... je vais pouvoir dormir maintenant, et arrêter de retourner tout ça dans ma tête :-)
RépondreSupprimer@Carole, j'espère que tu as réussi à dormir! Je ne suis pas philosophe comme J. Kelen, aussi je chercherai dès que possible des réponses dans son livre, mais je vois bien maintenant par où vont tes pensées et questions. Elles rejoignent pas mal des miennes d'ailleurs.
RépondreSupprimerCarole...tu es encore là? :))
RépondreSupprimerJe n'ai pas relu les 250 pages, seulement les passages que j'avais soulignés, et il y en a beaucoup (trop). Voici quelques lignes qui me semble correspondre un peu à nos réflexions.
"Les êtres qui chérissent la solitude sont souvent considérés comme des misanthropes: ils n'apprécient pas les bains de foule, les stades vociférants, les manifestations dites populaires, donc ils méprisent ou détestent leurs semblables...Or le solitaire n'est pas celui qui n'aime pas les autres mais celui qui apprécie certains autres, celui qui en tout fait preuve d'élection et cultive les affinités. Le solitaire a le sens de l'amitié, qui célèbre une relation unique entre deux personnes, tandis que de toutes parts est martelé le mot d'ordre de solidarité, qui fait référence à des populations indistinctes. Il préfère toujours la rencontre particulière à la dilution dans une collectivité..."
Tu vois, ce n'est qu'une mini réponse mais qui écarte ton idée saugrenue solitude=égoïsme. Je continuerai à chercher...je t'embrasse.
..."qui me semblent", bien sûr!
RépondreSupprimerJe vais lire ce livre. Merci. J'ai lu avec beaucoup d'intérêt l'échange entre Colo et Carole.
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