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31 déc. 2013
Allègrement / Alegremente
Ce matin j'aimerais être cette concierge;
vous accueillir, "entrez, buvez un coup"
vous embrasser chacun(e),
vous chuchoter des mots spécialement choisis
vous remercier d'être là.
Au pas, au trot ou au galop (L'Année chinoise du cheval commence le 31 janvier), je vous souhaite de traverser ces 365 jours à venir allègrement.
Esta mañana me gustaría ser esa portera;
acogeros,"entrad, tomad una copa"
abrazar cada uno(a),
susurraros unas palabras escogidas
agradeceros vuestra presencia.
Al paso, al trote o al galope (el Año chino del Caballo, empieza el día 31 de enero), os deseo atravesar esos 365 alegremente.
25 déc. 2013
Soleil de pluie / Sol de lluvia
La
femme et le paysage Stefan Zweig
“Jusqu'au
plus loin qu'atteignait ma vue je trouvais la même attente qu'il y
avait en moi, des fissures s'étaient ouvertes dans la terre qui
maintenant s'élargissaient comme de petites bouches assoiffées;
pore à pore elles s'ouvraient et répandaient, cherchant de la
fraîcheur, le plaisir froid, bouleversant de la pluie, et moi je
sentais quelque chose de pareil dans mon propre corps. Sans que j'en
sois consciente, mes doigts se crispèrent comme si je pouvais saisir
les nuages et les entraîner d'un coup vers un monde évanoui...” (Trad.Colo)
La
mujer y el paisaje Stefan Zweig
«Hasta
donde alcanzaba la vista encontraba la misma expectación que había
en mí, se habían abierto grietas en la tierra que ahora se
ensanchaban como si fueran pequeñas bocas sedientas; poro a poro se
abrían y se expandían buscando frescor, el placer frío,
estremecedor de la lluvia, y yo experimentaba algo semejante en mi
propio cuerpo. Sin que fuera consciente de ello, mis dedos se
crisparon como si pudieran agarrar las nubes y arrastrarlas de una
vez hasta este mundo desfallecido...»
19 déc. 2013
Étrennes / Aguinaldo
C'était
la tradition: des représentants des différentes corporations
faisaient du porte à porte, offraient une carte de voeux et
acceptaient volontiers quelques pesetas...
Era
la tradición: representantes de diferentes corporaciones iban de
puerta en puerta, ofrecían una tarjeta de felicitación y aceptaban
con gusto unas pesetas...
(Clic pour mieux apprécier les détails...)
Le veilleur de nuit |
Le balayeur |
Le laveur de voitures |
Le barbier |
le garçon de café |
Le charretier |
L'allumeur de réverbères |
Le serrurier |
ET UNE FEMME, UNE...! / Y UNA MUJER; UNA...!
13 déc. 2013
Tisser les mots / Tejer las palabras
LA HORA DE LOS PÁJAROS
LUZ MARY GIRALDO (Colombiana)
Inasible y costurera
la palabra
teje con tela engañosa
la herida de la noche:
juega a la libertad
o sueña la ventura.
Como eterna Penélope
teje la túnica de todos
deshilvana el secreto de la espera
hasta inventar un nuevo rostro
o un espejo sin nombre.
Inasible y costurera
oye pasar el viento
fatigado por los pájaros.
la palabra
teje con tela engañosa
la herida de la noche:
juega a la libertad
o sueña la ventura.
Como eterna Penélope
teje la túnica de todos
deshilvana el secreto de la espera
hasta inventar un nuevo rostro
o un espejo sin nombre.
Inasible y costurera
oye pasar el viento
fatigado por los pájaros.
L'Heure des oiseaux
LUZ MARY GIRALDO (Colombienne)
Insaisissable couseuse
la parole
tisse d'une toile trompeuse
la blessure de la nuit:
joue à être libre
ou rêve d'aventure.
Telle l'éternelle Pénélope
elle tisse la tunique de tous
défaufile le secret de l'attente
jusqu'à inventer un nouveau visage
ou un miroir sans nom.
Insaisissable couseuse
elle écoute passer le vent
fatigué par les oiseaux.
(Trad: Colo)
Vous trouverez un poème de René Guy
Cadou qui a des correspondances avec celui-ci sur le blog de Tania:
8 déc. 2013
Respirer la lumière / Respirar la luz
Juste respirer l'aube ce matin.
Il fait froid; 5º dans ma campagne, 8º en ville.
La vue se brouille, les verres s'embuent.
Solo respirar el alba esta mañana.
Hace frio; 5º en mi campo, 8º en la ciudad.
La vista se nubla, los cristales se empañan.
Fotos Puipunyent 8 de Diciembre 2013 / 8h.
Oui la lumière
les ombres veloutées
la terre rouge
le vêtement d'automne
tout cela
nous est donné gratuitement
respirons profondément !
