Voilà, comme annoncé, le second poème sur les lettres de Joan Margarit. Malgré qu’il soit bien plus connu et apprécié que le premier, je préfère ce dernier, plus sensuel et moins sombre.
Mais ce n’est peut-être pas votre avis...
La lettre (ou les jeunes) Goya 1812-1819, détail
Ne jette pas les lettres d’amour
Joan Margarit
Ne jette pas les lettres d’amour
Elles ne t’abandonneront pas.
Le temps passera, s’effacera le désir
- cette flèche d’ombre -
et les visages, sensuels, beaux et intelligents,
se nicheront en toi, au fond d’un miroir.
Couleront les ans. Les livres te fatigueront.
Tu descendras encore plus
et tu perdras même la poésie.
Le bruit de la ville aux fenêtres
finira par être ta seule musique,
et les lettres d’amour que tu avais gardées
seront ta dernière littérature.
Trad: Colo
The Notebook (2004) - Nick Cassavetes
"No tires las cartas de amor"
No
tires las cartas de amor
Ellas no te abandonarán.
El
tiempo pasará, se borrará el deseo
-esta flecha de sombra-
y
los sensuales rostros, bellos e inteligentes,
se ocultarán en
ti, al fondo de un espejo.
Caerán los años. Te cansarán los
libros.
Descenderás aún más
e, incluso, perderás la
poesía.
El ruido de ciudad en los cristales
acabará por
ser tu única música,
y las cartas de amor que habrás
guardados
serán tu última literatura.