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18 sept. 2021

J'ai connu la vie en chemin / He conocido la vida en el camino

Il y a longtemps que je voulais publier un poème ou deux de cette jeune et déjà très connue poétesse espagnole, Elvira Sastre.

Traductrice aussi, et romancière, cette jeune femme de 29 ans née à Segovia emploie beaucoup le Je, mais ce Je nous représente tous ou presque, c’est du moins ce que j’ai ressenti.


Dans le poème d’aujourd’hui la recherche de soi à travers les expériences de la vie.







Ma vie sent la fleur           Elvira Sastre


J’ai arrondi les coins des rues

pour ne pas trouver de monstres au tournant

et ils m’ont attaquée par derrière

Je me suis léché la figure quand je pleurais

pour me souvenir du goût de la mer

et je n’ai senti que brûlure aux yeux.

J’ai attendu les bras croisés

pour m’enlacer

et je me suis heurtée contre mon propre corps.

J’ai tant menti

que quand j’ai dit la vérité

je ne
me suis

pas

crue.

 

 

J’ai fui

les yeux ouverts

et le passé m’a rattrapée.

J’ai accepté

les yeux fermés

des coffres vides

et je me suis sali les mains.

J’ai écrit ma vie

et ne me suis pas reconnue.


J’ai tant aimé

que je me suis oubliée.

J’ai tant oublié

que j’ai cessé de m’aimer.

(...)


J’ai perdu le cap

mais j’ai connu la vie en chemin.

Je suis tombée

mais dans la descente j’ai vu des étoiles

et l’écroulement a été un rêve.


J’ai saigné,

mais

toutes mes épines

se sont transformées en rose.


Et maintenant

ma vie sent la fleur.


Trad: Colo


MI VIDA HUELE A FLOR Elvira Sastre


He redondeado esquinas
para no encontrar monstruos a la vuelta
y me han atacado por la espalda.
He lamido mi cara cuando lloraba
para recordar el sabor del mar
y solo he sentido escozor en los ojos.
He esperado de brazos cruzados
para abrazarme
y me he dado de bruces contra mi propio cuerpo.
He mentido tanto
que cuando he dicho la verdad
no
me
he
creído.


He huido
con los ojos abiertos
y el pasado me ha alcanzado.
He aceptado
con los ojos cerrados
cofres vacíos
y se me han ensuciado las manos.
He escrito mi vida
y no me he reconocido.




He querido tanto
que me he olvidado.
He olvidado tanto
que me he dejado de querer.


(...)

He perdido el rumbo
pero he conocido la vida en el camino.
He caído
pero he visto estrellas en mi descenso
y el desplome ha sido un sueño.

He sangrado,
pero
todas mis espinas
han evolucionado a rosa.

Y ahora
mi vida
huele a flor.





34 commentaires:

  1. c'est rare d'avoir autant de Je dans un poème
    on dirait un trop plein qui se déverse

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    1. Tu as raison et c'est pourquoi je pense que ce Je est universel, représente la jeunesse peut-être.

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  2. c'est superbe, merci colo pour la découverte

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  3. Le je est effectivement universel car il nous parle au singulier. Chacun peut y découvrir une introspection libératrice. La vérité est une rédemption. J'aime sans réserve

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    1. Un poème qui relate ces parcours de vie, de nos vies, oui.
      J'aime ton expression " introspection libératrice"

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  4. J'ai pleuré à cette lecture un "je" universel
    "J’ai tant aimé

    que je me suis oubliée.

    J’ai tant oublié

    que j’ai cessé de m’aimer."

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  5. C'est assez magnifique, merci pour ce partage, chère Colo.

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    1. Un poème puissant, il me touche.
      Merci d’être passée Anne.

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  6. Lu ce texte avec émotion, en pensant à un jeune homme de cet âge qui vient de mettre fin à ses jours. Je ne le connaissais pas, mais ce drame et ce poème me rappellent que la jeunesse que nous idéalisons parfois porte aussi des tourments. Heureuse celle qui a su transformer les épines de sa vie en rose !

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    1. Toute le monde n'arrive pas, hélas, à transformer les échecs et difficultés de la vie en expériences qui rendent plus forts.
      Bonne soirée Tania.

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  7. Ah oui une jolie trouvaille. Elle ne manque pas de style pour dire les choses ordinaires de la vie. Comme Marie je suis saisi par les mêmes quatre vers, simples mais d'une redoutable puissance.

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    1. Ils sont terribles ces 4 vers.
      La plupart de ses poèmes, j'en traduirai d'autres, emploie le Je pour On ou Nous ou autre chose. On s'y reconnaît si souvent, surtout ceux comme toi et moi qui avons déjà beaucoup vécu.