Yanis Petros
"Yo no te pido que me bajes
una estrella azul
sólo te pido que mi espacio
llenes con tu luz."
Pablo Milanés
Il fait froid; 5º dans ma campagne, 8º en ville.
La vue se brouille, les verres s'embuent.
Solo respirar el alba esta mañana.
Hace frio; 5º en mi campo, 8º en la ciudad.
La vista se nubla, los cristales se empañan.
Fotos Puipunyent 8 de Diciembre 2013 / 8h.
Oui la lumière
les ombres veloutées
la terre rouge
le vêtement d'automne
tout cela
nous est donné gratuitement
respirons profondément !
Yanis Petros
"Yo no te pido que me bajes
una estrella azul
sólo te pido que mi espacio
llenes con tu luz."
Pablo Milanés
Palma de Mallorca Diciembre 2013 |
6 déc. 2013
Tisanes
F. García Lorca, une œuvre immense bien sûr: les gitans et leurs couteaux, la lune et son théâtre, mais aussi de courtes chansons aux images inattendues; voyez plutôt celle-ci!
F. García Lorca una obra inmensa, claro: los gitanos y sus cuchillos, la luna y su teatro, pero también unas canciones cortas con imágenes inesperadas; ¡vean esta!
Las tres hojas Les trois feuilles
Debajo
de la hoja de la verbena tengo a mi amante malo: ¡Jesús, que pena! Debajo de la hoja de la lechuga tengo a mi amante malo con calentura. Debajo de la hoja del perejil tengo a mi amante malo y no puedo ir. |
Sous
la feuille
de
la verveine
mon
amant est malade
Jésus,
quelle peine!
Sous
la feuille
de
la laitue
mon
amant est malade
a de la température.
Sous
la feuille
du
persil
mon
amant est malade
et
je ne peux aller.
(Trad:
Colo)
|
Document unique: enregistré en 1931 par Federico G. Lorca au piano et La Argentinita!
__________________________________
30 nov. 2013
Un verre d'eau glacée / Un vaso de agua helada
Un poème d'Odilon-Jean
PÉRIER, poète belge 1901-1928.
Une fontaine à Bruxelles; sur la vasque ces mots gravés: « je t'offre un verre d'eau glacée n'y touche pas distraitement il est le prix d'une pensée sans ornement ». (source et photo ici)
Un poema de Odilon-Jean PÉRIER, poeta belga 1901-1928.
(Trad: Colo & MAH)
Une fontaine à Bruxelles; sur la vasque ces mots gravés: « je t'offre un verre d'eau glacée n'y touche pas distraitement il est le prix d'une pensée sans ornement ». (source et photo ici)
Un poema de Odilon-Jean PÉRIER, poeta belga 1901-1928.
Una fuente en Bruselas; en la pila esa palabras grabadas: "Un
vaso de agua helada te regalo no
lo toques distraído del
pensamiento es el fruto sin
adornos".
Le
citadin
Je
t´offre un verre d´eau glacée
N´y touche pas distraitement
Il est le fruit d´une pensée
Sans ornement
Tous les plaisirs de l´amitié
Combien cette eau me désaltère
Je t´en propose une moitié
La plus légère
Regarde, je suis pur et vide
Comme le verre où tu as bu
Il ne fait pas d´être limpide
Une vertu
Plus d´eau mais la lumière sage
Donne à mon présent tout son prix
Tel un poète aux dieux s´engage
Et reste pris
N´y touche pas distraitement
Il est le fruit d´une pensée
Sans ornement
Tous les plaisirs de l´amitié
Combien cette eau me désaltère
Je t´en propose une moitié
La plus légère
Regarde, je suis pur et vide
Comme le verre où tu as bu
Il ne fait pas d´être limpide
Une vertu
Plus d´eau mais la lumière sage
Donne à mon présent tout son prix
Tel un poète aux dieux s´engage
Et reste pris
Et
Julos Beaucarne qui l'a mis en musique, et chanté. Amitiés.
El
ciudadano
Un
vaso de agua helada te regalo
No
lo toques distraído
Del
pensamiento es el fruto
Sin
adornos
Todos
los placeres de la amistad
Cuánto
me desaltera esa agua
Te
propongo la mitad
La
más ligera
Mira,
soy puro y vacío
Como
el vaso en que bebiste
No
hace de su claridad
Una
virtud
No
hay agua mas la luz sabia
es
la que a mi regalo da el precio
Tal
un poeta comprometido con los dioses
Y
atrapado
28 nov. 2013
Colère bouillonnante / Cólera hirviente
Une
colère peu fréquente gronde et s'accumule en moi.
Sans
doute est-ce l'impuissance; le constat d'une désintégration infâme
et voulue des structures mêmes de ce qu'est un système
démocratique.
