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30 juil. 2023

Hibou, chants et oreilles / Mochuelo, canto y orejas

 

L’été ce sont des va-et-vient de la famille, de leurs chiennes à garder mais aujourd’hui tout est calme. Ils ont tous regagné leurs pénates. Comme le dit l’expression espagnole “Cada mochuelo a su olivo”.

En traduction littérale “Chaque hibou sur son olivier”. 

 



Profitons-en pour regarder de plus près d’autres expressions que j’entends souvent.

Vous le savez sans doute, nous avons eu des élections il y a peu, alors “A palabras necias, oídos sordos” était de mise...

Littéralement “ À mots idiots, oreilles sourdes”. 


Il y en a une autre qui, avec l’âge et les maux divers qui l’accompagnent, me plaît beaucoup “Quien canta su mal espanta”, “qui chante fait fuir son mal”

Très recommandable donc.


                                    

Passez une bonne semaine.

21 juil. 2023

La furtive ambiguïté de la vie..../ La furtiva ambigüedad de la vida

 Roberto Juarroz, l’œuvre de toute sa vie, des recueils qui s'appellent 

tous "Poésie Verticale", des poèmes sans titres et qui sont des réflexions 

sur l'homme, les mots, l'éthique, la morale, la mort et l'amour. Des poèmes qui, 

comme celui d'aujourd'hui, mettent en mots ce que parfois nous percevons sans le

 formuler.



Tout texte, tout mot change
selon les heures et les angles du jour ou de la nuit,
selon la transparence des yeux qui les lisent
ou le niveau des marées de la mort.

Ton nom n’est pas le même,
ma parole n’est pas la même
avant et après la rencontre
avant et après avoir repensé
que demain nous ne serons plus.

Chaque chose est différente
regardée de jour ou de nuit,
mais ils deviennent plus différents encore
les mots qu’écrivent les hommes
et les mots que n’écrivent pas les dieux.

Et il n’y a aucune heure,
ni la plus prometteuse, lucide ou impartiale,
ni même l’heure sans quartiers de la mort,
qui puisse équilibrer les reflets,
ajuster les distances
et faire dire aux mêmes mots les mêmes choses.

Tout texte, toute forme, qu’on le veuille ou non,
est le miroir changeant, chatoyant,
de la furtive ambiguïté de la vie.
Rien n’a une seule forme pour toujours.

Même l’éternité n’est pas pour toujours.


(Trad: Colo, inspirée de celle de Jacques Ancet)


Roberto Juarroz

Todo texto, toda palabra cambia
según las horas y los ángulos del día o de la noche,
según la transparencia de los ojos que los leen
o el nivel de las mareas de la muerte.

Tu nombre no es el mismo,
mi palabra no es la misma
antes y después del encuentro,
antes y después de volver a pensar
que mañana no estaremos.

Cualquier cosa es distinta
si se mira de día o de noche,
pero se vuelven aún más distintas
las palabras que escriben los hombres
y las palabras que no escriben los dioses.

Y no hay ninguna hora,
ni la más promisoria o lúcida o ecuánime,
ni siquiera la hora sin carteles de la muerte,
que pueda equiparar los reflejos,
ajustar las distancias
y hacer que las mismas palabras
digan las mismas cosas.

Todo texto, toda forma, se quiera o no se quiera,
es un mudable, tornasolado espejo
de la furtiva ambigüedad de la vida.
Nada tiene una sola forma para siempre.

Ni siquiera la eternidad es para siempre.

17 juil. 2023

De la nécessité de savoir voler..../ De la necesidad de saber volar...

 

Merci à Sergio qui m’a signalé cet autre poème d’Oliverio Girondo, encore plus surréaliste, fort amusant ai-je trouvé, malgré, c’était l’époque, une image de la femme qui ferait hurler je suppose si publié en 2023. 

 

Épouvantail par Oliverio Girondo. (Buenos Aires 1881-1967)

 

Je me fiche éperdument que les femmes
aient des seins comme des magnolias ou comme des figues sèches,
une peau de pêche ou de papier de verre.
Je n’attache aucune importance
au fait qu’elles se réveillent avec une haleine aphrodisiaque
ou avec une haleine insecticide.


Je suis parfaitement capable de supporter
qu’elles aient un nez digne de remporter le premier prix
d’une exposition de carottes;
-mais il y a une chose- et sur ce point je suis intraitable- que je ne leur pardonne
sous aucun prétexte, c’est de ne pas savoir voler.
Si elles ne savent pas voler, celles qui prétendent me séduire perdent leur temps!