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  8. Ce -je- (qu'elle n'emploie certainement pas par orgueil) lui ouvre un avenir très prometteur. Bonne semaine Colo et à bientôt

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    1. En tout cas elle, très active, elle emmène de très nombreux jeunes qui s'identifient à ses poèmes, derrière elle. Et c'est fabuleux.
      Bonne semaine à toi aussi Chinou, v'là l’automne qui approche....

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  9. Ah ! mais j'aime beaucoup ! Effectivement, beaucoup de "je". Comme toi, je pense qu'il permet à chacun de s'approprier le poème qui évoque toutes les indécisions auxquelles nous sommes tous confrontés : aimer ou ne pas aimer, avancer ou se replier sur soi, accepter ou refuser les compromis de la vie. Merci pour cette découverte.

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    1. Bonjour Marie,
      Chacun peut en effet s'identifier, y retrouver ses propres difficultés et apprentissages.
      C'est sûrement pour cela que, comme je l'écrivais à Chinou, de très nombreux jeunes (et moins jeunes) la suivent avec ferveur.
      Et vive la poésie !

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  10. Il y a toute une histoire derrière ce poème et une histoire qui nous touche, même si elle n'est pas explicitée. Les "je" ne me dérange pas, il y a des vers que l'on pourrait toutes s'approprier à un moment ou à un autre. Bonne semaine Colo. Bises.

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    1. Bonjour Aifelle, je pense qu'une partie de son succès, chez les jeunes aussi, c'est, comme tu dis, qu'on peu s'identifier.
      Bonne semaine à toi aussi ! Un beso

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  11. Quel magnifique poème chère Colo. Les "je" ne me dérangent pas du tout, je trouve ses mots très beaux. Merci Colo pour cette délicieuse découverte.
    Gros bisous et bel après-midi avec un petit air automnal ♥

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    1. Oui, l'automne est arrivé Denise, c'est bien comme ça...la vie suit son cours, c'est rassurant!
      Bonne journée, un beso

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  12. Cc, j'aimerais finir ma vie en disant cette dernière phrase, mais je n'ai pas encore cet optimisme. Bisous

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    1. Si déjà flotte une odeur agréable, c'est déjà bien...un beso

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  13. Coucou. "ma vie sent la fleur". Et bien c'est une très belle conclusion lorsqu'on vit tellement de déboires dans notre existence. Il y a toujours quelque chose de bien à en tirer, malgré tout. Bises alpines.

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    1. Ah mais quel plaisir de te retrouver Dédé, des fleurs au milieu des cailloux de ta montagne, il y en a sûrement! Je les vois à l'instant sur ton blog...un beso

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  14. Oui, c'est fort, c'est très fort,la merveilleuse conclusion va droit au cœur et porte la lumière de l'espérance. Merci Colo pour ce cadeau, que ta journée soit douce. brigitte

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    1. Bonjour Brigitte, ces difficultés dont la vie est parsemée et qu'il faudrait réussir à transformer en positives...ce matin c'est l'odeur, délicieuse, de terre mouillée. Vie.
      Bonne journée, un beso

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  15. Que c'est dur de grandir ! Paul Nizan disait : "J'avais vingt ans et je ne laisserai personne dire que c'est le plus bel âge de la vie "! Mais la fin du poème et le titre sont une lueur d'espoir !

    Et la discussion sur le "je" me rappelle les mots de Victor Hugo : "Ô insensé qui crois que je ne suis pas toi !"

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    1. Bonjour Claudialucia, mais oui, tous les poètes et écrivains ne parlent que d'eux, encore et toujours, que le Je soit présent ou non ne change pas grand chose.

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  16. Beaucoup de désespérance, puis une touche d'espoir renait en fin de poème.
    Le "je" ne me gène pas, il nous entraine au contact du poète, je comprends qu'elle plaise à la jeune génération.
    Merci beaucoup Colo, un besos.

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    1. Bonjour Claudie, contente de te retrouver après ton été, très occupé, ai-je lu chez Tania.
      Oui, ces expériences et pertes de repères, ces amours et déceptions, ce chemin à parcourir parle aux jeunes, et aux moins jeunes qui ont bonne mémoire !
      Bonne journée, besos

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  17. C'est un poème bouleversant qui se termine positivement. Il sent la jeunesse c'est sûr.

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    1. Je l'ai perçu comme toi, pas dramatique, sinon toutes ces expériences et joies/déboires de la jeunesse.

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