Sans
parler de l'évidente saignée des moins argentés, des jeunes et des
vieux, de la santé et de l'éducation publics, voilà qu'on nous
annonce que toute cette marée noire n'était qu'un songe: circulez
donc, il n'y a rien à voir, aucun coupable!
Sans
parler des plus de 300 politiciens espagnols (chiffre de mars 2013),
de tous bords, ne croyez pas que la gauche en soit exclue, qui sont
poursuivis en justice, “imputados”. Les plus nombreux sont à
Valencia et aux îles Baléares.
La corruption est telle à tous les
niveaux que la plupart d'entre eux, qui ont pillé nos bourses,
seront blanchis. Très peu iront en taule...mais payeront assez
volontiers, ça oui, un poco, quelques millions, une bagatelle...
Le
gouvernement de droite, le PP, a la majorité absolue et règne en
feignant de nous respecter, de respecter les institutions.
Quelle
issue?
La
Justice me semblait tant être le dernier échelon solide...
Una
cólera poco frecuente ruge y se acumula en mí.
Quizás
sea la impotencia; la constatación de una desintegración infame y
decidida de las mismas estructuras de lo que es un sistema
democrático.
Sin
entrar en la evidente sangría de los menos adinerados, de los
jóvenes y ancianos, de la salud y la educación públicos, he aquí
que nos anuncian que toda esa marea negra no era más que un sueño:
circulad, no hay nada que ver, ningún culpable!
Sin
hablar de los más de 300 políticos españoles (cifra de marzo
2013), de cualquier índole, no se crean que la izquierda esté
excluida, son imputados. Los más numerosos en Valencia y en las
islas Baleares.
Tal es la corrupción, a todos los niveles, que la
mayor parte de ellos, que nos han desvalijado los monederos, serán
exculpados, muy pocos irán en chirona...pero pagarán con mucho
gusto algunos millones, una friolera...
El gobierno de derechas, el
PP, tiene mayoría absoluta, reina fingiendo respetarnos, respetar las
instituciones.
¿Qué
salida?
La
Justicia me parecía de verdad ser el último escalón sólido....
Excusez cette colère,
j'avais peur d'exploser “en dedans”.
Pom,
pom, pom....je me calme (un peu).
Perdonad esta cólera,
temía explotar “por dentro”.
Pom,
pom, pom, ...me calmo ( un poco).
Sous
une pluie battante et glacée je suis allée me balader.
Revoir
combien avaient grandi ces petits cochons vus en avril, ils sont bons
à être grillés pour Noël me dit la fermière. Et les agneaux.
Les
oiseaux, les arbres et la mer...c'est beau le gris.
Avril
Novembre
Bajo un chaparrón helado me fui a pasear.
Volver
a ver cuanto habían crecido los cerditos vistos en abril, están
listos para asarlos en Navidad me dice la granjera. Y los corderos.
Los pájaros, los árboles y el mar...es bonito el gris.
25 nov. 2013
Cynisme
"Nous faisons passer la démence sénile du capitalisme pour des folies
de jeunesse" (Trad: Colo)
El Roto / El País 25-11-2013
de jeunesse" (Trad: Colo)
El Roto / El País 25-11-2013
24 nov. 2013
Écouter / Escuchar
Le beau texte du billet précédent, La Commission, l'auteure, Elena Poniatowska l'a récité elle-même.
J'avais fort envie que la traduction le soit aussi, j'aimais sa musique. Alors je me suis adressée à une amie, K.role ou Carole, femme de théâtre, qui lit souvent des poèmes, des textes qu'elle met sur son blog.
Elle m'a répondu: "ce texte est très touchant, très vrai. Et il mériterait d'être dit, peut-être avec un peu plus de liberté que ne le fait l'auteure... c'est un monologue, et la situation est quasiment théâtrale."
Ce matin, un cadeau dans mon courrier:
Bonsoir ma chère Colette,
voilà : tu peux entendre le texte ici : ( nouvelle lecture à venir)
ça m'a fait quelque chose de le dire, beaucoup d'émotions, et de le dire pour toi encore plus;
merci pour ça, chère amie. J'espère que ça te plaira.
28 novembre: Carole, pas trop satisfaite de sa performance, me demande de retirer l'ébauche....elle va reprendre le texte.
On l'attend!
Merci à toi, c'est magnifiquement dit Carole.
21 nov. 2013
Elles attendent... / Ellas esperan...
Elena Poniatowska (Mexique) vient de recevoir le Prix Cervantes, prix littéraire attibué à des écrivains de langue espagnole, pour l'ensemble de leur oeuvre.
J'ai
traduit un de ses courts récits.