C’est la raison et la seule pour laquelle je suis tombé si follement
amoureux de Maria Luisa.


Que m’importaient ses lèvres à épisodes et ses chaleurs sulfureuses?
Que m’importaient ses extrémités de palmipède
et ses regards de pronostic réservé?
Maria Luisa était une véritable plume!
Dès l’aube elle volait de la chambre à la cuisine,
elle volait de la salle à manger au cellier.
En volant elle préparait mon bain, ma chemise.
En volant elle faisait ses courses, vaquait à ses occupations…
Avec quelle impatience j’attendais qu’elle rentre, en volant,
de quelque promenade dans les environs!


Là-bas au loin, perdu dans les nuages, un point rose.
« Maria-Luisa! Maria-Luisa! » …et en quelques secondes,
elle m’étreignait de ses jambes de plumes,
pour m’emmener, en volant, quelque part.


Durant des kilomètres de silence  nous planions en une caresse
qui nous rapprochait du paradis;
durant des heures entières nous faisions notre nid dans un nuage,
comme deux anges, et soudain,
en vrille, en feuille morte,
l’atterrissage forcé d’un spasme.
Quel délice d’avoir une femme aussi légère…,
même si elle nous fait voir trente-six chandelles, de temps en temps!
Quelle volupté de passer ses journées dans les nuages
et ses nuits dans un vol sans escale!


Après avoir connu une femme éthérée,
Quel sorte d’attrait une femme terrestre peut-elle offrir?
Il n’y a pas de différence substantielle, n’est-ce pas?
entre vivre avec une vache ou  avec une femme
qui a les fesses à soixante-dix huit centimètres au-dessus du sol.


Moi, du moins, je suis incapable de comprendre
la séduction d’une femme pédestre,
et pour autant que je m’efforce de le concevoir,
je ne peux même pas imaginer
qu’on puisse faire l’amour autrement qu’en volant.

Traduit par Juliette Gheerbrant et Olivier Favier.

 


 Igor Shulman

Pauline Bailly https://www.artmajeur.com/pauline-bailly-1/fr?view=grid

 

ESPANTAPÁJAROS Oliverio Girondo, (Buenos Aires 1881-1967)



No se me importa un pito que las mujeres
tengan los senos como magnolias o como pasas de higo;
un cutis de durazno o de papel de lija.
Le doy una importancia igual a cero,
al hecho de que amanezcan con un aliento afrodisíaco
o con un aliento insecticida. 


Soy perfectamente capaz de sorportarles
una nariz que sacaría el primer premio
en una exposición de zanahorias;
¡pero eso sí! -y en esto soy irreductible- no les perdono,
bajo ningún pretexto, que no sepan volar.
Si no saben volar ¡pierden el tiempo las que pretendan seducirme! 


Ésta fue -y no otra- la razón de que me enamorase,
tan locamente, de María Luisa.
¿Qué me importaban sus labios por entregas y sus encelos sulfurosos?
¿Qué me importaban sus extremidades de palmípedo
y sus miradas de pronóstico reservado?
¡María Luisa era una verdadera pluma!
Desde el amanecer volaba del dormitorio a la cocina,
volaba del comedor a la despensa.
Volando me preparaba el baño, la camisa.
Volando realizaba sus compras, sus quehaceres...
¡Con qué impaciencia yo esperaba que volviese, volando,
de algún paseo por los alrededores!
Allí lejos, perdido entre las nubes, un puntito rosado.
"¡María Luisa! ¡María Luisa!"... y a los pocos segundos,
ya me abrazaba con sus piernas de pluma,
para llevarme, volando, a cualquier parte. 


Durante kilómetros de silencio planeábamos una caricia
que nos aproximaba al paraíso;
durante horas enteras nos anidábamos en una nube,
como dos ángeles, y de repente,
en tirabuzón, en hoja muerta,
el aterrizaje forzoso de un espasmo.
¡Qué delicia la de tener una mujer tan ligera...,
aunque nos haga ver, de vez en cuando, las estrellas!
¡Que voluptuosidad la de pasarse los días entre las nubes...
la de pasarse las noches de un solo vuelo! 


Después de conocer una mujer etérea,
¿puede brindarnos alguna clase de atractivos una mujer terrestre?
¿Verdad que no hay diferencia sustancial
entre vivir con una vaca o con una mujer
que tenga las nalgas a setenta y ocho centímetros del suelo?
Yo, por lo menos, soy incapaz de comprender
la seducción de una mujer pedestre,
y por más empeño que ponga en concebirlo,
no me es posible ni tan siquiera imaginar
que pueda hacerse el amor más que volando.