Le
style d'Elena est simple et je n'ai pas cherché à le modifier. Dans
ce récit sous forme de lettre, les souvenirs sont très présents et
on y trouve quelques éléments de son pays d'origine, le Mexique: la
pauvreté et la délinquance, les femmes habituées, résignées à
attendre l'homme tout-puissant, soumises ( problème soulevé par de
nombreuses écrivaines sud-américaines ).
De
belles images, dures parfois telles ces feuilles en formes d' épées,
ou fort sensuelles.
La
« elle » sait que cet amour est fini, ou n'a jamais
existé, mais...elle attend
Bonne
lecture.
Elena Poniatowska acaba de recibir el premio Cervantes por el conjunto de su obra.
Os
dejo aquí un relato suyo.
El
estilo de Elena es simple y en este relato, en forma de carta, los
recuerdos están muy presentes y se encuentran algunos elementos de
su país de orígen, Mexico : la pobreza y la delincuencia, las
mujeres acostumbradas, resignadas a esperar al hombre todo poderoso,
sumisas (problema que abordan varias mujeres escritoras sur
americanas)
Unas
bellas imágenes, a veces duras tales esas hojas en forma de espadas,
o muy sensuales.
La
« ella » sabe que este amor ha terminado, o no ha
existido nunca, pero....espera.
Buena
lectura.
LA COMMISSION
Je
suis venue Martín, et tu n'es pas là. Je me suis assise sur le
seuil de ta maison, appuyée contre ta porte et je pense qu'en un
endroit de la ville, par une onde qui traverse l'air, tu dois deviner
que je suis ici. Voici ton petit bout de jardin; ton mimosa s'incline
vers la rue et en passant les enfants lui arrachent les branches les
plus accessibles...En terre, semées autour d'un mur, très
rectilignes et sérieuses, je vois des fleurs qui ont des feuilles
comme des épées. Elles sont bleu marine, elles ressemblent à des
soldats. Elles sont très graves, très honnêtes. Toi aussi tu es un
soldat. Tu marches dans la vie, un, deux, un, deux...Ton jardin
entier est solide, il est comme toi, il a une force qui inspire
confiance.
Me
voici contre le mur de ta maison, telle que je suis parfois contre le
mur de ton dos. Le soleil donne aussi contre la vitre de tes fenêtres
et peu à peu il faiblit car il est tard. Le ciel rougissant a
chauffé ton chèvrefeuille et son odeur se fait de plus en plus
pénétrante. C'est la tombée du jour. Le jour va décliner. Ta
voisine passe. Je ne sais si elle m'aura vue. Elle va arroser son
bout de jardin. Je me souviens qu'elle t'apporte une soupe quand tu
es malade et que sa fille te fait des piqûres...Je pense à toi très
lentement, comme si je te dessinais en moi et que tu restais gravé
là. Je voudrais avoir la certitude que je vais te voir demain et
après-demain et toujours dans une chaîne ininterrompue de jours;
que je pourrai te regarder lentement bien que je connaisse chaque
petit recoin de ton visage; rien entre nous n'a été provisoire ni
un accident.
Je
suis penchée sur une feuille de papier et je t'écris tout ça et je
pense que maintenant, dans un quelconque quartier où tu marches,
pressé, décidé comme tu en as l'habitude, dans une de ces rues où
je t'imagine toujours: Donceles et Cinco de Febrero ou Venustiano
Carranza, sur une de ces banquettes grises et monocordes brisées par
la foule de gens qui va prendre le camion, tu dois savoir au fond de
toi que je t'attends. Je suis simplement venue te dire que je t'aime
et comme tu n'es pas là je te l'écris. Je ne peux presque plus
écrire parce que le soleil est déjà parti et je ne sais pas bien
ce que je te mets. Dehors passent encore des enfants, en courant. Et
une dame avec une casserole prévient, irritée: “ Ne me secoue pas
la main, je vais renverser le lait...” Et je laisse ce crayon,
Martín, et je laisse la feuille à lignes et je laisse mes bras
pendre inutilement le long de mon corps et je t'attends. Je pense que
j'aurais aimé t'étreindre. Parfois j'aimerais être plus vieille
parce que la jeunesse porte en elle, l'impérieux, l'implacable
besoin de tout relier à l'amour.
Un
chien aboie; il aboie agressivement. Je crois qu'il est temps de
partir. Sous peu viendra la voisine pour allumer la lumière de ta
maison; elle a la clef et elle allumera l'ampoule de la chambre qui
donne vers l'extérieur parce que dans cette colonie on assaille
beaucoup, on vole beaucoup. On vole beaucoup aux pauvres; les pauvres
se volent entre eux...Tu sais, depuis mon enfance je me suis assise
ainsi à attendre, j'ai toujours été docile, parce que je
t'attendais. Je sais que toutes les femmes attendent. Elles attendent
la vie future, toutes ces images forgées dans la solitude, toute
cette forêt qui marche vers elles: toute cette immense promesse
qu'est l'homme; une grenade qui s’ouvre soudain et montre ses
grains rouges, brillants; une grenade comme une bouche pulpeuse de
mille grains. Plus tard ces heures vécues en imagination, devenues
heures réelles, devront prendre poids et taille et dureté. Tous
nous sommes – ô mon amour – si pleins de portraits
intérieurs, si pleins de paysages non vécus.
La
nuit est tombée et je ne vois presque plus ce que je suis en train
de griffonner sur le papier ligné. Je ne distingue plus les lettres.
Là où tu ne comprends pas, dans les espaces, dans les vides, mets:
“Je t'aime...” Je ne sais si je vais glisser cette feuille sous
la porte, je ne sais. Tu m'as donné un tel respect de
toi-même....Peut-être que maintenant je vais partir, je ne suis
passée que pour demander à une voisine qu'elle te fasse la
commission: qu'elle te dise que je suis venue.
Trad :
Colo
Un bon article
de La Libre Belgique (merci Tania) Si vous comprenez un peu l'espagnol, un conte pour enfants écrit par E P., joliment illustré ici.
Picasso, mujer sentada |
Elena Poniatowska, El Recado
Vine
Martín, y no estás. Me he sentado en el peldaño de tu casa,
recargada en tu puerta y pienso que en algún lugar de la ciudad,
por una onda que cruza el aire, debes intuir que aquí estoy. Es
este tu pedacito de jardín; tu mimosa se inclina hacia afuera y los
niños al pasar le arrancan las ramas más accesibles... En la
tierra, sembradas alrededor del muro, muy rectilíneas y serias veo
unas flores que tienen hojas como espadas. Son azul marino, parecen
soldados. Son muy graves, muy honestas. Tú también eres un
soldado. Marchas por la vida, uno, dos, uno, dos... Todo tu jardín
es sólido, es como tú, tiene una reciedumbre que inspira
confianza.
Aquí estoy contra el muro de tu casa, así como estoy a veces contra el muro de tu espalda. El sol da también contra el vidrio de tus ventanas y poco a poco se debilita porque ya es tarde. El cielo enrojecido ha calentado tu madreselva y su olor se vuelve aún más penetrante. Es el atardecer. El día va a decaer. Tu vecina pasa. No sé si me habrá visto. Va a regar su pedazo de jardín. Recuerdo que ella te trae una sopa cuando estás enfermo y que su hija te pone inyecciones... Pienso en ti muy despacio, como si te dibujara dentro de mí y quedaras allí grabado. Quisiera tener la certeza de que te voy a ver mañana y pasado mañana y siempre en una cadena ininterrumpida de días; que podré mirarte lentamente aunque ya me sé cada rinconcito de tu rostro; que nada entre nosotros ha sido provisional o un accidente.
Estoy inclinada ante una hoja de papel y te escribo todo esto y pienso que ahora, en alguna cuadra donde camines apresurado, decidido como sueles hacerlo, en alguna de esas calles por donde te imagino siempre: Donceles y Cinco de Febrero o Venustiano Carranza, en alguna de esas banquetas grises y monocordes rotas sólo por el remolino de gente que va a tomar el camión, has de saber dentro de tí que te espero. Vine nada más a decirte que te quiero y como no estás te lo escribo. Ya casi no puedo escribir porque ya se fue el sol y no sé bien a bien lo que te pongo. Afuera pasan más niños, corriendo. Y una señora con una olla advierte irritada: "No me sacudas la mano porque voy a tirar la leche..." Y dejo este lápiz, Martín, y dejo la hoja rayada y dejo que mis brazos cuelguen inútilmente a lo largo de mi cuerpo y te espero. Pienso que te hubiera querido abrazar. A veces quisiera ser más vieja porque la juventud lleva en sí, la imperiosa, la implacable necesidad de relacionarlo todo con el amor.
Ladra un perro; ladra agresivamente. Creo que es hora de irme. Dentro de poco vendrá la vecina a prender la luz de tu casa; ella tiene llave y encenderá el foco de la recámara que da hacia afuera porque en esta colonia asaltan mucho, roban mucho. A los pobres les roban mucho; los pobres se roban entre sí... Sabes, desde mi infancia me he sentado así a esperar, siempre fui dócil, porque te esperaba. Sé que todas las mujeres aguardan. Aguardan la vida futura, todas esas imágenes forjadas en la soledad, todo ese bosque que camina hacia ellas; toda esa inmensa promesa que es el hombre; una granada que de pronto se abre y muestra sus granos rojos, lustrosos; una granada como una boca pulposa de mil gajos. Más tarde esas horas vividas en la imaginación, hechas horas reales, tendrán que cobrar peso y tamaño y crudeza. Todos estamos —oh mi amor— tan llenos de retratos interiores, tan llenos de paisajes no vividos.