 

11 juil. 2023

En Bretagne / En Bretaña

 Si Oliveiro Girondo est Argentin, il a passé énormément de temps en Europe. 

Audacieux dans ses images, ironique, une poésie d’avant-garde de son pays. 

Ici nous sommes dans une commune française, dans le Finistère, Douarnenez, vous connaissez peut-être, moi pas.




Paysage Breton

Oliveiro Girondo ( Buenos Aires 1891-1967)

Douarnenez,

d’un coup de gobelet

s’embourbe

entre ses maisons-dés

un bout de mer,

avec une odeur de sexe à s’en pâmer.



Barques blessées, au sec, les ailes pliées !

Des tavernes qui chantent avec une voix d’orang-outan !

Sur les quais,

mercurisés par la pêche,

des marins qui se tiennent les bras

pour apprendre à marcher,

et vont s’éclater

avec un élan de vague

sur les murs;

des femmes saumâtres,

iodées

aux yeux aquatiques, aux cheveux d’algue,

qui révisent les filets pendus du toit

tels des voiles nuptiaux.



Le clocher de l’église

est un escamotage de prestidigitation,

il sort de sa cloche

une nuée de pigeons.

Tandis que les petites vieilles

avec leurs bonnets de nuit,

entrent dans la nef

pour se saouler de prières,

et pour que le silence

arrête de ronger un instant

les nez de pierre de saints. 

(Trad: Colo)

 


Paisaje bretón

Oliverio Girondo

Douarnenez,
en un golpe de cubilete,
empantana
entre sus casas como dados,
un pedazo de mar,
con un olor a sexo que desmaya.


¡Barcas heridas, en seco, con las alas plegadas!
¡tabernas que cantan con una voz de orangután!
sobre los muelles,
mercurizados por la pesca,
marineros que se agarran de los brazos
para aprender a caminar,
y van a estrellarse
con un envión de ola
en las paredes;
mujeres salobres,
enyodadas,
de ojos acuáticos, de cabelleras de alga,
que repasan las redes colgadas de los techos
como velos nupciales.


El campanario de la iglesia,
es un escamoteo de prestidigitación,
saca de su campana
una bandada de palomas.
Mientras las viejecitas,
con sus gorritos de
dormir,
entran a la nave
para emborracharse de oraciones,
y para que el silencio

 

5 juil. 2023

Un tour du terrain / Una vuelta al terreno

 

Ah là, là. Rien n’est jamais simple en agriculture ; il a pas mal plu, c’est inhabituel, fin mai et début juin. Les grincheuses, je veux parler des tomates bien sûr, n’ont pas aimé ça du tout. Elles essaient de se rattraper...jusqu’au prochain caprice.




 

 

 

 

 

 

 

 

Par contre certaines fleurs, les concombres et haricots ont adoré ces pluies. 


 

Des kilos de concombres, qu’en faire ? En offrir, mais il faut choisir à qui car les Majorquins n’en mangent pas, ce n'est pas dans leur culture alimentaire. 

J’en fais, ce qui est vraiment bienvenu en été, des soupes froides comme celle-ci, très simple.

Peler 2 concombres, les couper en morceaux. Y ajouter du sel, du poivre, 2-3- gousse d’ail écrasé, une petite boite de soja cuisine, un jus de citron, 4 feuilles de menthe et de l’eau à volonté.

Passer le tout au mixer pour en faire une soupe fine. Mettre au réfrigérateur plusieurs heures, ou la veille c’est encore mieux.

Voilà les pommes de terre rangées, dans l’obscurité. L’ail est tressé. Bonnes choses de faites.

Les oignons blancs ont une grosse bedaine, un embonpoint bienvenu !



Absolument indisciplinées, les tiges des courgettes s’en vont en balade là où ça leur chante, au contraire des sages raisins que nous ensachons pour leur éviter bestioles et maladies.




Au pied des lavandes, les plantes d'aubergines, en retard cette année.



Mangerons-nous des fruits du grenadier ? Chaque année des promesses, puis la plupart s’ouvrent, éclatent, sèchent, bouuuh.



Pour finir, voilà quelques fleurs des pays chauds et secs qui donnent de la couleur au jaune paille. 


 

 

 

 

 

 

 

 

 

Cet arbuste est un Abelia. Perenne, il ne demande aucun soin, fleurit puis devient rouge-ocre

Cet arbuste est un Abelia. Perenne, il ne demande aucun soin, fleurit puis devient rouge-ocre

                   Les fleurs de fenouil sauvage m'enchantent et nos lapins adorent croquer les tiges...Derrière c'est un laurier aux feuilles comestibles.