Ha caído la noche y ya y casi no veo lo que estoy borroneando en la hoja rayada. Ya no percibo las letras. Allí donde no le entiendas en los espacios blancos, en los huecos, pon: "Te quiero..." No sé si voy a echar esta hoja debajo de la puerta, no sé. Me has dado un tal respeto de ti mismo...Quizá ahora que me vaya, sólo pase a pedirle a la vecina que te dé el recado: que te diga que vine.
Aquí estoy contra el muro de tu casa, así como estoy a veces contra el muro de tu espalda. El sol da también contra el vidrio de tus ventanas y poco a poco se debilita porque ya es tarde. El cielo enrojecido ha calentado tu madreselva y su olor se vuelve aún más penetrante. Es el atardecer. El día va a decaer. Tu vecina pasa. No sé si me habrá visto. Va a regar su pedazo de jardín. Recuerdo que ella te trae una sopa cuando estás enfermo y que su hija te pone inyecciones... Pienso en ti muy despacio, como si te dibujara dentro de mí y quedaras allí grabado. Quisiera tener la certeza de que te voy a ver mañana y pasado mañana y siempre en una cadena ininterrumpida de días; que podré mirarte lentamente aunque ya me sé cada rinconcito de tu rostro; que nada entre nosotros ha sido provisional o un accidente.
Estoy inclinada ante una hoja de papel y te escribo todo esto y pienso que ahora, en alguna cuadra donde camines apresurado, decidido como sueles hacerlo, en alguna de esas calles por donde te imagino siempre: Donceles y Cinco de Febrero o Venustiano Carranza, en alguna de esas banquetas grises y monocordes rotas sólo por el remolino de gente que va a tomar el camión, has de saber dentro de tí que te espero. Vine nada más a decirte que te quiero y como no estás te lo escribo. Ya casi no puedo escribir porque ya se fue el sol y no sé bien a bien lo que te pongo. Afuera pasan más niños, corriendo. Y una señora con una olla advierte irritada: "No me sacudas la mano porque voy a tirar la leche..." Y dejo este lápiz, Martín, y dejo la hoja rayada y dejo que mis brazos cuelguen inútilmente a lo largo de mi cuerpo y te espero. Pienso que te hubiera querido abrazar. A veces quisiera ser más vieja porque la juventud lleva en sí, la imperiosa, la implacable necesidad de relacionarlo todo con el amor.
Ladra un perro; ladra agresivamente. Creo que es hora de irme. Dentro de poco vendrá la vecina a prender la luz de tu casa; ella tiene llave y encenderá el foco de la recámara que da hacia afuera porque en esta colonia asaltan mucho, roban mucho. A los pobres les roban mucho; los pobres se roban entre sí... Sabes, desde mi infancia me he sentado así a esperar, siempre fui dócil, porque te esperaba. Sé que todas las mujeres aguardan. Aguardan la vida futura, todas esas imágenes forjadas en la soledad, todo ese bosque que camina hacia ellas; toda esa inmensa promesa que es el hombre; una granada que de pronto se abre y muestra sus granos rojos, lustrosos; una granada como una boca pulposa de mil gajos. Más tarde esas horas vividas en la imaginación, hechas horas reales, tendrán que cobrar peso y tamaño y crudeza. Todos estamos —oh mi amor— tan llenos de retratos interiores, tan llenos de paisajes no vividos.
Ha caído la noche y ya y casi no veo lo que estoy borroneando en la hoja rayada. Ya no percibo las letras. Allí donde no le entiendas en los espacios blancos, en los huecos, pon: "Te quiero..." No sé si voy a echar esta hoja debajo de la puerta, no sé. Me has dado un tal respeto de ti mismo...Quizá ahora que me vaya, sólo pase a pedirle a la vecina que te dé el recado: que te diga que vine.
Un bonito cuento para niños escrito por ella, con ilustraciones preciosas aquí:
17 nov. 2013
S'amuser, deviner...
Certaines expressions espagnoles m'amusent beaucoup. En voici
quelques unes que j'ai traduites littéralement, à vous de...
Dans
la campagne elle marchait ce matin–là, l'heure collée au cul
( andar con la hora pegada al culo). Il lui fallait passer par le
bureau de poste, et une fois le tue–timbre ( matasellos) apposé,
elle irait chanter les quarante ( cantar las cuarenta) à ce vieux
ronchon de Julián qui serait sûrement encore en train de dormir la
guenon* ( dormir la mona). Oh, parfois il était de bonne humeur mais
si distrait!
- Ma brouette est réparée, Julián?
- Ah, ma bonne dame, j'ai eu une journée terrible hier et mon saint est monté au ciel ( se me ha ido el santo al cielo).
- Mais Julián, vous m'aviez déjà dit cela la semaine dernière!
- Quand j'ai trop à faire, j'ai trop à faire. Il ne faut pas demander des poires à l'orme ( pedir peras la olmo).
Elle
n'insista pas et pensa que le four n'était pas prêt pour les petits
pains ( el horno no está para bollos) et que la prochaine fois tout
irait comme miel sur pâte feuilletée ( como miel sobre hojuelas).
Bon,
je vous aide un peu:
*
dormir la mona : cuver son vin.
12 nov. 2013
Elle souriait / Ella sonreía
Souvent on n'y prête pas l'attention qui les rendrait plus beaux, plus doux … et ces moments de la journée semblent banals, voire ennuyeux.
Un ciel, une musique, le passage d'un livre, une plante, un gâteau, une visite...
C'est
à ceux-là que
Bonheur du jour dédie son blog, ses écrits.
Ce
texte du 7
novembre m'a touchée et sitôt l'autorisation reçue, le voilà,
avec sa traduction et ce poème / sourire de Mario Benetti.
Grand
merci à vous, dame Bonheur.
A
menudo no se les presta la atención que les volvería más bonitos,
más dulces...y esos momentos del día parecen a veces banales, tal
vez aburridos.
Un
cielo, una música, el párrafo de un libro, una planta, un pastel,
una visita...
La
autora del blog Bonheur
du jour les dedica su atención y su nota del 7 de noviembre me
pareció tan delicada que le pedí permiso para reproducirlo,
traducirlo aquí.
Un deux trois ... Soleil !
C’est l’après-midi où on s’installe, dans un coin du grand salon de la maison de retraite, pour tricoter près d’un très vieux monsieur qui aime garder dans ses mains la pelote de laine et dérouler le fil peu à peu. Il dit qu’il aime faire ça car c’est comme un travail, que c’est utile.
Le silence est scandé de brèves paroles et du cliquetis des aiguilles. On s’arrête parfois pour mesurer et le très vieux monsieur, de sa seule main encore valide, tient ferme le bout du mètre et annonce les chiffres.
A l’opposé de la pièce, une dame observe la scène. Quelques rangs de tricot et, quand le regard se lève, elle s’est rapprochée un peu. Un tout petit peu. Encore quelques rangs, et elle a progressé de quelques mètres. Puis, elle est là, tout à côté. Toute souriante. Dans ses mains à la peau plissée et aux doigts torses, une aiguille et une pelote de laine.
- Je ne me souviens plus comment on fait.
On l’aide à remonter les mailles sur l’aiguille. On lui rappelle, doucement, qu’il faudrait une seconde aiguille.
- Ah oui… Mais je ne sais pas où elle est… Oh, mais j’irai à la mercerie en acheter une, ce n’est pas pour ce que ça coûte, hein ? Et vous, qu’est-ce que vous faites ?
- Une écharpe.
- Ah oui… Un cache-col. J’en faisais aussi à mes enfants. C’est le modèle ? dit-elle en regardant un catalogue posé sur le divan.
On lui tend le livret, qu’elle feuillette et qu’elle commente.
- J’aimerais bien faire celui-là, dit-elle, en montrant un mantelet rouge pour une petite fille. Et vous ? Qu’est-ce que vous faites ?
- Une écharpe.
- Ah oui… Un cache-col, enfin moi je dis un cache-col. J’en faisais aussi à mes enfants. Je tricotais beaucoup. Je faisais tout. Des bonnets, des pulls… Pour l’hiver. Il y a de belles choses, dans ce catalogue. Vraiment. Phildar...
- Voulez-vous le garder ?
- Volontiers, c’est très aimable. Vous êtes bien gentille. Et vous, qu’est-ce que vous faites ?
- Une écharpe.
- Ah oui… Un cache-col. J’en faisais aussi à mes enfants quand ils étaient petits.
Quand on part parce que c’est l’heure, laisser le catalogue à la dame, tout sourire en feuilletant les pages.
Un, dos, tres... Sol!
Es por
la tarde cuando nos instalamos, en un rincón del gran salón de la
residencia de ancianos, para hacer punto cerca de un señor muy mayor
a quien le gusta guardar en sus manos el ovillo de lana y
desenrollarlo poco a poco. Dice que le gusta hacer esto ya que es
como un trabajo, que es útil.
El
silencio está puntuado de palabras breves y del ruido de las agujas.
A veces nos paramos para medir y el señor muy mayor, de su única
mano todavía válida, agarra firmemente el extremo del metro y
anuncia las cifras.
Al
otro lado de la habitación, una señora observa la escena. Algunas
vueltas del punto y, al levantar la mirada, se ha acercado un poco.
Un poquito. Algunas vueltas más, y ha progresado de unos metros.
Después, está allí, justo al lado. Toda sonrisa. En sus manos de
piel arrugada y dedos torcidos, una aguja y un ovillo de lana.
- No
me acuerdo cómo se hace.
Le
ayudamos a volver a subir los puntos en la aguja. Le recordamos,
suavemente, que haría falta une segunda aguja.
-Ha,
sí....Pero no sé donde está....Oh, pero iré a la mercería a
comprar una, no es por lo que cuesta, verdad? Y usted, ¿qué hace?
- Una
bufanda.
- Ha,
sí...Un “tapa - cuello”. También hacía para mis hijos. ¿Es el
modelo? dice mientras mira un catálogo en el sofá.
Le
damos el librillo que ella hojea y comenta.
- Me
gustaría mucho hacer este, dice, enseñando una manteleta roja para
una niña. ¿Y usted, qué hace?
- Una
bufanda.
-Ha,
sí...un “tapa - cuello”, bueno, yo digo “tapa-cuello”.
También hacía para mis hijos. Tricotaba mucho. Hacía de todo.
Gorros, jerséis...para el invierno. Hay cosas bonitas, en este
catálogo. Realmente, Phildar...
-
¿Quiere quedárselo?
- Con
mucho gusto, es muy amable. Es usted muy atenta. ¿Y usted, qué
hace?
- Una
bufanda.
- Ha,
sí...un “tapa – cuello”. También hacía a mis hijos cuando
eran pequeños.
Cuando
es la hora, irse, dejar el catálogo a la señora, todo sonrisa al
hojear las páginas.
Mario
Benedetti
Arco
iris Arc -
en - ciel
A
veces
por supuesto usted sonríe y no importa lo linda o lo fea lo vieja o lo joven lo mucho o lo poco que usted realmente sea (...) sonríe y usted nace asume el mundo mira sin mirar indefensa desnuda
transparente
y a lo mejor si la sonrisa viene de muy de muy adentro usted puede llorar sencillamente sin desgarrarse sin desesperarse sin convocar la muerte ni sentirse vacía llorar sólo llorar entonces su sonrisa si todavía existe se vuelve un arco iris. |
Des
fois
bien
sûr
vous
souriez
et
peu importe
qu'en
réalité
vous
soyez jolie
ou
laide
vieille
ou
jeune
gens
de beaucoup
ou
de peu
(...)
vous
souriez
et
vous naissez
vous
assumez le monde
regardez
sans
regarder
sans
défense
nue
transparente
et
peut-être
si
le sourire vient
de
loin
de
très loin à l'intérieur
vous
pouvez pleurer
simplement
sans
vous déchirer
sans
vous désespérer
sans
appeler la mort
ni
vous sentir vide
pleurer
seulement pleurer
alors
votre sourire
s'il
existe encore
se
transforme en arc-en-ciel
|
(Trad: Colo)
Merci Savarati.
"Par les meneaux
qui défigurent les ors du ciel
les griffures du temps
impriment une partition
oubliée
Les saisons s’échelonnent
sans qu’on puisse les dénombrer
longues robes monotones
devenues par l’iris fatigué
de plus en plus floues
Constante
l’horloge fait semblant
remontoir à contre-courant
rappelle les silhouettes alertes
et les cris dévoyés
Rejoindre la mémoire
effilée bien souvent
dans les couloirs tristes
couleurs délavées
soupirer avec ce qui reste de souffle
juste avant la nuit
qui pèse lourd
Elle est restée belle
la peau en parchemin
les veinules qui courent
et explosent parfois
les mains qui détressent l’écheveau
à peine commencé
déjà trop emmêlé
la bouche qui sans le savoir
remonte les commissures
ébauche d’un sourire
dont elle ignore le sens
Les autres
ceux qui veillent
ne savent pas
et cueillent cette fleur un peu fanée
juste au creux de sa bouche."
Merci Savarati.
"Par les meneaux
qui défigurent les ors du ciel
les griffures du temps
impriment une partition
oubliée
Les saisons s’échelonnent
sans qu’on puisse les dénombrer
longues robes monotones
devenues par l’iris fatigué
de plus en plus floues
Constante
l’horloge fait semblant
remontoir à contre-courant
rappelle les silhouettes alertes
et les cris dévoyés
Rejoindre la mémoire
effilée bien souvent
dans les couloirs tristes
couleurs délavées
soupirer avec ce qui reste de souffle
juste avant la nuit
qui pèse lourd
Elle est restée belle
la peau en parchemin
les veinules qui courent
et explosent parfois
les mains qui détressent l’écheveau
à peine commencé
déjà trop emmêlé
la bouche qui sans le savoir
remonte les commissures
ébauche d’un sourire
dont elle ignore le sens
Les autres
ceux qui veillent
ne savent pas
et cueillent cette fleur un peu fanée
juste au creux de sa bouche."